Hypersensibilités et allergies chez l'enfant
DOSSIER DOCUMENTAIRE
Février 2016
Groupe de travail : document provisoire réalisé par le Dr LEQUEUX
Groupe de lecture : Animateurs « Groupe Qualité » Pays de la Loire
PROBLEMATIQUE :
L’allergie est une réaction immunologique excessive et anormale au contact d’une substance
étrangère (allergène) : c’est un facteur étiologique et/ou de comorbidité.
On distingue les allergies en fonction de leur expression (respiratoire, digestive, cutanée,
ophtalmique, systémique) et des allergènes (pneumallergènes, trophallergènes,
médicaments, contact).
Les prévalences de l’asthme et des allergies sont en augmentation, surtout chez les enfants
jeunes, et de façon indépendante. Pour la majorité des enfants, l’asthme a une composante
allergique (entre 40 % et 80 % selon l’âge). L’asthme et l’allergie sont de mécanismes
physiopathologiques différents ; l’allergie est un facteur de non-contrôle de l’asthme.
La prévalence de la rhinite allergique est estimée à environ 15 % chez les adolescents de 13
à 14 ans. De nombreux pneumallergènes peuvent être en cause de manière pérenne, pas
seulement aux « saisons » habituelles. Cette pathologie, qui affecte significativement la
qualité de vie, est un facteur de risque de développement de l’asthme.
La prévalence de l’allergie alimentaire en France est estimée entre 5 et 7 % chez l’enfant,
elle est préoccupante du fait :
de la progression de ces prévalences dans les pays industrialisés ;
du risque mortel d’un choc anaphylactique alimentaire, évalué en 2007 à 1,58 % en
France par le réseau d’allergovigilance.
de l’impact sur la qualité de vie de ces enfants et de leur familles est important, plus
que celui de maladies chroniques telles que le diabète insulinodépendant. Il en
résulte souvent des répercussions psychologiques et une exclusion sociale.
Seules les allergies respiratoires (rhinite et asthme) et alimentaires seront traitées dans ce
dossier. Les manifestations dermatologiques (dermatite atopique et urticaire) ayant été
abordées dans le dossier « Dermatoses courantes ».
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES :
1. « Prise en charge de la rhinite allergique », Revue française d'allergologie et
d'immunologie clinique, 2008, vol. 48, n° 5, pp. 399-408.
2. « Recommandations de la Société de pneumologie de langue française sur asthme et
allergie », Revue des Maladies Respiratoires, octobre 2007, vol. 24, n° 8.
3. Prévention secondaire et tertiaire de l’asthme allergique de l’enfant. Revue des
Maladies Respiratoires (2010) 27, 1221-1230
4. Recommandations pour le diagnostic et la prise en charge de la rhinite allergique.
Rev Mal Respir. 2010;27:79-105.
5. Suivi de l’enfant asthmatique: définition et outils de mesure. Rev Mal Respir
2008;25:695-704;
6. Place des EFR dans l’évaluation et la surveillance de l’asthme chez l’enfant de plus
de 3 ans. Rev Mal Respir 2003 ; 20 : 638-43 ;
7. Conférence d’experts SPLF 2007 « Asthme et allergie » ;
8. Asthme de l’enfant de moins de 36 mois : diagnostic, prise en charge et traitement en
dehors des épisodes aigus. Recommandations HAS-SP2A. Mars 2009 ;
9. E.Bidat. L’immunothérapie dans l’allergie aux protéines du lait de vache. Medecine et
Enfance.2013 ;77-80 ;
10. Conduite à tenir après le traitement d'urgence d'une suspicion d’anaphylaxie.
Recommandations HAS.2013 ;
11. A. Nemni, J. Just. Intérêt de l’éducation thérapeutique dans l’allergie alimentaire chez
l’enfant. Revue française d’allergologie 50 (2010) 226–23 ;
12. E .S Chan, C.Cummings. L’exposition alimentaire et la prévention des allergies chez
les nourrissons à haut risque. Société canadienne d’allergie et d’immunologie
clinique.2013 ;
13. A. Deschildre et col. Plan d’action en cas de réaction accidentelle dans l’allergie
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14. J. Wassenberg et col. Allergie alimentaire chez l’enfant : quelle prise en charge en
2011 ?
Rev Med Suisse 2011;7:1108-12 ;
15. J. de Blic. Observance thérapeutique chez l’enfant asthmatique. Recommandations
pour la pratique clinique. Rev Mal Respir 2007 ; 24 : 419-25 ;
16. J. de Blic et col. Quand et comment modifier la prise en charge de l’asthme de
l’enfant à partir de 4 ans. Rev Mal Respir ;26 :827-35
17. G. Dutau. Allergologie : le meilleur de 2010-2011. Médecine et enfance. avril 2012
18. Allergies médicamenteuses. Prise en charge des suspicions d’allergies aux
antibiotiques. Lettre d’actualités MedQual N°148 - Février 2015
Sites internet consultés
http://www.allergienet.com/liens/
https://www.allergobox.com/allergies-alimentaires
Association Française pour la Prévention des Allergies (AFPRAL) : http://www.afpral.fr
http://www.allergieaulaitdevache.fr/fr/prendre-soin-de-mon-bebe/allaitement
LES PRINCIPAUX MESSAGES
Le diagnostic de l’allergie
Il faut différencier la sensibilisation de la sensibilité. La sensibilisation correspond à la
fabrication par un individu d’IgE spécifiques d’un allergène, à la suite de contacts avec cet
allergène ; cette sensibilisation se traduit par la présence d’IgE tissulaires (tests cutanés
positifs) et plasmatiques (IgE spécifiques positives).
