Forum Med Suisse 2010;10(4):65 65
curriculum
Norovirus
Peter Graber
Infektiologie und Spitalhygiene, Kantonsspital Liestal, Liestal
Introduction
Depuis quelques années, les norovirus font les grands
titres à chaque période hivernale. Ces virus trÚs conta-
gieux provoquent réguliÚrement des épidémies de gas-
tro-entérite aiguë dans de nombreux pays. HÎpitaux,
homes, Ă©coles et autres institutions dans lesquelles les
gens vivent Ă  l’étroit sont particuliĂšrement touchĂ©s. Il
n’est pas rare que des services hospitaliers doivent ĂȘtre
fermés avec interdiction de visite et blocage des admis-
sions. A l’extrĂȘme, suite Ă  la maladie du personnel, cela
peut en arriver àune situation d’urgence dans les soins.
Les croisiÚres en bateau sont réguliÚrement touchées
par des épidémies à norovirus [1]. Si un seul cas se dé-
clare, une bonne partie des passagers et de l’équipage
en feront les frais peu aprĂšs. Les bateaux sont mis en
quarantaine, les patients évacués et des mesures éner-
giques de nettoyage et de désinfection sont prises. De
telles épidémies attirent toujours une grande attention
des médias.
Historique
Le tableau clinique de l’infection Ă  norovirus, caractĂ©-
risé par les symptÎmes cardinaux diarrhée aiguë, nau-
sée et vomissement, a été décrit en détail en 1945 déjà
[2]. Appelée grippe intestinale ou «winter vomiting dis-
ease» par les Anglo-Saxons, l’étiologie de cette maladie
n’a pas pu ĂȘtre dĂ©ïŹnie plus prĂ©cisĂ©ment pendant des
décennies. En 1968, dans une école de Norwalk, Ohio,
s’est dĂ©clarĂ©e une Ă©pidĂ©mie de gastroentĂ©rite. Le pa-
thogÚne suspecté a été appelé «Norwalk agent» [3].
C’est en 1972 que Kapikian a dĂ©couvert une particule
virale de 27 nm au microscope Ă©lectronique dans les
selles d’un volontaire infectĂ© par un ïŹltrat de selles pro-
venant de l’épidĂ©mie de Norwalk [4]. Elle a reçu le nom
de «virus de Norwalk». Un autre virus apparenté sur la
base de la description de la microscopie Ă©lectronique
est le «Small Round Structured Virus», ou SRSV. Avec
les analyses morphologiques et phylogénétiques, ce vi-
rus a été rebaptisé «norovirus» il y a quelques années
par l’«International Committee on Taxonomy of Vi-
ruses». Son synonyme est «Norwalk-like virus» (NLV).
PathogĂšne
Le norovirus fait partie de la famille des calicivirus (Ca-
liciviridae) humains. Les analyses phylogénétiques
classent les norovirus en 5 génogroupes (GI à GV), qui
Ă  leur tour peuvent ĂȘtre subdivisĂ©s en clusters ou gĂ©no-
types [5]. Les calicivirus pathogĂšnes humains provien-
nent des génogroupes GI, GII et GIV. Les norovirus du
cluster génétique GII.4 ont été responsables de la plu-
part des épidémies de ces derniÚres années dans les
pays industrialisés [6].
Comme il n’existe aucun modĂšle animal adĂ©quat, les
connaissances sur les norovirus pathogĂšnes humains
sont pour la plupart basées sur des épidémies et études
chez des volontaires. Ce virus ne se multiplie en outre
pas dans les cultures cellulaires habituelles [7]. Ce n’est
que tout rĂ©cemment qu’un groupe de chercheurs
américains a réussi à faire se multiplier le norovirus
dans une culture de cellules organoĂŻde complexe, tri-
dimensionnelle de cellules Ă©pithĂ©liales d’intestin grĂȘle
humain [8].
Epidémiologie
L’ incidence des gastro-entĂ©rites Ă  norovirus a Ă©tĂ© sous-
estimĂ©e par le passĂ© car il n’y avait aucune possibilitĂ©
de les mettre en Ă©vidence Ă  large Ă©chelle. En fait les no-
rovirus sont la cause la plus fréquente de la gastroenté-
rite virale aiguë dans le monde entier. Cela vaut aussi
bien pour les cas sporadiques que pour les ïŹ‚ambĂ©es
Vous trouverez les questions Ă  choix multiple concernant cet article
Ă  la page 56 ou sur Internet sous www.smf-cme.ch.
Quintessence
PL’ infection Ă  norovirus est la cause la plus frĂ©quente de gastroentĂ©rite
aiguë.
PLes norovirus provoquent réguliÚrement des épidémies dans les hÎpi-
taux et homes, surtout Ă  la saison froide.
PLes norovirus sont éliminés par les selles et vomissements et sont trÚs
contagieux. Quelque 100 particules virales peuvent déjà provoquer une
contamination. Un gramme de selles peut contenir env. 100 millions de
ces particules.
PLes cas suspects doivent absolument ĂȘtre isolĂ©s.
PLes mesures d’hygiùne hospitaliùre comportent une bonne hygiùne
des mains avec désinfectants actifs contre les virus et une prévention des
contacts avec gants, blouses et masques faciaux avant d’entrer dans la
chambre du patient.
PLa maladieest autolimitée. Le traitement est symptomatique. Des évo-
lutions plus longues et complications sont possibles chez les personnes
trÚs ùgées et les patients porteurs de graves maladies, surtout par pertes
hydroélectrolytiques.
Peter Graber
L’ auteur certiïŹe
qu’aucun conïŹ‚it
d’intĂ©rĂȘt n’est
lié à cet article.
