Norovirus - Swiss Medical Forum

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Norovirus
Peter Graber
Infektiologie und Spitalhygiene, Kantonsspital Liestal, Liestal
Quintessence
P L’infection à norovirus est la cause la plus fréquente de gastroentérite
aiguë.
P Les norovirus provoquent régulièrement des épidémies dans les hôpitaux et homes, surtout à la saison froide.
P Les norovirus sont éliminés par les selles et vomissements et sont très
contagieux. Quelque 100 particules virales peuvent déjà provoquer une
contamination. Un gramme de selles peut contenir env. 100 millions de
ces particules.
P Les cas suspects doivent absolument être isolés.
P Les mesures d’hygiène hospitalière comportent une bonne hygiène
des mains avec désinfectants actifs contre les virus et une prévention des
contacts avec gants, blouses et masques faciaux avant d’entrer dans la
chambre du patient.
P La maladie est autolimitée. Le traitement est symptomatique. Des évolutions plus longues et complications sont possibles chez les personnes
très âgées et les patients porteurs de graves maladies, surtout par pertes
hydroélectrolytiques.
Introduction
Peter Graber
L’auteur certifie
qu’aucun conflit
d’intérêt n’est
lié à cet article.
Depuis quelques années, les norovirus font les grands
titres à chaque période hivernale. Ces virus très contagieux provoquent régulièrement des épidémies de gastro-entérite aiguë dans de nombreux pays. Hôpitaux,
homes, écoles et autres institutions dans lesquelles les
gens vivent à l’étroit sont particulièrement touchés. Il
n’est pas rare que des services hospitaliers doivent être
fermés avec interdiction de visite et blocage des admissions. A l’extrême, suite à la maladie du personnel, cela
peut en arriver à une situation d’urgence dans les soins.
Les croisières en bateau sont régulièrement touchées
par des épidémies à norovirus [1]. Si un seul cas se déclare, une bonne partie des passagers et de l’équipage
en feront les frais peu après. Les bateaux sont mis en
quarantaine, les patients évacués et des mesures énergiques de nettoyage et de désinfection sont prises. De
telles épidémies attirent toujours une grande attention
des médias.
Historique
Le tableau clinique de l’infection à norovirus, caractérisé par les symptômes cardinaux diarrhée aiguë, nauVous trouverez les questions à choix multiple concernant cet article
à la page 56 ou sur Internet sous www.smf-cme.ch.
sée et vomissement, a été décrit en détail en 1945 déjà
[2]. Appelée grippe intestinale ou «winter vomiting disease» par les Anglo-Saxons, l’étiologie de cette maladie
n’a pas pu être définie plus précisément pendant des
décennies. En 1968, dans une école de Norwalk, Ohio,
s’est déclarée une épidémie de gastroentérite. Le pathogène suspecté a été appelé «Norwalk agent» [3].
C’est en 1972 que Kapikian a découvert une particule
virale de 27 nm au microscope électronique dans les
selles d’un volontaire infecté par un filtrat de selles provenant de l’épidémie de Norwalk [4]. Elle a reçu le nom
de «virus de Norwalk». Un autre virus apparenté sur la
base de la description de la microscopie électronique
est le «Small Round Structured Virus», ou SRSV. Avec
les analyses morphologiques et phylogénétiques, ce virus a été rebaptisé «norovirus» il y a quelques années
par l’«International Committee on Taxonomy of Viruses». Son synonyme est «Norwalk-like virus» (NLV).
Pathogène
Le norovirus fait partie de la famille des calicivirus (Caliciviridae) humains. Les analyses phylogénétiques
classent les norovirus en 5 génogroupes (GI à GV), qui
à leur tour peuvent être subdivisés en clusters ou génotypes [5]. Les calicivirus pathogènes humains proviennent des génogroupes GI, GII et GIV. Les norovirus du
cluster génétique GII.4 ont été responsables de la plupart des épidémies de ces dernières années dans les
pays industrialisés [6].
