Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. II - n° 2 - avril-mai-juin 2013
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Virus et cancers
dossier thématique
division de Merck
Merck Serono est une
ERBITUX® 5 mg/mL solution pour perfusion. FORMES ET PRESENTATIONS* : Flacons de 20 mL et de 100 mL de solution incolore, boîtes unitaires.
COMPOSITION*
: Cétuximab (DCI) 100 mg
ou 500 mg par flacon. Le cétuximab est un anticorps monoclonal chimérique IgG1 produit par la technique de l’ADN recombinant.
INDICATIONS :
•
Erbitux est indiqué dans le traitement
des patients présentant un cancer colorectal métastatique avec gène KRAS de type sauvage exprimant le récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR) : ‑ en association avec une
chimiothérapie à base d’irinotécan ; ‑ en association au FOLFOX, en 1ère ligne ; ‑ en monothérapie après échec d’un traitement à base d’oxaliplatine et d’irinotécan et en cas d’intolérance à
l’irinotécan. Pour plus de précisions, cf. Pharmacodynamie.
•
Erbitux est indiqué dans le traitement des patients présentant un carcinome épidermoïde de la tête et du cou : ‑ en association
avec la radiothérapie en cas de maladie localement avancée ; ‑ en association avec la chimiothérapie à base de sels de platine en cas de maladie récidivante et/ou métastatique. POSOLOGIE
ET MODE D’ADMINISTRATION* : Surveillance pendant et au moins 1 h après la fin de la perfusion. Disponibilité impérative de matériel de réanimation. Avant la 1ère perfusion, prémédication
par antihistaminique et corticostéroïde. Prémédication recommandée avant toutes les perfusions ultérieures. 1ère dose : 400 mg/m². Doses hebdomadaires ultérieures : 250 mg/m². • CCRm :
en association avec la chimiothérapie (médicaments administrés au moins 1 h après la fin de la perfusion) ou en monothérapie. Vérifier le statut sauvage du gène KRAS tumoral avant la
1ère perfusion. • Carcinome épidermoïde de la tête et du cou : ‑ localement avancé : débuter une semaine avant la radiothérapie ; ‑ récidivant et/ou métastatique : associer à une chimiothérapie
à base de sels de platine (administrée au moins 1 h après la fin de la perfusion), suivie d’un traitement d’entretien par cétuximab. Administration : voie IV, par pompe à perfusion, goutte‑
à‑goutte ou pompe à seringue. Durée de perfusion : 120 min (dose initiale), puis 60 min (doses ultérieures) ; vitesse max de perfusion : 10 mg/min. CONTRE-INDICATIONS : º Antécédents
connus de réactions d’hypersensibilité sévères (grade 3 ou 4) au cétuximab. º Association d’Erbitux avec une chimiothérapie à base d’oxaliplatine chez les patients atteints d’un cancer colorectal
métastatique (CCRm) avec gène KRAS muté ou pour lesquels le statut KRAS du CCRm est indéterminé (cf. aussi Mises en garde). º Avant d’instaurer un traitement en association, il doit être
tenu compte des contre‑indications des médicaments chimiothérapeutiques utilisés simultanément ou de la radiothérapie. MISES EN GARDE ET PRECAUTIONS D’EMPLOI* : º Réactions
liées à la perfusion : si légères ou modérées, réduire la vitesse de perfusion et maintien recommandé de cette vitesse de perfusion réduite pour toutes les perfusions ultérieures ; si sévères,
arrêter immédiatement et définitivement le traitement. º Affections respiratoires : interrompre le traitement si diagnostic de maladie interstitielle pulmonaire. º Réactions cutanées : très
fréquentes. Peuvent devenir intolérables ou sévères, notamment en cas d’association avec une chimiothérapie (surinfection des lésions) : interrompre le traitement jusqu’à régression au
grade 2. º Déséquilibres électrolytiques tels qu’hypomagnésémie, hypokaliémie, hypocalcémie (fréquence des hypocalcémies sévères accrue, particulièrement en cas de chimiothérapie à base
de sels de platine associée) : déterminer les concentrations sériques avant et pendant le traitement. º Risque d’apparition de neutropénie sévère accru, en cas de chimiothérapie à base de sels
de platine associée. Ces neutropénies peuvent entraîner des complications infectieuses, en particulier en cas de lésions cutanées, de mucite ou de diarrhée. º Troubles cardiovasculaires, plus
