L`abus d`imagerie médicale entraîne des risques

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Mutualité.fr
24 octobre 2016
L’abus d’imagerie médicale entraîne des risques
Les découvertes fortuites faites par IRM ou scanner peuvent entraîner un risque de
surdiagnostic et de surtraitement d'anomalies bénignes.
A cause de problèmes gastriques à répétition, Isabelle s'est vue prescrire un scanner par
son médecin traitant. "Lors de l'examen, le radiologue m'a trouvé un nodule au poumon.
D'après lui, ça pouvait être infectieux, j'ai donc suivi un traitement antibiotique avant de
refaire un scanner", confie-t-elle au Figaro.
"Le nodule était toujours là, poursuit Isabelle. Selon le radiologue, ce n'était pas grave et il
proposait juste de me revoir dans un an pour surveiller l'évolution du nodule. Mais comme j'ai
eu un cancer du sein, j'ai préféré aller voir un pneumologue. Depuis, je fais une série
d'examens complémentaires."Son inquiétude n'a pas pour le moment été confirmée par ces
nouveaux examens. Mais Isabelle n'est pas encore rassurée.
Ces découvertes fortuites sont le lot quotidien des radiologues, car aujourd'hui, plus rien, ou
presque, n'échappe à l'œil des spécialistes grâce aux progrès réalisés par l'imagerie
médicale, constate Le Figaro-santé. Conséquence : dans 20% des examens, les radiologues
découvrent autre chose que ce qu'ils cherchent.
Parfois, ces explorations permettent de prendre en charge des maladies avant qu'elles
n'atteignent un stade difficilement curable. "C'est le cas notamment des cancers du rein.
65% sont découverts fortuitement, et c'est une chance", estime le Dr Romain Pommier,
radiologue à l'hôpital Beaujon à Clichy. Mais les conséquences négatives potentielles de ces
découvertes fortuites semblent être plus nombreuses que les conséquences positives.
En effet, dans la majorité des cas, ces "incidentalômes", comme les appellent les médecins,
ouvrent la voie à une batterie d'examens invasifs, à un suivi anxiogène, voire à des
traitements inutiles. "Ils sont la porte ouverte aux surdiagnostics et aux surtraitements", met
en garde, dans Le Figaro, le Pr Éric Galam, enseignant à l'université Paris-Diderot.
En France, les chercheurs estiment à 90% de taux de surdiagnostic et de surtraitement de
cancers de la thyroïde ces 20 dernières années ! Dans l'ensemble des grands pays
développés, ce sont 500.000 personnes qui ont été opérées inutilement.
Autre exemple : celui des cas d'anévrisme cérébral (dilatation localisée de la paroi d'une
artère de cerveau).
"Aujourd'hui, nombre d'entre eux, complètement asymptomatiques, sont découverts
fortuitement lors d'une IRM. Et, pour les patients, découvrir un anévrisme, c'est vivre avec
une bombe dans la tête", explique le Pr Christophe Cognard, neuroradiologue au CHU de
Toulouse. Avec la tentation d'opérer des anévrismes qui n'auraient jamais évolué… Une
intervention qui n'est pas sans danger pour le patient.
Outre les risques d'un possible surtraitement, les découvertes fortuites provoquent
également une situation anxiogène. Faire une découverte fortuite n'est donc jamais anodin.
Pourtant, le corps médical s'interroge encore peu sur le sujet.
"Le risque de se voir reprocher de ne pas avoir réalisé un examen, ou prescrit un traitement
en situation d'incertitude, est aujourd'hui plus grand que de se voir reprocher l'effet délétère
d'une action", analyse Eric Galam dans un éditorial de la revue Médecine. Comment inverser
la donne ?, interroge Le Figaro. La question reste entière.
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