« Deux peuples se côtoient et vont l’un sur un rivage, l’autre sur l’autre rivage parallèle. Une mer les sépare. Cette mer, c’est la mer mentale primordiale, la Mer des Mers en quelque sorte : la Méditerranée. Sur la rive sud de la Méditerranée, il y a, majoritaires à partir de la fin du VIIe siècle A.D., les Arabes ; sur sa rive nord, parmi d’autres peuples qui seront dits un jour européens, il y a les (bientôt) Français. Ces deux peuples, séparés géographiquement par la mer, qui est divinité, seront souvent rapprochés et parfois même réunis par l’autre déesse qui gère le destin des communautés humaines : l’histoire. « (Salah Stétié) « La France est le premier pays arabo-musulman d’Europe. » Il faut peutêtre relativiser l’assertion, mais elle revêt néanmoins une certaine réalité. Le parcours des hommes, des mots, des idées et des arts, la géographie, ont forgé une histoire collective qui continue de s’écrire. Cette part commune constitue un pan de l’histoire de la France, de sa culture et de son identité. Il nous a paru important de l’affirmer et de l’illustrer en consacrant un livre aux Arabes en France, aux Arabes de France : le premier d’une collection consacrée aux peuples qui forment ce pays*. Précisons encore que le mot Arabe recouvre ici l’ensemble du monde arabo-musulman, tel qu’il est perçu par la société française. Il signifie en fait plus que cela : Berbère, Kabyle, Maghrébin, Maure, Ottoman, Sarrazin… selon le point de vue, la géographie et le cours du temps ; tous se rencontrent dans ce livre. (*) suivi en 2011 par « Italiens en France, Italiens de France » Format 255 mm x 235 mm / 240 pages / 190 documents impression quadri sur papier Arctic Volume White 150 g / reliure cartonnée ISBN 978-2-86266-626-6 Prix de vente public 35 € Nouvelles Editions Loubatières / 10 bis, bd de l’Europe / BP 50014 / Portet-sur-Garonne Cedex Tél. 05 61 72 83 53 / Fax 05 61 72 83 50 [email protected] / www.libre-parcours.fr Muhammad Charlemagne Pétrarque Pierre le Cruel Ibn Rochd Averroès Siger de Brabant Ghazali Amidou Ibn Hazm Ibn an-Nadîm Ibn Jubaïr Ibn Tufayl Ibn Quzmân Abou-Hâmid al-Gharnati Ibn Arabi Ibn Zaydoûn Wallada Roland Abd ar-Rahman Louis Massignon AlBirûnî Ibn Nafis Alphonse VI Alphonse X Frédéric II Abraham ben Dâ’ûd Assia Djebar Gérard de Crémone Salah Guemriche Tarik Ibn Ziad Raymond de Salvetat Pierre de Cluny www.loubatieres.fr Gonzalo Garcin Gudiel Omar Sharif Vigila Thierry de Chartres Sâ’id al-Andalousi Jacques Berque Isabelle Adjani Haroun al-Rachid Bonaparte Al-Fârâbî Avicenne Al-Khawarizmi LIBRAIRIEIbn LEKhaldoun 15 OCTOBRE Al-Shatir Al-Hazen al-Ma’mûn Abd EN ar-Rahman Abû 2010 al-Walìd ibn Rûchd Ahmed Djebbar Oqba ibn al-Haddjadj Paul Diacre Ibn Hazem Zuhrû Lieutprand de Crémone Ibn Hayyân Abd al-Rahman III Hugues d’Italie Otton Ier Pépin le Bref al-Ma’mûn Louis le Pieux al-Hakam Charles le Chauve Lanfred Sigismond Ibn Idhari Muhammad Ier Süleyman ibn al’Arabi Al-Mansûr Eginhard Pierre le Vénérable Robert Ketton Guillaume Postel François Ier Bernhard von Breydenbach Agostino Giustiniani Jean de la Forest Christophe Richier Bertrand de la Borderie Antoine Geuffroy Catherine de Médicis Grand Turc Soliman le Magnifique Edith Piaf Charles Quint Bernhard von Breydenbach Khayr al-Dîn Barberousse Henri II Henri IV Louis XIV Rabelais Montaigne Samia Gamal Vuillemin Aroudj Barberousse Sinân Pacha Mohamed Ali Colonel Sève Jean-François Champollion Rifâ’a a-Râfi al-Tahtawi Kad Merad Aboul-Naman Abdelrahim Ahmed Mahmoud Abd el Nasser Ahmed El-Tabel Émir Abdelkader Duc de Bourmont Lamartine Ismaÿl Urbain Napoléon III Prosper Enfantin Jules Ferry Bachaga El-Mokrani Cheikh El-Haddad Ouled Sidi Cheikh Abdelkader ben Mohieddine Général Lamoricière Ibn Arabi Mgr Pavy AntoineAdolphe Dupuch Waciny Laredj Montesquieu Jamel Debbouze Mac Mahon Général de Gaulle Jean Pélegri Chateaubriand Félix Bonfils Philippe Grenier Jamāl Al-Dān AlAfghāni Mohammad Azam Khan Muhammad Abduh Saad Zaghloul Ernest