ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 17-051-B-10 17-051-B-10 Manifestations neurologiques du VIH C Lacroix R é s u m é. – Les complications neurologiques liées à l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) sont fréquentes, touchant le système nerveux central et périphérique et le muscle. Ces complications peuvent se rencontrer à tous les stades de la maladie, de la séroconversion au stade du syndrome d’immunodéficience acquise (sida). Les infections opportunistes doivent systématiquement être suspectées lors d’une atteinte centrale, en particulier la toxoplasmose et la tuberculose ; des traitements efficaces spécifiques prescrits précocement peuvent conduire à la guérison du malade. Si l’encéphalite VIH, vue au stade tardif, lorsque les patients ont moins de 100 lymphocytes T-CD4+/mL, n’a pas de réel traitement spécifique, les nouveaux traitements de la maladie VIH par trithérapie font reculer de manière spectaculaire son apparition et entraînent peutêtre une amélioration clinique. Malgré ces très importants apports thérapeutiques, on observe encore aujourd’hui des encéphalites liées au Cytomégalovirus (CMV), des leucoencéphalites multifocales progressives et des lymphomes primitifs du système nerveux central. Si les neuropathies liées au CMV et les neuropathies tardives douloureuses sont moins fréquentes actuellement, des neuropathies inflammatoires ou causées par une vascularite s’observent encore. Les neuropathies causées par des traitements neurotoxiques (didéoxycytidine [ddC], didéoxyinosine [ddI]...) sont les plus fréquentes, depuis quelques mois, chez les patients VIH. Si les myopathies liées à la zidovudine (AZT) ont quasiment disparu, des myosites inflammatoires ne sont pas rares. © 1999, Elsevier, Paris. Introduction Les atteintes du système nerveux central et périphérique et du muscle sont fréquentes au cours de l’infection par le VIH. L’invasion du système nerveux semblant précoce, des manifestations neurologiques peuvent s’observer à tous les stades de l’infection. Les troubles neurologiques peuvent être liés directement au VIH, à des infections opportunistes, à un lymphome, ou secondaires à une toxicité médicamenteuse. Certains troubles neurologiques peuvent être réversibles spontanément ou sous traitement spécifique, d’autres sont responsables du décès des patients, faute de thérapeutique efficace. Depuis l’utilisation des trithérapies et la prévention systématique de certaines infections opportunistes (toxoplasmose et CMV), l’immunodépression des patients étant moins profonde, il semblerait que certaines manifestations neurologiques soient plus ou moins réversibles, comme l’encéphalite liée au VIH, et, surtout, la survie des patients est nettement prolongée. Cependant, des infections opportunistes du système nerveux central, en particulier la toxoplasmose, restent encore un mode de révélation de l’infection par le VIH. Il est certain qu’un dépistage précoce de l’infection par le VIH, associé à une trithérapie, peut éviter, ou au moins retarder, l’apparition de lésions du système nerveux. Système nerveux central Encéphale Encéphalites liées au VIH © Elsevier, Paris Lors de la séroconversion ou dans les semaines qui la suivent, une encéphalite aiguë réversible peut survenir. Ses manifestations sont une confusion, une fièvre, des myalgies, parfois des crises convulsives et des troubles cognitifs. Ces symptômes peuvent être, chez quelques patients, associés à une neuropathie périphérique de type polyradiculonévrite (PRN) aiguë. L’étude Catherine Lacroix : Praticien hospitalier, laboratoire de neuropathologie, centre hospitalier universitaire de Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc, 94275 Le Kremlin-Bicêtre cedex, France. Toute référence à cet article doit porter la mention : Lacroix C. Manifestations neurologiques du VIH. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Neurologie, 17-051-B-10, 1999, 11 p. du liquide céphalorachidien (LCR) montre des bandes oligoclonales et une synthèse intrathécale d’anticorps anti-VIH [15]. Tous ces troubles régressent spontanément en quelques semaines. L’encéphalite tardive du VIH est une encéphalite d’évolution subaiguë, survenant chez des patients qui ont un taux de CD4 inférieur à 100/mL, spécifique par ses lésions et de pathogénie très discutée. Son incidence dans la population VIH est très difficile à évaluer car elle est souvent associée à des infections opportunistes cérébrales et surtout générales qui ont des manifestations cliniques souvent plus bruyantes ; les patients ne sont pas toujours suivis par un neurologue, et l’autopsie, seul moyen de confirmer le diagnostic, est rarement effectuée. L’apport récent des trithérapies semble diminuer sa fréquence, voire faire régresser certains symptômes. Quelques études épidémiologiques ont été faites aux États-Unis, mais aucune chez l’adulte en Europe. Sa fréquence dans la population VIH va de 7 à 68 % selon les études, l’évaluation des troubles neurologiques, des tests psychométriques ou des autopsies étant effectuée à partir de la clinique. En pratique, dans notre expérience, l’encéphalite VIH est retrouvée dans environ 20 % des autopsies des patients atteints de sida et souvent associée à d’autres pathologies. Chez l’enfant, une encéphalite VIH peut apparaître de manière plus précoce [7]. De nombreux tests neuropsychologiques ont été réalisés chez des patients ayant 17-051-B-10 MANIFESTATIONS NEUROLOGIQUES DU VIH un taux de CD4 élevé ou inférieur à 100/mL. Certains ont démontré la présence de troubles précoces, d’autres se sont avérés normaux [8, 52]. Mais il faut tenir compte des troubles dépressifs chez de nombreux patients, dépression qui peut simuler des troubles cognitifs. Les troubles évoluent sur 1 à 10 mois, avec de fréquentes fluctuations. Les premiers symptômes sont des troubles du comportement, cognitifs et moteurs. Les patients se plaignent de difficultés de concentration et de troubles de la mémoire. Leur comportement social est modifié, avec une irritabilité inhabituelle, des modifications dans leurs habitudes sociales, voire une désinhibition. Les patients ont des difficultés pour lire et écrire, une désorientation temporospatiale, une aboulie et une apathie, ce qui conduit rapidement à des arrêts de travail [57]. Les céphalées et crises comitiales sont rares. Les réflexes ostéotendineux sont pyramidaux avec un signe de Babinski. La marche est ataxique et il existe un déficit moteur modéré des membres inférieurs. Progressivement, les troubles des fonctions supérieures vont s’aggraver ainsi que les troubles moteurs. En phase finale, des troubles sphinctériens vont apparaître, associés à des myoclonies, une hypertonie et une apraxie, le patient devenant grabataire en quelques mois [ 6 1 ] . L’imagerie, tomodensitométrie (TDM) ou imagerie par résonance magnétique (IRM), est nécessaire lors de l’apparition de troubles neurologiques, essentiellement dans le but d’éliminer une infection opportuniste, en particulier une toxoplasmose qui pourrait bénéficier d’un traitement spécifique. La TDM montre des images non spécifiques, atrophie cortico-sous-corticale et dilatation ventriculaire. L’IRM, plus sensible, montre des lésions de la substance blanche sous la forme d’hypersignaux en T2 [60]. Mais certains patients peuvent présenter des signes cognitifs et moteurs patents et avoir une imagerie normale. Une myélite vacuolaire est très souvent associée aux lésions d’encéphalite VIH, mais n’est pas visible en IRM. L’étude du LCR est également utile pour éliminer une méningite, en particulier à cryptocoques ou mycobactéries. Lors de l’encéphalite tardive du VIH, on retrouve souvent une discrète lymphocytose et une sécrétion oligoclonale d’immunoglobulines G. Le virus a pu être isolé et cultivé dans quelques cas. La présence d’antigène p24 dans le sang et le LCR serait plus fréquente chez les patients ayant une encéphalite que ceux