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Complément de connaissances
LA PREMIERE GUERRE MONDIALE, UNE GUERRE TOTALE
Le conflit qui éclate en août 1914 résulte d’une longue série de rivalités politiques,
économiques apparues au cours du XIXe siècle. L’impérialisme colonial et les poussées
nationalistes créent des tensions, au sein de l’Europe. La défaite de 1870 a laissé la France
meurtrie, amputée de l’Alsace-Lorraine. Un esprit de Revanche se répand. La situation
politique de l’Europe fait dire, en 1908, à Clémenceau, en parlant de la guerre : « Je la
regarde comme inévitable ».
Une guerre totale par le nombre de pays concernés
La croissance économique de l’Europe occidentale est importante à partir de 1890. Des
heurts éclatent entre puissances, pour la recherche de débouchés et de contrôle des matières
premières dans le monde. L’Allemagne ne disposant pas d’un vaste empire colonial est à la
recherche de territoire et se montre prête à profiter d’un moment de tension pour s’agrandir.
Par ailleurs, les nations d’Europe centrale et des Balkans, toujours soumises à la domination
autrichienne ou turque, cherchent à prendre leur indépendance. Or, en 1908, l’Autriche-
Hongrie annexe la Bosnie-Herzégovine, pour éviter un rattachement à la Serbie. La Russie
soutient son allié serbe tandis que l’Allemagne se range derrière l’Autriche-Hongrie. En mars
1912, la Serbie, la Bulgarie, la Grèce et le Monténégro constituent une ligue balkanique sous
le patronage de la Russie. Son objectif est la reconquête des derniers territoires européens
(Macédoine, Thrace) demeurés sous le joug de l’empire ottoman. Entre 1912 et 1913, les
guerres balkaniques ont permis à la Serbie, à la Roumanie et à la Grèce, soutenues par la
Russie, de retrouver presque tous leurs nationaux. La Serbie veut « libérer » tous les Slaves
du Sud dominés par l’Empire austro-hongrois et constituer une « Yougoslavie ». L’Autriche,
inquiète de l’agitation des Slaves du Sud et sentant son Empire menacé, décide de réagir
fermement contre les Serbes, à la première occasion.
Depuis 1870, l’Allemagne cherche à isoler la France pour empêcher toute tentative de
récupération de l’Alsace-Lorraine. Un jeu diplomatique se met en place pour tisser des
alliances politiques qui aboutissent à la constitution de d’une puissante coalition, la Triple
Alliance (la Triplice) entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et Italie. En 1902, la France parvient
à détacher l’Italie de ses alliés allemands et austro-hongrois. Par un accord secret, l’Italie, tout
en demeurant membre de la Triplice, s’engage à rester neutre, en cas de guerre entre la
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France et l’Allemagne, si cette dernière est l’agresseur. En 1907, un rapprochement entre la
France, la Russie et la Grande-Bretagne conduit à la Triple Entente. Par ces réseaux
d’alliances amenant chaque membre à s’impliquer toujours davantage dans les affaires
extérieures de ses partenaires, la situation politique de l’Europe est tendue. Tous les pays se
lancent dans une course aux armements. Le 28 juin 1914, l’archiduc héritier d’Autriche-
Hongrie, François-Ferdinand, est assassiné, à Sarajevo, par un étudiant bosniaque. Le
gouvernement de Vienne accuse la Serbie d’avoir préparé l’attentat et lance un ultimatum aux
Serbes qui reçoivent le soutien des Russes. Le mécanisme de la guerre est en marche,
l’engrenage des alliances diplomatiques se met en route. Le conflit local se transforme en une
guerre entre les principaux Etats européens qui mobilisent aussitôt leurs troupes.
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Document 1 : « Alerte, les chiens aboient ! » : Carte satirique de l’Europe en 1914
(Manuel de Première Magnard lycées)
Commentaire :
L’affiche est anglaise et montre la puissance, navale notamment, du Royaume-Uni face aux
ennemis allemands et austro-hongrois. Les belligérants sont représentés par des chiens et
des personnages. La carte présente aussi la force des Alliés (rouleau compresseur russe,
alliance franco-anglaise).
