Chapitre 13
Structures algébriques
Objectifs
Rappeler la structure de groupe, les règles de calculs. Définir les notions de morphisme, de noyau, de sous-
groupe.
Rappeler la structure d’anneau, les règles de calculs, les notions d’inversibles et d’intégrité. Définir les notions
de morphisme et de sous-anneau.
Rappeler la structure de corps commutatif, les règles de calculs. Définir les notions de morphisme, de sous-corps.
Sommaire
I) Structure de groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1) Morphisme de groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
2) Sous-groupes d’un groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
3) Noyau d’un morphisme de groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
II) Anneaux et corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1) Anneaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2) Corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
III) Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
I) Structure de groupe
Rappels :
Un groupe est un ensemble non vide
G
muni d’une opération
(ou loi de composition) qui vérifie les
propriétés suivantes :
elle doit être interne : x,yG,xyG.
elle doit être associative : x,y,zG,x(yz) = (xy)z.
elle doit posséder un élément neutre :
eG,xG,ex
=
xe
=
x
. Si la loi est une addition
l’élément neutre sera noté 0
G
et on parlera de groupe additif. Si la loi est une multiplication, l’élément
neutre sera noté 1
G
et on parlera de groupe multiplicatif. Dans le cas général l’élément neutre est
souvent noté eG.
tout élément de
G
doit avoir un symétrique dans
G
:
xG,x0G,xx0
=
x0x
=
eG
. En
notation additive, le symétrique de
x
est appelé
opposé de x
et noté
x
, en notation multiplicative
on l’appelle inverse de xet on le note x1.
Lorsque toutes ces conditions sont remplies, on dit (
G,
)est un groupe. Si en plus la loi
est commuta-
tive (x,yG,xy=yx), alors on dit que (G,)est un groupe abélien (ou groupe commutatif).
Exemples:
(Z,+),(Q,+),(R,+),(C,+),(Q,×),(R,×),(C,×)sont des groupes abéliens.
(N,+) et (Z,×)ne sont pas des groupes.
Si (
E,
+
,×
)est un corps, alors (
E,
+) est un groupe abélien et (
E,×
)est un groupe (abélien si le corps est
commutatif).
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Structure de groupe Chapitre 13 : Structures algébriques
(F(I,C),+) est un groupe abélien pour l’addition des fonctions (ou des suites si I=N).
(Kn,+) pour l’addition des n-uplets de scalaires est un groupe abélien.
Si
E
est un ensemble non vide, l’ensemble des permutations de
E
:
SE
est un groupe pour la loi
(non abélien
en général).
Règles de calculs : Soit (G,)un groupe
Soient x,yG, le symétrique de xyest : (xy)0=y0x0.
Soient a,bG, l’équation ax=badmet comme unique solution dans G,x=a0b.
1) Morphisme de groupes
DÉFINITION 13.1
Soit (
G,.
)et (
G0,
)deux groupes, un morphisme de groupes de
G
vers
G0
est une application
f:GG0telle que : x,yG,f(x.y) = f(x)f(y).
Si de plus fest bijective, alors on dit que fest un isomorphisme de groupes.
Exemples:
ln : (]0;+[,×)(R,+) est un morphisme de groupes, c’est même un isomorphisme de groupes.
exp : (R,+) (]0;+[,×)est un morphisme de groupes, c’est même un isomorphisme de groupes.
f:(Z,+) (Un,×)définie par f(k) = exp(2ikπ/n)est un morphisme de groupes, mais non bijectif.
THÉORÈME 13.1
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
On a les propriétés suivantes :
Si
f
:(
G,.
)
(
G0,
)est un morphisme de groupes, alors
f
(
e
) =
e0
et
xG,f
(
x1
) =
f
(
x
)
1
(où eet e0désignent les éléments neutres respectifs de Get G0).
La composée de deux morphismes de groupes est un morphisme de groupes.
Si
f
:(
G,.
