L’Encéphale (2008) 34, 256—262
Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com
journal homepage: www.elsevier.com/locate/encep
SANTÉ PUBLIQUE
Troubles dépressifs et qualité de vie : étude
transversale auprès de 360 patients consultant en
psychiatrie au CHU de Mahdia
Depressive disorders and quality of life: A cross
sectional study including 360 depressive patients
followed at the psychiatry consultation
of the Mahdia university hospital
M. Hadj Ammar, S. Khammouma, M. Nasr
Service de psychiatrie, CHU de Tahar-Sfar, 5111 Mahdia, Tunisie
Rec¸u le 13 mars 2006 ; accepté le 13 novembre 2006
Disponible sur Internet le 3 d´
ecembre 2007
MOTS CLÉS
Troubles dépressifs ;
Qualité de vie ;
SF-36 ;
Évaluation ;
Facteurs de risque
Résumé Ce travail avait pour objectifs d’évaluer la qualité de vie des patients présentant un
trouble dépressif caractérisé et d’identifier les facteurs de risque quant à l’origine de cette
altération. Cette étude transversale réalisée à la consultation de psychiatrie du CHU de Mahdia
durant une période de quatre mois a concerné 360 patients déprimés. Les variables étudiées
portaient sur les caractéristiques générales des patients, les caractéristiques cliniques et évo-
lutives du trouble dépressif et les données concernant la prise en charge. L’échelle générique
de qualité de vie, la SF-36, (short form) a été utilisée pour l’évaluation. Une standardisation
des scores moyens initiaux a été effectuée. Le score moyen global (SMG) à la SF-36 était de 44,6
et 81 % des patients avaient une qualité de vie altérée. La standardisation a révélé une com-
posante mentale particulièrement plus altérée que celle physique. Les régressions logistiques
ont permis d’identifier que la survenue d’une altération de la qualité de vie était en rapport
avec des paramètres sociodémographiques, cliniques et thérapeutiques. Cette démarche clini-
métrique, nous semble permettre de concevoir toute personne souffrant de trouble dépressif
dans sa vie entière et non pas seulement sous le seul angle de sa maladie.
© L’Encéphale, Paris, 2008.
Auteur correspondant.
Adresse e-mail : hadjammar [email protected] (M. Hadj Ammar).
0013-7006/$ — see front matter © L’Encéphale, Paris, 2008.
doi:10.1016/j.encep.2006.11.001
Troubles dépressifs et qualité de vie 257
KEYWORDS
Depressive disorders;
Quality of life;
SF-36;
Assessment;
Risk factors
Summary
Introduction. — Depressive disorders affect many psychosocial and functional aspects, leading
to a real social handicap and an alteration in quality of life.
Aim of the study. Our purposes were to evaluate the depressive patient’s quality of life and
to identify the risk factors responsible for this deterioration.
Design. — Our cross sectional study lasted for four months, from 1st March to 30th June 2003,
and included 360 depressive patients followed at the psychiatry consultation of the university
hospital in Mahdia. The data were collected with a questionnaire composed of 60 items exploring
the general characteristics of subjects, the clinical and evolutional characteristics of depressive
disorder and providing information on the treatment. Quality of life was measured using the
SF-36 (short form) generic scale. A global average score was calculated and it was considered
that quality of life was altered if the score was less than 66.7, according to the threshold value
of L´
ean [Arch Intern Med 159 (1999) 837—843]. Moreover, an average score was calculated for
each dimension, thus permitting us to identify those most affected. We standardized initial
average scores.
Results. — The assessment of quality of life revealed a global average score of 44.6 and an altera-
tion in 81% of patients. The study of the dimensional average scores revealed that all dimensions
were affected. The standardization also revealed deterioration in all the dimensions, with the
mental component particularly more affected than the physical component with respectively
estimated scores of 37.3 and 39.1. The analytic approach concerned the relationship between
qualitative and quantitative variables and the occurrence of an alteration in quality of life.