Comme il n’existe aucun modèle animal adéquat, les
connaissances sur les norovirus pathogènes humains
sont pour la plupart basées sur des épidémies et études
chez des volontaires. Ce virus ne se multiplie en outre
pas dans les cultures cellulaires habituelles [7]. Ce n’est
que tout récemment qu’un groupe de chercheurs
américains a réussi à faire se multiplier le norovirus
dans une culture de cellules organoïde complexe, tridimensionnelle de cellules épithéliales d’intestin grêle
humain [8].
Epidémiologie
L’incidence des gastro-entérites à norovirus a été sousestimée par le passé car il n’y avait aucune possibilité
de les mettre en évidence à large échelle. En fait les norovirus sont la cause la plus fréquente de la gastroentérite virale aiguë dans le monde entier. Cela vaut aussi
bien pour les cas sporadiques que pour les flambées
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épidémiques [9]. Rien qu’en Angleterre et au Pays de
Galles 650 000 cas de gastroentérite à norovirus se déclarent chaque année [10]. Aux Etats-Unis, ce chiffre
est estimé à 2,3 millions. Des études ont montré que
93% de 233 épidémies de gastroentérite entre 1997 et
2000 aux Etats-Unis et 85% de 3714 épidémies entre
1995 et 2000 en Europe
étaient dues aux noroLe vomissement produit des
virus [6, 11]. En Suisse
gouttelettes qui seront
allemande uniquement
transportées sur de longues
73 épidémies ont été
distances
recensées entre 2001 et
2003 [12]. Les épidémies d’infections à norovirus éclosent de préférence là
où des personnes vivent très proches les unes des
autres et le virus peut rapidement se transmettre par
les vomissements et les diarrhées. En Suisse, 34% ont
été enregistrées dans des homes pour personnes âgées
et 25% dans des hôpitaux [12].
La grande contagiosité et l’insensibilité des norovirus
aux influences extérieures sont d’importantes conditions pour une dissémination efficace de ces pathogènes. Des études récentes confirment l’observation clinique que la dose infectieuse minimale est très faible.
10% des volontaires sains sont infectés avec une dose
inoculée de 103 génomes viraux, et 70% avec 108 [13].
Quelque 100 millions de particules virales sont éliminées dans chaque gramme de selles [14]. Dans les institutions communautaires, la transmission d’homme à
homme est de loin la plus importante voie d’infection.
La principale est la transmission fécale-orale, soit directement d’homme à homme ou indirectement par des
surfaces ou objets contaminés [15]. Le vomissement
produit des gouttelettes qui seront transportées sur de
longues distances. Dans les cas sporadiques ou épidémiques hors institution, les aliments ou l’eau potable
contaminée sont une cause fréquente [16]. Dans les
pays industrialisés, la moitié de ces cas environ est
associée à des personnes malades travaillant dans le
secteur alimentaire. Huîtres et moules sont des causes
d’épidémie bien documentées dans la littérature [17,
18]. Les huîtres filtrent d’importantes quantités d’eau
avec pour conséquence une accumulation de norovirus.
Des pluies importantes avec de grandes quantités d’eau
de surface s’écoulant dans la mer peuvent être à l’origine de la contamination des ostréicultures [17]. Une
étude sur des huîtres importées en Suisse a montré la
présence de norovirus dans 8 échantillons sur 87
(9,4%) [19].
Les épidémies à norovirus ont un caractère saisonnier
très marqué, surtout pendant les mois d’hiver et au
printemps. Une explication pourrait être la relation
complexe entre environnement et hôte d’une part et
immunité focale (d’une population contre telle ou telle
souche de norovirus) de l’autre. Des températures
basses, un rayonnement ultraviolet plus faible en hiver
de même que la vie plus à l’étroit de la population pendant la saison froide augmentent le potentiel de contamination. Ces facteurs peuvent quant à eux déclencher
une épidémie saisonnière qui avec la contamination de
la population provoque une immunité focale avec fléchissement progressif de l’épidémie au printemps.
C’est à ce moment que la pression de sélection est la
plus élevée pour le virus et en été arrivent de nouvelles
variantes génotypiquement différentes [20]. Il s’est
avéré que l’augmentation des épidémies à norovirus
dans le monde entier est fonction de la dissémination
épidémique de nouvelles variantes [21].
