Washington »
? Dans tous les cas, les études prévisionnelles ou prospectives sur l’évolution
du monde au-delà de l’an 2025 sont formelles : l’Afrique restera toujours à cette échéance, à
la périphérie d’une mondialisation déferlante, c’est-à-dire, classée dans la catégorie des pays
les moins avancés avec une condition sociale désastreuse. Evidemment, ces prévisions sont
loin d’être des prophéties ou encore des fatalités ; en conséquence, que doit faire le continent
pour modifier cette trajectoire ? Cela suppose une évaluation sans complaisance des politiques
économiques passées. Nonobstant le fait qu'elles étaient incontournables, pourquoi n’ont-elle
pas réussi à assainir les systèmes économiques menacés de faillite ? Ont-elles crée un
environnement favorable au développement de l’offre productive, au sein d’une économie
ouverte ? Pourquoi n’ont-elles pas déclenché un processus durable de croissance permettant la
conquête de marges de manœuvre propices à la lutte efficiente contre la pauvreté ? Pourquoi
n’ont-elle pas réconcilié justice sociale et efficacité économique ? Les réponses à ces
questions devraient faciliter la découverte d’autres modèles et stratégies de développement
plus appropriés que ceux qui ont eu cours jusqu’à maintenant.
Les chercheurs comme les partenaires au développement s’interrogent pour savoir
s’il est possible de sortir le continent africain de ce scénario tendanciel de stagnation, voire de
régression et amorcer un processus de développement durable qui satisfasse les besoins de la
génération actuelle sans priver les générations futures de la possibilité de résoudre leurs
propres besoins? Cette question est aujourd’hui au cœur des préoccupations des dirigeants
africains qui l’ont manifesté à travers leur dernière initiative économique : le NEPAD. Mêmes
préoccupations pour les institutions financières internationales comme la Banque mondiale, le
FMI et le PNUD qui ont multiplié les Programmes comme les Documents Stratégiques de
Réduction de la Pauvreté (DSRP), les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)
et «l’affranchissement de la pauvreté par le travail ». Il existe des engagements émanant des
différentes composantes du système des Nations-Unies comme la FAO, l’UNICEF,
l’UNESCO, ainsi que des ONG. Partout, la lutte contre la pauvreté est érigée au rang de
priorité de la communauté internationale. Plusieurs conférences internationales qui ont réuni
la quasi-totalité des Chefs d’Etat du Monde ont pris l’engagement d’aider au développement
de l’Afrique : Sommet de la Terre à Rio (1992), Sommet pour le Développement social de
Copenhague (1995), la Quatrième Conférence Mondiale sur la Femme Pékin (1995), le
sommet de la Terre de Johannesburg (2002). Les nouveaux schémas de développement sont-
ils vraiment pertinents? Ces engagements vertueux ne seront-ils jamais tenus alors même
que les ressources nécessaires pour les réaliser sont dérisoires
? Les nouveaux Programmes
mis en œuvre verront-ils jamais un début d’exécution ou resteront-ils de simples vœux pieux?
La recherche économique s’intéresse à toutes ces questions et les auteurs redécouvrent
le vieux débat sur le développement économique et la croissance avec la crise permanente des
économies africaines et ce malgré les efforts sans précédent des bailleurs de fonds
internationaux pour instaurer un processus de croissance et d’éradication de la pauvreté
. La
communauté des économistes académiques comme celle des institutions internationales
s’aperçoit qu’elle a très peu réfléchi sur les modèles et stratégies de développement. Dans ce
Hakim Ben Hammouda (1999): L’économie politique du post-ajustement, Edit. Karthala,393p.
Pour le PNUD les montants de l’aide nécessaires pour financer les volets essentiels du développement durable
tournent autour de 50 milliards de dollars, ce qui est insignifiant relativement aux sommes engagées pour faire la
guerre en Iraq et reconstruire ce que l’on a détruit soit 400 milliards de dollars ; il s’y ajoute que les dépenses
militaires dans le monde s’élèvent a quelques 780 milliards..
La conférence organisée par l’Université de Zagreb et la Banque mondiale sur « L’avenir de l’économie du
développement » est sur ce point assez édifiante. Le compte rendu est réalisé dans l’ouvrage intitulé « Aux
frontières de l’économie du développement » réalisé par G.Meier et J.Stiglitz, Edit. BM- ESKA, paris 2002,
470p