Après un nouveau contact avec l’allergène l’individu peut ne pas présenter de manifestations
cliniques, il existe une simple sensibilisation ; s’il existe des manifestations cliniques une
sensibilité à l’allergène s’exprime (allergie clinique).
La révélation d’un terrain atopique peut être d’origine alimentaire (trophallergènes) ou
respiratoire (pneumallergènes).
Prouver la responsabilité d’un allergène dans la symptomatologie repose avant tout sur la
clinique.
L’enquête allergologique est fondée sur l’interrogatoire (où, quand, comment surviennent
les symptômes ?) et de rechercher un lien entre une exposition à un allergène et la survenue
de symptômes.
Chez les nourrissons et les enfants allergiques, les décisions thérapeutiques doivent être
prises en se basant :
1 - sur les symptômes cliniques,
2 - la réalisation de tests cutanés (prick-tests)
3 - le dosage des IgE spécifiques (IgEs).
- Les tests cutanés (prick tests) doivent réalisés en première intention. Ils permettent
d’identifier les IgE spécifiques d’un allergène sur les mastocytes cutanés.
La positivité indique une sensibilisation à un allergène donné, mais n’est pas synonyme
d’allergie à cette substance. En effet plus de 25% ont des tests cutanés positifs sans aucun
signe clinique. Ils ont aussi des IgE spécifiques sériques, ce qui prouve que leur présence ne
suffit pas à rendre un sujet symptomatique.
Il est recommandé de répéter les prick-tests si l’asthme persiste au cours de l’enfance ou si
l’évolution clinique n’est pas favorable
Il est inutile de répéter les prick-tests dans l’évaluation de l’efficacité d’une immunothérapie
spécifique.
- Le dosage des IgE spécifiques (IgEs) ne doit pas remplacer les tests cutanés, donc pas
en 1
ère
intention ni en systématique.
Lorsque l’histoire clinique est parfaitement corrélée au résultat des tests cutanés (rhinite
printanière avec prick test positif aux pollens de graminés), il n’est pas utile de confirmer le
diagnostic par les IgEs.
La positivité des tests de détection des IgEs traduit la présence d’une sensibilisation, mais
pas l’existence d’une allergie clinique. Des valeurs élevées sont en général corrélées avec
un risque augmenté d’allergie clinique mais ne sont pas corrélés à la gravité de l’allergie.
Le dosage des IgE sériques spécifiques d’un pneumallergène n’est pas recommandé en
première intention.
Leur recherche est intéressante :
Lorsqu’il existe une discordance entre l’allergène cliniquement suspecté et les
résultats des tests cutanés ;
Pour rechercher une sensibilisation à un allergène rare, non disponible en prick test ;
Lorsque les tests cutanés sont irréalisables (dermatose diffuse) ou ininterprétables
(traitement antiH1 impossible à arrêter, dermographisme)
L’éosinophilie sanguine est observée dans les asthmes allergiques et non allergiques. Elle
ne représente donc pas un facteur discriminant d’allergie.
- Le dosage des IgE totales sériques n’a aucun intérêt. Un taux normal n’élimine pas
l’atopie.
Le dosage des IgE sériques totales n’est pas recommandé chez l’asthmatique, sauf dans
deux situations cliniques : avant mise en place d’un traitement par anti-IgE, et lorsqu’une
aspergillose bronchopulmonaire allergique est suspectée
- Les test multi-allergéniques permettent d’orienter vers une origine allergique des
symptômes avec des niveaux de sensibilité et de spécificité très variables en fonction des
tests, des allergènes et des techniques. La concordance avec les tests cutanés est variable.
Le Phadiatop® détecte les IgEs dirigées uniquement contre les pneumallergènes les plus
courants.
Si la réalisation de prick-tests n’est pas possible, il est recommandé de s’orienter vers un test
multiallergénique. En cas de positivité, l’enquête allergologique doit être poursuivie.
En cas de symptômes respiratoires peu évocateurs d’une allergie, si le Phadiatop® est
négatif, l’allergie est peu probable. Il permet une première approche diagnostique en
médecine générale.
La rhinite allergique chez l’enfant
Il faut savoir rechercher la cause allergique chez les enfants présentant des infections ORL
récidivantes. En faveur d’une allergie :
La notion de terrain atopique familial ;
L’existence d’autres signes d’atopie :eczéma, conjonctivite, asthme ;
La concordance avec le contact ou le lieu ;
La rhinorrhée claire sans fièvre ;
Les tics de reniflement ou de friction du nez ;
L’absence d’amélioration après adénoïdectomie ;
La persistance après l’âge de 4 ou 5 ans ;
Une participation bronchique mais d’interprétation difficile si elle est isolée, car
l’exposition précoce et répétées aux virus, en particulier au VRS est aussi une cause
fréquente de manifestations bronchiques sifflantes.
La rhinite est associée à l’asthme dans environ 80 % des cas. Plusieurs études montrent un
moins bon contrôle de l’asthme, plus d’exacerbations et d’hospitalisations, lorsque l’asthme
est associé à une rhinite allergique.
Le traitement spécifique de la rhinite peut avoir un effet bénéfique sur le contrôle d’un
asthme associé.
La tomodensitométrie des sinus a une bonne valeur prédictive négative pour le diagnostic
des sinusites (91 %) ou des polypes (97 %). Elle est de 24 % pour la rhinite.
L’imagerie des sinus (radiographie et TDM) en dépistage de la rhinite allergique est inutile.
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