DES POUSSES ET DES BOURGEONS
L’article qui suit est la traduction en français de l’article de :
W.Kawollek
paru, en allemand, dans la revue :
Journal Bonsai n°2,60-63, (1986)
Revue qui n’existe plus.
Dans un but pédagogique, le photos ont été remplacées par des dessins légendés.Le dessin original
qui a été conservé (Fig 1) est de :
Heike Rüger.
Dans le numéro 6 du Journal Bonsai de 1985, j’ai cherché à vous montrer d’un peu plus près le
système de croissance des arbres. Dans cette suite, j’aimerais m’occuper des pousses, des types de
bourgeons et des différents emplacements de bourgeons.
Maint amateur de bonsai a déjà constaté que les pousses se développaient avec une intensité
inégale. Si on considère de plus près le système de croissance des plantes ligneuses, on constate
qu’il est constitué par de nombreux types de pousses longues et courtes.
Les pousses longues sont les éléments constitutifs de la couronne desquels résultent les branches et
les rameaux qui, plus tard, constituent la charpente de l’arbre en question.Elles proviennent par
conséquent, pour la plupart, des bourgeons de la région sommitale des pousses, souvent aussi de
branches et de troncs plus vieux après un rabatage sévère, ce qui précisément est important pour la
mise en forme des bonsai.
On reconnaît facilement les longues pousses aux bourgeons situés loin les uns des autres : les entre-
nœuds ou espaces entre les nœuds sont très étendus.
Les pousses à croissance longitudinale limitée (courts entre-nœuds) sur lesquelles les feuilles et les
bourgeons sont placés les uns à côté des autres en bouquets serrés sont appelées les pousses courtes.
Elles naissent des bourgeons latéraux des pousses longues et sont pour la plupart épaisses,
noueuses, souvent en tire-bouchon et ne se ramifient pas en règle générale.
Les lieux d’apparition des premières feuilles (nœuds) sur les pousses courtes – reconnaissables à
une annelure - permettent , chez certains types d’arbres, la détermination de l’âge du rameau,
comme par exemple chez le Hêtre (Fagus sylvatica).
Les pousses courtes ne se ramifient pas ou seulement un peu et, par conséquent, ne contribuent que
faiblement à la construction de la couronne. Après une blessure de la pousse longue adjointe, par
exemple par la taille, une pousse courte peut croître comme une pousse longue. Pour certains types
d’arbres, les pousses courtes ont seulement une possibilité de croissance limitée dans le temps. De
très nombreux feuillus, mais aussi quelques arbres à aiguilles comme le Mélèze (Larix) et le Pin
(Pinus) produisent des pousses courtes.
On trouve des pousses extrèmement courtes, entre autres, chez le Cèdre (Cedrus) et le Ginkgo
(Ginkgo). Chez ces derniers, l’accroissement annuel s’élève à une fraction de millimètre,mais
suffisamment pour former de nouveaux bourgeons à feuilles et à fleurs.
Chez beaucoup d’arbres à fleurs, et dans une certaine mesure chez le Cerisier, la formation des
fleurs est limitée aux pousses courtes. (Chez le Pin, chaque paquet d’aiguilles est en réalité une
pousse courte). Chez le Mélèze elles se trouvent seulement sur les pousses longues ramifiées avec
une disposition des aiguilles en spirale, cependant qu’à la base des pousses longues plus âgées et
sans feuilles se trouvent des pousses courtes génératrices seulement de bouquets d’aiguilles assez
courtes.(Voir figures 1 et 2).
Ce que nous considérons fréquemment comme seulement des bouquets d’aiguilles, ce sont, en fait,
des pousses courtes qui sont dans la situation d’achever leur croissance sous forme de nouvelles
pousses terminales après un dommage causé au bourgeon terminal.
On trouve une forme particulière de pousse courte, entre autres, chez l’Aubépine (Crataegus) et
l’Arbousier (Hippophae).Ici les pousses courtes sont transformées en épines.