For this effect, a bivariate study displayed a statistically significant correlation between the
eight dimensions of the SF-36 and 20 variables. In order to take into account the relationships
which link each variable to the others, and to avoid the bias of the bivariate study, a logistic
regression analysis was carried out. Only 12 variables with truly discriminating weight emerged
from this analysis. According to the number of dimensions affected, the following factors were
classified in decreasing order: the presence of at least two suicide attempts, the association of
a psychotropic, the partial or absent observance, the feminine gender, the presence of somatic
diseases, the absence of autonomy, the low social-economic level, the presence of a recent
hospitalization (<12 months), the age greater than 45 years, the marital status of widow or
separated, the number of children under charge greater than five and the presence of severe
side effects.
Conclusion. — This clinimetric approach permitted us to consider the whole life of
each patient suffering from depressive disorder, rather than just the angle of their
illness.
© L’Encéphale, Paris, 2008.
Introduction
La morbidit´
e des troubles d´
epressifs n’est pas li´
ee seule-
ment aux seules modifications affectives mais atteint de
nombreux aspects sociaux et fonctionnels et les indicateurs
de leur ´
evolution s’expriment en terme de QdV. La mesure
de l’atteinte fonctionnelle, constitue le premier niveau
d’approche de la QdV du patient d´
eprim´
e. L’identification
des incapacit´
es fonctionnelles revient `
a consid´
erer le degr´
e
de g`
ene du sujet pour r´
ealiser normalement une fonc-
tion importante et le d´
esavantage social qui en d´
ecoule.
Cette perspective fonctionnelle, interm´
ediaire entre sant´
e
et r´
ealisation d’un rˆ
ole social, est souvent sous-estim´
ee
en raison de la tendance `
a envisager les cons´
equences de
la d´
epression comme surtout subjectives et de moindre
signification clinique que celles associ´
ees aux affections
organiques graves [7]. Nos objectifs ´
etaient essentielle-
ment d’´
evaluer la QdV des patients pr´
esentant un trouble
d´
epressif caract´
eris´
e et d’identifier certains param`
etres
pouvant l’alt´
erer.
Patients et m´
ethodes
C’est une ´
etude transversale, r´
ealis´
ee `
a la consultation de
psychiatrie du CHU de Mahdia durant la p´
eriode allant du
1er mars jusqu’au 30 juin 2003. Elle a concern´
e 360 patients
d´
eprim´
es soit 21,3 % de la file active. Les crit`
eres d’inclusion
´
etaient un diagnostic de trouble d´
epressif selon le DSM-IV
[1],unˆ
age compris entre 18 et 65 ans, une dur´
ee d’´
evolution
au moins sup´
erieure `
a six mois et un accord pr´
ealable
du patient. Les crit`
eres d’exclusion ´
etaient la pr´
esence
d’un ´
episode d´
epressif majeur en cours, d’une pathologie
m´
edicale chronique et s´
ev`
ere, associ´
ee d’un trouble cognitif
s´
ev`
ere ou d’un ´
ev`
enement stressant r´
ecent. Les donn´
ees ont
´
et´
e recueillies `
a l’aide d’un questionnaire pr´
e´
etabli de 60
items permettant d’explorer les caract´
eristiques g´
en´
erales
des patients, les caract´
eristiques cliniques et ´
evolutives
du trouble d´
epressif et les donn´
ees concernant la prise
en charge. L’existence de rendez-vous manqu´
es, la non
r´
egularit´
e de prise du traitement ou son arrˆ
et ont ´
et´
e pris
en compte pour ´
evaluer l’observance ; quant `
a l’autonomie,
258 M. Hadj Ammar et al.
elle a ´
et´
e appr´
eci´
ee de mani`
ere empirique. La mesure de
la QdV a ´
et´
er
´
ealis´
ee `
a l’aide de l’´
echelle g´
en´
erique la
SF-36 (short form) qui comporte 36 items r´
epartis en huit
dimensions. Les r´
eponses aux questions sont cot´
ees de 0
`
a 100. Un score moyen global (SMG) est obtenu par le
calcul de la moyenne des cotations. En se r´
ef´
erant `
ala
valeur seuil de L´
ean et al. [10], on admet qu’un SMG de
moins de 66,7 signifie une alt´
eration de la QdV. Par ailleurs,
un score moyen est calcul´
e pour chaque dimension (SMD)
permettant d’identifier les dimensions les plus touch´
ees.
