Revue de presse 3
La méningite infantile augmente
t’elle le risque de schizophrénie
à l’âge adulte ?
Une étude sur une cohorte
de un million de Suédois.
Infections in the CNS During Childhood and
the Risk of Subsequent Psychotic Illness :
A Cohort Study of More Than One Million
Swedish Subjects.
Dalman et al., Am J Psychiatry 2008 ; 165 :
59–65.
INTRODUCTION
L’hypothèse neurodéveloppemen-
tale de la schizophrénie, née dans les
années 1970, est en partie basée sur
l’existence d’un lien entre affections pré-
natales et la maladie. Ce facteur de risque
a donné lieu à l’hypothèse virale ou d’une
agression précoce du SNC du fœtus. Par
contre, le lien entre infections du SNC
plus tardives, durant l’enfance et schi-
zophrénie à l’âge adulte demeure
méconnu.
MÉTHODE
La Suède dispose de registres natio-
naux de santé dont elle peut disposer
pour la recherche. Cela permet la mise
en œuvre d’études sur des cohortes pha-
raoniques de plusieurs centaines de mil-
liers d’individus. Dans la présente étude,
les auteurs ont collecté des données sur
1,2 millions d’enfants suédois nés entre
1973 et 1985. Ils ont croisés les données
portant sur l’admission hospitalière pour
une infection du SNC (méningites et
encéphalites virales et bactériennes)
entre 0 et 12 ans (N = 2 435 infections
bactériennes et N = 6 550 infections vira-
les) et hospitalisations pour psychoses
non affectives (principalement la schi-
zophrénie) à partir de l’âge de 14 ans (N
= 2 269).
RÉSULTATS
Il existait une association significative
entre infection du SNC durant l’enfance
et risque de psychose non-affective à
l’âge adulte. Le risque relatif global était
de 1,5 (1.0-2.4) pour les affections vira-
les, à la limite de la significativité. Ce ris-
que était encore plus élevé chez les fem-
mes (R.R = 2,3). Les infections les plus
fortement prédisposantes étaient liées au
cytomégalovirus et au virus des oreillons.
Par contre, les méningites et encéphali-
tes bactériennes n’entraînaient pas de
sur-risque dans cette population. Ces
résultats étaient ajustés sur la psychose
parentale, l’urbanicité, la saison de nais-
sance. L’âge de l’infection ne modifiait
pas le risque (âge moyen = 6 ans).
L’hypothèse cholinergique
de la schizophrénie :
une piste thérapeutique avec
la galantamine ?
Galantamine for the Treatment of Cognitive
Impairments in People With Schizophrenia.
Buchanan et al., Am J Psychiatry 2008 ;
165 : 82–89.
CONTEXTE
De nombreux auteurs pensent
aujourd’hui que la schizophrénie est avant
tout une maladie de la cognition. Cette
hypothèse n’est pas nouvelle, puisque
Bleuler le premier faisait l’hypothèse que
le « relâchement associatif » est l’anoma-
lie primaire dont découlent tous les autres
symptômes schizophréniques. La termi-
nologie des spécialistes de la cognition a
changé, mais l’idée reste la même : les
patients schizophrènes présentent tous,
peu ou prou, des déficits attentionnels,
mnésiques et des altérations des fonc-
tions exécutives de haut niveau. Par
ailleurs, la majorité des patients schizoph-
rènes fument, sans doute – en partie du
moins – pour stimuler les voies choliner-
giques préfrontales déficitaires via l’acti-
vation des récepteurs nicotiniques.
L’avènement des antipsychotiques
atypiques a permis un gain considérable
par rapport aux neuroleptiques
d’ancienne génération : ils n’aggravent
pas – en tout cas beaucoup moins – les
fonctions cognitives. Il n’existe cepen-
dant pas de rationnel scientifique solide
pour montrer qu’ils les améliorent réelle-
ment. Du reste, les patients même bien
stabilisés par ces nouvelles molécules,
continuent souvent de souffrir de déficits
cognitifs plus ou moins marqués. Par
ailleurs, l’imagerie cérébrale a montré
l’existence d’une diminution des récep-
teurs muscariniques dans le cortex, le
thalamus et les ganglions de la base de
patients schizophrènes.
L’idée centrale de la présente étude
est de tenter de montrer qu’un inhibiteur
de l’acétylcholinestérase, la galantamine,
molécule largement utilisée dans les
démences neurodégénératives de type
Alzheimer, est susceptible d’améliorer le
déficit cognitif des patients schizophrè-
nes. Par ailleurs, la galantamine, outre
l’inhibition de l’enzyme qui détruit l’acé-
tylcholine, présente un agonisme partiel
pour les récepteurs alpha-4 béta-2 et
alpha-7 nicotiniques.
MÉTHODE
86 sujets schizophrènes ont été ran-
domisés dans un protocole double-aveu-
gle sur douze semaines, comparant l’effet
de la galantamine (24 mg/j) à celui du pla-
cebo. Des mesures neuropsychologi-
ques de l’attention, de la fluence motrice
et des mémoires visuelles, verbales et de
travail ont été réalisées. Ces patients
étaient stables sur le plan clinique et
devaient présenter un score de déficit
cognitif minimal objectivé par une note
inférieure à 90 sur une batterie standardi-
sée (repeatable battery for the assess-
ment of neurosychological status de Gold
et Buchanan) dont le score moyen est
100 (SD = 15). Les sujets gardaient leur
traitement antipsychotique antérieur.
RÉSULTATS
Les sujets montraient une améliora-
tion numérique de leur score total à la bat-
COMMENTAIRE
Ainsi, même si le « schizocoque » n’existe
pas, certaines infections virales particuliè-
rement agressives sur le SNC de l’enfant
pourraient augmenter – quoi que très
modérément – le risque de schizophrénie
plus tard.
La particularité du virus des oreillons est
de coloniser les parois ventriculaires du
SNC et de proliférer dans les cellules
épendymaires. Les formes les plus neu-
rovirulentes pouvant même entraîner une
hydrocéphalie.