qui ne sont pas déments. Différents dosages de cytokines effectués en recherche ont montré une élévation de certaines d’entre elles, en particulier le TNF α (tumour necrosis factor α), mais ces examens ne sont pas utiles en routine, ni pour le diagnostic, ni pour le suivi des patients [34]. L’électroencéphalogramme est souvent perturbé mais ne montre pas d’anomalies spécifiques. Le diagnostic d’encéphalite VIH est donc porté sur un faisceau d’arguments, une infection opportuniste ou un lymphome ayant été éliminés par l’imagerie et l’étude du LCR. Une biopsie stéréotaxique n’est pas utile dans ces cas et la dispersion des lésions la rend aléatoire. Le diagnostic formel ne peut être confirmé que par l’autopsie. Cependant, en cas de forte suspicion d’encéphalite VIH, si le patient n’a que des troubles mineurs, la mise en route ou l’instauration d’un traitement antiviral, au mieux par des analogues nucléosidiques de la reverse transcriptase, comme la zidovudine, la ddC ou la ddI, associés à des inhibiteurs non nucléosidiques de la reverse transcriptase (nevirapine [Viramunet]...) et des antiprotéases (ritonavir, indinavir ou nelfinavir [Viraceptt]...), rend possible au moins une stabilisation de l’état neurologique ou, mieux, une amélioration. En effet, les lésions encéphaliques retrouvées lors de l’autopsie de patients ayant une encéphalite tardive du VIH sont compatibles, en partie, avec des lésions réversibles. Différents types de lésions sont rencontrés, parfois associés : multiples foyers disséminés de nécrose, de microglie, de macrophages et de cellules géantes plurinucléées qui contiennent des antigènes du VIH ; une leucoencéphalopathie caractérisée par des lésions diffuses de la substance blanche, une démyélinisation, une gliose astrocytaire réactionnelle ; une leucoencéphalopathie vacuolaire et une polydystrophie diffuse [10, 67]. L’intensité des lésions retrouvées à l’autopsie n’est pas toujours corrélée avec la profondeur de la démence. Le poids du cerveau est en général diminué, inférieur à 1 kg dans notre expérience (pour une normale supérieure à 1,5 kg chez l’adulte jeune). Les lésions du néocortex sont très controversées, certains retrouvant une perte neuronale [22], d’autres non [68] ; l’amélioration des troubles neurologiques chez certains patients traités par zidovudine plaiderait plutôt contre des lésions neuronales massives. Les lésions de la substance blanche et des noyaux gris centraux sont retrouvées dans la majorité des cas, de manière plus ou moins intense. Une démyélinisation diffuse ou plurifocale modérée est observée dans 50 % des cas. Il s’y associe une gliose astrocytaire parfois dense et la présence éparse de cellules plurinucléées (fig 1) [69]. Dans quelques cas, une vacuolisation focale et des zones de démyélinisation péricapillaires suggèrent des anomalies de la barrière hématonévraxique. La gliose astrocytaire prédomine dans les régions souscorticales. La présence de nodules microgliaux dans la substance blanche et les noyaux gris centraux, mais aussi parfois dans le tronc cérébral et le cervelet, n’est pas spécifique de l’encéphalite VIH, mais très évocatrice, si, aux cellules microgliales, aux lymphocytes et aux astrocytes, sont associées des cellules géantes plurinucléées (fig 2) [70]. Ces cellules géantes sont parfois isolées ou par petits groupes, souvent périvasculaires [9]. Ces cellules géantes sont d’origine microgliale/macrophagique [26]. Des études en microscopie page 2 Neurologie 1 Encéphalite due au virus de l’immunodéficience humaine. Gliose astrocytaire (flèches) massive du noyau caudé et microcalcifications (têtes de flèche). Coupe en paraffine (hématéine-éosine, × 800). 2 Encéphalite due au virus de l’immunodéficience humaine. Nodule microglial situé dans la substance blanche, présence de cellules géantes (flèches). Coupe en paraffine (hématéine-éosine, × 800). 3 Encéphalite due au virus de l’immunodéficience humaine. Nodule microglial situé dans le noyau lenticulaire, marquage de cellules microgliales par un anticorps anti-gp41/VIH. Coupe en paraffine (DAB, × 1 400). électronique ont montré la présence de particules virales dans des cellules plurinucléées. L’immunohistochimie permet de détecter des anticorps antip24 ou gp41 dans ces cellules géantes, confirmant la présence du virus (fig 3). Des quantifications de l’antigénémie p24 dans le tissu cérébral n’ont pas montré de corrélation avec l’intensité de la démence, certains patients non déments ayant des taux élevés [30]. En résumé, les lésions cérébrales sont parfois modérées par comparaison avec l’intensité de la clinique. La pathogénie de l’encéphalite tardive du VIH a fait verser des flots de littérature et reste toujours débattue, car probablement multifactorielle. Les lésions de l’encéphalite de la séroconversion sont vraisemblablement inflammatoires, donc rapidement réversibles. On sait que le VIH pénètre très précocement dans l’encéphale, mais chez l’adulte les manifestations Neurologie MANIFESTATIONS NEUROLOGIQUES DU VIH 17-051-B-10 Infections opportunistes Parasites Toxoplasmose 4 Lésions ischémiques chez un patient atteint par le virus de l’immunodéficience humaine. Microangiopathie avec aspect feuilleté des capillaires du bulbe (flèches). Coupe en paraffine (hématéine-éosine, × 300). 5 Microhématomes multiples dans le corps calleux et la capsule interne. encéphalitiques spécifiques sont tardives, lorsque les patients sont au stade sida. L’infection directe des neurones n’a jamais été démontrée et l’intervention d’autres facteurs que le virus lui-même est très probable. Des facteurs indirects induits par la présence du virus, même en faible quantité, dans le système nerveux sont certainement à l’origine de l’encéphalopathie. La libération, par les macrophages, de substances toxiques telles que protéines virales, cytokines, glutamate, acide quinoléique, récepteur du Nméthyl-D-aspartate (NMDA) et diverses molécules d’adhérence, pourrait expliquer l’évolution lentement progressive, fatale, combinée à des lésions microscopiques peu intenses [1, 49]. À côté du rôle primordial probable joué par les macrophages dans la genèse de l’encéphalite VIH, d’autres auteurs, arguant de leur petit nombre dans certains cas, font intervenir les astrocytes réactionnels présents dans la substance blanche par l’intermédiaire de molécules d’adhérence. Mais l’importance de la détérioration intellectuelle et des troubles moteurs impose que des substances toxiques agissent sur les neurones corticaux et/ou des noyaux gris centraux, peut-être de manière réversible. Depuis 1988, date du début des traitements par la zidovudine, il semble que l’incidence des encéphalites tardives du VIH diminue en Europe et aux ÉtatsUnis [19]. Depuis 2 ans, l’effet des trithérapies, malgré l’absence de publication récente, est spectaculaire, et nous n’avons observé aucune encéphalite VIH, le taux des autopsies des patients VIH étant divisé par cinq. À côté des lésions encéphalitiques, des désordres vasculaires ne sont pas exceptionnels chez les patients atteints du VIH, immunodéprimés ou non. Si les accidents vasculaires ischémiques étendus sont rares chez ces patients, leur survenue chez un adulte jeune doit faire rechercher une syphilis qui induit souvent une artérite. Les séries autopsiques montrent un taux relativement élevé de lésions ischémiques, souvent multiples et de petite taille. Des lésions des capillaires et petites artérioles sont observées, avec parfois un épaississement massif de leur paroi occluant leur lumière (fig 4) [55]. De micro-infarctus hémorragiques sont parfois rencontrés (fig 5). Enfin, des infiltrats inflammatoires lymphocytaires sont très fréquents. On notera la possibilité d’une prolifération lymphoïde TCD8+ multiviscérale qui peut toucher le système nerveux, central et périphérique. En conclusion, des troubles des fonctions supérieures sont très fréquents chez les patients VIH, mais plus