Quand on fabrique un LT, il va tripatouiller dans son ADN.
/!\ Il n’y a que 2 cellules dans l’organisme qui tripatouillent dans leur ADN : les LB et les LT.
En effet pour mettre à coté ces 2 gènes il faut enlever tout ce qui entre les 2 : c’est une délétion du
génome ! C’est une situation tout à fait exceptionnelle spécifique des LT ou des LB puisque les mécanismes
de réarrangement qui utilisent les enzymes RAG1 et RAG2 sont toujours les mêmes que ce soit pour les LT
ou les LB (NB : si déficit en RAG1 et RAG2 pas de recombinaison possible donc déficit immunitaire).
Il y a donc choix d’un gène V, choix d’un gène J et de cette loterie de choix provient cette diversité
combinatoire (assez limitée, de l’ordre de 1 million de molécules différentes).
Il existe une seconde diversité, la diversité jonctionnelle qui résulte d’un mécanisme très particulier.
b. Diversité jonctionnelle : code pour la CDR3
Elle n’intéresse que la jonction entre le réarrangement VJ. Au moment où la rail1 et la rail2 vont unir le bon
V et le bon J et vont couper dans l’ADN la boucle oméga qui s’est formée (cercle d’excision), il y a un
moment où le génome est coupé entre les gènes V et J.
A ce moment-là, il y a des nucléotidases qui vont bouffer les extrémités de cet ADN. Dans ce pougnac
protéique, il y a une transférase qui va rajouter au hasard des nucléotides, de façon totalement aléatoire.
Il y a donc une jonction qui sera le fruit d’une activité enzymatique aveugle. La traduction des protéines
s’opère par codons (3 nucléotides). Ce jeu du hasard est ici particulièrement délétère car 2 fois sur 3 vous
aller initier un décalage du cadre de lecture et le plus probable c’est qu’il n’y aura pas de protéine. C’est
exactement ce qui se passe. Le LT est une cellule très difficile à fabriquer (1 mois de fabrication) et 90% des
essais de fabrication sont voués à l’échec. Le résultat d’un LT est le fruit du succès de tous ces mécanismes-
là.
Lorsqu’un réarrangement n’a pas été fructueux, on n’arrive pas à fabriquer de protéines. A ce moment-là, le
LT a le choix de prendre un nouveau gène J et un nouveau gène V et à recommencer jusqu’à ce qu’il y
arrive. Il peut même aller sur d’autres chromosomes (puisqu’ils vont par paires) pour trouver le bon
réarrangement. On va d’abord essayer sur le chromosome 7 et le chromosome 14.
On va donc créer une jonction qui est très très variable : cette jonction variable scanne les peptides. Il faut
donc bien comprendre les 2 types de diversité car dans la fonction de la molécule ce n’est pas du tout la
même chose. Ça ne sert à rien de faire des CDR3 qui reconnaissant les peptides si avec les CDR1 et CDR2 on
n’est pas capables de se positionner sur nos HLA. C’est tout le rôle de l’éducation du LT.
On conserve parmi tous les LT qu’on a fabriqués que ceux qui sont capables de s’associer à nos HLA (codées
sur le chromosome 6) et que les LT qui ne sont pas capables de s’activer par rapport aux peptides qui sont
dans les poches HLA : c’est ce qu’on appelle la sélection positive qui ne garde que les TCR qui peuvent se
fixer sur les HLA. Parmi ce premier tri dans les TCR qu’on a fabriqué, on élimine ceux qui ont des capacités
d’auto-réaction : c’est la sélection négative.
NB : Les HLA, il n’en existe pas de vides à la surface des cellules : il y a toujours un peptide dedans (peptide du soi).
Il faut bien savoir que cela a pris 30 ans d’immunologie pour découvrir ça (prix Nobel en 1980 pour Jean
Dausset) : le dogme c’était que les cellules somatiques comme les LT et LB ne tripatouillaient pas dans leur
ADN, il a donc fallu beaucoup de temps pour que son idée soit acceptée. Le LT est donc un joyau de
l’évolution.
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