fréquents, sévères et parfois fatals (décès), observés lors du traitement du CBNPC associé à un âge ≥ 65 ans, du carcinome épidermoïde de la tête et du cou et du CCRm : prendre en compte
le statut cardiovasculaire et l’indice de performance du patient, ainsi que l’administration concomitante de composés cardiotoxiques. º Affections oculaires (kératite) : si diagnostic confirmé
par un ophtalmologue, reconsidérer la poursuite du traitement (bénéfice/risque). En cas de kératite ulcéreuse confirmée, suspendre ou arrêter le traitement. En cas d’antécédents de kératite,
de kératite ulcéreuse ou de sécheresse oculaire sévère chez le patient, utiliser le cétuximab avec précaution. º Patients atteints de CCRm et présentant des tumeurs avec mutation KRAS, ou
dont le statut KRAS n’est pas connu : le cétuximab ne doit pas être utilisé. º Populations particulières : cf. RCP. INTERACTIONS* : cf. RCP. GROSSESSE ET ALLAITEMENT* : Administration
d’Erbitux seulement si le bénéfice potentiel pour la mère justifie le risque potentiel pour le fœtus. Allaitement déconseillé jusqu’à 2 mois après la dernière administration. CONDUITE
ET UTILISATION DE MACHINES*. EFFETS INDESIRABLES* : Réactions cutanées, hypomagnésémie, mucite, élévation des enzymes hépatiques, maux de tête, conjonctivite, diarrhées,
nausées, vomissements, déshydratation (en particulier secondaire à diarrhée ou mucite), hypocalcémie, anorexie, fatigue, réactions liées à la perfusion (fièvre, frissons, vertiges, dyspnées…)
parfois sévères (bronchospasme, urticaire, élévation ou diminution de la pression artérielle, perte de conscience, état de choc). Cf. RCP pour les autres effets indésirables. SURDOSAGE*.
PHARMACODYNAMIE* : Anticorps monoclonal chimérique IgG1 spécifique de l’EGFR. PHARMACOCINETIQUE*. SECURITE PRECLINIQUE*. INCOMPATIBILITES* : Ne pas mélanger avec
d’autres médicaments. Utiliser une ligne de perfusion séparée. MODALITES DE CONSERVATION* : A conserver au réfrigérateur (entre 2°C et 8°C). Après ouverture : 48 h à 25°C. Utiliser
immédiatement après ouverture. MODALITES DE MANIPULATION*: cf. RCP. RENSEIGNEMENTS ADMINISTRATIFS : Titulaire AMM : Merck KGaA. LISTE I. Médicament réservé à l’usage
hospitalier. Prescription réservée aux médecins spécialistes ou compétents en oncologie ou en cancérologie. CIP N° 3400957075088 (1 fl 20 mL) ; CIP N° 3400957075200 (1 fl 100 mL). Inscrit
sur la liste des spécialités prises en charge en sus des GHS. Collect. Merck Serono : 37 rue Saint‑Romain F‑69379 Lyon cedex 08. Tél : 04 72 78 25 25. Information médicale/Pharmacovigilance :
Tél (N° vert) : 0 800 888 024. Site web : www.merckserono.fr. E‑mail :
*Pour une information complète, consulter le résumé des caractéristiques du produit (RCP) disponible
sur le site internet de l‘EMA ou auprès de Merck Serono. MLC 2013‑04‑03. 725 - Visa n° 12/06/66843357/PM/004
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L’auteur déclare ne pas
avoir de liens d’intérêts.
meilleur, mais pas la survie sans métastase. En analyse
multivariée, les facteurs de mauvais pronostic étaient
la négativité pour HPV, l’envahissement ganglionnaire
N2b-N3, des tumeurs T4 et la radiothérapie seule. Parmi
les patients HPV positifs, 2 groupes ont pu être consti-
tués : un groupe à faible risque métastatique (T1-3 N0-2c ;
contrôle à distance de 93 %) et un à risque élevé (T3-4N3 ;
contrôle à distance de 72 %). De façon intéressante, dans
le groupe à faible risque, le contrôle à distance n’est pas
influencé par la potentialisation de la radiothérapie chez
les patients N2b ayant peu fumé (moins de 10 paquets-
années) ni chez les patients NO-2a alors que, pour les
patients N2c, la radiothérapie seule donne de moins bons
résultats (contrôle à distance de 73 % contre 92 % pour la
radiochimiothérapie ; p = 0,02). Un essai de désescalade
pourrait donc être proposé chez les patients HPV positifs
porteurs d’une tumeur de l’oro pharynx T1-3 N0-2b. Il ne
faut toutefois pas oublier que le tabac reste un facteur de
mauvais pronostic, même chez les patients HPV positifs.
L’expression de l’EGFR permettrait également de sélec-
tionner les patients de bon pronostic : une étude a montré
que les patients dont les tumeurs expriment faiblement
l’EGFR mais fortement p16 avaient un meilleur pronostic.