souvent liés à une infection opportuniste ou à un lymphome ; le diagnostic d’encéphalite VIH ne devra être porté qu’après élimination d’une autre cause. Son traitement étant le traitement de la maladie générale, au mieux par la trithérapie, on espère la voir diminuer de fréquence ou l’améliorer. La seule restriction à l’optimisme actuel est le mauvais passage de la majorité de ces drogues au travers de la barrière hématonévraxique. Ce parasite, dont l’hôte habituel est le chat domestique, est responsable, en France, de l’infection opportuniste la plus fréquente du système nerveux central chez les patients porteurs du VIH. Le toxoplasme est transmis à l’homme par l’ingestion de viande peu cuite. L’incidence de l’encéphalite toxoplasmique est proportionnelle à la prévalence des anticorps antitoxoplasmiques. Compte tenu des habitudes culinaires, la prévalence de la toxoplasmose est très élevée en France et en Amérique du Sud (autour de 85 %), moyenne en Europe du Sud (20-50 %) et faible aux États-Unis et en Europe du Nord (< 25 %). Il en résulte que l’incidence de l’encéphalite toxoplasmique est beaucoup plus élevée en France qu’aux États-Unis, avec respectivement un risque de 50 % contre environ 25 % des patients séropositifs. L’encéphalite toxoplasmique se développe chez des patients ayant une sérologie positive pour le toxoplasme (97 %). Le développement de l’encéphalite toxoplasmique se fait chez des patients très immunodéprimés, 75 % ayant moins de 50 CD4/mL [65]. Chez l’enfant, elle ne s’observe qu’à partir de 8-10 ans. Si une encéphalite toxoplasmique doit être suspectée chez un patient atteint de sida qui présente un déficit neurologique central, elle est actuellement un mode fréquent de découverte de la maladie VIH chez des patients dont le statut virologique n’est pas connu. Les premières séries autopsiques montraient un taux élevé d’encéphalites toxoplasmiques, 40 % pour les premières séries françaises [33] ; la mise en route de traitements préventifs, quasiment systématiques chez les patients ayant un taux de CD4 inférieur à 100/mL, a fait considérablement diminuer la mortalité liée à la toxoplasmose. Les signes neurologiques sont variables, alliant des signes déficitaires focaux d’aggravation rapide et/ou des signes encéphalitiques diffus. La fièvre est présente dans la moitié des cas. Les manifestations cliniques associent un déficit sensitivomoteur, des crises comitiales, focales ou généralisées, des troubles cérébelleux, des céphalées, des mouvement anormaux et des troubles cognitifs et psychiatriques, pouvant aller jusqu’au coma. Une paraparésie d’installation subaiguë peut être secondaire à une toxoplasmose médullaire. De tels troubles neurologiques chez un patient VIH imposent de pratiquer très rapidement une imagerie, TDM et/ou IRM. Les lésions sont souvent multifocales, sous la forme de lésions hypodenses, arrondies, prenant le contraste, souvent associées à un œdème périphérique (fig 6). Ces lésions sont souvent situées dans les noyaux gris centraux ou à la jonction cortico-sous-corticale. L’IRM avec gadolinium montre parfois des lésions de plus petite taille, non visibles au scanner [48]. Mais l’imagerie peut être moins spécifique en cas d’encéphalite diffuse, avec des hypodensités diffuses de la substance blanche, voire normale. Aucune des images n’est toutefois spécifique et le diagnostic différentiel avec un lymphome primitif est souvent posé. La biologie est de peu d’apport diagnostique en France dans la mesure où la majorité des adultes sont séropositifs pour la toxoplasmose. L’étude du LCR est peu contributive et souvent contre-indiquée en raison du processus expansif intracrânien. En pratique, chez un patient VIH positif, toute lésion intracérébrale doit être considérée, par argument de fréquence, comme une toxoplasmose et rapidement traitée comme telle. Le traitement antitoxoplasmique d’épreuve est le plus souvent très efficace et, s’il est institué précocement, une guérison est possible. On applique un traitement d’attaque durant un minimum de 3 semaines. Ce traitement associe le plus souvent, par voie orale, pyriméthamine et sulfadiazine avec de l’acide folique. Diverses études montrent que 70 à 90 % des patients répondent à cette bithérapie [50]. Les corticoïdes ne sont indiqués qu’en cas d’hypertension intracrânienne. La toxicité de ces produits est élevée, avec de fréquentes lésions dermatologiques, hématologiques (leuconeutropénie et thrombopénie), lésions rénales et coliques et cytolyse hépatique. Une des alternatives thérapeutiques est l’utilisation, moins efficace, de clindamycine [40]. Les anticonvulsivants ne sont prescrits qu’en présence de crises comitiales ; la Dépakinet est utilisée préférentiellement. La surveillance est clinique et neuroradiologique : une réponse clinique est souvent objective au bout de 15 jours. Une imagerie de contrôle doit être faite après 2 à 4 semaines de traitement. En l’absence d’amélioration clinique au bout de 3 semaines de traitement supposé efficace, d’aggravation ou d’augmentation des lésions en imagerie, une biopsie stéréotaxique peut être proposée dans l’hypothèse d’un lymphome ou d’une autre infection opportuniste curable [12]. Si le traitement d’attaque a été couronné de succès, un traitement d’entretien doit être poursuivi à vie. Une bithérapie, pyriméthamine-sulfadiazine, à doses plus faibles, reste le traitement de choix, dans la mesure des effets secondaires [62]. Les études autopsiques récentes montrent une nette régression des lésions aiguës d’encéphalite toxoplasmique (moins de 8 % dans la série de 100 autopsies de Bicêtre), mais des séquelles d’abcès toxoplasmiques sont fréquentes, associées à d’autres lésions, encéphalite VIH, autres infections opportunistes ou lymphome. Les lésions aiguës, retrouvées parfois lors d’une biopsie stéréotaxique, sont des abcès nécrotiques contenant des macrophages, des polynucléaires altérés et, souvent, des hémorragies. Des kystes et des trophozoïtes libres sont présents en périphérie des zones de nécrose (fig 7). page 3 17-051-B-10 MANIFESTATIONS NEUROLOGIQUES DU VIH A 6 Neurologie B Toxoplasmose cérébrale. Tomodensitométrie. A. Lésion arrondie du noyau caudé droit, prenant le contraste et entourée d’un important œdème. B. Régression spectaculaire de la lésion après 6 mois de traitement antitoxoplasmique. 8 Ventriculite liée au Cytomégalovirus. Imagerie par résonance magnétique cérébrale : lésion hyperintense de la région périventriculaire (flèche). Cytomégalovirus 7 Toxoplasmose cérébrale. Biopsie stéréotaxique d’une lésion aiguë : nécrose, inflammation périvasculaire et kyste toxoplasmique (flèche). Coupe en paraffine (hématéineéosine, × 1 000). La fréquence des hémorragies rend souvent périlleuses les biopsies stéréotaxiques. Des lésions abcédées subaiguës sont rencontrées chez des patients traités pendant quelques semaines ; les parasites sont alors moins nombreux, et une étude immunohistochimique peut alors être utile pour les détecter [57]. Des lésions anciennes, chroniques, ou des lésions cicatricielles ne sont pas rares chez des patients traités, parfois plusieurs années plus tôt, pour une toxoplasmose cérébrale. Des kystes toxoplasmiques isolés, latents, sont parfois observés. Un traitement prophylactique de l’encéphalite toxoplasmique est actuellement proposé aux patients ayant un taux de CD4 inférieur à 200/mL et aux patients séropositifs pour la toxoplasmose ayant des CD supérieurs à 200 : l’association triméthoprime-sulphaméthoxazole est la plus intéressante, car elle préviendrait également la très fréquente pneumocystose pulmonaire [11]. En conclusion, les encéphalites toxoplasmiques, grâce à une prévention quasi systématique chez les patients immunodéprimés, sont beaucoup moins fréquentes qu’au début de l’infection VIH. Quoi qu’il en soit, toute lésion expansive chez un patient VIH doit être considérée empiriquement comme une toxoplasmose et traitée