)
(
G0,
)est un isomorphisme de groupes, alors la bijection réciproque
f1
:(
G0,
)
(G,.)est un morphisme de groupes.
Preuve: Celle-ci est laissée en exercice.
Exemple
:
ln
:(]0;+
[
,×
)
(
R,
+) est isomorphisme de groupes, donc
ln
(1) = 0
,x>
0
,ln
(1
/x
) =
ln
(
x
)et la
bijection réciproque, exp, est un morphisme de groupes, i.e. :
x,yR,exp(x+y) = exp(x)×exp(y)
THÉORÈME 13.2
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Soit f:(R,+) (R,+) un morphisme de groupes continu en 0, alors :
xR,f(x) = ax (avec a=f(1)).
Preuve
: On pose
a
=
f
(1), on montre que
nN,f
(
n
) =
an
(réurrence), on en déduit que
f
(
n
) =
a
(
n
)car
f(n) = f(n), d’où : nZ,f(n) = an.
Soit r=p
qun rationnel avec qN, alors f(qr) = f(p) = ap =q f (r)d’où f(r) = ar.
Soit
xR
et (
rn
)une suite de rationnels qui converge vers
x
, alors (
xrn
)converge vers 0 et donc
f
(
xrn
)tend
vers
f
(0) = 0, or
f
(
xrn
) =
f
(
x
)
f
(
rn
)donc (
f
(
rn
)) converge vers
f
(
x
). Or
f
(
rn
) =
arnax
, par conséquent
f(x) = a x.
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Structure de groupe Chapitre 13 : Structures algébriques
2) Sous-groupes d’un groupe
DÉFINITION 13.2
Soit (G,.)un groupe et Hun ensemble, on dit que Hest un sous-groupe de (G, .)lorsque :
HG;H6=;et x,yH,x.yH,x1H.
Exemples:
• {e}et Gsont des sous-groupes de (G, .), ils sont appelés sous-groupes triviaux de (G, .).
Si (
H,.
)est un groupe inclus dans un groupe (
G,.
)pour la même loi, alors
H
est un sous-groupe de
G
, car on
vérifie facilement que l’élément neutre de
G
est forcément égal à l’élément neutre de
H
, ce qui entraîne pour
xH, que son symétrique dans Get son symétrique dans Hsont les mêmes.
L’ensemble des fonctions définies sur
R
et 2
π
-périodiques est un groupe additif, car c’est un sous-groupe de
(F(R,R),+).
L’ensemble des entiers pairs est un groupe additif, car c’est un sous-groupe de (Z,+).
Si
H
est un sous-groupe de (
G,.
)alors (
H,.
)lui-même est un groupe (de même élément neutre que
G
).
Ceci est souvent utilisé dans la pratique pour montrer qu’un ensemble est un groupe pour une loi, on essaie
de montrer (quand c’est possible) que c’est un sous-groupe d’un groupe connu pour cette même loi.
THÉORÈME 13.3 (sous-groupes de (Z,+))
Ð
Ð
Ð
H
est un sous-groupe de (
Z,
+) ssi il existe un entier
n
tel que
H
=
nZ
(ensemble des multiples
entiers de n). L’entier nest unique au signe près et si H6={0}, alors n=min H+.
Preuve
: Il est facile de vérifier que pour
nZ
,
nZ
est un sous-groupe de
Z
. Si
H
=
{
0
}
, alors on peut prendre
n
=0
et c’est le seul entier qui convienne. Si
H6
=
{
0
}
, posons,
n
=
min H+
(
n
existe dans
N
, c’est la propriété fondamentale
de
N
), on a
nH
, comme
H
est un sous-groupe de (
Z,
+), tout multiple de
n
est dans
H
,i.e.
nZH
. Soit
kH
effectuons la division euclidienne de
k
par
n
(
n6
=0) :
k
=
nq
+
r
avec 0
r<n
. On a donc
r
=
knq H+
, si
r6
=0
alors
r¾n
ce qui est absurde, donc
r
=0 ce qui donne
k
=
nq nZ
, finalement
H
=
nZ
. Si on a aussi
H
=
mZ
avec
mN, alors nZ=mZ, donc net mse divisent mutuellement dans N, donc n=m.
