L’accès à l’innovation apportée par les DM en France : mythe ou réalité ?

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www.devicemed.fr | Juillet/Août 2011 | DeviceMed France
Deux outils de promotion
auprès des fabricants de DM
DeviceMed
FRANCE
Sur le marché français des tech-
nologies médicales, force est de
constater que les innovations sont
de plus en plus souvent dévelop-
pées en dehors du territoire (valves
cardiaques, cœur artificiel, etc.).
Or, quelle soit incrémentale ou de
rupture, technologique ou clinique,
linnovation repose sur un partena-
Laccès à linnovation apportée par
les DM en France: mythe ou réalité?
Lévaluation de l’innovation des technologies de santé est une problématique d’actuali
dans de nombreux pays. En France, faute de transfert industriel, les innovations se
heurtent à des difficultés de financement. Comment la situation se présente-t-elle
aujourd’hui?
Antoine Disset avec l’aimable collaboration de Faraj Abdelnour
Réglementation
riat entre industriels et inventeurs.
Aujourdhui, il est difficile pour les
industriels de supporter des délais
importants de retour sur investisse-
ment et dabsorber lalourdissement
financier du veloppement clinique
exi par les centes contraintes ré -
glementaires européennes ou natio-
nales (Cf. étude de la DGCIS 2008).
La Haute Autori de Santé
(HAS) a dévelop ces 5 dernières
anes une flexion autour de la
prise en charge de l’innovation, car
une introduction trop hâtive et non
rationnelle pouvait présenter un
risque tant pour le patient que pour
l’assurance maladie. Ainsi, des dis-
positions glementaires ont récem-
ment été instaurées pour permettre
une introduction financée et enca-
drée de dispositifs dicaux inno-
vants, garantissant la performance
et la qualité des soins.
Une première tentative de
mesureà travers le PLFSS
2008 et l’article 51
Inspirée de l’expérience du service
évaluation des dicaments (SEM),
la HAS a mis en place en 2006-2007
un groupe de travail pour permet-
tre l’acs non retardé des techno-
logies innovantes. La CNEDiMTS
(à l’époque CEPP, psidée par le
Pr. Bernard Guiraud-Chaumeil),
a proposé en 2007 l’article 51 au
PLFSS 2008 qui devait permettre
une prise en charge temporaire et
conditionnelle sous la condition
de premières données de qualité.
Ce type de prise en charge devait
comporter l’obligation de la mise en
place sans délai d’une étude clinique
dont les crires auraient été définis
par la CNEDiMTS. Dans ce proces-
sus d’évaluation, l’innovation était
grae en fonction de lASA (Amélio-
g Antoine Disset, directeur d‘AD-DM Consulting..
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Réglementation
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ration
du Service Attendu) obtenue
lors de cette primo-évaluation, per-
mettant ainsi, lors de la négociation
tarifaire avec le CEPS, de prendre en
compte le retour sur investissement
de l’étude demane par la HAS.
Trois dispositifs innovants avaient
é lections pour béficier de
cette évolution réglementaire : le
véhicule pour personnes handicapés
(VPH) muni d’une fonction monte-
escalier, les dispositifs dautomesure
de lINR « International Normalized
Ratio » chez l’enfant et les valves
aortiques ricardiques porcines à
implantation trans-morale.
L’aboutissement
réglementaire - mise en
place de l’article L.165-1-1
Dans le projet de loi de finance-
ment de la sécurité sociale de
2009, et qui semble être une tra-
duction des propositions de la
CNEDiMTS de 2007 (explicité
ci-dessus, à travers le projet de
l’article 51 de la loi de finance-
ment de la Sécurité sociale), il a
été inséré après l’article L. 165-1
du code de la sécurité sociale, un
article L. 165-1-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 165-1-1. Tout pro duit,
prestation ou acte innovant peut
faire lobjet, à titre dérogatoire et
pour une durée limie, dune prise
en charge partielle ou totale au sein
de la dotation prévue à l’article
L. 162-22-13. La prise en charge
est cidée par arrê des ministres
chargés de la santé et de la sécu-
rité sociale après avis de la Haute
Autorité de Santé. Larrêté fixe le
forfait de prise en charge par patient,
le nombre de patients concers, la
durée de prise en charge, les con-
ditions particulières d’utilisation, la
liste des établissements de san pour
lesquels l’assurance maladie prend
en charge ce forfait, et détermine les
études auxquelles la mise en œuvre
du traitement innovant doit don-
ner lieu. Le forfait inclut le pro-
duit, la presta tion, l’acte et les frais
d’hospitalisation associés. »
Cet article L. 165-1-1 du code
de la curi sociale propose donc
la prise en charge partielle ou totale
d’une technologie innovante sous la
forme d’un forfait incluant l’acte,
les frais d’hospitalisation associés et,
le cas échéant, la prise en charge
du produit ou de la prestation par
l’assurance maladie dans le cadre
de l’enveloppe de l’ONDAM MCO.