comme telle, l’efficacité des traitements permettant la guérison d’une grande majorité des patients. Les autres causes, dont le diagnostic ne peut être établi par des moyens simples (biologie sanguine et étude du LCR), ne seront envisagées qu’après échec de ce traitement. Autres parasitoses du système nerveux central Elles sont exceptionnelles en France. Elles doivent être évoquées chez des patients originaires des pays tropicaux ou y ayant voyagé. Virus Les infections du système nerveux central par le CMV et le virus JC viennent au second plan des infections opportunistes, après la toxoplasmose. Si une possibilité thérapeutique théorique existe pour le CMV, le traitement de l’infection par le virus JC est encore virtuel. page 4 Il est actuellement l’infection virale la plus fréquente chez les patients VIH [39]. Une encéphalite liée au CMV a été retrouvée chez 18 % des patients de notre série autopsique. Elle survient chez des patients fortement immunodéprimés, adultes et enfants, avec un taux de CD4 inférieur à 100/mL. La majorité de ces patients ont eu une rétinite ou une infection pulmonaire à CMV durant les mois précédents. Des signes d’atteinte encéphalique apparaissent en quelques jours, avec une désorientation, une confusion, voire un début de coma, associés à des déficits sensitivomoteurs et des signes d’atteinte du tronc cérébral. Ces signes neurologiques, peu spécifiques, sont souvent accompagnés de fièvre. Malgré un traitement spécifique, l’évolution est en général défavorable en 3 à 4 semaines. La mise en route très précoce d’un traitement adapté pourrait enrayer une évolution fatale. Les myélites liées au CMV sont fréquentes, associées à une atteinte pluriradiculaire. Leur évolution se fait rapidement vers une paraplégie flasque avec troubles sphinctériens majeurs [53] . Les lésions induites par le CMV étant très nécrosantes, leur évolution se fait en quelques jours ; elles sont souvent multifocales, touchant les hémisphères cérébraux, avec une prédilection pour la région périventriculaire, le tronc cérébral et la moelle. L’imagerie reste très pauvre et, malgré des signes encéphalitiques patents, ne retrouve parfois que peu de signes. La TDM reste souvent normale. L’IRM peut visualiser un élargissement des ventricules associé à une prise de contraste (fig 8) [39]. L’imagerie est plutôt un examen utile pour le diagnostic différentiel avec d’autres infections opportunistes ou un lymphome. L’étude du LCR peut retrouver une hyperprotéinorachie et une pléiocytose avec polynucléaires, mais il peut être normal. La détection d’acide désoxyribonucléique (ADN) du CMV par PCR (polymerase chain reaction) serait utile au diagnostic, particulièrement dans le cas des myéloradiculites. Le diagnostic formel ne pourrait être porté que par la pathologie [37]. Compte tenu de la diffusion des lésions et de leur localisation, les biopsies stéréotaxiques ne sont pas indiquées. Devant une forte présomption face à des signes d’encéphalite diffus ou de myéloradiculite évoluant rapidement chez un patient ayant des antécédents d’infection par le CMV, un traitement spécifique devra être très rapidement mis en route. Les produits utilisés sont le ganciclovir, le foscarnet et le cidofovir en perfusion, parfois en association [54, 58]. La mise en route très précoce d’un traitement spécifique, avant l’apparition de lésions nécrosantes irréversibles, pourrait permettre d’enrayer la progression du virus. En pratique, si une réelle amélioration thérapeutique est envisageable dans le cas d’atteintes périphériques, les lésions centrales liées au CMV sont toujours fatales à court terme. Aussi, un traitement préventif à vie par voie orale, chez les patients ayant eu une rétinite ou une atteinte viscérale, est-il actuellement le seul utile [72]. La pathologie est encore la seule preuve diagnostique. L’étude macroscopique peut montrer un aspect nécrotique des parois ventriculaires, plus rarement cortico-sous-corticales, mais reste souvent sans anomalie significative. L’étude microscopique montre, dans la majorité des cas, des lésions de ventriculite diffuses, avec abrasion de la paroi des ventricules et présence de cellules contenant des inclusions cytomégaliques nucléaires et cytoplasmiques (fig 9) [76]. Plus rarement, on observe des lésions de nécrose corticale et de la substance blanche. De rares nodules microgliaux contenant des cellules cytomégaliques sont parfois présents. Dans la moelle, les lésions de nécrose touchent la substance blanche et la substance grise ; des cellules cytomégaliques peuvent être retrouvées dans les méninges voisines et surtout dans les racines. Les cellules infectées sont des cellules épendymaires, des cellules gliales, des neurones et, très rarement, des cellules endothéliales [56]. Neurologie MANIFESTATIONS NEUROLOGIQUES DU VIH 17-051-B-10 9 Encéphalite liée au Cytomégalovirus. Cellules cytomégaliques contenant des inclusions nucléaires et cytoplasmiques multiples. Coupe en paraffine (Nissl, × 1 400). A 11 B Leucoencéphalite multifocale progressive. A. Inclusions nucléaires dans le noyau des oligodendrocytes (flèches). B. Astrocytes « bizarres » (flèche). Coupes en paraffine (hématéine-éosine, × 530). 10 Leucoencéphalite multifocale progressive. Lésions démyélinisantes hétérogènes de la substance blanche (astérisques) ; le cortex est d’aspect normal (C). Coupe en paraffine (hématéine-éosine, × 70). Virus JC Papova Il appartient à la famille des Polyomavirus et est responsable de la leucoencéphalite multifocale progressive (LEMP). Cette encéphalite démyélinisante subaiguë touche 4 à 7 % des patients atteints de sida. La LEMP vient au deuxième rang des infections opportunistes virales chez le patient VIH, responsable de 1 à 8 % des décès, 13 % de notre série autopsique [65]. Le virus, infectant les oligodendrocytes, est responsable de lésions de la substance blanche. Cette infection peut être un mode de découverte de l’infection VIH, la majorité des patients ayant un taux de CD4 inférieur à 50/mL. Quelques cas ont été rapportés chez l’enfant. Les manifestations neurologiques associent de manière rapidement progressive un déficit moteur, une aphasie, une hémianopsie et une ataxie [65]. Des troubles visuels, liés à des lésions des voies optiques, sont très fréquents. Une évolution fatale sur quelques semaines ou mois est usuelle. L’IRM est l’examen de choix pour confirmer le diagnostic, la TDM montrant des images moins spectaculaires. L’IRM montre en T1 des images hypo-intenses irrégulières de la substance blanche ; en T2, les lésions deviennent très hyperintenses, souvent hétérogènes [74]. Si la biologie usuelle, sang et LCR, est normale, la recherche par PCR du virus JC dans le LCR serait très utile car spécifique, mais sa négativité n’exclut pas le diagnostic [73]. À ce jour, aucun traitement spécifique n’est efficace sur le virus JC, mais les traitements par trithérapie utilisés contre le VIH sembleraient ralentir l’évolution des LEMP. Les patients ayant un taux élevé de CD4 (> 200/mL) au début des troubles présentent une évolution plus longue, parfois supérieure à 1 an [45]. La pathologie confirme le diagnostic : macroscopiquement, on observe des lésions de démyélinisation asymétriques, touchant préférentiellement la substance blanche occipitale, mais parfois localisées dans les autres hémisphères, le cervelet et le tronc cérébral (fig 10) [66] . Des lésions nécrotiques sont présentes dans quelques cas. La microscopie montre, dans les oligodendrocytes situés en périphérie des lésions, des inclusions nucléaires rouges, amphophiles, des « astrocytes bizarres » et une démyélinisation (fig 11). Des infiltrats inflammatoires périvasculaires sont parfois visibles. L’immunohistochimie confirme la présence du virus JC dans les oligodendrocytes (fig 12). Une association avec une encéphalite VIH a été observée dans plusieurs cas, les cellules infectées étant différentes, oligodendrocytes pour le virus JC et macrophages pour le VIH [75]. 