Renan Gérard de Nerval Antoine Galland Mohamed Fellag Joseph-Charles Mardrus Henriette et Gérard Walter Barthélemy D’Herbelot Marcel Devic Samy Naceri Majid El-Houssi Dany Boon Mohammed Harbi Ahmed Ben Amar el Gaid Zinedine Soualem Al-Idrissi Al-Djazari Te x te s d e Mouloudji Banu Musa Habash al-Hasib al-Kindi Hunayn Ibn Ishaq Abu l-Wafa Ibn Sahl al-Razi al-Majriti Ibn al-Haytham Ibn Bajja Ibn A hm e d D j eas-Samaw’al b bar, S a l aal-Khayyâm h G ue m r ical-Zarqalî he, Mu’adh al-Mu’taman al-Qurashi Ibn Mun’im Ibn Tufayl Alexandrin Diophante Sharaf alA b d el m a d ji d K ao ua h , Sa l ah St é t i é Din al-Tusi Moses Ibn Tibbon Fibonacci Ibn al-Banna Ibn al-Ahdab Roschdy Zem Gerbert d’Aurillac Constantin l’Africain Al-Idrissi Copernic Abdul-Aswad al-Duali Abu-Ali Ibn Muklah Ibn Zamark Yusuf Ben ’Abdalhadi Humanité-René Philastre Charles-Antoine PRESSE Taos-Amrouche Cheik Hasnaoui Slimane Azzem Idir Cambon Oum Kalsoum CONTACT Marguerite CRT Presse / Cécile Rol-Tanguy Cheb Khaled Zebda Mano Taha Tél. 09Negra 63 50 16Rachid 76 / Mobile 06 08 Abdel 88 26 97 Raouf Dafr Nadja Reski Mohammed [email protected] Chouikh Mohamed Zinet Smaïn Mehdi Charef Karim Dridi Malik Chibane Abdellatif Kechiche Yamina Benguigui Bourlem Guerdjou Rabah Ameur-Zaïmeche Azouz Begag Afsia Herzi Rachid Bouchareb Tahar Rahim Roland Laffitte Kenza Bouanika { Arabes et Français aspects d’une fascination ambiguë Deux peuples se côtoient et vont l’un sur un rivage, l’autre sur l’autre rivage parallèle. Une mer les sépare. Cette mer, c’est la mer mentale primordiale, la Mer des Mers en quelque sorte : la Méditerranée. Sur la rive sud de la Méditerranée, il y a, majoritaires à partir de la fin du VIIe siècle A.D., les Arabes ; sur sa rive nord, parmi d’autres peuples qui seront dits un jour européens, il y a les (bientôt) Français. Ces deux peuples, séparés géographiquement par la mer, qui est divinité, seront souvent rapprochés et parfois même réunis par l’autre déesse qui gère le destin des communautés humaines : l’histoire. Il faudrait, dans certaines circonstances, écrire certains mots déterminants avec une initiale majuscule : la Géographie et l’Histoire, entités mêlées à la conscience des hommes et qui brassent leur destin, sont dans le cas des Arabes et des Français comme deux poumons qui leur permettent de respirer le même air partageable. Partage difficile, air disputé âprement, souvent chargé d’orages et traversé d’éclairs qui ne sont pas toujours des éclairs de lucidité, qui sont des éclairs d’armes blanches, qui sont des éclairs d’armes à feu. Cela n’empêche pas, au-delà des éclats meurtriers, que des oasis de paix et d’échanges profitables et féconds pour les deux parties s’établissent et permettent, selon la sé- Des siècles de confrontations fertiles introduction Georges Labit (1862-1899), grand voyageur dans la veine orientaliste de son époque, eut le temps, dans sa courte vie, d’amasser de nombreuses pièces remarquables venues, entre autres, du Moyen-Orient. Il fit construire, pour accueillir sa collection, une villa de style néo-mauresque sur les bords du canal du Midi, à Toulouse. En juillet 1860, les troubles confessionnels du Mont Liban se sont étendus à Damas. Des musulmans et des druzes attaquent les quartiers chrétiens. Abdel Kader doit même s’interposer par la force avec les membres de sa suite, pour protéger les familles chrétiennes venues se réfugier en nombre dans le quartier des Algériens. Abdel Kader reçut la grand-croix de la Légion d’honneur et d’autres marques de reconnaissance venant du monde entier (notamment du pape, du tsar de Russie, etc.), en remerciement de cet acte de protection des chrétiens de Damas. En 1869, il participa aux festivités de l’inauguration du canal de Suez aux côtés de l’impératrice Eugénie. Il ne retourna jamais dans son pays natal où il est considéré comme étant à l’origine de la nation algérienne moderne. L’Émir Abdelkader a dans la ville de Lyon (7e arr.), un