Prescription d’héroïne et de sa place dans la gamme des traitements de l’addiction aux opiacés Prof. Dr. med. Daniele Zullino WHO collaborating center Ne pas confondre Shooting galleries Locaux de consommation Programmes diacétylmorphine Produits illégaux Produits illégaux Médicament prescrit Profit Légaux et supervisés Institutions médicalisées Salles de consommation • Premières salles dans les Centres Autonomes de Jeunesse, 1980 • Première salle ad hoc 1986 Berne, officiellement tolérée depuis1988 • Puis dans 7 cantons de la Suisse alémanique • Quai 9 à Genève depuis 2001 • A Bâle: jusqu’à 3 centres avec heures ouvertures différents Salles historiques Efficacité des salles de consommation • contact avec consommateurs vulnérables et difficiles à atteindre • • • • • • • • Incl. HIV, HCV, SDF etc. accès aux soins partage matériel, injections propres, infections HIV overdoses consommation dans espace public seringues dans espace public crime pas consommateurs !! Zobel & Dubois-Arber, 2004; Nadelmann et al., 1999; Kimber 2001; MSIC Evaluation Committee, 2003; Wood, Tyndall, Montaner, & Kerr, 2006 Les dates 1995 1996 2001 2002 2008 Ouverture premiers centres HeGeBe Ouverture PEPS Autorisation de mise sur le marché Diaphin® i.v. Remboursement par les caisses maladie Inscription dans la Lstup …. 2017 Ouverture HeGeBe Lausanne HeGeBe est fixé dans la LStup Votation du 30.11. 2008 68% Oui Art 3e1 3 Les traitements avec prescription d'héroïne doivent faire l'objet d'une autorisation fédérale. Le Conseil fédéral édicte des dispositions particulières; il veille notamment: a. à ce que l'héroïne ne soit prescrite qu'à des personnes toxicodépendantes pour lesquelles les autres types de traitement ont échoué ou dont l'état de santé ne permet pas d'autre traitement; b. à ce que l'héroïne soit prescrite uniquement par un médecin spécialisé et dans une institution appropriée; c. à ce que le déroulement des traitements avec prescription d'héroïne soit contrôlé à intervalles réguliers. Deux ordonnances 812.121.6, Ordonnance relative à l'addiction aux stupéfiants, OAStup règles d’application de la Lstup 812.121.1, Ordonnance sur le contrôle des stupéfiants, OCStup règles d’exécution de la LStup. Situation légale dans le monde Diamorphine existe en tant que médicament 1. Autorisation complète comme produit médical : UK • médecins avec licence spéciale pour addictions • tous les autres: indication douleur 2. Autorisation pour indications particulères (addiction résistante au traitement): NL, D, DK, CH (Swissmedic 2001, assurances 2002) 3. Autorisation pour recherche: E, CND, B Strang et al., 2015 Follow-up PROVE N=237 100% 80% 60% Héoïne illégale Cocaïne 40% 20% 0% Base Rehm et al., 2001 6 mois 12 mois 18 mois Follow-up PROVE 100% N=237 90% 80% 70% 60% 50% Revenu illégal 40% 30% 20% 10% 0% Base Rehm et al., 2001 6 mois 12 mois 18 mois Evolution doses de diaphine Rehm et al., 2001; Gschwend et al., 2004 Etudes contrôlées Perneger et al., 1998 • n=51, 6 mois • diaphine iv vs méthadone po • rétention similaire • diaphine > méthadone • usage héroïne de rue (22% vs 67%) • criminalité Etudes contrôlées Van den Brink et al., 2003 • Deux études multisites, n = 594 • diaphine injectable / inhalable vs méthadone po • ‘responders’ : 57% v. 32% • Diaphine cost-effective Etudes contrôlées • n = 62, Andalucie, 9 mois • diaphine > méthadone • • March et al., 2006 conso héroine de rue bien accépté par familles Etudes contrôlées Haasenet al., 2007 • Multicentrique, n = 1015 • rétention DIAP>METH • réduction héroine de rue DIAP>METH Etudes contrôlées • NAOMI (North American Opiate Medication Initiative) • n = 226, deux