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La dépression : des pratiques aux théories 9
(comme au Royaume Uni où
exercent 2500 psychiatres) pour
répondre en temps réel à l’urgence
par l’intermédiaire du téléphone,
de courriels ou de visio-conféren-
ces. Mais ce type d’intervention
à distance pose la question de la
responsabilité médicale et de la
qualité du diagnostic posé.
Le recours aux médecins généra-
listes est fréquent. Mais ils sont
souvent débordés donc pas tou-
jours disponibles pour l’urgence.
De plus, les visites à domicile sont
de moins en moins fréquentes.
Certaines structures spécialisées
dans l’urgence existent mais uni-
quement dans les grandes villes
(exemple de SOS psychiatrie à
Paris).
La consultation in rmière est une
modalité d’accueil et de réponse
en urgence afin d’orienter le
patient vers une structure adé-
quate.
En n la présence d’un psychiatre
à l’hôpital général permet parfois
de faire face à l’urgence.
Quels patients sont concernés ?
Plusieurs facteurs favorisent la
survenue d’un passage à l’acte
suicidaire : l’âge (les adolescents,
l’adulte de 40-50 ans et les sujets
âgés isolés sont des sous groupes
à risque de suicide) ; l’existence
de comorbidités psychiatri-
ques (la consommation d’alcool,
le trouble de la personnalité bor-
derline retrouvé dans 5 à 10 %
des suicides ; le type de trouble
de l’humeur (mélancolie sou-
riante, dépression atypique de
l’adolescent, dépressions récur-
rentes brèves, bipolarité plus à
risque de suicide que l’unipola-
rité, un trouble bipolaire de type
1 plus à risque de suicide que le
type 2) ; l’existence de comorbi-
dités somatiques : douleur chro-
nique, pathologie neurologique
comme les myoclonies ou le
syndrome des jambes sans
repos…) ; la profession (les psy-
chiatres et les anesthésistes sont
plus à risque de suicide que les
autres professionnels).
PRENDRE EN CHARGE
L’URGENCE DEPRESSIVE
La rendre possible et la commencer
La prise en charge de l’urgence
dépressive doit survenir dans
un délai très court. Le patient
doit au moins être étayé par
une hospitalisation à domicile
ou des visites à domicile infir-
mières. Mais les capacités dans
ce domaine sont variables selon
les secteurs.
La réponse la plus courante face
à l’urgence dépressive est l’hos-
pitalisation.
Dans un premier temps, l’éta-
blissement d’une alliance thé-
rapeutique est primordial. Mais
la situation diffère selon que
le patient est connu ou non et
qu’il accepte ou non la prise
en charge. Le plus souvent, le
patient donne son accord pour
être pris en charge dans une
structure adaptée dans les plus
brefs délais. Mais certaines
situations sont plus complexes.
Le patient peut s’opposer à la
prise en charge spécialisée. La
question de l’hospitalisation à
la demande d’un tiers se pose
alors. Il est donc nécessaire de
contacter l’entourage (personne
de confiance) ou le médecin trai-
tant (« généraliste ressource »).
Lorsqu’un passage à l’acte suici-
daire a eu lieu, les secours sont
généralement appelés. Mais cela
peut s’avérer difficile s’il s’agit
d’un passage à l’acte poten-
tiel chez un patient non connu
et isolé refusant de donner des
informations sur son entou-
rage.
Les structures de soins
Le secteur se définit comme
le lieu de prise en charge des
patients les plus lourds et ne peut
donc pas toujours accueillir des
patients déprimés. Certains sec-
teurs possèdent des unités spé-
cialisés dans les soins aux patients
dépressifs.
Les lits en hôpital général peu-
vent être une solution alter-
native. D’ailleurs, les services
d’accueil des urgences ont pour
obligation de prendre en charge
pendant 72 heures les patients
déprimés le nécessitant sur des
« lits de crise ».
Il est possible de passer des
accords avec les cliniques pri-
vées a n de faciliter l’accueil des
patients déprimés.
En n les centres d’accueil de crise
peuvent proposer aux patients en
crise de s’y rendre plusieurs jours
de suite. Dans ce cas, il peut être
reproché de « traiter la crise sans
traiter l’urgence ».
Quelles modalités thérapeutiques ?
Les dépressions sont insuf sam-
ment traitées par les antidépres-
seurs. Parfois les antidépresseurs
A. GalinowskiL’Encéphale, 2007 ; 33 : 652-654, Cahier 2