Figure. Concept de synergie létale, d’après (21). Les mutations de BRCA1 ou de BRCA2
sont représentées par le gène A ou le gène B. L’inactivation du second gène compen-
sateur (ici, les PARP) est soit mutationnelle, soit induite pharmacologiquement par
les inhibiteurs de PARP.
La Lettre du Sénologue • No 60 - avril-mai-juin 2013 | 23
DOSSIER
seuls. La combinaison classique CMF (cyclophospha-
mide, méthotrexate, 5-FU) semble peu effi cace et
est probablement inférieure aux anthracyclines (7)
(tableau I). Pour certains auteurs, l’effi cacité de la
combinaison des alkylants et des anthracyclines serait
essentiellement liée à la présence d’une mutation
de p53, présente dans la quasi-totalité des tumeurs
basales (16). La vraie place des agents alkylants reste
à évaluer dans ces types de tumeurs. Il existe quelques
arguments en faveur des schémas dose-dense pour
les tumeurs triple-négatives proliférantes (16).
Taxanes
Les interactions démontrées de BRCA1 (mais pas
de BRCA2) avec le cycle et la division cellulaires
fournissent une explication biologique à l’effi cacité
potentielle des poisons du fuseau dans les tumeurs
porteuses de mutations de BRCA1. Les résultats
cliniques sont directement contradictoires (14, 17)
(tableau I). Les taux de pCR rapportés en situation
néo-adjuvante sont inférieurs à ceux observés pour
les cancers sans mutation de BRCA, et les taux de
pCR des tumeurs porteuses de mutations de BRCA2
semblent les plus élevés. De même, aucune tendance
à l’allongement de la survie sans progression (SSP) n’a
pu être détectée en cas de cancer porteur de muta-
tions de BRCA1. Les combinaisons d’anthracyclines et
de taxanes ont donné des résultats contrastés dans
lesquels il est impossible de faire la part des contri-
butions respectives des 2 agents (18, 19).
Antimétabolites
Il n’existe pas de données publiées décrivant l’effi ca-
cité des agents antimétabolites (5-FU, capécitabine,
gemcitabine) dans les cancers du sein porteurs de
mutations de BRCA1 ou de BRCA2. Les données
précliniques sont également pauvres et semblent
suggérer un effet important de la 6-thioguanine.
Cet agent aurait la capacité d’induire des lésions
recombinogènes et de favoriser les mésappariements
de l’ADN (20). Aucune donnée clinique n’a été rap-
portée dans ce sens.
Inhibiteurs des PARP
Les PARP jouent un rôle majeur dans la réparation
des altérations monobrin, en particulier en cas de
défi cience de BRCA, en faisant intervenir le système
de réparation par excision des bases (BER [Base
Excision Repair]). Il a été postulé que l’inhibition
des PARP, notamment celle de PARP1 et de PARP2,
conduisait, en présence d’un défaut fonctionnel de
BRCA1 ou de BRCA2, à l’accumulation d’altérations
chromosomiques simple- et double-brin : c’est la
notion de “synergie létale” (synthetic lethality) [21]
(fi gure). Des inhibiteurs de PARP ont été développés
et évalués en clinique. Les composés ayant fait
l’objet des développements les plus avancés sont
l’olaparib et l’iniparib.
L’olaparib est administré par voie orale, à la dose
de 400 mg par jour choisie d’après les résultats de
l’étude de phase I. La principale étude de phase II a
concerné des patientes porteuses de mutations de
BRCA1 ou de BRCA2 et atteintes d’un cancer du sein
avancé (22). Chez 27 patientes, le taux de réponse
objective (RO) était de 41 %, et le taux de stabilisa-
tion de la maladie de 44 %, ce qui est impressionnant
dans cette situation clinique. Il faut néanmoins se
rappeler que la SSP et la survie globale restaient
modestes, même si cette étude n’était pas construite
pour répondre à ces questions. Une deuxième étude
a inclus simultanément 63 patientes atteintes d’un
cancer de l’ovaire avancé et 23 patientes atteintes
d’un cancer du sein triple-négatif avancé (23). Il y a
eu 5 stabilisations parmi les 8 patientes porteuses
de mutations de BRCA, et seulement 2 parmi les 15
qui n’avaient pas de mutation.
L’iniparib est administré par voie intraveineuse et
a surtout été testé en association avec la chimio-
thérapie cytotoxique. Après une étude de phase II
randomisée prometteuse, une étude de phase III a
comparé, chez des patientes atteintes d’un cancer