Figure 1
1. Le système de pousses du Mélèze est constitué de pousses longues et de pousses courtes.
2. Chez le Cerisier les bourgeons à fleurs sont en partie disposés uniquement sur les pousses
courtes.(Par ex chez Prunus mume).
3. On trouve chez Ginkgo biloba des pousses courtes très fortement ramassées.
Figure 2 : Pousse longue et pousses courtes du Ginko biloba
a :pousse longue
b :pousse courte d’un an.
c :pousse courte de cinq ans.
DES BOURGEONS ET DES TYPES DE BOURGEONS.
Chez les plantes ligneuses (arbres et arbustes) des régions tempérées de la planète, l’allongement du
tronc et la formation des branches, rameaux, fleurs et feuilles se produisent à partir des bourgeons.
On désigne sous le nom de bourgeon l’état juvénile d’une pousse. A l’intérieur, les parties
essentielles de la pousse sont déjà disposées mais pas encore complètement développées. Selon leur
position sur la tige et selon leur fonction on distingue différents types de bourgeons.
BOURGEON TERMINAL OU SOMMITAL
Le bourgeon sommital (le bourgeon terminal à l’extrémité de la pousse) sert à l’allongement des
axes et, par là , à la construction de la charpente , des branches ou de la couronne. Je voudrais ici
entrer seulement dans les différentes possibilités de développement du bourgeon terminal en une
pousse.
La plupart des types de plantes élaborent des bourgeons relativement grands dans lesquels la pousse
nouvelle est à peu près complètement façonnée.C’est le cas, par exemple, chez le Pin (Pinus). Chez
celui-ci la pousse de l’année entière se développe à partir du bourgeon terminal par extension des
cellules dans un temps relativement court. Pendant l’extension se forment déjà de nouveaux
bourgeons terminaux qui contiennent déjà la pousse de l’année suivante.Comme cette édification du
bourgeon demande un temps considérable, la croissance de la pousse, en règle générale, est déjà
terminée au début de Juin.Le temps de végétation qui reste sert à élaborer les bourgeons
volumineux pour l’année suivante.
Nous pouvons observer une forme modifiée de la production de bourgeons chez le Chêne
(Quercus), l’Erable (Acer) et le Hêtre (Fagus).Chez ces plantes, en pleine nature, à partir du grand
bourgeon terminal, se développe dans l’espace d’une semaine une pousse de 20 à 30 cm de
long.Quelques semaines plus tard cette « croissance par extension »
s’arrête déjà, ou bien il naît à la fin Juin une deuxième pousse, appelée « Pousse de la Saint-
Jean » qui se termine bientôt, à nouveau, par un grand bourgeon.
Un autre groupe de ligneux produit des bourgeons terminaux relativement petits. La nouvelle
pousse se développe par étirement des cellules. Dans le cas normal, le développement s’achève
assez rapidement (la longueur finale de la pousse est atteinte aux environs de la fin Juin) et il naît à
l’extrémité de la pousse un nouveau méristème qui pousuit la croissance.
Ces deux périodes sont bien observées chez le Mélèze (Larix) où la deuxième croissance donne des
aiguilles plus grandes et plus écartées et où la pousse elle-même présente une légère
courbure.Puisque seulement un petit bourgeon terminal est à élaborer pour l’année suivante, la
pousse peut continuer à se développer pendant tout le temps de végétation et, effectivement, les
Mélèzes poussent jusque tard en Octobre, plus longtemps d’ailleurs que beaucoup d’autres arbres.
Qu’un arbre de ce groupe vienne à souffrir d’une maladie ou de manque d’eau, il développe alors
seulement la pousse préalablement contenue dans le bourgeon ; il ne donne pas de 2° pousse dans la
même année.