square à son nom. La municipalité, en partenariat avec le consulat général d’Algérie à Lyon, avait organisé une commémoration pour le bicentenaire de la naissance de l’Émir (1808-2008). Depuis 2006, une place du 5e arrondissement de Paris, située non loin de l’Institut du monde arabe, porte elle aussi le nom de l’Émir. En février 2008 un timbre français à l’effigie de l’Émir Abdelkader, avait été émis. L’histoire est tissée de confrontations fertiles. Quand le choc des événements rejoint les annales, il devient difficile de faire la part de ce que l’on a donné, pris ou reçu entre cultures et civilisations. Le poète indien Rabindranah Tagore évoquait « la morsure vivifiante de l’Occident ». On peut se demander si l’Occident, l’Europe, et plus singulièrement la France ont suffisamment jaugé à sa juste valeur l’apport culturel et scientifique du monde arabo-musulman. En France, les premières approches avec cet univers datent du ixe siècle. Elles furent dans l’esprit du temps, guerrières, et la langue française en porte témoignage : Sarrazin, un mot frôlant le fantasme, et 732, une date plus qu’emblématique. La recherche historique a fait justice de certaines interprétations hâtives. Mais il est certain que les relations entre la France et le monde arabo-musulman plongent leurs racines très loin dans le temps. Au XIIe siècle, Haroun al-Rachid, le calife de Bagdad, échangeait des cadeaux avec Charlemagne. Le premier éléphant à fouler le sol français était en ivoire et il est conservé à la Bibliothèque nationale de France… Au XVIIe siècle, avec la campagne d’Égypte de Bonaparte, se nouaient pour très longtemps des relations tumultueuses et proli- 7 histoire Mgr Pavy, évêque d’Alger, successeur de Mgr Dupuch, avait voulu exprimer son admiration à l’Émir pour la noblesse de son attitude, il lui a fait adresser une lettre de remerciement à laquelle l’Émir répondit en ces termes : Egyptiens et Européens sur la Grande Pyramide de Gizeh, tombeau de Khéops, vers 1880. Construite vers –2500, elle est l’une des Sept Merveilles du Monde. 27 « Mohamed T. est à la tête d’une nombreuse famille ; il est aussi mon ami. Noble de caractère, qu’il fût aide-berger dans son douar ou immigré dans la zone portuaire, Mohamed conservait de ses ancêtres la stature naturelle des pères de tribu. Lorsqu’il reçoit dans son huitième étage du bâtiment C, quartier Nord, derrière l’autoroute, un coussin brodé suffit pour transformer le F4 en salon d’alcade andalou digne de ses invités. » 66 Louange à Dieu seul ! À sa grandeur le très estimé Louis Antoine Octave Pavy, évêque d’Alger. Je demande au Dieu Très haut pour votre grandeur la lumière par laquelle on peut discerner les choses et distinguer par leurs causes ce qui est préjudiciable de ce qui est avantageux. Votre lettre éloquente et votre brillant message me sont bien parvenus. Ce que nous avons fait de bien avec les chrétiens, nous nous devions de le faire, par fidélité à la foi musulmane et pour respecter les droits de l’humanité. Car toutes les créatures sont la famille de Dieu et les plus aimés de Dieu sont ceux qui sont les plus utiles à sa famille. Portrait de l’Emir Abdelkader, fait au Caire durant son exil. 67 de la pelote basque : le jeu de paume, lequel, à l’origine, se jouait justement « à main nue » ?… Alcool, café, sucre, tasse, mazagran, sorbet… C’est dans le domaine de l’art culinaire que la langue arabe a marqué le plus concrètement notre quotidien. Rien qu’en évoquant les noms des recettes et des épices, l’eau vous vient à la bouche ! En matière de contenu, mais aussi de contenant : avec le café, le moka, le sucre, ou même le sorbet, on a la tasse et le mazagran ; avec le jus d’orange, l’alcool ou le sirop, on a la carafe, etc. Autant de termes que l’histoire nous a légués pour désigner des boissons ou des ustensiles devenus si familiers que l’on ne se soucie plus de leurs origines. Ce n’est plus de l’intégration, c’est littéralement de l’assimilation !