12 Leucoencéphalite multifocale progressive. Marquage des oligodendrocytes infectés par le virus JC dans la substance blanche. Coupe en paraffine (DAB, × 50). La LEMP reste une des infections opportunistes du système nerveux central la plus grave et qui n’a pas de traitement spécifique. Autres virus du type herpès Ils sont très rarement impliqués dans des lésions encéphalitiques chez les patients VIH. Quelques encéphalites liées au virus varicelle-zona (VZV) ont été rapportées [14]. Rougeole Chez les enfants VIH et éventuellement chez l’adulte jeune, une encéphalite nécrosante liée à la rougeole peut survenir. Une telle encéphalopathie, d’évolution fatale rapide, a pu être reliée au virus sauvage chez une enfant de 6 ans qui avait été vaccinée quelques mois auparavant [42]. Champignons Cryptocoque Il est de plus en plus souvent responsable de méningites et de méningoencéphalite chez les patients immunodéprimés. Ces infections semblent plus fréquentes dans les séries nord- et sud-américaines que françaises, mais, depuis quelques années, elles ne sont pas exceptionnelles ici. Les méningites isolées ont une symptomatologie fruste, sans fièvre ; la mise en évidence du cryptocoque dans le LCR, par un examen systématique à l’encre de Chine, devrait conduire à un traitement spécifique efficace. Mais dans certains cas, malgré une bithérapie par l’amphotéricine B et la flucytosine, la pénétration des antibiotiques est mauvaise dans le système nerveux central et des abcès cérébraux surviennent. L’évolution en est subaiguë, souvent sur plusieurs mois, avec apparition progressive de signes focaux et de signes cognitifs, voire, à terme, d’un coma [29]. Les études autopsiques ont montré l’infiltration des espaces de Virchow-Robin par les page 5 17-051-B-10 MANIFESTATIONS NEUROLOGIQUES DU VIH Neurologie 13 Méningoencéphalite à cryptocoques. Infiltration des espaces de Virchow-Robin par les cryptocoques (astérisque). Coupe en paraffine (hématéine-éosine, × 50). 15 Méningite tuberculeuse chez un patient atteint par le virus de l’immunodéficience humaine. Multiples bacilles de Koch sous la forme de bâtonnets, dans les méninges. Coupe en paraffine (Ziehl, × 1 250). 14 Abcès cérébral à Candida. Coupe en paraffine (Grocott, × 630). cryptocoques qui sont accompagnés de macrophages et de nombreuses cellules géantes plurinucléées (fig 13). L’accumulation de petites lésions nécrotiques conduit à de larges plages abcédées. Aspergillose et Candida Des abcès cérébraux aspergillaires ou à Candida sont rarement rencontrés lors d’autopsies de patients atteints de sida, adultes et enfants [41, 46]. Les signes cliniques et radiologiques ne sont pas spécifiques et orientent vers des abcès chroniques. L’examen histologique montre des abcès multiples (fig 14). Ces lésions sont souvent associées à une encéphalite VIH. Bactéries Tuberculose et mycobactéries atypiques Elles sont souvent responsables de méningites chez des patients atteints de sida, particulièrement chez des drogués. Ces méningites liées aux mycobactéries sont cliniquement semblables à celles observées chez les patients non immunodéprimés, et un traitement précoce est en général efficace. Elles peuvent être le mode d’entrée dans le stade sida, voire révéler la maladie VIH. Il s’agit de méningite de la base du crâne, parfois spectaculaire, avec un épaississement massif des méninges et présence de multiples bacilles (fig 15). Méningites et méningoencéphalites syphilitiques Elles semblent se développer précocement chez les patients séropositifs. Un traitement intraveineux par de hautes doses de pénicilline peut juguler les méningites. En pratique, une sérologie syphilitique positive est souvent retrouvée chez les patients VIH, le plus souvent sans conséquences neurologiques. Germes banals Ils sont parfois à l’origine d’abcès cérébraux aigus et doivent être traités par une antibiothérapie classique. Tumeurs : les lymphomes cérébraux Depuis une vingtaine d’années, l’incidence des lymphomes primitifs du système nerveux central semble augmenter dans la population générale, mais ce fait est peut-être lié à l’amélioration des techniques diagnostiques. Chez les patients VIH, cette incidence est dix fois supérieure, touchant 2 % des patients au stade sida. Certaines infections opportunistes étant, de plus, mieux traitées, comme la toxoplasmose et le CMV, les lymphomes restent encore souvent la cause de décès (18 % dans notre série autopsique). page 6 A 16 B Lymphome cérébral. Tomodensitométrie. A. Lésion hétérogène hypodense spontanément touchant les noyaux gris centraux droits. B. La lésion prend le contraste de manière intense. La présentation clinique est celle d’une tumeur cérébrale évoluant rapidement. Des troubles des fonctions supérieures avec apathie, troubles de la mémoire, confusion, pouvant aller jusqu’au coma, sont associés à des troubles moteurs et sensitifs, une atteinte des paires crâniennes et parfois un syndrome cérébelleux [51]. Les crises comitiales et la fièvre sont plus rares qu’au cours de l’encéphalite toxoplasmique. Des localisations médullaires sont possibles. L’imagerie montre des lésions souvent plurifocales et prédominant en région périventriculaire. La TDM sans injection montre une ou plusieurs lésions isoou hypodenses entourées d’un important œdème [48]. Ces lésions prennent le contraste (fig 16). L’IRM retrouve parfois des lésions de plus petite taille et non visibles avec la TDM. Ces lésions hypo-intenses en T1 sont rehaussées par le gadolinium. L’IRM est l’examen de choix pour les localisations médullaires. Si elle est possible, l’étude du LCR peut être contributive au diagnostic, montrant parfois une hyperprotéinorachie et une lymphocytose non spécifique, surtout une élévation de la β2-microglobuline et la présence de l’ADN du virus Epstein-Barr (EBV), qui seraient quasi pathognomoniques. Ces lymphomes cérébraux surviennent en règle chez des patients ayant moins de 100 CD4/mL. Compte tenu du très mauvais pronostic vital à court terme des lymphomes primitifs du système nerveux central chez les patients VIH, les biopsies stéréotaxiques ne sont recommandées que dans un petit nombre de cas, en particulier quand l’état général et le statut immunitaire du patient sont préservés. Devant un tel tableau clinique et radiologique, un traitement empirique antitoxoplasmique est institué. Si aucune réponse n’est apparue au bout de 3 semaines, un lymphome est très probable. Au plan pathologique, ces lymphomes primitifs se présentent sous la forme de volumineuses masses blanchâtres détruisant les noyaux gris centraux (fig 17). Des localisations multiples sont fréquentes, et l’étude microscopique montre de nombreux petits foyers tumoraux disséminés dans l’encéphale et le cervelet. Ces lymphomes sont des lymphomes malins de haut grade, immunoblastiques, en grande majorité de type B (fig 18). La quasitotalité des cellules tumorales expriment l’EBV. Cette co-infection virale serait un important facteur dans la genèse de ces lymphomes [4]. Quelques patients peu immunodéprimés ont pu bénéficier d’une radiothérapie et avoir une rémission de plusieurs mois [23]. Les possibilités de chimiothérapie, en Neurologie MANIFESTATIONS NEUROLOGIQUES DU VIH 17 Lymphome cérébral primitif. Section verticotransversale des hémisphères cérébraux du patient de la figure 16. Le lymphome détruit les noyaux gris à droite et refoule le ventricule latéral. 