THÉORÈME 13.4 (propriétés des sous-groupes)
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Une intersection de sous-groupes de (
G,.
), est un sous-groupe de (
G,.
), mais ceci n’est pas vrai pour
la réunion.
Si f:(G,.)(G0,)est un morphisme de groupes, alors :
L’image d’un sous-groupe de (G,.)est un sous-groupe de (G0,).
L’image réciproque d’un sous-groupe de (G0,)est un sous-groupe de (G,.)
Preuve
: Celle-ci est laissée en exercice. Donnons cependant un contre-exemple pour la réunion : 2
Z
3
Z
n’est pas un
sous-groupe de (
Z,
+), car 2 et 3 sont dans la réunion, mais pas 2 +3=5, cet ensemble n’est donc pas stable pour
l’addition (les autres conditions sont néanmoins remplies).
Si
f:
(
G,.
)
(
G0,
)est un morphisme de groupes, alors
Im
(
f
), l’ensemble des images, est un sous-groupe
de (G0,)puisque c’est l’image directe de Gqui est un sous-groupe de (G,.).
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Anneaux et corps Chapitre 13 : Structures algébriques
3) Noyau d’un morphisme de groupe
DÉFINITION 13.3
Soit
f
:(
G,.
)
(
G0,
)un morphisme de groupes, on appelle noyau de
f
l’ensemble noté
ker
(
f
)et
défini par : ker(f) = {xG/f(x) = e0}.
C’est donc l’ensemble des antécédents de
e0
par
f
, c’est donc une partie de
G
qui contient toujours
e
(car f(e) = e0).
Exemples:
f
:(
Z,
+)
(
Un,×
)définie par
f
(
k
) =
exp
(2
ikπ/n
), est un morphisme de groupes, son noyau est
ker
(
f
) =
nZ
.
exp : (C,+) (C,×)est un morphisme de groupes, son noyau est ker(exp) = 2iπZ.
f:(C,×)(C,×)définie par f(z) = znest un morphisme de groupes, son noyau est ker(f) = Un.
THÉORÈME 13.5 (propriétés du noyau)
Ð
Ð
Ð
Soit
f
:(
G,.
)
(
G0,
)un morphisme de groupes, alors :
ker
(
f
)est un sous-groupe de (
G,.
)et
f
est
injective ssi ker(f) = {e}.
Preuve
: Il est facile de vérifier que
ker
(
f
)est un sous-groupe de
G
. Si
f
est injective, soit
xker
(
f
), alors
f(x) = e0=f(e), donc x=ed’où ker(f) = {e}.
Réciproquement, si
ker
(
f
) =
{e}
, supposons
f
(
x
) =
f
(
y
)avec
x,yG
, on a
f
(
x
)
f
(
y
)
1
=
e0
,i.e.
f
(
x
)
f
(
y1
) =
e0
et donc
f
(
x.y1
) =
e0
, ce qui signifie que
x.y1ker
(
f
), mais alors
x.y1
=
e
, d’où
x
=
y
,
f
est
injective.
Si
f
:(
G,.
)
(
G0,
)est un morphisme de groupes, alors
f
est un ismorphisme de groupes si et seulement
si Im(f) = G0(surjectivité) et ker(f) = {e}(injectivité).
II) Anneaux et corps
1) Anneaux
DÉFINITION 13.4
Un anneau est un ensemble
A
muni de deux lois de composition internes : une addition et une
multiplication, qui vérifient :
(A,+) est un groupe abélien.
La multiplication :
est associative,
admet un élément neutre (noté 1).
est distributive sur l’addition.
Si de plus la multiplication est commutative, on dit que (A,+,×)est un anneau commutatif.