… Jean-Marie Lamblard, Rhapsodie méditerranéenne Lascar, ramdam, fanfaron, mascarade, caïd… Faire la nouba, faire le zouave ou le fanfaron, c’est un peu faire du ramdam, même sur Internet, puisque, désormais, le mot est officiellement donné pour remplacer buzz ! Et que l’on se fasse traiter de lascar, de crouille, de maboul ou de caïd, que l’on se joigne à la fanfare ou à la sarabande, que l’on avance masqué ou que l’on fasse dans l’algarade et la mascarade, on aura toujours affaire à la langue arabe, sans le savoir, un peu comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir… « Trois ans de gamelles, de boue, des périls partagés, des compagnons morts ici ou là, en ltalie, sur les côtes de Provence, en Franche-Comté, dans les plaines d’Alsace : la fraternité des ormes, au rique de faire sourire certains, n’est pas une vaine expression quand la guerre paraît juste. [...] Mais, au retour, pour les Algériens, après cette grande épopée, ce fut le retour à zéro, la non-citoyenneté, quand ce n’était pas, comme dans le Constantinois, les armes retournées contre eux. [...] Un sang versé pour rien, des morts inutiles, et, à tout jamais perdue, la dernière chance de vivre ensemble. » Jean Pélegri, romancier, cité par Benjamin Stora. « Les Etés perdus », Le Seuil, 1999. 76 Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie) et en Afrique sub-saharienne. Les régiments de tirailleurs algériens (RTA). ont contribué aux titres de gloire de l’armée française. Formant la majeure partie de l’infanterie, ils ont participé la libération de l’Europe. et ont donc été les plus exposés dans les combats. Les tirailleurs algériens participèrent aux combats les plus durs et les plus meurtriers de la seconde guerre mondiale dont: la bataille du Monte Cassino, la libération de Marseille et Toulon, la bataille des Vosges, la libération de l’Alsace- et la campagne d’Allemagne. Sur les 409 000 hommes mobilisés d’Afrique du Nord, on estime que 11 200 soldats ont été tués, morts au combat pour la France. Nouba, timbale, tambour, guitare, luth… 114 115 La chanson populaire aux accents d’Orient et du Maghreb a trouvé en France un terrain favorable à sa diffusion et à l’expression de ses talents divers. Des pionners – quand la voix tragique de l’éclaireuse Marguerite Taos-Amrouche faisait résonner les antiques chants berbères –, à nos jours, c’est toute la palette sonore de l’Afrique du Nord qui s’exprime. Soudés par les épreuves et les valeurs de l’exil, les Maghrébins de France des Trente Glorieuses ont préservé leur identité en résistant aux affronts ordinaires. Ils pouvaient écouter Cheik Hasnaoui – qui a chanté en kabyle et en arabe, véritable chef de file –, Slimane Azzem ou d’autres encore, mais de façon assez confidentielle. L’évolution véritable eu lieu dans les années 1970, quand les ondes des transistors propagèrent une voix douce qui chantait ce qui deviendra le premier tube mondial venu d’Afrique du Nord. Contrairement à ce que le public français croyait alors, Idir ne chantait pas en arabe mais en langue berbère. Qu’importe, A vava inouva était entrée à jamais dans les mémoires. Plus tard, dans les années 1980, il y eut l’explosion du raï, avec Cheb Khaled comme porte-étendard, qui popularisa une musique faite par de jeunes Maghrébins, surgie dans les cantinas et les « mahachachas » (tripots) oranaises. La France devint ainsi l’une des têtes de pont d’une world music puisant ses racines dans les riches accords des instruments traditionnels pour les mêler aux instruments électrifiés, et mélanger l’arabe ou le berbère au français ou à l’anglais. On vit alors l’éclosion de groupes ou de chanteurs populaires abordant à tous les rivages musicaux, tels Zebda ou même la Mano Negra. Ainsi rejoignit le chœur Rachid Taha, devenu une icône de la musique mondiale après avoir, avec son premier groupe « Carte de séjour », lancé un pied-de-nez sonore aux oreilles rétives à la diversité en interprétant une Douce France mémorable et digne de son créateur, Charles Trenet. À l’heure du déclin des empires romain, perse et byzantin, on a assisté à un déplacement prodigieux de la vie intellectuelle vers Bagdad. S’agit-il, comme le prétendent certains, de simples emprunts par les Arabes à ces civilisations ou d’une transmission enrichie par de nouveaux acquis scientifiques propres à ces derniers ? 