Afin de mieux interpr´
eter nos r´
esultats, une standardisation
des scores moyens initiaux conform´
ement `
al
´
etude ‘‘USA
98’’ a ´
et´
e opt´
ee avec r´
epartition des dimensions en deux
composantes principales, physique et mentale [18]. Les ana-
lyses statistiques ont ´
et´
e effectu´
ees en utilisant le logiciel
SPSS 10.0 pour Windows. Les SMD ont fait l’objet d’une
analyse bivari´
ee en utilisant le test chi-carr´
e, puis d’une
analyse multivari´
ee. Les coefficients de r´
egression multiple
ˇet R2ainsi que les significations statistiques correspon-
dantes ont ´
et´
e utilis´
es pour d´
eterminer les param`
etres les
plus impliqu´
es dans l’alt´
eration de la QdV. L’intervalle de
confiance accept´
e´
etait de 95 %.
R´
esultats
´
Etude descriptive
Caract´
eristiques g´
en´
erales
Notre ´
etude a r´
ev´
el´
e essentiellement une moyenne d’ˆ
age de
45,8 ans, une pr´
edominance f´
eminine avec un sexe ratio de
0,18, un statut marital de veuf(ve) ou s´
epar´
e(e) dans 12,5 %
des cas, un nombre d’enfants `
a charge en moyenne de 2,3,
un niveau d’instruction bas et un niveau socio´
economique
faible ou modeste, respectivement dans 84,4 et 68,8 % des
cas, une absence d’activit´
e professionnelle dans 79 % des
cas, une autonomie absente ou partielle dans 42 % des cas,
une pr´
esence de pathologies organiques chroniques dans
33,8 % des cas et de tentatives de suicide chez 16,6 % des
patients.
Caract´
eristiques cliniques et ´
evolutives
Notre ´
echantillon se r´
epartissait en fonction du diagnos-
tic comme suit : trouble d´
epressif majeur, ´
episode isol´
e
(13,3 %) , trouble d´
epressif majeur r´
ecurrent (27,7 %) et
trouble dysthymique (59 %). Pour l’ensemble des patients,
cette ´
etude a r´
ev´
el´
e une moyenne d’ˆ
age au d´
ebut
des troubles de 37,6 ans, une moyenne de d´
elai entre
l’apparition de troubles et la premi`
ere consultation de 12,6
semaines et une anciennet´
e des troubles en moyenne de 8,5
ans.
Donn´
ees concernant la prise en charge
Notre travail a r´
ev´
el´
e un taux d’hospitalisation pour troubles
d´
epressifs de 35 % avec en moyenne un nombre total
d’hospitalisations de 0,6 ; un d´
elai de la derni`
ere hospi-
talisation par rapport au jour de l’enquˆ
ete inf´
erieur `
a
12 mois dans 48,5 % des cas ; une association de psycho-
tropes dans 87 % des cas correspondant `
a un antid´
epresseur
combin´
e`
a une benzodiaz´
epine (77,2 %), `
a un neurolep-
tique s´
edatif (15,7 %), `
a un thymor´
egulateur (2,9 %) et `
a
un thymor´
egulateur plus une benzodiaz´
epine (4,2 %) ; une
Figure 1 Répartition des scores moyens par dimension à la
SF-36 des patients consultant pour troubles dépressifs.
pr´
esence d’effets secondaires dans 38 % des cas et une
observance nulle ou partielle dans 35 % des cas.
Qualit´
edevie
L’´
evaluation de la QdV a r´
ev´
el´
e un SMG de 44,6 et une
alt´
eration chez 81 % des patients. La r´
epartition des SMD
a montr´
e que l’alt´
eration touchait toutes les dimensions
(Fig. 1). La standardisation des scores moyens initiaux a
montr´
e aussi une baisse attestant une alt´
eration de toutes
les dimensions et une composante mentale particuli`
erement
plus alt´
er´
ee que celle physique avec des scores estim´
es res-
pectivement `
a 37,3 et 39,1.