17-051-B-10 19 Myélite vacuolaire. Section transversale de la moelle cervicale. Pâleur des cordons postérieurs (astérisques). Coupe en paraffine (Woelcke). membres inférieurs d’installation lente, associé à une ataxie, des réflexes vifs et, tardivement, à des troubles sphinctériens. Dans la majorité des cas, une encéphalite VIH est aussi présente et les troubles cognitifs peuvent être au premier plan. L’imagerie et l’étude du LCR sont peu contributives pour le diagnostic. Les lésions observées à l’autopsie sont situées dans les cordons postérieurs et latéraux. Il existe une démyélinisation des faisceaux blancs, une vacuolisation des faisceaux pyramidaux et des cordons postérieurs (fig 19) [32]. Certains ont comparé ces lésions à celles de la sclérose combinée, en niant leur spécificité [59]. Mais la présence de cellules géantes plurinucléées dans ces vacuoles plaide en faveur d’une liaison avec l’infection VIH. Quelques cas sporadiques de myélite nécrosante liée au VIH ont été observés ; leur diagnostic différentiel avec une myélite liée au CMV n’a été fait qu’à l’autopsie [27]. 18 Lymphome cérébral. Prolifération lymphoïde maligne de type B. Coupe en paraffine (hématéine-éosine, × 800). dehors d’une corticothérapie, sont très rares dans cette pathologie. Les lymphomes cérébraux sont de très mauvais pronostic au cours du sida, la médiane de survie étant de 2,5 mois. Les localisations cérébrales au cours des lymphomes systémiques sont rares et seraient de pronostic un peu meilleur. Depuis quelques mois, probablement en rapport avec les nouveaux traitements par trithérapie, nous avons observé plusieurs patients VIH avec des métastases cérébrales de cancers viscéraux, de type adénocarcinome, et des léiomyosarcomes. Enfin, quelques cas de glioblastomes chez des patients VIH, parfois peu immunodéprimés, ont été observés. Le sarcome de Kaposi, fréquent au niveau de la peau ou des poumons, ne se voit pas dans le système nerveux, mis à part une localisation méningée. Moelle épinière Une myélite transitoire au moment de la séroconversion peut se voir. Les troubles paraparétiques récupèrent en quelques jours ou semaines [13]. La myélite vacuolaire liée au VIH a été décrite dès le début de l’épidémie. Cliniquement, elle se manifeste par un déficit moteur modéré des Les infections opportunistes, comme au niveau encéphalique, surviennent fréquemment au niveau médullaire. Certaines étant accessibles à un traitement, une approche diagnostique précise devra être tentée au maximum. Le CMV reste d’actualité chez les patients ayant moins de 100 CD4/mL. Il entraîne une myélite d’évolution rapide, avec paraplégie et troubles sphinctériens s’installant en quelques jours. Une fièvre et des signes périphériques sont fréquents. La ponction lombaire est anormale, avec une pléiocytose contenant des polynucléaires, une hyperprotéinorachie et une hypoglycorachie. Une PCR positive pour le CMV dans le LCR oriente fortement le diagnostic. L’IRM montre rarement des anomalies. Malgré la mise en route rapide d’un traitement spécifique, le pronostic vital est défavorable à court terme [76]. L’examen anatomopathologique montre des lésions nécrotiques multiples de la moelle avec présence de cellules cytomégaliques, caractéristiques par l’inclusion intranucléaire en « œil de hibou », et des inclusions cytoplasmiques éosinophiles. La microscopie électronique confirme la présence de particules virales et l’immunohistochimie la spécificité du CMV. D’autres virus du type herpès, herpès 1 et 2 et varicelle peuvent être responsables de myélite aiguë chez des patients VIH. La toxoplasmose peut donner des abcès médullaires. Leur suspicion doit conduire à un traitement spécifique. Plusieurs patients ont ainsi récupéré de manière spectaculaire après une paraplégie et un traitement empirique antitoxoplasmique. La syphilis peut être en cause et doit être systématiquement recherchée chez les patients VIH. Des localisations intraspinales ou épidurales de lymphomes sont possibles et peuvent bénéficier de traitements complémentaires [38]. Pathologie neuromusculaire Des atteintes du système nerveux périphériques et du muscle sont observées à tous les stades de l’infection par le VIH. Leur mécanisme varie en fonction du stade d’immunodépression des patients. Les neuropathies liées au VIH, immunitaires ou inflammatoires, sont souvent rencontrées au stade précoce de l’infection, mais ont été observées chez quelques patients fortement immunodéprimés. Les neuropathies distales douloureuses vues au stade tardif sont fréquentes et difficiles à traiter. Si une neuropathie infraclinique, détectable par des examens électrophysiologiques, apparaît fréquente chez les patients immunodéprimés, elle n’est pas prédictive d’une neuropathie clinique ultérieure [3]. Les neuropathies symptomatiques semblent plus fréquentes chez les patients immunodéprimés ; leur réelle fréquence est difficile à évaluer, les études prospectives étant contradictoires et ne portant que sur un petit nombre de patients, allant de 93 à 21 % selon les études [25, 35]. En revanche, une neuropathie périphérique peut révéler l’infection par le VIH. Une myopathie infraclinique est souvent intriquée à une neuropathie inflammatoire. Sur une série de 260 patients porteurs du VIH, examinés à Bicêtre pour une pathologie neuromusculaire, 77 % étaient atteints de sida, 20 % avaient un taux de CD4 supérieur à 100/mL et 3 % étaient séropositifs asymptomatiques pour le VIH. La possibilité d’un traitement antiinflammatoire ou spécifique dans certaines neuropathies ou myopathies, invite, dans certains cas, à faire une biopsie neuromusculaire, d’autant que la corrélation clinicopathologique n’est pas toujours facile : une vascularite page 7 17-051-B-10 MANIFESTATIONS NEUROLOGIQUES DU VIH Neurologie Tableau I. – Pathologie neuromusculaire et statut immunitaire chez les patients atteints du virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Stade précoce Stade intermédiaire CD4 > 100/mL Sida CD4 < 100/mL Polyradiculonévrite aiguë Polyradiculonévrite aiguë Polyradiculonévrite subaiguë Neuropathie distale symétrique Multinévrite Multinévrite Neuropathie distale symétrique Neuropathie distale douloureuse Vascularite nécrosante Vascularite nécrosante Vascularite nécrosante Angéite granulomateuse Angéite granulomateuse Neuropathie liée au CMV Myopathie à l’AZT Myopathie à l’AZT Myopathie à l’AZT Myosite liée au VIH Myosite liée au VIH Myosite liée au VIH Pyomyosite, M Toxoplasmose 20 Neuropathie tardive due au virus de l’immunodéficience humaine. Perte axonale majeure. Coupe semi-fine (bleu de thionine, × 1 400). Sidérose musculaire Neuropathies toxiques Neuropathies toxiques AZT : azidothymidine ; CMV : Cytomégalovirus. nécrosante pouvant être responsable d’une neuropathie distale symétrique tardive, par exemple. Mises à part les neuropathies liées au CMV et les neuropathies douloureuses tardives, tous les types de neuropathies peuvent se voir quel que soit le stade immunitaire du patient (tableau I). Des PRN du type Guillain-Barré se rencontrent, le plus souvent, au stade précoce de l’infection par le VIH, voire même lors de la séroconversion. Ces PRN ne diffèrent pas cliniquement de celles observées chez les patients séronégatifs, avec un déficit sensitivomoteur des quatre membres, une fréquente atteinte faciale et une aréflexie. L’hyperprotéinorachie est le plus souvent accompagnée d’une lymphocytose. L’évolution est en règle favorable en quelques semaines, voire plus longue en cas de déficit objectif majeur. Des formes récidivantes ou subaiguës ont été observées chez des patients à un stade plus tardif de la maladie VIH. Chez des patients modérément immunodéprimés ou parfois au stade sida, une multinévrite d’évolution subaiguë peut survenir. Un déficit sensitivomoteur asymétrique apparaît en quelques jours ou semaines. Les réflexes ostéotendineux sont préservés, voire vifs. La protéinorachie est normale. L’évolution spontanée peut être favorable en quelques mois, avec une récupération quasi complète du déficit. Des biopsies neuromusculaires ont montré des lésions nerveuses inflammatoires ou des vascularites nécrosantes. Si le statut immunitaire du patient le permet, un traitement par corticothérapie peut être prescrit pendant quelques semaines. Chez des patients fortement immunodéprimés et présentant un tableau de multinévrite, une biopsie peut montrer