148 Horloge automate d’Al-Djazari (XIIe s.). Ingénieur prolixe, on lui doit de nombreuses inventions ou développements, notamment dans le domaine de l’hydraulique. Noria contemporaine, au Muséum d’histoire naturelle de Toulouse. 149 Persiennes entr’ouvertes. 133 cinéma 191 Idir. 210 Arabes et Français, aspects d’une fascination ambiguë Introduction de Salah Stétié 7 Des siècles de confrontations fertiles Histoire par Abdelmadjid Kaouah 27 Attraction de l’Orient Orientalisme par Abdelmadjid Kaouah 81 Les mots nomades voyagent dans la langue française Langage par Salah Guemriche 119 Floraison scientifique au cœur du monde arabo-musulman Sciences par Ahmed Djebbar 143 Vers la sublimation des formes Arts et art de vivre par Abdelmadjid Kaouah 165 Chronologie 191 189 765-768 : Relations diplomatiques entre Pépin le Bref et le calife alMansûr. 786-809 : Hârûn al-Rashid, calife. 793 : Raid sur Narbonne. 797-807 : Relations diplomatiques entre Charlemagne et le calife Hârûn al-Rashid. La Bandera, de Julien Duvivier (1935) : Jean Gabin, Robert Le Vigan et Annabella. Page de gauche : Pépé le Moko, J. Duvivier (1937). Décors de Jacques Krauss. DES RHAPSODIES BERBÈRES 188 De la djellaba aux Césars Longtemps Réduite à des « djellabas fantomatiques », la présence arabe sur l’écran sortira peu à peu de l’ombre grâce à quelques films courageux – de Michel Drach et Yves Boisset, notamment – avant de s’affirmer autour des années 1980 dans des seconds rôles marquants. Depuis les années 2000, on assiste à une véritable consécration d’acteurs et de cinéastes issus de l’immigration maghrébine. Palmes, Césars, récompenses de toute nature, marquent la reconnaissance de leur talent. Nuque. Table des matières ouvrages de technique, de science ou de philosophie. Ces œuvres avaient été produites, des siècles auparavant, dans les aires culturelles de la Méditerranée orientale et de l’Asie Centrale. On peut considérer aujourd’hui que les apports dans ces domaines (constitués à la fois de savoir-faire et de savoirs savants), sont essentiellement grecs, indiens, persans et mésopotamiens, avec quelques contributions provenant de Chine et d’Égypte qui font encore l’objet de discussions entre spécialistes. Il faut d’abord préciser qu’en dehors de quelques apports individuels, l’empire romain n’a pas eu une tradition scientifique au sens où on l’entend aujourd’hui. Quant aux empires persan et byzantin, leurs apports respectifs dans le démarrage des activités scientifiques en pays d’islam ont été modestes, au vu des sources et des informations qui nous sont parvenues. Les héritages identifiés par les bibliographes et les hommes de science eux-mêmes provenaient d’abord de l’Inde et de la Mésopotamie. Mais, c’est surtout la production grecque qui a nourri les premières activités scientifiques en arabe. En ce qui concerne la manière dont les premiers scientifiques ont pris connaissance des héritages anciens, il s’agit d’un phénomène d’appropriation qui a consisté à rechercher les sources du savoir, c’està-dire des manuscrits qui étaient conservés dans les bibliothèques privées ou publiques des territoires nouvellement conquis. La seconde Une légende, rapportée par André Chouraqui, dit que le mot « musique » viendrait non plus de « muse » mais de « Moïse » : en frappant le rocher de son bâton, comme le lui ordonnait la voix céleste, Moïse fit jaillir de l’eau, douze jets exactement. La voix, rendue en arabe, dit : « Ya Moussa esqui ! » (Ô Moïse, donne à boire !), ce qui, par contraction, donnera « Moussiqui », « Moussiquiya » : musique !