BOURGEONS LATERAUX OU BOURGEONS AXILLAIRES
Les bourgeons latéraux se trouvent aux aisselles des feuilles.Leur taille est inégale ; ils peuvent être
microscopiquement petits, à peine visibles ou bien visibles.Chez les ligneux à système de
croissance sympodial, le bourgeon latéral le plus haut sur la pousse est en même temps le bourgeon
terminal. Les bourgeons latéraux se transforment aussi en bourgeons terminaux quand on taille une
pousse porteuse de bourgeon terminal ; dans ces conditions le bourgeon latéral le plus haut prend la
place du bourgeon terminal.
BOURGEONS SECONDAIRES
Les bourgeons secondaires sont situés à la base d’un bourgeon terminal ou d’un bourgeon latéral. Ils
éclatent par conséquent en tant que bourgeons d’accompagnement du véritable bourgeon principal
quand ce dernier a été endommagé par la maladie, les parasites ou les conditions atmosphériques
défavorables ou encore quand il a subi des lésions d’une autre façon.
BOURGEONS DORMANTS ( YEUX )
Les bourgeons dormants sont, pendant la croissance normale, disposés en bourgeons de réserve qui
peuvent s’épanouir après une apparente absence de vie souvent pendant des années.Ils sont
recouverts pendant la jeunesse de l’écorce mais se meuvent continuellement vers l’extérieur, de
telle sorte qu’ils se placent finalement juste en dessous de la surface. Ils restent, pendant un temps
plus ou moins long, susceptibles de développement et souvent quittent leur sommeil pour la
première fois après plusieurs années voire dizaines d’années.
Ils représentent, en quelque sorte, une assurance contre les accidents au cas où des branches isolées
ou des rameaux viendraient à mourir prématurément.Si on rabat sévèrement les branches ou les
rameaux les plus vieux, alors ces bourgeons dormants s’épanouissent.
Chez le Chêne (Quercus), le Hêtre (Fagus) et d’autres espèces les bourgeons dormants peuvent
atteindre 100 ans.C’est bien souvent que des pousses issues de tels bourgeons percent de vieux
troncs ou souches après blessure.
Les bourgeons dormants sont d’une grande importance pour la mise en forme des bonsai, parce
qu’il n’est pas rare que chez des bonsai qui ont atteint leur taille finale, il faille tailler court dans le
vieux bois.
Chez les arbres à aiguilles, les bourgeons dormants sont rares. C’est la raison pour laquelle la
plupart des espèces de ce groupe de plantes ne peuvent construire de nouvelle couronne quand cette
dernière meure ou est étêtée et qu’une fois qu’un tronc ou des branches sont devenus chauves, ils ne
reverdissent pas.
BOURGEONS A FLEURS
Comme leur nom l’indique, c’est à partir d’eux que jaillissent les fleurs. Les bourgeons à fleurs se
trouvent par priorité sur les pousses courtes mais peuvent être aussi des bourgeons terminaux ou
latéraux.Ils se distinguent des bourgeons à feuilles ou à bois par le fait qu’ils sont, en règle générale,
plus épais et de forme ronde.
Le bourgeon intermédiaire (indifférencié. N.D.T.) représente un type intermédiaire : il est plus fort
que le bourgeon à bois mais pas aussi gros que le bourgeon à fleurs. Selon les conditions de
nutrition, il se développe comme un bourgeon à feuilles ou à fleurs.
EMPLACEMENT DES BOURGEONS
Les bourgeons à partir desquels les pousses se développent ou peuvent se développer, chez les
ligneux, se trouvent isolés par deux ou plus au niveau des nœuds.En gros, de même que le nombre
de bourgeons aux nœuds, la répartition des bourgeons sur l’axe de pousse est typique de l’espèce.
Si un seul bourgeon se trouve au nœud et si les bourgeons sont ordonnés sur une ligne hélicoïdale,
on parle alors de bourgeons alternés.Sur les branches verticales du Peuplier les bourgeons isolés sur
des nœuds successifs sont déplacés l’un par rapport à l’autre d’un angle de 144° .On décrit aussi
cette disposition comme un arrangement spiralé des bourgeons (ou aussi disposition alternée
quinconciale.N.D.T.)
(Voir figure 3).
Figure 3 : Feuilles alternées quinconciales
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