une infiltration du nerf par un processus lymphomateux. Environ 50 % des neuropathies observées dans le service de neurologie de Bicêtre étaient des neuropathies sensitives distales douloureuses, survenues au stade sida ; sur une cohorte de 1 500 patients, 11 % présentaient ce type de neuropathie à un stade tardif [24]. L’incidence des neuropathies tardives douloureuses semblerait augmenter depuis quelques années [2]. Plusieurs facteurs en seraient responsables : l’espérance de vie des patients est prolongée par l’apparition des trithérapies, mais plusieurs de ces produits, en particulier la ddC et la ddI, sont neurotoxiques. On observe de plus que ces neuropathies douloureuses tardives sont souvent associées à des troubles cognitifs liés à une encéphalopathie VIH ou à une myélopathie vacuolaire, se manifestant par un syndrome pyramidal. Le traitement de ces douleurs parfois insomniantes est difficile : les tricycliques sont souvent utilisés mais d’efficacité variable. Les patients pourraient bénéficier de nouvelles thérapeutiques, comme les facteurs de croissance du nerf. Une dysautonomie peut survenir chez les patients VIH au cours d’un syndrome de Guillain-Barré ou, rarement, de manière isolée [36]. Des études systématiques ont montré des variations de la fréquence cardiaque et tensionnelles chez des patients VIH, mais ces tests n’ont pas d’intérêt pratique. Des neuropathies isolées des nerfs crâniens ont été rapportées, touchant le plus souvent le nerf facial [5]. Les études électrophysiologiques au cours des neuropathies symptomatiques confirment l’extension et la physiopathologie : les lésions démyélinisantes étant caractérisées par des blocs de conduction et des ralentissements de vitesses de conduction, et les neuropathies axonales par une diminution des amplitudes des potentiels d’action [47]. L’étude du LCR est le plus souvent anormale chez les patients VIH. Une hyperprotéinorachie est fréquente, plus élevée au cours des PRN. Une lymphocytose est retrouvée dans de nombreux cas, que les patients soient symptomatiques ou non. Une élévation de l’index immunoglobuline G et des page 8 21 Vascularite nécrosante du nerf chez un patient atteint du virus de l’immunodéficience humaine non immunodéprimé. Coupe en paraffine (hématéine-éosine, × 700). bandes oligoclonales n’est pas rare dans ce contexte. Ces anomalies du LCR ne sont pas systématiquement corrélées à l’intensité de la neuropathie [16]. L’étude des biopsies nerveuses au cours de différentes neuropathies montre des lésions démyélinisantes au cours des PRN, mais souvent associées à des lésions axonales et des infiltrats inflammatoires endoneuraux. Dans des multinévrites et des neuropathies distales symétriques, les lésions axonales sont largement prédominantes, accompagnées de fréquentes lésions inflammatoires et d’infiltrats lymphocytaires péricapillaires (fig 20). Des lésions de vascularite nécrosante épineurale et musculaire ont été observées, comparables à celles vues chez des patients séronégatifs, mais généralement associées à des infiltrats plus volumineux (fig 21) [43, 63]. La présence d’une vascularite nécrosante ou d’une vascularite granulomateuse dans le nerf et/ou le muscle, si le taux de CD4 est au-dessus de 100/mL, incite à traiter de manière prudente le patient par des corticoïdes. Des améliorations cliniques spectaculaires et prolongées ont été observées dans certains cas [43]. Les neuropathies liées au CMV peuvent survenir chez des patients immunodéprimés. Un diagnostic précoce permet l’instauration d’un traitement efficace qui a permis une récupération des déficits chez plusieurs patients. Les neuropathies liées au CMV sont des neuropathies multifocales ou souvent des polyradiculopathies lombosacrées, associant des signes déficitaires périphériques sensitivomoteurs et des troubles sphinctériens. De violentes douleurs des membres inférieurs sont fréquentes. Une atteinte des membres supérieurs n’est pas exceptionnelle. Des signes généraux, avec fièvre et cachexie, sont souvent présents. L’étude du LCR montre souvent, à côté d’une hyperprotéinorachie, une hypercytose avec polynucléaires. La détection d’ADN du CMV par PCR pourrait conforter le diagnostic. Des antécédents de rétinite à CMV contribuent également à suspecter le CMV. Une certitude diagnostique peut être apportée par une biopsie nerveuse. La pathologie est souvent spécifique, avec présence de cellules cytomégaliques contenant des inclusions nucléaires et cytoplasmiques caractéristiques dans l’endonèvre, cellules de Schwann, macrophages ou cellules endothéliales [64]. Des microabcès endoneuraux, constitués d’amas de polynucléaires altérés mêlés à des cellules cytomégaliques, sont quasi pathognomoniques (fig 22). Les lésions nerveuses se situant au niveau des racines et du nerf distal sont, dans de nombreux cas, associées à des lésions du cône terminal. La mise en route très précoce d’une thérapeutique spécifique peut seule éviter des Neurologie MANIFESTATIONS NEUROLOGIQUES DU VIH 22 Neuropathie à Cytomégalovirus. Microabcès endoneuraux avec polynucléaires et cellules cytomégaliques (flèche). Coupe en paraffine (hématéine-éosine, × 700). 23 Myosite liée au virus de l’immunodéficience humaine survenue chez un patient ayant 1 000 CD4. Fibres musculaires nécrotiques (astérisques) et infiltrées de cellules mononucléées. Coupe en paraffine (hématéine-éosine, × 800). troubles sphinctériens irréversibles. Le traitement d’attaque doit être administré par voie parentérale pendant au moins 1 mois, utilisant du ganciclovir et/ou du foscarnet. Un traitement d’entretien à vie doit être poursuivi par voie orale. Mais, chez de nombreux patients très immunodéprimés lors de l’apparition de la neuropathie liée au CMV, le pronostic vital est très sombre à court terme, des lésions centrales médullaires et encéphaliques, fréquemment présentes, ne répondant pas au traitement. Au stade sida, une infiltration lymphomateuse des racines nerveuses ou des nerfs crâniens peut se rencontrer. Le diagnostic, en dehors d’une biopsie positive, est souvent difficile. Certains patients ont cependant été améliorés transitoirement par une corticothérapie ou une radiothérapie [71]. Enfin, depuis quelques années, à côté des fréquentes neuropathies douloureuses tardives, des neuropathies toxiques liées aux antirétroviraux apparaissent de plus en plus fréquentes. Ce sont des neuropathies distales sensitives symétriques, parfois ataxiantes. Ces neuropathies sont réversibles à l’arrêt du produit. La ddC et la ddI sont le plus souvent impliquées ; le 3TC (lamivudine [Epivirt]) apparaît peu neurotoxique. Le recul n’est pas suffisant pour les antiprotéases, mais une surveillance rapprochée des patients s’impose. 17-051-B-10 24 Sidérose musculaire chez un patient ayant des myalgies et dix CD4. Coupe en paraffine (Perls, × 1 300). Si certaines neuropathies inflammatoires liées au VIH ou au CMV semblent très nettement diminuer de fréquence depuis que de nombreux patients bénéficient d’une trithérapie, des myosites liées au VIH, quoique peu fréquentes, sont toujours d’actualité, à tous les stades de la maladie (tableau I). Elles se manifestent par des myalgies, un déficit moteur prédominant aux ceintures et souvent par une amyotrophie. Une neuropathie distale sensitive très modérée parallèle est souvent présente à l’examen. Des lésions cutanées sont rares dans ce contexte. Le taux de créatine-kinase est élevé et sert de base pour le contrôle périodique des patients. La biopsie musculaire confirme les lésions de myosite (fig 23) ; des infiltrats inflammatoires, lymphomacrophagiques péricapillaires sont très fréquents. La majorité des lymphocytes sont des CD8 [18]. Si le statut immunitaire des patients le permet, une corticothérapie de courte durée permet la régression des symptômes. Des myopathies à bâtonnets ou liées à une perte des filaments épais s’observent chez des patients peu immunodéprimés. Ces