Pathogenèse et réponse immunitaire
Nous savons depuis les années 1970 que certains facteurs de l’hôte jouent un rôle dans l’infection à norovirus. Des études chez des sujets sains ont montré que
certains ne développeront pas d’infection.
Des études récentes montrent que les norovirus se lient
aux cellules épithéliales gastro-intestinales par des séquences polysaccharidiques spécifiques d’antigènes
de groupe sanguin [22].
Les antigènes des sysLes norovirus n’induisent
tèmes A, B, O et Lewis
pas de réponse immunitaire
sont des récepteurs de
importante et prolongée
ce virus. Les entérocytes
car pour se multiplier
matures des sommets
ils se servent d’une propre
des villosités intestinales
polymérase d’ARN
expriment dans une
importante mesure ces
antigènes sanguins et servent donc de cellules cibles
préférentielles aux norovirus [23].
La protection de certaines personnes est mise en relation avec l’absence de récepteur au norovirus. Les différentes souches de norovirus utilisent cependant différents antigènes de groupe sanguin comme récepteurs,
ce qui fait qu’aucune protection n’est garantie contre
toutes les souches.
Les norovirus se sont parfaitement adaptés à leur hôte
dans leur évolution. Leur cycle de vie est relativement
simple. Ils se répliquent dans les entérocytes, provoquent une maladie de brève durée et sont éliminés en
grande quantité pour infecter leur prochaine victime.
Pour se multiplier dans la cellule infectée, le virus se sert
d’une propre polymérase d’ARN qui contrairement à de
nombreuses autres polymérases n’a pas de fonction
correctrice, ce qui fait que les mutations sont fréquentes
et que la diversité antigénique est grande [24]. Il n’est
donc pas étonnant que les norovirus n’induisent pas de
réponse immunitaire importante et prolongée. Les personnes ayant contracté une infection peuvent ainsi retomber malades la saison suivante.
Manifestation clinique
L’infection à norovirus se manifeste par un épisode généralement violent et autolimité de gastroentérite chez
des personnes par ailleurs en parfaite santé (fig. 1 x).
Après une période d’incubation de 6 à 48 heures surviennent nausée (95%), vomissements (81%), crampes
abdominales (83%) et diarrhée aqueuse (83%). Les
diarrhées sans vomissement ou les vomissements uniquement touchent un patient sur 5 environ (19 et 17%
resp.). La diarrhée sanguinolente ne se voit pratiquement jamais et doit faire penser à une autre étiologie.
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Les épisodes de gastroentérite s’accompagnent généralement de malaise, douleurs dans les membres et
fatigue. 50% env. des patients ont des températures
subfébriles. Chez la plupart des adultes par ailleurs en
bonne santé cette maladie ne dure que 2–3 jours.
Chez les patients hospitalisés, les vieillards et les enfants cette maladie peut évoluer plus sérieusement et
avoir des complications. Une étude d’une épidémie à
norovirus dans un hôpital universitaire allemand a
montré que 8,3% des patients ont présenté des complications. Les maladies cardiovasculaires et un status
après transplantation rénale ont été des risques significatifs d’hypokaliémie dangereuse. L’immunosuppression a été un risque d’insuffisance rénale aiguë, et un
âge >65 ans a été significativement associé à une durée
prolongée de cette maladie [26]. Une autre étude ayant
porté sur 4378 cas apparus dans 4 centres hospitaliers,
11 hôpitaux régionaux et 135 homes a montré une
nette différence de la gravité de la maladie entre le
personnel et les patients hospitalisés [27]. La durée
médiane de la maladie a été de 2 jours pour le personnel des hôpitaux ou des homes, et après 3 jours
75% étaient asymptomatiques. Chez les patients hospitalisés, la durée médiane a été de 3 jours et ce n’est
qu’après 5 jours que 75% ont été asymptomatiques
(p <0,001). La durée de la maladie a été la plus longue
chez les patients de >85 ans, dont 40% étaient encore
symptomatiques après 4 jours. Il a en outre été démontré que chez les patients dont les symptômes ont
duré 4 jours ou plus, l’excrétion virale par gramme de
selles était en moyenne 100 fois supérieure à celle de
patients dont les diarrhées ont duré 1–3 jours (10,49
contre 8,48 log10 copies/g de selles, p <0,001) [28]. L’excrétion virale maximale se fait pendant la phase symptomatique. Ensuite de quoi le virus peut être présent
longtemps encore. Des études chez des personnes
âgées ont montré que le norovirus peut être présent
dans les selles pendant 28,7 jours en moyenne (13,5–
44,5 jours) [29].