sites • sujets fortement marginalisés • rétention DIAP>METH • réponse DIAP>METH • bras supplémentaire hydromorphoneiv • Oviedo-Joekes al., 2009 résultats similaires à DIAP Etudes contrôlées Strang al., 2010 • RIOTT (Randomised Injectable Opioid Treatment Trial), 3 sites, n = 127 • DIAP iv – METH iv – METH po • Après 4 mois : DIAP > METH pour héroine de rue Rétention en traitement Strang et al., 2015 Mortalité Strang et al., 2015 Dépression respiratoire 1 / 6000 injections Strang et al., 2015 Dotations Médecin - un patient = 1.7 pourcent de poste Travail social - un patient = 1.7 pourcent de poste Personnel infirmier / personnel chargé de la remise du traitement – 5 places d’injection : 2 membres du personnel doivent être présents pour chaque période de travail > 5 places d’injection : 3 collaborateurs, dont un professionnel de santé au minimum La direction, l’organisation, l’administration et le développement des ressources humaines doivent également être suffisamment pourvus. Nombre nouvelles admissions Enquête 2015 • 101 premières admissions (56,8 %) • 24 réadmissions dans la mème institution (28,4 %) • et 12 admissions à la suite d'un transfert (8,4 %) depuis un autre centre HeGeBe • Age moyen de tous les patients admis : 46 ans (20-77) 1644 patients en 2015 • 8,9 % âgés de 55 ans ou plus • 1 % moins de 25 ans Hiltebrand et al., 2016 du millier de patients a été franchie. Un léger recul a ensuite été observé compte tenu du g des admissions en 1997, mais la progression a ensuite repris jusqu’en 2002, où le nombre d patients était légèrement inférieur à 1500. De 2008 à 2013, on constate une légè augmentation (fig. 1), laquelle est sans doute partiellement due à des départs qui n’ont pas é notifiés. En 2015, le nombre de patients est rest é stable par rapport aux années précédentes Enquête 2015 Nombre de patients sous traitement 1800 1600 1400 1200 1000 800 600 400 200 0 Hiltebrand et al., 2016 Fig. 1 Evolution du nombre de patients. Les personnes qui ont cessé et repris le traitement la même année ont ét comptabilisées deux fois dans le cadre de l’enquête. Enquête 2015 La figure 2 décrit la répartition des patients par tranche d’âge entre 1995 et 2015. En 1995, 78 % des patients avaient moins de 35 ans, contre un peu plus de 20 % aujourd’hui. La proportion de patients âgés 45 ans au moins a suivi une progression constante, pour atteindre environ 75 % en 2015. repartition des âges 100% 90% 80% 70% > 54 ans 60% 45 à 54 ans 35 à 44 ans 25 à 34 ans < 25 ans 50% 40% 30% 20% 10% Hiltebrand et al., 2016 Fig. 2 Répartition des patients par tranche d’âge entre 1995 et 2015 2015 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 1996 1995 0% Enquête 2015 Probabilité (axe des ordonnées) pour un patient de rester pendant Le graphique ci-dessous probabilité (axe des ordonnées) un patient de rester HeGeBe une durée définie (axeindique desla abscisses) dans lepourprogramme pendant une durée définie (axe des abscisses) dans le programme HeGeBe. Il en ressort, par exemple, qu’il y a 40 % (0,4) de probabilité qu’un patient suive un traitement pendant 4 ans ou plus, et 20 % (0,2) pendant15 ans ou plus. Fig. 3 Probabilité de la durée de traitement à l’héroïne Hiltebrand et al., 2016 3. Antécédents médicaux Quasiment tous les patients admis pour la première fois en 2015 ont indiqué avoir déjà suivi un traitement pour des problèmes de drogue (n1 = 84 sur 88 ; 95,5 %), de médicaments (12/88 = 13,6 %), d’alcool (9/88 = 10,2 %), en raison de comportements assimilables à une addiction (4/88 = 4,5 %) ou encore pour une dépendance au tabac (2/88 = 2,3 %). Ces chiffres sont comparables à ceux enregistrés le s deux années précédentes (cf. tableau 1). Parmi les nouveaux patients admis en 2015, 20 (22,5 %) avaient un ou plusieurs enfants. 