Exemples:
Tout corps est un anneau (réciproque fausse).
(Z,+,×)est un anneau commutatif mais ce n’est pas un corps.
(F(N,C),+,×)est un anneau commutatif.
Si
E
est un ensemble non vide, l’ensemble des fonctions de
E
dans
C
muni des opérations usuelles sur les
fonctions, est un anneau commutatif, i.e. (F(E,C),+,×)est un anneau commutatif.
plus généralement, si (
A,
+
,×
)est un anneau et
E
est un ensemble non vide, alors (
F
(
E,A
)
,
+
,×
)est un
anneau.
Règles de calculs dans un anneau : soit (A,+,×)un anneau :
xA,x×0=0×x=0.
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Anneaux et corps Chapitre 13 : Structures algébriques
x,yA,(x×y) = (x)×y=x×(y).
x,yA
, si
x
et
y
sont inversibles (pour la multiplication), alors
x×y
est inversible est (
x×y
)
1
=
y1×x1.
x,yA
, si
x
et
y
commutent (i.e.
x×y
=
y×x
), alors on peut utiliser la formule du binôme,
c’est à dire :
nN,(x+y)n=
n
X
k=0n
k.xk×ynk=
n
X
k=0n
k.xnk×yk.
THÉORÈME 13.6 (groupe des inversibles)
Ð
Ð
Ð
Soit (
A,
+
,×
)un anneau, l’ensemble des inversibles de
A
est noté
U
(
A
), cet ensemble est un
groupe
multiplicatif.(U(A),×)est appelé groupe des unités de A.
Preuve: Celle - ci est simple et laissée en exercice.
Exemples:
U(Z) = 1}.
Si Aest l’anneau des suites complexes, alors U(A)est l’ensemble des suites complexes qui ne s’annulent pas.
DÉFINITION 13.5 (anneau intègre)
Soit (
A,
+
,×
)un anneau. On dit que
A
est un anneau intègre lorsque le produit de deux éléments
non nuls est toujours non nul, sinon on dit que Aest un anneau non intègre.
Remarques :
Dans un anneau intègre, un produit de facteurs est nul ssi au moins un des facteurs est nul.
(Z,+,×)est un anneau intègre.
L’ensemble des suites complexes est un anneau non intègre.
DÉFINITION 13.6 (morphisme d’anneaux)
Soit
f
:(
A,
+
,×
)
(
B,
+
,×
)une application d’un anneau
A
dans un anneau
B
, on dit que
f
est un
morphisme d’anneaux lorsque :
fest un morphisme de groupes additifs, i.e. x,yA,f(x+y) = f(x) + f(y).
x,yA,f(x×y) = f(x)×f(y).
f(1A) = 1B.
Si de plus fest bijective, alors on dit que fest un isomorphisme d’anneaux.
Exemples:
On note
Z
[
i
] =
{a
+
i b /a,bZ}
, il est facile de voir que pour les opérations usuelles sur les complexes,
Z
[
i
]
est un anneau intègre (anneau des entiers de Gauss), et que le groupe des inversibles est
U
(
Z
[
i
]) =
1
,±i}
.
La conjugaison est isomorphisme d’anneaux de Z[i]dans lui-même.
Soit (
A,
+
,×
)un anneau, l’application
f
:
ZA
définie par
f
(
n
) =
n.
1
A
est un morphisme d’anneaux, et que
Im(f) = G(1A)le sous-groupe additif engendré par 1A.
THÉORÈME 13.7 (propriétés des morphismes d’anneaux)
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
Ð
La composée de deux morphismes d’anneaux est un morphisme d’anneaux.
Si
f
:
AB
est un morphisme d’anneaux, alors pour tout
x
inversible dans
A
,
f
(
x
)est inversible
dans Bet f(x1) = f(x)1.
La réciproque d’un isomorphisme d’anneaux
f
est un morphisme d’anneaux, et induit un isomor-
phisme de groupes entre les groupes des inversibles.
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