Diagnostic
Une PCR existe depuis quelques années pour rechercher les norovirus. La Reverse-Transcriptase-PCR
montre l’ARN spécifique de ces virus. Cette méthode est
très sensible et spécifique. De nombreux laboratoires
proposent cet examen chaque jour et permettent de
confirmer rapidement le diagnostic. Mais il n’est pas
toujours indispensable de prouver la présence de ce virus par PCR. Le coût de cette méthode selon la liste des
analyses actuellement en vigueur est relativement
élevé, soit de 180 francs.
Si plusieurs cas se déclarent, le diagnostic d’infection à
norovirus peut être posé cliniquement avec les critères
de Kaplan (tab. 1 p) de manière assez fiable [30]. Mais
ces critères se basent sur la description de l’infection à
norovirus chez des personnes par ailleurs en parfaite
santé.
Le diagnostic différentiel de l’infection à norovirus comporte une infection à rotavirus, surtout chez l’enfant, et
qui chez l’adulte provoque plus fréquemment des diarrhées et moins de vomissements. Les intoxications
alimentaires par toxines staphylococciques ont une
période d’incubation plus brève. Chez les patients
hospitalisés, les effets médicamenteux indésirables
(nausée, vomissement) et les diarrhées secondaires aux
antibiotiques ou aux laxatifs doivent entrer dans le
diagnostic différentiel. Le diagnostic de l’infection à
norovirus est ici nettement plus difficile car la symptomatologie n’est souvent pas classique.
Traitement
Figure 1
Incidence des symptômes cliniques d’une infection à norovirus. Partie orangée: diarrhée
uniquement; partie jaune: vomissement uniquement (d’après Schneider et al. [31]).
Il n’y a aucun traitement spécifique. Les mesures de
soutien rapides telles qu’apport hydroélectrolytique,
contrôle de la fonction rénale et éventuellement hospitalisation sont particulièrement importantes chez les
personnes très âgées, les patients immunosupprimés
ou multimorbides.
Hygiène hospitalière
Tableau 1. Critères de Kaplan pour le diagnostic clinique
de l’infection à norovirus [30].
Vomissements (souvent en salve) dans >50% des cas
Diarrhée aqueuse aiguë
Durée de la maladie 12–60 heures
Période d’incubation 6–48 heures
Personnel et patients touchés
Du fait que ce virus est très contagieux et peut atteindre
une contamination de 90%, il est très important d’en
poser rapidement le diagnostic par la clinique. Toutes
les mesures d’hygiène indispensables (tab. 2 p) doivent être prises dès la moindre suspicion d’infection à
norovirus et sans attendre la confirmation par la virologie [31], ce qui exige une information rapide de tout
l’hôpital sur une reprise d’activité du norovirus. L’isoleForum Med Suisse 2010;10(4):67
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Tableau 2. Mesures d’hygiène hospitalière en cas d’épidémie à norovirus [32, 36].
Isolement des patients symptomatiques (seuls ou en groupe; en chambre à plusieurs
lits si manque de place*)
Le patient ne doit quitter sa chambre que pour des interventions diagnostiques/
thérapeutiques urgentes
Port de blouses et de gants
Port d’un masque facial (chirurgical)
Désinfection des mains par désinfectant actif contre les norovirus
Eviter de transférer les patients de services contaminés dans l’hôpital
Désinfection journalière des sols dans les services contaminés
Désinfection des toilettes/salles d’eau deux fois par jour
Désinfection finale de toute la chambre (rideaux y compris) après levée de l’isolement
Renvoyer immédiatement à la maison le personnel symptomatique (certains experts
recommandent un arrêt de travail jusqu’à 48 heures après la fin des symptômes)
* Les patients contacts ne sont transférés que si une quarantaine est possible
pour la période d’incubation (24–48 heures).