62,4 % avaient une situation de logement stable (appartement ou maison à soi, sous-location) et 10,6 % une situation instable (rue, chez différentes personnes, hébergement d’urgence, hôtel, pension) ; 27,1 % logeaient e n institution (tableau 5). Enquête 2015 Patients admisdurant pourles la30 première fois? Premières admissions. Données Tableau 5 Quelle a été votre situation de domicile derniers jours valides/manquantes : 2000-2004 : 723/347 ; 2005-2008 : 428/110 ; 2009-2012 : 470/47 ; 2013-2014 : 160/66 ; 2015 : 85/16. 2000-2004 Situation de logement 2009-2012 2013-2014 2015 % n % n % n % n % Domicile fixe 465 64,3 297 69,4 317 67,4 120 75,0 53 62,4 Situation instable 169 23,4 50 11,7 63 13,4 19 11,9 9 10,6 89 12,3 81 18,9 89 19,2 21 13,1 23 27,1 En institution, notamment : n 2005-2008 en prison - - - - - - 5 3,1 5 5,9 dans un établissement thérapeutique/ foyer/hôpital/clinique/autre - - - - - - 16 10,0 18 21,2 723 100 428 100 470 100 160 100 85 100 Total Traitement avec prescription d’héroïne en Suisse en 2015 Hiltebrand et al., 2016 9 Enquête 2015 motifs de départ 100% Autres motifs 90% Décès 80% 70% Incarcération 60% Déménagement 50% 40% Perte de contact 30% 20% Hospitalisation 10% 0% 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Fin prévue du traitement avec transfert dans une institution spécialisée Fig. 4 Motifs de départ entre 2005 et 2015. Hiltebrand et al., 2016 7. Hépatites et VIH Dans le cadre de l’évaluation des données relatives aux hépatites et au VIH, tous les patients pour lesquels des résultats de tests ou des données sur le statut de vaccination étaient disponibles ont été pris en compte. C’est la raison pour laquelle les personnes n’ayant jamais été dépistées pour l'hépatite A ou B, mais ayant indiqué qu’elles avaient décidé de se faire vacciner ou qu’elles refusaient de le faire sont mentionnées. 7.4 VIH Enquête 2015 84,5 % des personnes admises ont indiqué avoir déjà fait une fois un test VIH. Deux personnes n’ont encore jamais fait de testHIV, et unenouvelles personne a refusé de répondre à la question. Le tableau entrées 13 indique la prévalence du VIH chez les nouv eaux arrivants entre 2001 et 2015. Tableau 13 Prévalence du VIH chez tous les patients admis pour la première fois dans un centre HeGeBe. 20012004 : 96/959 ; 2005-2008 : 361/148 ; 2009-2012 : 380/129 ; 2013-2014 : 149/77 ; 2015 : 72/29. 2001-2004 VIH 2005-2008 2009-2012 2013-2014 2015 n % n % n % n % n % Négatif 90 93,8 326 90,3 350 92,1 137 87,8 66 91,6 Positif 6 6,2 35 9,7 30 7,9 12 12,2 6 8,3 Total 96 100,0 361 100,0 380 100,0 149 100,0 72 100,0 Hiltebrand et al., 2016 3 Maladies et médecine. Office fédéral de la santé publique OFSP, 21.01.2016, www.ofsp.admin.ch. Traitement avec prescription d’héroïne en Suisse en 2015 18 n’a été diagnostiqué ou mentionné dans le questionnaire, en plus de la dépendance (tableau 14). Ce pourcentage est relativement stable par rapport aux années 2013 et 2014. Le recul enregistré depuis 2013 concernant les troubles psychiatriques diagnostiqués au moment de la sortie est vraisemblablement dû au fait que la question est formulée différemment. Désormais, un diagnostic doit être précisé au moyen d’un numéro de diagnostic attribué, tandis qu’auparavant il suffisait de marquer une croix dans le groupe de diagnostic concerné. Enquête 2015 Diagnostics psychiatriques, nouvelles entrées Tableau 14 Nombre de diagnostics psychiatriques confirmés chez les patients admis pour la première fois dans un centre HeGeBe entre 2005 et 