Achats compulsifs : traitements psychologiques et biologiques 875
pathologiques visés par la thérapie. L’échelle d’évaluation
des achats pathologiques (Buying Rating Scale, 10) permet
cette évaluation (Fig. 2).
chez les contrôles. En revanche, d’autres items ne diffé-
raient pas signifi cativement chez les acheteurs compulsifs
et chez les contrôles, comme par exemple la prise en
compte de l’infl uence constante de la publicité (19 % vs
19 %), le changement fréquent du choix de la boutique
(19 % vs 32 %), la recherche des soldes ou promotions (57 %
vs 32 %), la proportion d’achats effectués durant les soldes
(26 % vs 19 %), ou le pourcentage d’achats effectués au
comptant plutôt qu’à crédit (72 % vs 86 %).
Conclusion
Dans la prise en charge des troubles d’achats pathologiques
ou compulsifs, la prise en compte des comorbidités est
essentielle, en particulier la comorbidité dépressive, mais
aussi les troubles liés à l’abus d’alcool, ou les autres trou-
bles addictifs, comme la boulimie [3] ou le jeu pathologi-
que.
Les traitements spécifi ques sont surtout les thérapies
cognitivo-comportementales individuelles, et les thérapies
familiales ou de groupe. Les antidépresseurs, en particulier
les IRS, ont un effet modéré ; en revanche, les programmes
intégrés de prise en charge de tels troubles sont particuliè-
rement prometteurs.
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Figure 2 Comorbidité psychiatrique des achats
pathologiques [1]
70 %
0 %
10 %
20 %
30 %
40 %
50 %
60 %
61 %
22 % 15 % 18 %
9 %
Dépression
Dépendance
aux drogues
Attaques de panique
Alcoolodépendance
Boulimie
Il est également important d’évaluer les conséquences
négatives de l’achat compulsif, en particulier la dépression
(même s’il est diffi cile de déterminer si celle-ci est la cause
ou la conséquence des achats compulsifs), l’anxiété et la
colère, les tentatives de suicide, les troubles liés à l’abus
d’alcool, le comportement antisocial, ainsi que les consé-
quences familiales.
La prise en charge comportementale des achats com-
pulsifs comporte un agenda des achats effectués, une éva-
luation des émotions provoquées par les achats, des tâches
comportementales comme par exemple d’entrer dans un
magasin sans acheter, des tâches d’entraînement aux apti-
tudes sociales. Il faut toutefois noter qu’il n’existe pas à ce
jour d’étude permettant de valider un type ou un autre de
psychothérapie comportementale.
Le versant cognitif de la thérapie cognitivo-comporte-
mentale des achats compulsifs comporte l’évaluation des
cognitions associées aux achats, la mise en évidence de
l’illusion d’euphorie liée à l’achat, la correction du cercle
vicieux entre dépression et achats, la prise de conscience
des cognitions liées à la crainte de perdre une opportunité
d’achat, et enfi n une auto-évaluation des authentiques
besoins d’objets.
Une étude ayant comparé les achats chez des sujets
contrôles (N = 31) et chez des acheteurs compulsifs (N = 21)
a montré chez ces derniers un pourcentage de shopping
réalisé seul de 85 %, vs 61 % chez les contrôles, un ratio
d’achats nécessaires/cadeaux faits à soi-même de 49 %, vs
71 % chez les contrôles, un pourcentage d’achats liés aux
exigences d’un statut social de 14 % vs 2 % chez les contrô-
les, un pourcentage d’achats défi nis comme des occasions
essentielles de 31 % vs 15 % chez les contrôles, un pourcen-
tage d’achats utilisés moins que prévus de 57 % vs 16 %
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