ment immédiat est la mesure la plus importante. Notre
expérience nous montre que jusqu’à 25% des épidémies à norovirus proviennent de l’extérieur. Il s’agit
d’une part de patients hospitalisés pour déshydratation
sur gastroentérite aiguë. Chez les personnes
Notre expérience nous
très âgées d’autre part,
montre que jusqu’à 25%
les symptômes d’infecdes épidémies à norovirus
tion à norovirus peuproviennent de l’extérieur
vent ne se manifester
que sous une forme atténuée et n’être diagnostiqués comme cofacteurs d’une
maladie de base décompensée qu’après une anamnèse
fouillée. Le service des urgences joue un rôle clé dans
l’évaluation rapide de tels patients et l’application des
mesures d’hygiène, ce qui exige une collaboration interdisciplinaire très étroite entre médecins, soignants et
hygiène hospitalière. Toute admission d’un patient
ayant une diarrhée aiguë et/ou des vomissements implique la recherche d’une infection à norovirus. En l’absence de toute autre explication évidente à sa symptomatologie, le patient est mis en isolement. Un diagnostic
des selles par PCR se limite en général aux cas sans relation épidémiologique avec d’autres cas connus d’infection à norovirus, ou aux patients ayant une symptomatologie atypique.
Le tableau 2 présente les mesures d’hygiène recommandées à l’hôpital contre les norovirus [32]. Le patient
est si possible seul dans une chambre avec toilettes, ce
qui n’est souvent pas possible s’il y a de nombreux cas,
et les patients sont alors isolés en groupe ou avec leurs
voisins (encore) asymptomatiques. Il faut définir les
toilettes et salles d’eau que seuls les patients ayant une
infection à norovirus peuvent utiliser. Tous ceux qui entrent dans la chambre doivent porter des blouses, gants
et masques faciaux (chirurgicaux). Les patients ne doivent quitter leur chambre que pour des interventions
diagnostiques ou thérapeutiques urgentes. Il est important d’informer rapidement les services (par ex. salles
d’endoscopie, de radiologie, etc.) et de bien planifier les
examens nécessaires. Il faut éviter de déplacer les
patients souffrant de gastroentérite à l’intérieur de
l’hôpital. En cas de très grande activité des norovirus,
envisager d’interdire les visites dans les services les
plus touchés.
Les norovirus font partie des virus dits non encapsulés.
Ces derniers se caractérisent par une forte résistance
(«ténacité») aux conditions extérieures et aux désinfectants. L’activité des désinfectants pour les mains à base
d’éthanol augmente avec la teneur en alcool (>70%). Un
virus substitut est testé, le calicivirus félin. Ce sont les
produits à 95% d’éthanol qui sont les plus actifs [33].
Mais l’activité est fortement influencée par la charge organique de la suspension test. Nul ne sait exactement
quelle séquence de tests reflète le mieux les conditions
cliniques. Les désinfectants pour les mains à base de
propanol, utilisés de routine dans de nombreux hôpitaux, sont également actifs. Le 1-propanol est un peu
plus efficace que l’isopropanol (2-propanol) [34]. La
désinfection hygiénique des mains est plus importante
que le choix du produit. Le désinfectant doit pouvoir
agir pendant 30 secondes au moins. La désinfection des
mains doit se faire avant et après tout contact avec le
patient et surtout après le retrait des gants. Les patients
et leurs visiteurs doivent eux aussi apprendre à la faire
correctement.
Les sols des services contaminés doivent être régulièrement désinfectés par des produits actifs contre les norovirus [15]. Ce peuvent être des désinfectants oxygénés,
des produits contenant
des aldéhydes ou à base
L’activité des désinfectants
de chlore (Javel). Dans
pour les mains à base
nos services contaminés
d’éthanol augmente avec
nous désinfectons toutes
la teneur en alcool (>70%)
les surfaces et tous les
sols chaque jour, les toilettes deux fois par jour. Ces mesures sont poursuivies
3 jours, 7 jours pour les toilettes après levée de l’isolement du dernier patient.
