Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVII - n° 9 - novembre 2013
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Revue de presse
si des calcifi cations étaient observées sur le
trajet d’une artère. Une athérosclérose a été
constatée chez 34 % des momies (entre 25 %
et 60 % chez les chasseurs cueilleurs). L’âge
au moment du décès (43 ans avec athéro-
sclérose, 33 ans sans athérosclérose) était
corrélé au nombre de lits artériels concernés
(32 ans pour les momies sans athérosclérose
et 42 ans pour celles avec 1 ou 2 atteintes,
44 ans pour celles avec plus de 3 lits artériels
atteints). Ainsi, cette étude balaie l’idée qu’il
s’agit d’une maladie de civilisation et suggère
qu’il peut y avoir une prédisposition pour des
facteurs sous-estimés (infection, infl amma-
tion). L’athérosclérose est plus fréquente
avec l’âge. Cela n’exclut pas que les facteurs
environnementaux générant des facteurs de
risque puissent en accentuer la survenue. Le
mode de vie idéalisé des chasseurs cueil-
leurs (mode de vie proche de celui mené au
Paléolithique) n’empêche pas son apparition.
J.M. Lecerf (Lille)
• Thompson RC et al. Lancet 2013;381(9873):1211-22.
Les mutations somatiques
infl uencent-elles la sécrétion
d’aldostérone dans les adénomes
de Conn ?
Le séquençage de l’exome d’adénomes
surrénaliens responsables d’un hyperaldo-
stéronisme primaire a permis d’identifi er des
mutations somatiques aff ectant les gènes
codant pour le canal potassique GIRK4
(KCNJ5), la sous-unité α1 de la pompe Na/K
ATPase (ATP1A1) et la pompe calcique PMCA3
(ATP2B3). Ces mutations sont à l’origine d’un
déséquilibre ionique de part et d’autre de la
membrane plasmique et d’une dépolarisation
membranaire. Cette dépolarisation pourrait
augmenter le signal calcique dans les cellules
et, par voie de conséquence, stimuler la syn-
thèse d’aldostérone. L’équipe de M. Reincke
(Munich, Allemagne) a dosé l’aldostérone et
le cortisol plasmatiques en périphérie et dans
les veines surrénaliennes gauche et droite
afi n de calculer l’index de latéralisation (rap-
port aldostérone/cortisol entre les surrénales
adénomateuse et controlatérale) et l’index de
freination (rapport aldostérone/cortisol entre
la surrénale controlatérale et la périphérie) [1].
Aucune diff érence signifi cative n'a été consta-
tée entre les résultats des 19 patients porteurs
d’une mutation KCNJ5, ceux des 8 patients
présentant une mutation des séquences
ATP1A1 et ATP2B3, et ceux des 32 sujets ne
présentant aucune de ces mutations. Cette
étude ne retrouve donc pas un index de laté-
ralisation plus élevé chez les porteurs d’une
mutation KCNJ5, comme rapporté antérieu-
rement par P. Rossi et al. (Padoue, Italie) dans
une série de 18 adénomes mutés et 14 non
mutés pour KCNJ5 (2). La discordance entre
ces résultats pourrait refl éter l’hétérogénéité
des patients considérés comme non porteurs
de mutation mais qui pourraient être en fait
atteints d’une mutation récemment identi-
fi ée du gène CACNA1D (3, 4), codant pour
la sous-unité α1 du canal calcique de type L
Cav1.3, ou d’une tout autre mutation encore
inconnue.
E. Louiset (Rouen)
1. Oßwald A et al. Eur J Endocrinol 2013;169(5):657-63.
2. Seccia TM et al. J Clin Endocrinol Metab 2012;97(12):E2307-13.
3. Scholl UI et al. Nat Genet 2013;45(9):1050-4.
4. Azizan EA et al. Nat Genet 2013;45(9):1055-60.
Mutation du gène MKRN3
incriminée dans la puberté précoce
La puberté est initiée par une augmentation
de la sécrétion pulsatile de GnRH par les
neurones hypothalamiques dont l’activité
demeure inhibée durant l’enfance. Le déclen-
chement de l’activité pulsatile des neurones
à GnRH est sous l’infl uence de nombreux fac-
teurs génétiques, nutritionnels et environ-
nementaux. La puberté précoce, défi nie par
une puberté apparaissant avant l’âge de 8 ans
chez les fi lles et de 9 ans chez les garçons,
survient dans 27 % des cas dans un contexte
familial. Deux mutations ont été associées à
une puberté centrale précoce, l’une aff ecte
le gène codant pour le peptide kisspeptine1
(KISS1) et l’autre le gène codant pour son
récepteur (KISS1R). En vue d’identifi er de nou-
velles mutations responsables d'une puberté
centrale précoce, les équipes de A.C. Latronico
et U.B. Kaiser (Boston) ont réalisé le séquen-
çage complet de l’exome de 40 sujets prove-
nant de 15 familles aff ectées. Les chercheurs
ont répertorié 71 gènes susceptibles d’être
impliqués dans cette pathologie. Ils ont iden-
tifi é 4 mutations dans la séquence du gène
MKRN3 codant pour la protéine makorin RING-
fi nger protein 3 dans 5 des 15 familles. Le gène
MKRN3 est situé sur le chromosome 15 dans la
région 15q11.2, région qui est délétée chez les
patients atteints de syndrome de Prader-Willi
(15q11-q13). Ce gène soumis à empreinte
maternelle (seul l’allèle paternel est exprimé)
code pour une protéine appartenant à la
famille des protéines à doigt de zinc connues
pour interagir avec l’ARN. Les mutations déce-
lées dans le gène MKRN3 correspondent à
3 mutations ponctuelles (p.Ala162Glyfs*14,
p.Arg213Glyfs*73, p.Tyr391fs*) entraînant un
décalage du cadre de lecture, ainsi qu’une
mutation faux-sens (p.Arg365Ser) qui pourrait
être à l’origine d’une perte de fonction de la
protéine. Les auteurs ont montré que le niveau
d’expression du gène MKRN3 qui est très élevé
dans le noyau arqué de l’hypothalamus des
jeunes souris mâles et femelles, diminue
fortement avant la puberté. Ce travail révèle
que la perte de fonction du gène MKRN3 est
impliquée dans le déclenchement précoce de
la puberté. Il suggère que la protéine produite
par ce gène jouerait un rôle dans l’inhibition
des neurones à GnRH avant la puberté.
E. Louiset (Rouen)
• Abreu et al. N Engl J Med 2013;368(26):2467-75.
Les auteurs déclarent ne pas avoir deliens d’intérêts.
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