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INTRODUCTION
Dans le monde, 121 millions de personnes souffrent de dépression, 700 millions de problèmes liés à
l’alcool, 24 millions de schizophrénies et 37 millions de démence. Le nombre d’individus atteints de
troubles mentaux continuera à augmenter notamment en raison du vieillissement de la population,
de l’amélioration de l’espérance de vie des personnes atteintes de troubles psychiques, de
l’aggravation des problèmes sociaux et des troubles civils. En 2020, les troubles mentaux seront
vraisemblablement responsables de 15% du nombre d’années de vie perdues corrigées de l’incapacité
pour cause de maladie ou de blessure.1
En France, selon le rapport Laforcade publié en 2016, la santé mentale et la psychiatrie constituent un
enjeu de santé majeur. Classés au troisième rang des maladies après les cancers et les pathologies
cardiovasculaires, les troubles psychiques et les maladies mentales tiennent une place importante
dans la vie d’au moins un quart de la population française, compte tenu de leurs conséquences pour
les individus et leur entourage immédiat.2
Les politiques de santé mentale ont entraîné d’importants changements dans l’organisation des soins
ces dernières années avec la création des Agences Régionales de Santé et des territoires de santé en
2009 ou encore les lois du 5 juillet 2011 et du 27 septembre 2013 modifiant le régime des soins sans
consentement. Ces évolutions récentes modifient le paysage institutionnel, façonné par la période
asilaire puis par la mise en place de la sectorisation en psychiatrie du secteur et le mouvement de
désinstitutionalisation à partir des années 1960. Elles s’accompagnent d’autres tendances observées
en parallèle : plus grande implication des patients et de leurs familles dans les programmes de soins,
volonté des pouvoirs publics de normaliser leur action et d’évaluer les politiques mises en œuvre,
demande sociale hésitant entre la préservation de la liberté et l’exigence de sécurité.3 Mais malgré
ces évolutions, les plans successifs et les dispositifs novateurs déployés, cette préoccupation
récurrente des pouvoirs publics apparaît perfectible.
Le rapport souligne différents dysfonctionnements tels que l’hospitalocentrisme, les populations
oubliées, les difficultés d’accès à la première consultation, le cloisonnement entre les soins
somatiques et les soins psychiatriques…
1 Santé mentale et soins de santé primaire : une perspective globale.
Funk M., Benradia I., Roelandt J.L., et al. L’information psychiatrique, Vol.90. n°5. 2014, pp.331-339.
https://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=INPSY_9005_0331
2 Rapport relatif à la santé mentale.
Laforcade M., Ministère des affaires sociales et de la santé, 2016, 190p.
http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/dgos_rapport_laforcade_mission_sante_mentale_011016.pdf
3 Organisation des soins en psychiatrie.
Bénamouziq D., Ulrich V. Revue française des affaires sociales, n°2, 2016, 288p.
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/ouvrages/3303337402552-organisation-des-soins-en-
psychiatrie#book_sommaire