Par ailleurs, un essai de phase III, RTOG 1016, qui compare
la radiothérapie associée au cétuximab à la chimio-radio-
thérapie dans les carcinomes oropharyngés induits par
l’HPV, est en cours. En fonction de ses résultats, il pourrait
permettre des perspectives de thérapies ciblées.
Vaccination contre l’HPV
Deux vaccins contre les HPV sont actuellement autorisés
pour la prévention des cancers du col de l’utérus : Gardasil®,
quadrivalent contre les HPV 6, 11, 16 et 18 ; Cervarix® contre
les HPV 16 et 18. La vaccination doit se faire avant le début
de l’activité sexuelle, car elle n’a aucune action curative. En
France, le vaccin est remboursé pour les filles. En Amérique
du Nord, il est également recommandé chez les garçons.
Le schéma vaccinal recommande 3 injections. Le vaccin
a montré un rôle préventif chez les garçons contre les
lésions anales liées à l’HPV, mais, à ce jour, aucune donnée
ne permet d’évaluer son efficacité contre les cancers ORL
et des études épidémiologiques de suivi sont nécessaires.
Cancers du cavum et EBV
Épidémiologie et clinique
L’infection par l’EBV étant ubiquitaire, d’autres facteurs,
d’origine alimentaire, interviennent pour expliquer une
répartition mondiale particulière : l’incidence est 20 à
30 fois plus élevée dans le Sud de la Chine et le Sud-Est
asiatique, en Afrique du Nord et chez les Inuits d’Alaska
que dans le reste du monde. Ce sont des cancers indif-
férenciés (appelés “UCNT” [Undifferentiated Carcinomas
of Nasopharyngeal Type]) avec un risque métastatique
élevé. Cliniquement, on observe souvent une obstruction
nasale, une otite séreuse ou des adénopathies cervicales.
Le diagnostic est fait par une biopsie sous endoscopie
et complété par une IRM qui permet de bien apprécier
l’extension à la base du crâne. La biologie de ces cancers
est détaillée par ailleurs dans ce numéro (p. 72-77).
Traitement
Le traitement de choix est la radiothérapie. Les techniques
conventionnelles permettent le contrôle de 75 à 90 % des
tumeurs T1/T2, de 50 à 75 % des T3/T4, de 90 % des adé-
nopathies N0/N1 et de 70 % des N2/ N3. Les structures de
voisinage sont très radiosensibles, et la radiothérapie par
modulation d’intensité (IMRT) est devenue la technique
de référence : elle permet 90 % de contrôle local, même
pour les T3/T4, tout en conservant la fonction salivaire.
Les premiers essais de chimiothérapie néo-adjuvante ou
adjuvante à base de platine n’ont pas montré d’améliora-
tion de la survie globale. En revanche, la radiochimiothé-
rapie a montré un bénéfice en termes de survie globale.
Une radiothérapie potentialisée par 3 cycles de cispla-
tine (100 mg/m2 toutes les 3 semaines) suivie de 3 cycles
adjuvants de cisplatine + 5FU fait passer la survie à 3 ans
de 46 % à 76 % (8). Dans une autre étude, la potentialisation
par 2 cycles de cisplatine + 5FU fait passer la survie à 5 ans
de 54 % à 72 % (9). Une méta-analyse a ensuite confirmé le
bénéfice de la radiochimiothérapie concomitante (10). Pour
diminuer la toxicité, le cisplatine a été administré 1 fois par
semaine à la dose de 40 mg/ m2 (11). La survie à 5 ans passe
de 58,6 % à 70,3 % sans ou avec cisplatine hebdomadaire.
Le bénéfice concerne surtout les tumeurs T3/T4.
Aujourd’hui, le traitement standard est une IMRT poten-
tialisée par du cisplatine hebdomadaire.
La chimiothérapie d’induction par cisplatine + docétaxel ne
compromet pas la réalisation d’une radiothérapie poten-
tialisée par du cisplatine hebdomadaire et fait passer la
survie globale à 3 ans de 67,7 % à 94,1 % (HR = 0,24 ; IC95 :
0,08-0,73 ; p = 0,012) [12]. Une étude française est en cours
avec l’association cisplatine- docétaxel-5FU en induction.
Conclusion
La découverte de l’implication de l’HPV dans les cancers
de l’oropharynx doit faire repenser la prise en charge, en
envisageant une prévention vaccinale et, du fait du meilleur
pronostic de ces cancers, une désescalade thérapeutique qui
permettra de diminuer les fortes séquelles des traitements
des cancers ORL tout en maintenant les résultats. ■
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Références