Cette produre glementaire est
mise en œuvre par arrêté après avis
de la HAS. Larrêté fixe le forfait, le
nombre de patients, la durée de prise
en charge, les conditions particu-
lres d’utilisation et la liste des éta-
blissements autorisés dans le cadre
de la réalisation d’une étude clinique.
Les dispositifs bénéficiant de
cet article L.165-1-1 présentent un
service attendu insuffisant dans les
avis rendus par la HAS. Toutefois,
la CNEDiMTS sugre que lintérêt
potentiel du dispositif médical justi-
fie sa prise en charge temporaire et
dérogatoire au titre de cet article pour
permettre la production de données
cliniques et économiques complé-
mentaires. Notez que cette proposi-
tion, propre à la CNEDiMTS, ne
peut en aucun cas être demane lors
du dépôt d’un dossier dinscription !
Constat et questions
encore sans réponse
Au vu des travaux de la HAS, on
s’aperçoit que la CNEDiMTS, tout
comme le collège de la HAS peu-
vent proposer ou non au ministre de
mettre en place larticle L.165-1-1
(voir tableau en haut à droite).
Dans ce processus d’évaluation,
la HAS délivrant un service attendu
insuffisant, cest donc maintenant vers
les directions du ministère DGOS,
DGS et notamment celle de la Sécu-
rité Sociale (DSS) que se tournent
les industriels. Cependant, dans l’état
actuel des connaissances, nous pou-
vons considérer que la confirma tion
du caractère innovant qui permet de
bénéficier du dispositif de l’article
L.165-1-1 dépend essentiellement de
la compétence de la HAS. Toutefois,
la HAS reste à ce jour encore vague
puisquaucune publication ne permet
de classer les dispositifs médicaux en
fonction de leur niveau dinnovation.
La question majeure demeure sans
réponse : Suivant quels critères cette
sélectivité de la HAS opère-t-elle ?
Quels critères les directions du minis-
tère retiennent-elles afin de mettre en
place les dispositions de larticle ? De
plus, dans la poursuite de cette évalua-
tion, dautres questions restent en sus-
pens sur la manière dont lenveloppe
de lONDAM va être distribuée et
si la Sécurité sociale aura les moyens
suffisants de financer de ma nière équi-
table lensemble de ces innovations.
Sur quels éléments reposent le choix
du ministre et de ses services dun
financement partiel ou total ainsi que
de la durée de prise en charge ?
Notons qu’avec cette nouvelle
réglementation, un DM innovant ne
pourra pas être inté gré dans un GHS
tant quil ne sera pas suffisamment
éval et quaucun arrê faisant
bénéficier un DM des dispositions
de cet article n’a é publ à ce jour.
AD-DM Consulting
F-34000 Montpellier
www.ad-dmconsulting.com
3 actes (proposition du Collège de la HAS)
Destruction par ultrasons focalisés de haute
intensité (HIFU) par voie rectale d’un adéno-
carcinome localisé de la prostate (déc. 2010)
Œsophagectomie avec œsophagogastro-
plastie, par thoracoscopie (juil. 2010)
patectomie droite par cœlioscopie (juil. 2010)
1 acte associant 1 médicament ou 1 DM
(proposition du Collège de la HAS)
Acte d’autogreffe de chondrocytes au
niveau des condyles fémoraux + Chondroce-
lect (médicament, Tigenix NV) + Chondro-
Gide (DM, Geistlich Pharma) (déc. 2010)
2 dispositifs médicaux
(proposition de la CNEDIMTS)
Système PARADIGM VEO (Medtronic),
Pompe à insuline et moniteur en continu du
glucose interstitiel destinée aux patients
diabétiques de type 1, traités depuis plus de
6 mois par pompe à insuline, en échec de
contrôle métabolique. (déc. 2010)
SIR-Spheres(Sirtex), microsphères
d’yttrium90 destinées au traitement des
métastases hépatiques prédominantes
et non résécables du cancer colorectal en
échappement thérapeutique. (déc.2010)
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