
Comme cela a déjà été souli-
gné, la sémiologie est probable-
ment différente pour l’adoles-
cent.
La prévalence de ce mal-être,
de ces préoccupations dépres-
sives serait de l’ordre de 20 %
(tableau 1). La dépression de
l’adolescent peut ainsi être
considérée comme un problè-
me de santé des populations.
En France, l’observatoire de la
médecine générale (3) tient au
quotidien un registre des
constatations des médecins gé-
néralistes avec un codage ap-
proprié aux soins primaires et
proche de la Classification In-
ternationale des Soins Pri-
maires, 2eversion (CISP2). Les
adolescents dépressifs ne re-
présentent que 0,01 % des
clientèles des médecins généra-
listes (figure 1).
Les études étrangères récentes
montrent que les problèmes
psychosociaux sont parmi les
5 plus fréquents que ce soit en
Nouvelle-Zélande, en Australie
aux USA (1). La première
question qui se pose est : s’ils
existent, où sont ces adoles-
cents dépressifs ?
En tout cas il y a une distorsion
entre les informations fournies
par les systèmes utilisés en mi-
lieu professionnel et la connais-
sance spécialisée. Y aurait-il un
moyen d’harmoniser tous les
soignants ?
Quoi qu’il en soit, le fait que
l’adolescent est en souffrance,
confronté à un ensemble de
facteurs qui peuvent être des
déterminants de dépression.
ADOLESCENT EN SOUFFRANCE
DANS LA FAMILLE
Nous médecins de famille, ob-
servons en premier les adoles-
cents en souffrance. A-t-on les
moyens de mieux détecter cet-
te souffrance ? D’aller plus loin
dans le repérage des difficultés
des adolescents ?
Quelle est la valeur d’alerte de
l’échec scolaire ? Est-ce que
les surdoués sont en souffran-
ce ? La toxicomanie avec di-
verses pratiques est souvent
observée en consultation de
médecine générale : est-ce un
facteur confondant ou bien
prédictif ?
Il faut aménager des pratiques
spécifiques de la médecine gé-
nérale : aborder le repérage
d’une dépression avec un ado-
lescent au moment d’une vac-
cination contre une maladie
sexuellement transmissible,
comme l’hépatite B. En effet
des enquêtes menées en milieu
scolaire ont montré en 2000,
une couverture vaccinale en
classe de 3e(cohortes de nais-
sance 1983-1987, âge 13-
17 ans) de 66,6 %. (Données
DREES, non publiées).
L’adolescence est donc un âge
sensible, moment où le méde-
cin généraliste peut effectuer
un travail d’éducation à la santé
physique et morale. Il faut saisir
les opportunités de déceler les
modifications du comporte-
ment et chercher quels com-
portements peuvent être révé-
lateurs de dépression.
Y a-t-il des moyens à mettre en
place le diagnostic de dépres-
sion aiguë grave caractérisée
(CIM 10) de l’adolescent à hos-
pitaliser ? Quels seraient les
signes de préoccupations dé-
pressives, de dépression légère
ou modérée (CISP2) de l’ado-
lescent dans sa famille ?
Quelle prise en charge pour
éviter que la dépression n’évo-
lue vers sa forme torpide voire
suicidaire ?
PRISE EN CHARGE
DES ADOLESCENTS DÉPRIMÉS
Aujourd’hui, la majorité des
molécules antidépressives
n’ont pas une AMM chez
l’adolescent et leur prescription
constitue donc un risque pour
le médecin. Quel lien peut-on
mettre entre les médecins au
service de ces jeunes patients
pour essayer de trouver la bon-
ne réponse thérapeutique ?
Quelles compétences peut-on
mettre au service de chaque
P. Chevallier L’Encéphale (2008) Hors-série 2, 5-7
S 6
Dépressions et âges de la vie
5,0
4,0
3,0
2,0
1,0
0,0
Poucentage de patients
Prévalence par tranche d’âge
pour l’année 2005 pour tous les patients
dépression
Tranche d’âge
00-01
02-09
10-19
20-29
30-39
40-49
50-59
60-69
70-79
80-89
90-99
7,0
5,6
4,2
2,8
1,4
0,0
Poucentage de patients
Prévalence par tranche d’âge
pour l’année 2005 pour tous les patients
humeur dépressive
Tranche d’âge
00-01
02-09
10-19
20-29
30-39
40-49
50-59
60-69
70-79
80-89
90-99
FIG. 1 — Prévalence de la dépression et de l’humeur dépressive par tranche d’âge.