´
Etude analytique
Elle a concern´
e les liens entre les variables quantitatives
et qualitatives et la survenue d’une alt´
eration de la QdV.
Le choix de ces variables ´
etait essentiellement bas´
e sur
leurs significations statistiques, cliniques et leurs implica-
tions th´
erapeutiques. L´
etude bivari´
ee men´
ee `
a cet effet, a
r´
ev´
el´
e des corr´
elations statistiquement significatives entre
les huit dimensions de la SF-36 et 20 variables. Pour mieux
pr´
eciser le r´
eel poids discriminant de ces variables, nous
avons effectu´
e des r´
egressions logistiques qui ont permis
d’en ´
emerger seulement 12 plus pr´
edictives que les autres
dans la survenue d’une alt´
eration de la QdV (Tableau 1).
Discussion
M´
ethodologie
En mati`
ere de d´
epression, l’´
evaluation de la QdV est non
sans difficult´
es. En effet, comme le signalent Dazord et
No¨
el [6],si´
evaluer la QdV li´
ee `
a la sant´
e des patients en
Troubles dépressifs et qualité de vie 259
Tableau 1 Corrélation entre variables étudiées et scores moyens par dimension à la SF-36 des patients consultant pour troubles
dépressifs.
Score moyen par dimension
SMD1SMD2SMD3SMD4SMD5SMD6SMD7SMD8
ˆ
Age >45 ans ˇ0,347 ˇ0,278
R216,1 % R23,6 %
P<10
4P= 0,001
Sexe f´
eminin ˇ0,127 ˇ0,249 ˇ0,199 ˇ0,154
R23,4 % R25,7 % R21% R21,8 %
P= 0,04 P<10
4P= 0,02 P= 0,003
Niveau socio´
economique faible ˇ0,134 ˇ0,113 ˇ0,171
R22,1 % R21,1 % R21,8 %
P= 0,009 P= 0,02 P<10
4
Statut marital de veuf(ve) ou
de s´
epar´
e(e)
ˇ0,145 ˇ0,091
R22,1 % R22%
P= 0,001 P= 0,001
Nombre d’enfants `
a charge >5 ˇ0,187 ˇ0,111
R25% R23,5 %
P<10
4P= 0,003
Autonomie absente ˇ0,240 ˇ0,175 ˇ0,162
R29,8 % R26,6 % R26,2 %
P<10
4P= 0,001 P= 0,002
Pr´
esence de pathologies
somatiques
ˇ0,240 ˇ0,175 ˇ0,162
R29,8 % R26,6 % R26,2 %
P<10
4P= 0,001 P= 0,002
Pr´
esence d’ATCD de tentatives
de suicide 2
ˇ0,143 ˇ0,053 ˇ0,176 ˇ0,192 ˇ0,198 ˇ0,173
R23,9 % R22,7 % R26,6 % R22,5 % R24,7 % R22%
P= 0,09 P= 0,008 P= 0,03 P= 0,02 P= 0,002 P= 0,001
Pr´
esence d’une hospitalisation
r´
ecente (<12 mois)
ˇ0,259 ˇ0,227 ˇ0,154
R25,2 % R27,3 % R25,2 %
P= 0,06 P= 0,02 P= 0,02
Association de psychotropes ˇ0,157 ˇ0,123 ˇ0,182 ˇ0,120 ˇ0,166
R26,9 % R22,4 % R24,4 % R22,7 % R25,7 %
P= 0,001 P= 0,004 P= 0,04 P= 0,02 P= 0,001
Pr´
esence d’effets secondaires
s´
ev`
eres
ˇ0,192
R24, 2 %
P=0,03
Observance nulle ou partielle ˇ0,257 ˇ0,177 ˇ0,164 ˇ0,175 ˇ0,131
R21,8 % R23,1 % R23,6 % R23,8 % R22%
P= 0,004 P<10
4P= 0,002 P= 0,004 P= 0,008
Somme des R2(%) 46 20,8 20,3 06,2 18,6 16,9 20,6 25,7
ˇ: Coefficient de r´
egression standardis´
e, R2: carr´
e du coefficient de corr´
elation, P: signification statistique.
