Février 2016 © DG Trésor
AMBASSADE DE FRANCE EN TUNISIE
SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL
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La croissance tunisienne en 2015
La croissance tunisienne s’élève de façon inattendue à 0,8% grâce à une production exceptionnelle d’huile
d’olive qui vient compenser une baisse de la production minière et un repli sensible de l’activité touristique.
Moins faible qu’anticipée, cette croissance illustre toutefois un décrochage de l’économie tunisienne qui ne
peut être exclusivement imputé à la dégradation du climat sécuritaire enregistrée en 2015.
Selon les premières estimations de l’Institut National des Statistiques (INS) publiés le mercredi 17 février, le
PIB aurait cru de 0,8% en 2015. Mis à part la situation exceptionnelle de 2011 marquée par un recul du PIB
de 2%, 2015 est la plus mauvaise année depuis la révolution. C’est en effet un décrochage significatif par
rapport à la période 2012-2014 où la croissance aura été en moyenne de 3%.
Ce résultat est inattendu : les estimations du FMI avaient été ramenées à 0,5% en octobre 2015 et le ministre
des finances avait indiqué lui-même début février une fourchette de 0,2 à 0,3%.
Un infléchissement marqué de la croissance
Le décrochage de la croissance, déjà largement anticipé au premier semestre est largement imputable à des
facteurs identifiés : mouvements sociaux dans le secteur des phosphates au début 2015, recul de la production
d’hydrocarbures et repli sensible de l’activité touristique dès l’attentat du Bardo en mars 2015. Les recettes
touristiques auront baissé de 35% en 2015.
La production manufacturière stagne dans un contexte de recul de compétitivité de l’industrie tunisienne et de
la faiblesse de la croissance chez les clients traditionnels de la Tunisie, notamment au sein de l’Union
Européenne (France et Italie en particulier).
Une croissance tirée par le secteur agricole et par la
consommation
En 2015, la croissance tunisienne a été presque exclusivement tirée par les secteurs de l’agriculture et de la
pêche, dont la valeur ajoutée a cru de près de 10% en particulier grâce à des productions records d’huile
d’olive (multipliée par cinq par rapport à 2014) et dans une moindre mesure, de dattes. Le secteur non-
marchand a également participé au dynamisme de l’économie tunisienne, avec une croissance de la valeur
ajoutée de près de 3%.
La croissance tunisienne a été presque exclusivement tirée par la consommation (environ 85%) financée par
(i) l’augmentation des salaires dans le secteur public (et donc par le budget de l’Etat, lui-même financé à crédit
par les bailleurs internationaux) ; (ii) laugmentation des salaires dans le secteur privé (alors que la productivité
diminue depuis la révolution) ; (iii) par l’emprunt. Fortement génératrice d’importations, elle contribue à
maintenir le déficit courant à des niveaux supérieurs à 8% du PIB alors que l’effondrement du prix des
hydrocarbures aurait contribuer à relâcher la pression sur la balance des paiements en 2015.
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