L’Encéphale, 2006 ;
32 :
861-5, cahier 3
S 861
Données probantes et intérêt de santé publique
des nouveaux antipsychotiques
R. LAUNOIS
(1)
(1) Économiste, Université Paris XIII.
Il est important d’évaluer, dans l’appréciation des médi-
caments, le niveau de (la) preuve dans l’évaluation éco-
nomique, et son impact en matière de santé publique.
L’évaluation correspond à un impératif éthique vis-à-vis
du patient ; elle revêt également une fonction collective qui
doit être assumée : il est nécessaire de quantifier l’impact
de toute décision politique.
L’évaluation médico-économique consiste surtout en
l’évaluation des bénéfices apportés au malade en contre-
partie des sommes investies.
Le bénéfice clinique est représenté par l’efficacité thé-
rapeutique réelle, et la capacité du produit à contrôler la
maladie.
Le bénéfice humain est représenté par les bénéfices
de vie apportés par les médicaments : réduction du han-
dicap social, amélioration de la qualité de vie des patients,
accroissement de la satisfaction des bénéficiaires de la
prise en charge.
Enfin, le bénéfice financier est évalué par la réduction
du fardeau et des coûts de la maladie pour les familles et
pour la société.
LES TECHNIQUES D’ÉVALUATION
MÉDICO-ÉCONOMIQUE DES SOINS
AUX PATIENTS SOUFFRANT DE SCHIZOPHRÉNIE
Les techniques d’évaluation sont nombreuses. Il faut
tout d’abord former les évaluateurs et les cliniciens à
l’apprentissage à la lecture critique, base de l’EBM
(Evi-
dence Based Medicine)
. La recherche documentaire doit
être systématique, donc protocolisée : il s’agit d’une revue
quantitative (méta-analyses), qualitative, et narrative. Il
faut examiner les recommandations de pratiques clini-
ques (RPC), puis procéder à l’évaluation économique des
actes, des dispositifs et des technologies de santé (
Health
Technology Assessment
: HTA). L’Évaluation des Prati-
ques Professionnelles (EPP) et la certification des établis-
sements et des Réseaux doit parfaire le processus.
Ces diverses évaluations sont réalisées par des orga-
nismes « balkanisés », et non par un système de mono-
pole bilatéral entre la Sécurité sociale et les « producteurs
de soins ». Aujourd’hui, on retrouve trois acheteurs dans
le système de santé : l’Assurance-maladie, qui passe con-
vention avec les professionnels libéraux, l’ARH qui négo-
cie avec les acteurs hospitaliers (publics, privés à but non
lucratif, privés à but lucratif), enfin le CEPS.
Les consommateurs de soins sont représentés par les
patients et les familles, les producteurs de soins par les
hôpitaux, les médecins libéraux et les industriels, et la col-
lectivité par la HAS, la DGS et le Ministre de la Santé. Or
ces diverses entités éprouvent de grandes difficultés à tra-
vailler entre elles de façon cohérente.
LA TRIPLE EXPERTISE DU SYSTÈME D’ÉVALUATION
Le système d’évaluation comporte une expertise médi-
cale, une expertise administrative et une expertise éco-
nomique.
L’expertise médicale nécessite de définir la population
cible et les enjeux de santé publique ; elle permet de clas-
ser, selon des critères d’incidence et de gravité, le service
médical rendu et la « quantité d’effet » associée à
l’innovation ; par ailleurs, l’intérêt de santé publique (ISP)
est également défini, reposant sur la qualité de vie, l’orga-
nisation des soins, la modification des pratiques.
Les autorités administratives sont contraintes par les
limitations de leurs domaines de compétence : ainsi, la
DGS ne peut faire aucune analyse coût-efficacité ; le
CEPS ne doit raisonner qu’en termes d’impact budgétaire
du prix du médicament, sans tenir compte des répercus-
sions que pourrait avoir l’utilisation d’un médicament sur
les dépenses de soins ambulatoires ou hospitaliers ; et de