L’isolement se poursuit 48 heures après disparition des
symptômes. Bien que le virus puisse toujours être démontré dans les selles, le risque de contagion est relativement faible si le patient a retrouvé le contrôle de ses exonérations. Au terme de l’isolement, la chambre doit faire
l’objet d’une désinfection dite finale. Avec les sols, toutes
les surfaces de contact y compris montants de portes,
boutons de sonnette, interrupteurs, téléphones, etc., sans
oublier les rideaux. Le lit doit également être désinfecté.
Le personnel malade doit immédiatement être mis en
congé. Certains experts recommandent un arrêt de travail jusqu’à 48 heures après la disparition des symptômes [25]. Dans les services sérieusement contaminés
cela peut cependant provoquer des problèmes critiques
de soins par manque de
personnel. Le transfert
Le risque de contagion est
de personnel au sein
relativement faible si le
même de l’hôpital peut
patient a retrouvé le contrôle
favoriser la disséminade ses exonérations
tion de la maladie. Dans
notre hôpital, nous autorisons la reprise du travail immédiatement après la
disparition des symptômes.
Pendant l’épidémie à norovirus il est recommandé de
tracer une courbe dite épicourbe (fig. 2 x) enregistrant
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Epicourbe de l’épidémie à norovirus de janvier 2003
Nombre
de patients
16
15
14
13
12
11
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
PCR
Personnel
Patients avec définition clinique
Patients avec définition clinique et PCR positive
Acquise hors de l’hôpital (community acquired)
PCR
PCR
PCR
PCR
PCR
PCR
Janvier/février 2003 26 27 28 29 30 31 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
Di Lu Ma Me Je Ve Sa Di Lu Ma Me Je Ve Sa Di Lu Ma Me Je Ve Sa Di Lu Ma Me Je Ve
Figure 2
Exemple d’épicourbe d’une épidémie à norovirus. Les nouveaux cas y sont reportés chaque jour. Chaque case représente un cas. En jaune,
les patients remplissant la définition clinique, en orange les cas du personnel hospitalier. Les cases entourées en noir sont les cas acquis hors
de l’hôpital (community acquired). Les cas avec PCR positive peuvent être précisés.
Dans cet exemple d’une épidémie à norovirus de janvier 2003, un total de 59 cas s’est déclaré, dont 35 chez des patients et 24 chez
le personnel. 8 cas sur ces 59 ont été acquis hors de l’hôpital. Le diagnostic par PCR n’a été demandé que dans quelques cas au début
de cette épidémie.
chaque jour les nouveaux cas. Chaque case représente
un cas. D’autres importantes informations (cas hors hôpital, cas avec diagnostic confirmé, etc.) peuvent également y figurer. Les déclarations journalières des cas à
l’hygiène hospitalière actualisent l’épicourbe. Elle donne
un aperçu actuel de l’épidémie et permet une planification soigneuse des ressources. Les coûts non négligeables
des mesures d’hygiène sont à mettre en face des coûts
plus élevés d’une épidémie incontrôlée [35].
Correspondance:
Dr Peter Graber
Leitender Arzt Infektiologie und Spitalhygiene
Kantonsspital Liestal
Rheinstrasse 26
CH-4410 Liestal
[email protected]
Références recommandées
Remerciement
Je remercie cordialement le Dr Felix Fleisch, Médecinchef d’Infectiologie et d’Hygiène hospitalière, Kantonsspital Graubünden, d’avoir bien voulu lire le manuscrit
et de m’avoir fait part de ses précieuses suggestions.
– Dolin R. Noroviruses – challenges to control. N Engl J Med. 2007;
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– Fretz R, Svoboda P, Lüthi TM, Tanner M, Baumgartner A. Outbreaks
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– Schneider T, Schreier E, Zeitz M. Noroviren: häufigste Ursache infektiöser Gastroenteritiden. Dtsch med Wochenschr. 2007;132:2261–6.
La liste complète des références numérotées se trouve sous
www.medicalforum.ch
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Noroviren /
Norovirus
Weiterführende Literatur (Online-Version) / Références complémentaires (online version)
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