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Une guerre totale sur tous les fronts
Le 2 août 1914, les troupes allemandes pénètrent en Belgique, provoquant l’exode des
civils et donnant le signal du début des opérations. Ce même 2 août, la France décrète la
mobilisation. Dans chaque pays, le réflexe patriotique mobilise les forces politiques et les
opinions publiques. Le président Poincaré déclare : « L’Union sacrée que j’ai appelée de mes
vœux dans mon message au Parlement s’est réalisée dans le pays comme par
enchantement. La déclaration de guerre de l’Allemagne a suscité dans la nation un
magnifique élan de patriotisme ». Dès les premiers jours de guerre, le plan Schlieffen, donne
l’avantage aux Allemands. Les Français et les Britanniques doivent se replier sur la Marne,
les Allemands, début septembre 1914, menacent Paris. Joffre, chef d’état-major de l’armée
française, engage le 6 septembre une contre-offensive. La bataille de la Marne contraint les
Allemands à reculer. Dans les semaines suivantes, les deux armées tentent de se déborder et
s’engagent dans une véritable « course à la mer ». A la fin de l’année, le front se stabilise et
les deux armées s’enterrent, l’une en face de l’autre. La guerre des tranchées commence. Sur
le front de l’Est, la petite Serbie mène une guerre impitoyable à son grand voisin, l’Autriche-
Hongrie, qui doit aussi faire face à la Russie. Mais en octobre 1915, les Serbes sont attaqués
par les troupes austro-hongroises et allemandes. Les Français essaient, sans succès, de
porter secours à l’armée serbe qui est soumise à la défaite.
L’espoir d’une guerre courte et rapide disparait, les états-majors cherchent désormais à
affaiblir l’ennemi. La guerre devient défensive et s’organise autour des tranchées, les soldats
vivent dans des conditions difficiles. Cette guerre de position nécessite l’adaptation des
armements. Les pilonnages d’artillerie se multiplient pour tenter de percer les lignes adverses.
Chars et avions équipent les armées mais l’arme la plus redoutée est le gaz asphyxiant.
Jamais auparavant, on n’avait produit autant d’armes nouvelles, fabriquées massivement et
industriellement. Dans chaque camp, de nouveaux alliés entrent en guerre : l’Empire ottoman,
la Bulgarie aux côtés des Empires centraux, l’Italie, le Portugal aux côtés des Alliés. Les
combats s’accentuent sur terre comme sur mer. Faute de pouvoir percer le front, les états-
majors tentent alors de « saigner » l’armée adverse par une grande offensive localisée. Ainsi,
en 1916, la bataille de Verdun, déclenchée par les Allemands, provoque la mort de 500 000
soldats au total. Jamais encore dans l’histoire, une bataille n’avait couté autant de vies
humaines. Sur tous les fronts, les difficultés militaires se font sentir pour les Alliés : faites
russes, échec sanglant de l’offensive française lancée par le général Nivelle au Chemin des
Dames, désastre italien à Caporetto. La lassitude d’une guerre qui dure provoque des
mouvements d’indiscipline au front et des grèves à l’arrière.
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() Le 9 juin 1915, journée calme. Saint-Crépin est à peu près à 7 kilomètres des lignes. Le
soir, nous partons à 7 heures pour nous rapprocher des tranchées. Nous bivouaquons trois
jours sous nos toiles de tente, dans la forêt de Laigue. Le 14, nous partons de Breuil, à 3
heures du matin. Reste de la journée calme. Mais dans l’après-midi, l’on nous distribue trois
jours de vivre de réserves (cela sent mauvais). Le 15 à 11 heures du soir, nous partons. Nous
restons en deuxième ligne toute la journée, dans les boyaux mais l’on nous donne comme
mission de se porter en première ligne. Alors là, ce n’était que des morts, certains étaient
enterrés jusqu’à la ceinture. Enfin, on arrive dans les tranchées de première ligne allemande
que nous avions prises. Quel spectacle ! Les obus, les torpilles, les grenades nous tombaient
dessus. Dans ce gourbi, l’on est couché sur les morts. Je ne sais pas comment nous en
sommes sortis. ()
Document 2 : Extrait du carnet de route de Léon Muller, brancardier français
(R. ROFFIN, La Guerre au jour le jour. Un carnet de soldat)
Commentaire :
Ce témoignage présente les conditions de vie effroyables des Poilus, soumis aux violences
physiques et psychologiques. Pourtant, compte tenu de l’ampleur et de la durée de la guerre,
les soldats parviennent à opposer une résistance opiniâtre.
Une guerre totale par la mobilisation de l’arrière
La poursuite des hostilités oblige les belligérants à instaurer une mobilisation entière de
l’économie et des esprits. Les Etats interviennent massivement dans l’économie, pour
ravitailler le front en armements et munitions. L’arrière est mobilisé, notamment pour suppléer
les hommes partis combattre. Tant dans les usines d’armement que dans les autres secteurs,
on fait appel à la main-d’œuvre féminine, aux personnes âgées, aux jeunes. La France
emploie aussi près de deux cent mille étrangers européens : Polonais, Espagnols, Grecs,
Portugais et Italiens. On fait venir des travailleurs coloniaux, Kabyles et Annamites. Deuxième
puissance coloniale du monde, la France mobilise toutes les ressources de son empire pour
soutenir son effort de guerre. C’est ainsi que cinq cents mille coloniaux participent au conflit.
Les Etats doivent aussi financer l’effort de guerre en trouvant de nouvelles ressources :
augmentation des impôts, augmentation de la masse de billets en circulation, émission
d’emprunts de défense nationale.
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