FICHE À DÉTACHER
fiche
technique
Sous la responsabilité de son auteur
n° 19
La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 336 - janvier-février-mars 2014 | 27
I. Mosnier*
Otospongiose et sport
Plongée
L’otospongiose opérée est, en France, une contre-indication
définitive à la pratique de la plongée en immersion, du fait
de l’importance des variations de pression pouvant provoquer
un enfoncement brutal du piston transplatinaire à l’origine
de lésions du labyrinthe membraneux
(1)
. L’otospongiose non
opérée reste sujet à controverse. Pour certains, il s’agit d’une
contre-indication du fait de la fragilité de l’oreille interne et
du risque du “coup de piston platinaire”, qui correspond à un
enfoncement brutal de la platine dans la fosse ovale lorsque
la pression augmente lors de la descente après une période
de résistance initiale liée à l’ankylose stapédovestibulaire.
D’autres autorisent la plongée après évaluation de la perméa-
bilité tubaire et de la “bonne compréhension des manœuvres
tubaires”. Les seuils audiométriques sont cependant à prendre
en compte. Si l’otospongiose non opérée s’accompagne d’une
surdité moyenne à sévère bilatérale, ou d’une surdité totale
unilatérale, un accident barotraumatique peut entraîner une
perte de l’audition résiduelle. En cas de surdité totale bilatérale,
la pratique de la plongée ne risque pas d’aggraver les choses, et
elle peut être autorisée à condition que les consignes données
par le moniteur soient bien comprises par le plongeur.
L’otospongiose non opérée ou opérée (après cicatrisation) ne
contre-indique pas les activités de surface.
Parachutisme
Le règlement médical de la Fédération française de parachu-
tisme ne parle pas spécifiquement de l’otospongiose, opérée ou
non. Il stipule que la voix chuchotée doit être entendue à une
distance d’au moins 2 mètres, et que
“les surdités unilatérales
ou bilatérales entraînent l’inaptitude”
sans spécification de
degré. Il est précisé qu’il ne doit exister
“aucune affection en
évolution aiguë ou chronique de l’oreille moyenne, aucune
obstruction permanente de la trompe d’Eustache et aucun
trouble permanent de la fonction vestibulaire”
.
* Département d’ORL, UF d’otologie, implants auditifs et chirurgie de la base du crâne,
hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Paris.
Aéronautique
Le rapport de la Société française d’ORL (SFORL) sur la patho-
logie pressionnelle en ORL
(2)
précise qu’il n’existe pas d’article
de consensus dans la littérature sur les recommandations après
chirurgie de l’oreille moyenne ou otospongiose, mais qu’il
“apparaît
licite de suspendre toute exposition à des variations pression-
nelles pendant 2mois minimum”
. La reprise des vols en tant que
passager est possible ensuite,
“chez un patient informé des précau-
tions à prendre pour prévenir la survenue d’un accident barotrau-
matique”
. Pour le pilotage non professionnel, une dérogation peut
être accordée par le Conseil médical de l’aéronautique civile, en
fonction de la perméabilité tubaire, de la fonction vestibulaire, de
la technique opératoire (une platinotomie calibrée est préférable),
du seuil auditif
(encadré)
et de l’oreille controlatérale. L’otospon-
giose non opérée n’est pas une contre-indication au pilotage, si
les seuils auditifs restent compatibles avec la sécurité.
Encadré. Audiométrie au casque pour chaque oreille (arrêté du 19 mai 2008).
➤Examen d’admission :
•seuil ≤ 30dB sur les fréquences 0,5, 1 et 2 kHz ;
•seuil ≤ 50dB sur les fréquences 3 et 4 kHz.
➤Examens révisionnels :
•maximum d’intelligibilité de 100 % à 50dB (listes de Fournier) ;
•déficit au seuil à 50 % n’excédant pas 40dB.
Autres activités sportives
Il n’existe pas de consensus sur la date de reprise des activités
sportives après une chirurgie de l’otospongiose, mais il est
habituel de recommander le repos pendant au moins 3 semaines
après une platinotomie calibrée. ■
1. Fédération française d’études et de sports sous-marins. Manuel du médecin
fédéral. Marseille : FFESSM, 2013.
2. Kossowski M, Le Page P, Raynal M. Barotraumatisme otologiques. In Kossowski
M, Le Page P, Raynal M. Pathologie pressionnelle en ORL. Rapport de la SFORL
2007:187-207.
Références bibliographiques
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.