lésions sont, de plus, fréquentes dans les muscles des patients ayant une neuropathie. Des dépôts de pigments ferriques, non associés à des hémorragies, sont très fréquemment présents dans les biopsies musculaires de patients au stade sida [44]. Ces dépôts, probablement liés à une mauvaise résorption de la myosine par des macrophages défectueux, peuvent, dans certains cas, entraîner des douleurs musculaires (fig 24). La zidovudine peut induire des myopathies sévères avec amyotrophie majeure, déficit proximal et élévation importante des enzymes musculaires. Ces lésions toxiques ne sont que très rarement observées actuellement, car elles sont dose-dépendantes, et les trithérapies utilisent des doses plus faibles de zidovudine ou des analogues nucléosidiques différents et moins myotoxiques. Les lésions présentes dans les biopsies de muscle étaient de la nécrose peu inflammatoire, des microvacuoles dans les fibres et des pseudofibres déchiquetées, similaires à celles observées lors des myopathies mitochondriales [31]. Des infections opportunistes du muscle pouvant bénéficier d’un traitement sont parfois observées, comme des pyomyosites, pouvant toucher n’importe quel muscle. Ce sont le plus souvent des abcès à staphylocoques, hyperalgiques et bien visibles à la TDM. Une antibiothérapie standard est efficace en quelques jours. Les toxoplasmoses musculaires sont paradoxalement exceptionnelles, comparé à la fréquence des encéphalites. Quelques cas terminaux ont été vus et la dissémination du parasite était souvent diffuse, touchant le système nerveux central, surtout le myocarde, et au-delà de toute thérapeutique [28]. Infection VIH chez l’enfant Elle a des complications neurologiques différentes de cellules observées chez l’adulte. Les enfants concernés sont ceux qui ont été contaminés par voie maternofœtale ou transfusés à la naissance ; les hémophiles, qui avaient reçu de multiples transfusions plus tardives, ont une évolution de leur maladie comparable à celle des adultes. Dans les pays industrialisés, les enfants atteints de sida ne représentent que 1 à 3 % des malades ; mais, en Afrique, ils concernent 20 % des patients [20] . La contamination de l’enfant se fait probablement en fin de grossesse ou lors de l’accouchement. Le taux de contamination est entre 15 et 25 % en France [7] ; le traitement par la zidovudine durant la grossesse semble le diminuer fortement [17]. En France, près de la moitié des mères sont des droguées et il est probable que l’usage des drogues intraveineuses pendant la grossesse entraîne des troubles neurologiques supplémentaires chez l’enfant. À la différence des adultes, les infections opportunistes sont beaucoup plus rares chez l’enfant que chez l’adulte, et les manifestations neurologiques sont surtout secondaires à l’infection VIH elle-même. D’autre part, les troubles neurologiques sont parfois très précoces : un tiers des enfants d’une série française ont présenté une atteinte neurologique précoce et la moitié ont survécu après l’âge de 3 ans [7]. Sur une cohorte de plus de 1 000 enfants suivis par Tardieu, 20 % ont présenté des troubles neurologiques sévères et précoces [ 6 5 ] . Ces encéphalopathies sévères, liées au VIH ou à une infection opportuniste, survenant avant l’âge de 3 ans, touchent donc environ 20 % des enfants page 9 17-051-B-10 MANIFESTATIONS NEUROLOGIQUES DU VIH contaminés, et leur sévérité est corrélée avec la réplication virale durant la première année. Un autre type d’encéphalopathie, d’évolution beaucoup plus lente et moins sévère, est également observé. Ses symptômes pourraient être réversibles dans certains cas. La majorité des enfants (80 %) seraient dans ce cas ; l’apport des traitements antiviraux serait bien sûr capital dans cette évolution plus favorable. Dans la forme sévère d’encéphalopathie infantile, les troubles neurologiques débutent, le plus souvent avant 1 an, par des troubles moteurs avec une rigidité des membres inférieurs et des troubles de posture associés à une perte des acquisitions. L’aggravation est lentement progressive ; à 3 ans les enfants ont un important retard psychomoteur et décèdent avant l’âge de 5 ans. Si les signes neurologiques débutent après la troisième année, l’évolution est un peu différente, avec prédominance de la paraparésie et des troubles cognitifs moins sévères. Avec l’apport des traitements antiviraux, plus de 80 % des enfants contaminés à la naissance n’ont pas de troubles neurologiques à l’âge de 5 ans. Cependant, ces données optimistes doivent être tempérées car il semble que ces enfants présentent fréquemment un retard scolaire, sinon un retard mental. L’étude du LCR est non spécifique en dehors de la présence d’antigène p24. L’imagerie, en particulier l’IRM, montre une atrophie cortico-sous-corticale et de fréquents hyposignaux en T1 et hypersignaux en T2 dans la substance blanche. Les traitements antiviraux prescrits précocement améliorent partiellement les troubles cognitifs. Leur prescription chez la femme enceinte semble avoir une efficacité préventive encore plus significative. L’examen neuropathologique chez l’enfant montre des lésions similaires à celles observées chez l’adulte : nodules microgliaux et cellules géantes plurinucléées contenant des antigènes viraux, leucoencéphalopathie, infiltrats périvasculaires (fig 25). Spécifique à l’enfant, la non-myélinisation des faisceaux pyramidaux est bien visible dans le bulbe et la moelle. Ces lésions sont différentes de celles de la myélite vacuolaire ; elles ne sont pas associées à des lésions inflammatoires. À notre connaissance, les enfants VIH ne présentent pas de pathologie neuromusculaire. En revanche, quelques infections opportunistes peuvent survenir : l’encéphalite liée au CMV a les mêmes caractères que celle observée chez l’adulte, avec une nette prédilection pour les zones périventriculaires. La rougeole et la varicelle peuvent être en cause [42] . En revanche, les encéphalites toxoplasmiques sont exceptionnelles avant l’âge de 8-10 ans ; ce fait est certainement lié à l’alimentation. Des abcès fongiques ou liés à des germes banals sont possibles. Quelques cas de LEMP et de lymphomes ont été observés chez des enfants immunodéprimés [6, 21]. Neurologie 25 Encéphalite due au virus de l’immunodéficience humaine chez une enfant âgée de 24 mois. Infiltrats lymphocytaires périvasculaires dans la protubérance. Coupe en paraffine (hématéine-éosine, × 400). • • • Les complications neurologiques centrales et périphériques liées à l’infection par le VIH sont très nombreuses chez l’adulte et l’enfant. Si de nombreuses infections opportunistes sont actuellement prévenues de manière plus ou moins systématique, comme la toxoplasmose et le CMV, les nouvelles thérapeutiques anti-VIH, utilisant des trithérapies avec antiprotéases, semblent faire diminuer de manière drastique les complications neurologiques. Cependant, on observe encore des encéphalites toxoplasmiques ou une méningite tuberculeuse comme modes de révélation de la maladie VIH chez des patients dont la sérologie n’était pas connue. Des neuropathies inflammatoires et des myosites peuvent survenir chez des patients peu immunodéprimés. Enfin, certains patients résistent aux traitements antiviraux ou ne les supportent pas au plan hématologique ou général et peuvent développer une encéphalite liée au CMV, une LEMP ou un lymphome cérébral. Références [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] Achim CL, Schrier RD, Wiley CA. Immunopathogenesis of HIV encephalitis. Brain Pathol 1991 ; 1 : 177-184 Bacellar H, Munoz A, Miller EN et al. Temporal trends in the incidence of HIV-1 related neurologic diseases: multicenter cohort study,1985-1992. Neurology 1994 ; 44 : 1892 Barohn RJ, Gronseth GS, Leforce B et al. Peripheral nervous system involvement in a large cohort of human immunodeficiency virus-infected individuals. 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