pathologie somatique rel`
eve d’une probl´
ematique relative-
ment simple, puisqu’il s’agit de r´
eintroduire le point de
vue des patients dans un domaine o`
uled
´
eveloppement
des techniques de pointe a mis davantage l’accent sur la
maladie et les possibilit´
es de l’enrayer, la situation est plus
complexe en psychiatrie, o`
u l’int´
erˆ
et du clinicien par
d´
efinition concerne le patient en tant que sujet. De plus,
on pouvait se demander si les ´
echelles de la QdV appor-
teraient des ´
el´
ements nouveaux par rapport aux ´
echelles
classiques de la d´
epression. Pourtant, on peut ´
emettre
260 M. Hadj Ammar et al.
l’hypoth`
ese qu’une approche «qualit´
edevie»permet de
sortir du cadre nosographique habituel, dans la mesure o`
u
c’est dans les diff´
erents domaines de la vie que les ´
echelles
de la QdV s’attachent `
a´
etudier le v´
ecu des sujets ; on peut
dire qu’´
evaluer la d´
epression vise plutˆ
ot `
a´
evaluer la quan-
tit´
ed
´
energie disponible, alors qu’´
evaluer la QdV li´
ee `
ala
sant´
e consiste aussi `
apr
´
eciser o`
u et de quelle mani`
ere se
d´
echarge cette ´
energie. Par ailleurs, alors que les ´
echelles
de la d´
epression sont essentiellement centr´
ees sur le mal-
ˆ
etre, les ´
echelles de la QdV ´
evaluent ´
egalement le degr´
e
du bien-ˆ
etre [6,11]. Cela, ne pose pas forc´
ement les deux
types d’´
echelles en termes de comp´
etitivit´
e, mais plutˆ
ot en
termes de compl´
ementarit´
e. En fait, les ´
evaluations respec-
tives des symptˆ
omes et des dimensions relatives `
alaQdV
se situent dans des registres diff´
erents et il n’existe pas
toujours de relation d’´
equivalence entre la gravit´
e clinique
et les cons´
equences d’impact de QdV. En d’autres termes,
l’appr´
eciation de la gravit´
e clinique ne suffit pas, il faut
dans le mˆ
eme temps ´
evaluer le retentissement des troubles
dans la vie du malade [7]. Lors de ce travail, nous ´
etions
confront´
es essentiellement `
a deux probl`
emes. Le premier
a concern´
e le cadre nosographique de la d´
epression et par
cons´
equent l’inhomog´
en´
eit´
e de la population `
a´
etudier ; `
ace
propos le DSM-IV [1] nous a offert un cadre utile, pr´
ecis et
pragmatique. Le second a concern´
e le choix de l’instrument
de mesure de QdV `
a utiliser. Nous avons opt´
e pour une
´
echelle g´
en´
erique, en l’occurrence la SF-36, en consid´
erant
ses avantages et sa pertinence. Ce choix n’´
etait pas justifi´
e
seulement pour ses qualit´
es psychom´
etriques et la facilit´
e
de sa passation, mais aussi pour la possibilit´
e de standardisa-
tion de nos r´
esultats permettant ainsi leur comparaison avec
ceux d’autres ´
etudes utilisant la mˆ
eme ´
echelle [4,9,15,20].
Toutefois, dans notre pratique, certains biais et limites
devraient ˆ
etre pris en consid´
eration quant `
a l’utilisation
de cet instrument : son adaptation `
a notre contexte socio-
culturel, l’´
etat ´
emotionnel du patient durant la passation,
la distorsion due `
a l’enquˆ
eteur des r´
eponses des patients
illettr´
es et l’absence de conditions d’´
evaluation standar-
dis´
ees. Quand on proc`
ede `
a l’interpr´
etation des r´
esultats,
surgit la difficult´
edelar
´
ef´
erence `
a la norme, autrement
dit la note seuil utilis´
ee `
a partir de laquelle on peut estimer
qu’une personne pr´
esente ou non une alt´
eration de sa QdV.
