764 A. Mrad et al.
Patients et m´
ethodes
Il s’agit d’une ´
etude transversale descriptive et compara-
tive, r´
ealis´
ee dans le service de psychiatrie du CHU de
Monastir, au cours du deuxi`
eme semestre de l’ann´
ee 2001.
Durant cette p´
eriode, nous avons inclus tous les patients,
suivis `
a titre externe, ayant ´
et´
ed
´
ej`
a hospitalis´
es au moins
une fois, et remplissant les crit`
eres diagnostiques du manuel
diagnostique et statistique des troubles mentaux dans sa
quatri`
eme version (DSM-IV) pour le trouble bipolaire type
I[1]. Ont ´
et´
e exclus, les patients qui ont fait l’objet
d’un doute diagnostique et ceux dont les dossiers ´
etaient
insuffisamment informatifs. Au total, 130 patients ont ´
et´
e
recrut´
es. Ils ont ´
et´
er
´
epartis en deux groupes :
•Groupe 1 ou groupe familial (n= 76 ; 52 hommes et
24 femmes, ˆ
age moyen = 37,2 ±10,7 ans) incluant les
patients bipolaires ayant des ant´
ec´
edents familiaux thy-
miques (au moins un ´
episode maniaque et/ou d´
epressif
chez les apparent´
es de premier ou deuxi`
eme degr´
e).
La nature de ces ant´
ec´
edents est pr´
esent´
ee dans le
Tableau 1.
•Groupe 2 ou groupe non familial (n= 54 ; 29 hommes
et 25 femmes, ˆ
age moyen = 38,1 ±10,9 ans) incluant les
patients bipolaires sans ant´
ec´
edents familiaux thymiques
chez les apparent´
es de premier ou deuxi`
eme degr´
e.
Tous les patients et un membre de leurs familles ont ´
et´
e
examin´
es par le mˆ
eme investigateur au cours de la consul-
tation programm´
ee, ou suite `
a une convocation adress´
ee
par voie postale. Le recueil des informations a ´
et´
er
´
ealis´
e
grˆ
ace `
a une enquˆ
ete anamnestique structur´
ee selon une
fiche pr´
e´
etablie, `
a la revue des dossiers m´
edicaux et `
a
l’´
etablissement d’arbres g´
en´
ealogiques des familles des
bipolaires sur trois g´
en´
erations. Le diagnostic des troubles
psychiatriques et surtout d’´
episodes thymiques, chez les
apparent´
es, a ´
et´
e pos´
e selon les crit`
eres suivants : la
pr´
esence d’au moins une consultation et/ou une hospita-
lisation en milieu psychiatrique, un diagnostic pos´
e par le
m´
edecin traitant ou `
a partir du dossier m´
edical, la des-
cription de la symptomatologie et la nature du traitement
rec¸u.
Les sujets ont ´
et´
epr
´
ealablement inform´
es sur les prin-
cipes de l’´
evaluation, le respect de l’anonymat et la
confidentialit´
e des donn´
ees. L’analyse des donn´
ees a ´
et´
e
effectu´
ee avec le logiciel SPSS 10.0. La comparaison entre
les deux groupes a ´
et´
er
´
ealis´
ee par le test 2pour les
variables qualitatives et le test ‘‘t’’ de Student pour les
Tableau 1 Nature des ant´
ec´
edents familiaux thymiques
chez les patients bipolaires du groupe 1.
Ant´
ec´
edents familiaux (%)
Troubles bipolaires I 55,2
Troubles bipolaires II 3,9
Troubles d´
epressifs 13,1
Troubles bipolaires I et troubles d´
epressifs 13,1
Troubles bipolaires II et troubles d´
epressifs 6,6
Troubles bipolaires I et troubles schizophr´
eniques 8,1
variables quantitatives. L’association entre les ant´
ec´
edents
familiaux thymiques et les diff´
erentes variables cliniques a
´
et´
e estim´
ee avec l’odd ratio (OR), avec un intervalle de
confiance `
a 95 %. Par la suite, une analyse en r´
egression mul-
tiple a ´
et´
e effectu´
ee, en vue de pr´
eciser la relation entre
les ant´
ec´
edents familiaux thymiques (variable d´
ependante)
et l’ensemble des variables cliniques retenues lors de la
comparaison (variables ind´
ependantes). Le seuil de signifi-
cativit´
e´
etait fix´
e`
a5%.
R´
esultats
Caract´
eristiques sociod´
emographiques
Une pr´
edominance masculine a ´
et´
e constat´
ee dans le groupe
familial, mais la diff´
erence n’´
etait pas statistiquement signi-
ficative (Tableau 2). Les deux groupes ´
etaient comparables
pour les autres caract´
eristiques sociod´
emographiques, sauf
en ce qui concerne l’activit´
e professionnelle (Tableau 2).
Parmi les bipolaires avec ant´
ec´
edents familiaux thymiques,
le taux d’inactivit´
e professionnelle ´
etait significativement
plus ´
elev´
e par rapport aux patients sans ant´
ec´
edents fami-
liaux thymiques : 30,2 versus 12,9 % (2= 5,28 ; p= 0,02).
Caract´
eristiques cliniques
ˆ
Age de d´
ebut
L’ˆ
age moyen au premier ´
episode thymique ´
etait comparable
entre les deux groupes : 23,7 ±9,4 ans versus 23,9 ±8,2
ans (t= 0,13, df= 128, p= 0,89). Toutefois, un d´
ebut pr´
ecoce
(avant l’ˆ
age de 20 ans) a ´
et´
e significativement plus fr´
equent
dans le groupe des patients avec ant´
ec´
edents familiaux thy-
miques : 48,7 versus 24,0 % (2= 8,02 ; p= 0,004), avec un OR
`
a 2,99 (1,30—6,96). La classe modale a ´
et´
e de moins de 20
ans pour les patients avec ant´
ec´
edents familiaux thymiques
et de 20 `
a 29 ans pour ceux sans ant´
ec´
edents familiaux
thymiques.
D´
ebut en postpartum
Parmi les 49 femmes collig´
ees dans notre s´
erie, 11 avaient
d´
ebut´
e leur maladie bipolaire en postpartum. Huit parmi
elles appartenaient au groupe avec ant´
ec´
edents familiaux
thymiques, alors qu’un d´
ebut en postpartum ´
etait constat´
e
chez seulement trois femmes du groupe sans ant´
ec´
edents
familiaux thymiques, mais cette diff´
erence n’´
etait pas signi-
ficative (2= 3,20 ; p= 0,07).
Nombre d’´
episodes thymiques et d’hospitalisations
ant´
erieurs
Le premier acc`
es thymique ´
etait maniaque chez 65,8 % des
bipolaires avec ant´
ec´
edents familiaux thymiques et chez
59,3 % des bipolaires sans ant´
ec´
edents familiaux thymiques,
sans diff´
erence significative entre les deux groupes.
Le nombre moyen d’´
episodes thymiques ant´
erieurs `
a
l’´
etude ´
etait de 6,7 ±4,0 avec des extrˆ
emes allant de un
`
a 20. Cette moyenne ´
etait significativement plus ´
elev´
ee
pour les patients avec ant´
ec´
edents familiaux thymiques :
8,1 ±3,6 versus 6,0 ±3,5 pour ceux sans ant´
ec´
edents
familiaux thymiques (t= 3,24, df= 128, p= 0,002), alors
que la dur´
ee d’´
evolution moyenne des troubles ´
etait