80 | La Lettre du Neurologue • Vol. XXI - n° 4 - avril 2017
ÉDITORIAL
”
Dans ce contexte, le médicament jouit d’un triste privilège : il fut, sur ces
6dernières années, la principale variable d’ajustement de l’équilibre des comptes
sociaux. Sur les 10milliards d’euros d’économies dans les dépenses de santé réalisées
sur ce quinquennat, la moitié a été fournie par le médicament, alors que celui-ci ne
représente que 15 % des dépenses de santé. Au point que l’industrie pharmaceutique,
l’une des branches industrielles les plus stratégiques de notre pays, est aujourd’hui
clairement affaiblie dans la compétition internationale.
Pourtant, les solutions existent. Les industriels du médicament ont formulé
despropositions pour garantir à nos concitoyens un accès universel et précoce
auxtraitements innovants, concilier maîtrise des dépenses de santé et attractivité
du territoire, simplifier l’environnement normatif ou encore accélérer
la transformation des métiers et la mutation de nos appareils de production.
Ces réflexions, nous les portons avec l’État dans le cadre du Conseil stratégique
des industries de santé (CSIS) et au sein de notre plateforme sectorielle “Santé, l’heure
des choix”, avec une ambition : faire de la France une terre d’excellence pour la santé.
Ces réflexions, nous les portons également, dans une démarche totalement inédite,
avec lesdifférents acteurs de la santé réunis au sein du Collectif santé2017. Au travers
des7engagements* qu’il a formulés à l’adresse des candidats à la présidence
de laRépublique, ce collectif pose les bases d’une nouvelle politique de santé au cœur
despolitiques publiques, capable de définir ses priorités, de fédérer ses acteurs publics
et privés, et de pérenniser sa soutenabilité par un plan de financement quinquennal.
Secteur stratégique par sa contribution à l’emploi, à la croissance et
àlasouveraineté sanitaire du pays, l’industrie pharmaceutique est aujourd’hui
àlacroisée des chemins. Confronté au défi de l’innovation et de son prix dans
uncontexte de compétition internationale accrue, notre secteur a besoin, pour
sedévelopper, d’un écosystème favorable. Cela passe par la nécessité de revoir
notresystème d’évaluation médicoéconomique, de transformer nos métiers
ou derestructurer notre outil industriel pour intégrer non seulement les innovations
technologiques et scientifiques mais également les nouveaux comportements
despatients, davantage connectés et acteurs de leur santé. Le champ des possibles
n’est pas pléthorique : soit nous subissons cette restructuration, soit nous
lachoisissons, nous l’anticipons et nous la pilotons.
Mais, quoi qu’il en soit, ces changements ne se feront pas en divisant les acteurs
entre eux, en opposant les intérêts des uns aux intérêts des autres, et surtout pas
enoubliant que tout cela n’a d’autre sens que l’intérêt de nos concitoyens.
Charge désormais au prochain président de la République de faire preuve
d’unecertaine audace politique pour porter, avec nous, les réformes nécessaires
pourfaire de la France, demain, le pays de la recherche, de l’innovation thérapeutique
et del’excellence médicale.
* Les 7 engagements du Collectif santé 2017 : mettre la santé au cœur de la campagne électorale, installer la santé au cœur de
la décision politique, reconnaître la place des acteurs de santé, mettre en place une politique fondée sur la santé publique, repenser
le financement du système de santé, impulser et accompagner la mutation du système, garantir l’accès aux soins et aux innovations.