Certains auteurs consid`
erent que l’une des raisons pour refu-
ser la norme est sa pr´
etention uniformisante et n´
egatrice
des diversit´
es alors que le concept de la QdV implique une
approche singularis´
ee, sans r´
ef´
erence ext´
erieure et mul-
tidimensionnelle [11]. Toutefois, en pratique, un SMG est
souvent demand´
e, de la part du clinicien qui veut avoir une
id´
ee g´
en´
erale sur la QdV de son patient, mais aussi de la
part de ce dernier qui pourrait s’interroger sur le niveau de
sa QdV.
R´
esultats
Qualit´
edevie
Nous avons choisi cinq ´
etudes ´
evaluant la QdV des patients
ayant des troubles d´
epressifs `
a l’aide de la SF-36. La
premi`
ere, est une ´
etude longitudinale r´
ealis´
ee par Kroenke
et al. [9] aupr`
es de 601 patients, ´
etudiant l’efficacit´
e dans
l’am´
elioration de la QdV de trois inhibiteurs de la recap-
ture de la s´
erotonine. La deuxi`
eme, est celle de Pukrop
et al. [14] qui compare la QdV des patients schizophr`
enes
par rapport `
a celle des d´
epressifs. La troisi`
eme, est une
´
etude longitudinale r´
ealis´
ee par Bedi et al. [2] aupr`
es de
323 patients d´
epressifs comparant l’influence de la parti-
cipation du malade concernant le choix du traitement sur
l’am´
elioration clinique de la d´
epression et sur la QdV par
rapport `
a un traitement choisi et prescrit par le clinicien. La
quatri`
eme, est une ´
etude longitudinale r´
ealis´
ee par Nichols
et Brown [13] aupr`
es de 1161 patients d´
epressifs comparant
l’efficacit´
e de l’intervention du m´
edecin psychiatre `
a celle
de la famille dans d’am´
elioration de la QdV. La derni`
ere, est
celle de Sullivan et al. [16] r´
ealis´
ee aupr`
es de 330 patients
d´
epressifs ´
etudiant les facteurs pr´
edictifs concernant la
r´
eponse au traitement en fonction de la connaissance et de
la croyance des patients quant `
alad
´
epression. L’analyse
des r´
esultats de ces ´
etudes a montr´
e que la dimension la
plus pr´
eserv´
ee est l’activit´
e physique (D1), que la dimension
la plus touch´
ee est la vitalit´
e(D7)`
a l’exception de notre
´
etude o`
u il s’agissait de la douleur physique (D3)etque
dans notre ´
etude et celle de Pukrop et al.[14], les scores
moyens de la sant´
e psychique (D8) s’av`
erent plus manifes-
tement bas par rapport `
a ceux retrouv´
es dans les autres
´
etudes (Tableau 2). La standardisation des scores moyens
initiaux a r´
ev´
el´
e que l’alt´
eration de la composante mentale
´
etait plus importante que celle physique. Le mˆ
eme r´
esultat
a´
et´
e retrouv´
e par Brown et al. [4] dans son ´
etude transver-
sale `
a l’aide de la mˆ
eme ´
echelle portant sur 401 patients
d´
epressifs avec des scores respectifs de 37,4 et de 39,5.
Tableau 2 Résultats d’études comparant l’évaluation de la qualité de vie à l’aide de la SF-36 des patients suivis pour troubles
dépressifs.
Dimension Kroenke
et al.
(2001) [9]
Pukrop et
al. (2003)
[14]
Bedi et
al. (2000)
[2]
Nichols et
Brown
(2000) [13]
Sullivan et
al. (2003)
[16]
Notre
´
etude
D1: activit´
e physique 75 51,2 77,7 64 64 52
D2: limitations dues `
al
´
etat physique 63 44,3 57,4 43,5 47,8 44,9
D3: douleur physique 55 51 67,9 50,5 55 38
D4: sant´
e perc¸ue 42,6 48,7 49,6 54,3 52,6 50,3
D5: limitations dues `
al
´
etat psychique 55,3 33,4 42,2 44,8 36 38,8
D6: vie et relations avec les autres 57,7 48,5 65,4 58,2 61 49,2
D7: vitalit´
e 29 32,5 37,4 35,7 33,7 43,9
D8: sant´
e psychique 57,4 41,4 54,1 51 58,5 40,5
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