CRPE - Histoire
Laurent Lacorne — Afadec — Droits de reproduction réservés 4
Une guerre totale sur tous les fronts
Le 2 août 1914, les troupes allemandes pénètrent en Belgique, provoquant l’exode des
civils et donnant le signal du début des opérations. Ce même 2 août, la France décrète la
mobilisation. Dans chaque pays, le réflexe patriotique mobilise les forces politiques et les
opinions publiques. Le président Poincaré déclare : « L’Union sacrée que j’ai appelée de mes
vœux dans mon message au Parlement s’est réalisée dans le pays comme par
enchantement. La déclaration de guerre de l’Allemagne a suscité dans la nation un
magnifique élan de patriotisme ». Dès les premiers jours de guerre, le plan Schlieffen, donne
l’avantage aux Allemands. Les Français et les Britanniques doivent se replier sur la Marne,
les Allemands, début septembre 1914, menacent Paris. Joffre, chef d’état-major de l’armée
française, engage le 6 septembre une contre-offensive. La bataille de la Marne contraint les
Allemands à reculer. Dans les semaines suivantes, les deux armées tentent de se déborder et
s’engagent dans une véritable « course à la mer ». A la fin de l’année, le front se stabilise et
les deux armées s’enterrent, l’une en face de l’autre. La guerre des tranchées commence. Sur
le front de l’Est, la petite Serbie mène une guerre impitoyable à son grand voisin, l’Autriche-
Hongrie, qui doit aussi faire face à la Russie. Mais en octobre 1915, les Serbes sont attaqués
par les troupes austro-hongroises et allemandes. Les Français essaient, sans succès, de
porter secours à l’armée serbe qui est soumise à la défaite.
L’espoir d’une guerre courte et rapide disparait, les états-majors cherchent désormais à
affaiblir l’ennemi. La guerre devient défensive et s’organise autour des tranchées, les soldats
vivent dans des conditions difficiles. Cette guerre de position nécessite l’adaptation des
armements. Les pilonnages d’artillerie se multiplient pour tenter de percer les lignes adverses.
Chars et avions équipent les armées mais l’arme la plus redoutée est le gaz asphyxiant.
Jamais auparavant, on n’avait produit autant d’armes nouvelles, fabriquées massivement et
industriellement. Dans chaque camp, de nouveaux alliés entrent en guerre : l’Empire ottoman,
la Bulgarie aux côtés des Empires centraux, l’Italie, le Portugal aux côtés des Alliés. Les
combats s’accentuent sur terre comme sur mer. Faute de pouvoir percer le front, les états-
majors tentent alors de « saigner » l’armée adverse par une grande offensive localisée. Ainsi,
en 1916, la bataille de Verdun, déclenchée par les Allemands, provoque la mort de 500 000
soldats au total. Jamais encore dans l’histoire, une bataille n’avait couté autant de vies
humaines. Sur tous les fronts, les difficultés militaires se font sentir pour les Alliés : défaites
russes, échec sanglant de l’offensive française lancée par le général Nivelle au Chemin des
Dames, désastre italien à Caporetto. La lassitude d’une guerre qui dure provoque des
mouvements d’indiscipline au front et des grèves à l’arrière.