2015. Données valides/manquantes : 2005-2008 : 628/41 ; 2009-2012 : 549/191 ; 2013 : 159/0 ; 2014 : 163/0 ; 2015 : 145/0. Nombre de diagnostics 2005-2008 2009-2012 2013 2014 2015 n % n % n % n % n % Aucun 222 35,4 171 37,3 91 57,2 82 50,3 78 53,8 Un diagnostic 344 54,8 279 50,8 52 32,7 57 35 51 35,2 Deux diagnostics 55 8,8 83 15,1 15 9,4 21 12,9 14 9,7 Trois diagnostics 7 1,1 14 2,6 1 0,6 3 1,8 2 1,4 Quatre diagnostics 0 0 2 0,4 0 0 0 0 0 0 628 100 549 100 159 100 163 100 145 100 Total Chezetplus d’un Hiltebrand al., 2016 cinquième (22,1 %) des patients qui ont cessé le traitement en 2015, un trouble de la personnalité ou du comportement a été diagnostiqué. Un trouble de la personnalité se caractérise par des traits de la personnalité durables, inflexibles et inadéquats quant à la perception, à la pensée, aux émotions et au comportement, qui divergent sensiblement des attentes socio-culturelles. Les personnes concernées sont fortement affectées dans leur vie Modes d‘application Stohler et al., 2009 Défis Nombre de décès liés à la drogue Aujourd’hui Années 80-90 Contexte Problème de mortalité (Epidémie HIV, overdoses) Contexte Survie garantie, espérance de vie Mais: non-participation citoyenne Succès Programmes substitution opiacés Défis Objectif Objectif Survie Vie Logique de « maintien », « contrôle » « stabilisation » , « assainissement », etc. Logique de « développement », « déploiement », « créativité », fertilité »,etc. Enquête 2015 Diagnostics psychiatriques, nouvelles entreés Tableau 15 Fréquence des groupes de diagnostic lors de la première admission dans un centre HeGeBe selon la codification CIM-10 entre 2005 et 2015 (plusieurs réponses possibles). Données valides/manquantes : 2005-2008 : 623/128 ; 2009-2012 : 542/64 ; 2013 : 159/0 ; 2014 : 163/0 ; 2015 : 145/0. 2005-2008 2013 2014 2015 n % n % n % n % n % Troubles mentaux organiques, y compris troubles symptomatiques 6 1,0 11 2,0 2 1,3 6 3,7 2 1,4 Schizophrénie, trouble schizotypique et troubles délirants 54 8,7 50 9,2 15 9,4 13 8,0 12 8,3 118 18,9 123 22,7 29 18,2 25 15,3 26 17,9 27 4,3 36 6,6 6 3,8 10 6,1 5 3,4 Syndromes du comportement associés à des perturbations physiologiques et à des facteurs physiques 6 1,0 9 1,7 0 0,0 2 1,2 0 0,0 Troubles de la personnalité et du comportement 233 37,4 225 41,5 29 18,2 43 26,4 32 22,1 Retard mental 2 0,3 5 0,9 0 0,0 0 0,0 3 2,1 Troubles du développement 2 0,3 0 0,0 0 0,0 0 0,0 0 0,0 25 4,0 36 6,6 4 2,5 9 5,5 5 3,4 1 0,2 1 0,2 0 0,0 0 0,0 0 0,0 Troubles affectifs Troubles névrotiques somatoformes psychologiques Troubles du comportement et troubles émotionnels apparaissant durant l’enfance et l’adolescence Hiltebrand et al., 2016 2009-2012 Groupe de diagnostic Troubles mentaux non précisés Constat • Egalité en droit – HeGeBe pas possible dans tous les cantons • Procédure d'autorisation – 2 autorisations (fédérale, cantonale) – Inégalité de traitement des médicaments de substitution • Prison – Inégalité d’accès au traitement entre les prisons et entre prisons et santé publique générale Politiques centrées sécurité centrées santé Pratiques Développement pharmacothérapies Efficacité Tolérance Praticité Acceptabilité Le futur ? Actuellement seulement études sur • administration à 100% supervisée (nécessite 7/7) • en deuxième intention (excepté une étude allemande) Approche santé publique • open access (salles de consommation) avec diaphine ? http://addictohug.ch/ https://www.facebook.com/addictologieHUG/ https://twitter.com/addictologiehug https://www.linkedin.com/company/service-d'addictologie https://www.youtube.com/channel/UCVhK2ZmXqSqWqR3rtgGHvpA/videos http://www.hug-ge.ch/addictologie