La Lettre du Pneumologue • Vol. XIII - n° 1 - janvier-février 2010 | 23
100
80
60
Survie sans progression (%)
40
20
00 4 8
Géfitinib
Paclitaxel-
carboplatine
Mois
12
Hazard-ratio : 0,48 (IC95 : 0,36-0,64)
p < 0,001
16 20 24
Figure 1. Étude IPASS : survie sans
progression dans les groupes de
patients mutés traités par chimio-
thérapie ou géfitinib.
Résumé
Chez les patients porteurs d’une mutation de l’EGFR, les inhibiteurs de la tyrosine kinase ont démontré
leur efficacité dans des études de phase II. Deux études randomisées réalisées chez des patients porteurs
de mutations de l’EGFR ont mis en évidence la supériorité d’une première ligne de traitement par géfitinib
sur un doublet par chimiothérapie à base de sels de platine. Trois études randomisées de “maintenance”
ont été présentées, 1 avec le pemetrexed et les 2 autres avec l’erlotinib. Ces études, réalisées chez des
patients stables ou en réponse après 4 cycles de chimiothérapie à base de sels de platine, ont montré une
amélioration de la survie globale et de la survie sans progression (pemetrexed, SATURN). Plusieurs études
sont en cours pour évaluer de nouvelles thérapeutiques ciblées visant l’EGFR, c-Met, T790M, HER2 et une
nouvelle cible récemment mise en évidence, EML4-ALK.
Mots-clés
Cancers bronchiques
Épidémiologie
Dépistage
Chimiothérapie
Thérapeutiques
ciblées
Highlights
In EGFR mutated patients, TKI
have demonstrated impres-
sive response rates in phase
II studies.
Two studies have demonstrated
that in EGFR mutated patients
a first line treatment with géfi-
tinib was more effective (PFS
and overall survival) than a
doublet chemotherapy.
Three maintenance studies,
2 with erlotinib and 1 with
pemetrexed have improved an
improvement in survival. These
maintenance treatments were
given in patients in response or
stable after 4 cycles of platinum
doublet chemotherapy.
Studies are ongoing to evaluate
new targeted therapies directed
against EGFR, c-Met, T790M,
HER2 and a newly discovered
molecular target EML4-ALK.
Keywords
Lung cancer
Epidemiology
Screening
Chemotherapy
Targeted therapy
99 %, pour un coût et une rapidité sans commune
mesure (10).
D’autres possibilités de recherche de mutations sont
à l’étude sur le sérum ou les produits d’analyse cyto-
logique, mais elles sont le fait d’équipes expertes
et ne sont pas généralisables dans l’immédiat (11).
Il faut enfin garder en mémoire qu’il y a un certain
nombre de patients chez lesquels la recherche de
mutations est faussement négative, ce qui ne doit
pas les exclure de la prescription d’EGFR-TKI en
seconde ligne thérapeutique ou lors d’une ligne
thérapeutique ultérieure.
Des études de phase II (12, 13) ont montré l’excellent
taux de réponse des EGFR-TKI administrés chez les
patients présentant une mutation de l’EGFR.
L’essai IPASS (14) est une étude de phase III réalisée
chez des patients asiatiques, presque tous non
fumeurs, randomisé entre géfitinib et chimiothé-
rapie (carboplatine-paclitaxel) en première ligne.
Dans cette étude randomisée, le choix d’inclure les
patients sur la base d’une sélection clinique plutôt
que d’une sélection sur la mutation de l’EGFR a été
fait. Cela résulte en fait des difficultés logistiques
de réalisation de cette recherche de mutation au
moment de la conception de l’étude ; la sélection
clinique désigne donc des patients potentiellement
porteurs de la mutation. Les résultats montrent un
bénéfice de survie sans progression (SSP) en faveur
du géfitinib dans la population générale, et plus
particulièrement chez les patients présentant une
mutation EGFR (figure 1). Il existe en outre des
différences entre les diverses anomalies de l’EGFR,
et l’on observe une tendance non statistiquement
significative en faveur des délétions par rapport aux
mutations L858R sur la SSP (15). Le taux de réponse
au géfitinib est de 85 % pour les délétions (exon 19),
et de 61 % pour les mutations L858R. Par ailleurs,
chez les patients sans mutation, le géfitinib est moins
efficace que la chimiothérapie.
Les données de l’étude IPASS ont conduit à auto-
riser l’utilisation du géfitinib en première ligne de
traitement chez les malades mutés pour l’EGFR. En
revanche, chez les malades porteurs d’une tumeur
non mutée pour l’EGFR ou de statut inconnu, la
chimiothérapie reste le traitement standard.
Une étude de phase III multicentrique, réalisée au
Japon, apporte une confirmation des résultats de
l’essai IPASS. Cette étude s’est intéressée exclusi-
vement aux patients sélectionnés sur la présence
d’une mutation de l’EGFR (16). Dans cette étude, les
patients étaient randomisés en 2 groupes : chimio-
thérapie par carboplatine-paclitaxel ou traitement
par géfitinib. Le traitement était réalisé en première
ligne chez des patients atteints d’un CBNPC de
stade IIIB/IV. Au total, 198 patients ont été inclus,
parmi lesquels 64 % de femmes. Quatre-vingt-treize
pour cent des patients avaient un adénocarcinome
et 61 % n’avaient jamais fumé. Le taux de réponse
objective est de 53,7 % au sein de la population
totale de l’étude. Ce taux est de 29 % dans le bras
chimiothérapie et de 75 % dans le bras géfitinib.
On note, de plus, une différence statistiquement
significative au niveau de la SSP (critère principal
de l’étude). Celle-ci est de 5,5 mois dans le groupe