… Ce n’est qu’une légende, mais pour le spécialiste de la Bible et du Coran, ce sont ces douze jets qui auraient inspiré les douze modes de la musique arabe. De là vient la nouba, suite interprétée « à tour de rôle ». Sans tambour ni trompette, mais jamais sans guitare, luth et autres timbales… 813-833 : Règne d’al-Ma’mûn, septième calife abbasside, qui mène une active politique culturelle. Essor des sciences et des lettres grâce au mécénat califal. Sous son règne, hégémonie de la théologie mu’tazilite et ensuite sous Mu’tasim (833-842). Elle s’appuie sur la logique et le rationalisme visant à combiner foi et raison. 832 : Fondation de Bayt – al-Hikma, la Maison de la sagesse à Baghdad, sous le patronage d’al-Ma’mûn, où fut dressée la première carte du monde. 838 : Début des raids sarrasins en Provence. 863-863 : Échanges diplomatiques entre l’émir de Cordoue et Charles le Chauve. 870 : Mort d’al-Kindî (né en 801) premier philosophe arabe. Vers 890 : Début de l’établissement sarrasin du Fraxinet. Vers 900 : Muhammad ibn Moussa al-Khawarizmi publie un Traité d’algèbre dont le titre est à l’origine même du mot algèbre. Al-Bàttani (Albaténius), astronome arabe, écrit le premier traité de trigonométrie moderne s’avérant beaucoup plus complet que l’Almageste de Ptolémée. 800 : Charlemagne est sacré empereur à Rome. 801: Prise de Barcelone par les Francs. Vers 820 : Début des raids normands. 842 : Serment de Strasbourg entre Charles le Chauve et Louis le Germanique, plus ancien témoignage écrit des langues française et allemande. 843 : Partage de l’Empire : Charles II le Chauve premier roi de Francie occidentale. 877 : Mort de Charles le Chauve. 881 : Séquence de sainte Eulalie, plus ancien poème conservé en langue d’oïl : début de la littérature française. 909 : Fondation de l’abbaye de Cluny. Le savoir scientifique commence à parvenir en Europe par Cordoue. 799 : En Afrique, création du royaume du Kanem à l’est du lac Tchad. Établissement entre le IXe et XIIe s. d’Arabes et de Persans en Afrique orientale et à Zanzibar. 800 : En Chine, apparition de la monnaie volante, billets à ordre. 868 : Impression sur papier du plus ancien livre bouddhique encore conservé. Il détermine de façon précise la longueur de l’année tropique et la précession des équinoxes. Al-Razi (Rhazès), médecin persan compose une encyclopédie médicale de vingt volumes, première description de la variole. 909 : Fondation du califat fatimide en Tunisie. 909-1171 : Règne des Fatimides, ismaïliens (un des courants chiites), sur l’Ifrîqiya puis l’Égypte, qui devient califat après la fondation du Caire (969). À leur apogée, ils contrôlent l’Ifrîqiya, la Sicile, l’Égypte, une partie de la péninsule arabique et une partie de la Syrie. Au Xe s., la bibliothèque de Cordoue dans l’Espagne musulmane, compte 600 000 manuscrits. C’est davantage que le nombre total de livres dans toute la France de l’époque. 922 : Martyre du poète mystique al-Hallâj, victime des intrigues de la cour abasside de Bagdad, exécuté après neuf années d’emprisonnement. 925 : Mort d’al-Râzi, philosophe et médecin. 929 : Abd al-Rahman III se proclame calife à Cordoue. 943 : Raids contre les côtes chrétiennes. 933 : Abû ‘Abd Allah al-Khwaazmi, auteur de la première encyclopédie, Mafâtih al-‘ulûm. 950 : Mort d’al-Farâbi, philosophe. 969 : Conquête de l’Égypte par les Fatimides. 980 : Naissance d’Avicenne, Ibn Sina, philosophe, médecin et physicien. Séjour d’érudits européens dans la bibliothèque de Cordoue. Gerbert d’Aurillac, futur pape connu sous le nom de Sylvestre II, fut envoyé en 940, à 17 ans, dans le Nord de l’Espagne, alors chrétienne. On ne sait s’il s’est rendu à Cordoue. 965-970 : Gerbert d’Aurillac, introduit en Occident l’usage des chiffres arabes. 987-996 : Règne d’Hugues Capet. 932 : Impression par le procédé de la xylographie des classiques de l’antiquité chinoise. 950 : En Méso-Amérique, la civilisation maya est progressivement suplantée par la civilisation des Toltèques. 211