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Ă©pidĂ©miques [9]. Rien qu’en Angleterre et au Pays de
Galles 650000 cas de gastroentérite à norovirus se dé-
clarent chaque année [10]. Aux Etats-Unis, ce chiffre
est estimé à 2,3 millions. Des études ont montré que
93% de 233 épidémies de gastroentérite entre 1997 et
2000 aux Etats-Unis et 85% de 3714 épidémies entre
1995 et 2000 en Europe
Ă©taient dues aux noro-
virus [6, 11]. En Suisse
allemande uniquement
73 épidémies ont été
recensées entre 2001 et
2003 [12].Les épidé-
mies d’infections Ă  norovirus Ă©closent de prĂ©fĂ©rence lĂ 
oĂč des personnes vivent trĂšs proches les unes des
autres et le virus peut rapidement se transmettre par
les vomissements et les diarrhées. En Suisse, 34% ont
été enregistrées dans des homes pour personnes ùgées
et 25% dans des hĂŽpitaux [12].
La grande contagiositĂ© et l’insensibilitĂ© des norovirus
aux inïŹ‚uences extĂ©rieures sont d’importantes condi-
tions pour une dissĂ©mination efïŹcace de ces patho-
gĂšnes. Des Ă©tudes rĂ©centes conïŹrment l’observation cli-
nique que la dose infectieuse minimale est trĂšs faible.
10% des volontaires sains sont infectés avec une dose
inoculée de 103génomes viraux, et 70% avec 108[13].
Quelque 100 millions de particules virales sont Ă©limi-
nées dans chaque gramme de selles [14]. Dans les ins-
titutions communautaires, la transmission d’homme à
homme est de loin la plus importante voie d’infection.
La principale est la transmission fécale-orale, soit di-
rectementd’homme àhomme ou indirectement par des
surfaces ou objets contaminés [15]. Le vomissement
produit des gouttelettes qui seront transportées sur de
longues distances. Dans les cas sporadiques ou épidé-
miques hors institution, les aliments ou l’eau potable
contaminée sont une cause fréquente [16]. Dans les
pays industrialisés, la moitié de ces cas environ est
associée à des personnes malades travaillant dans le
secteur alimentaire. HuĂźtres et moules sont des causes
d’épidĂ©mie bien documentĂ©es dans la littĂ©rature [17,
18]. Les huĂźtres ïŹltrent d’importantes quantitĂ©s d’eau
avec pour conséquence une accumulation de norovirus.
Des pluies importantes avec de grandes quantitĂ©s d’eau
de surface s’écoulant dans la mer peuvent ĂȘtre Ă  l’ori-
gine de la contamination des ostréicultures [17]. Une
étude sur des hußtres importées en Suisse a montré la
présence de norovirus dans 8 échantillons sur 87
(9,4%) [19].
Les épidémies à norovirus ont un caractÚre saisonnier
trĂšs marquĂ©, surtout pendant les mois d’hiver et au
printemps. Une explication pourrait ĂȘtre la relation
complexe entre environnement et hîte d’une part et
immunitĂ© focale (d’une population contre telle ou telle
souche de norovirus) de l’autre. Des tempĂ©ratures
basses, un rayonnement ultraviolet plus faible en hiver
de mĂȘme que la vie plus Ă  l’étroit de la population pen-
dant la saison froide augmentent le potentiel de conta-
mination. Ces facteurs peuvent quant à eux déclencher
une épidémie saisonniÚre qui avec la contamination de
la population provoque une immunitĂ© focale avec ïŹ‚Ă©-
chissement progressif de l’épidĂ©mie au printemps.
C’est Ă  ce moment que la pression de sĂ©lection est la
plus élevée pour le virus et en été arrivent de nouvelles
variantes gĂ©notypiquement diffĂ©rentes [20]. Il s’est
avĂ©rĂ© que l’augmentation des Ă©pidĂ©mies Ă  norovirus
dans le monde entier est fonction de la dissémination
épidémique de nouvelles variantes [21].
PathogenÚse et réponse immunitaire
Nous savons depuis les années 1970 que certains fac-
teurs de l’hîte jouent un rîle dans l’infection à noro-
virus. Des études chez des sujets sains ont montré que
certains ne dĂ©velopperont pas d’infection.
Des études récentes montrent que les norovirus se lient
aux cellules épithéliales gastro-intestinales par des sé-
quences polysaccharidiques spĂ©ciïŹques d’antigĂšnes
de groupe sanguin [22].
Les antigĂšnes des sys-
tĂšmes A, B, O et Lewis
sont des récepteurs de
ce virus. Les entérocytes
matures des sommets
des villosités intestinales
expriment dans une
importante mesure ces
antigĂšnes sanguins et servent donc de cellules cibles
préférentielles aux norovirus [23].
La protection de certaines personnes est mise en rela-
tion avec l’absence de rĂ©cepteur au norovirus. Les dif-
férentes souches de norovirus utilisent cependant diffé-
rents antigÚnes de groupe sanguin comme récepteurs,
ce qui fait qu’aucune protection n’est garantie contre
toutes les souches.
Les norovirus se sont parfaitement adaptés à leur hÎte
dans leur Ă©volution. Leur cycle de vie est relativement
simple. Ils se répliquent dans les entérocytes, provo-
quent une maladie de brÚve durée et sont éliminés en
grande quantité pour infecter leur prochaine victime.
Pour se multiplier dans la cellule infectée, le virus se sert
d’une propre polymĂ©rase d’ARN qui contrairement Ă de
nombreuses autres polymĂ©rases n’a pas de fonction
correctrice, ce qui fait que les mutations sont fréquentes
et que la diversitĂ© antigĂ©nique est grande [24]. Il n’est
donc pas Ă©tonnant que les norovirus n’induisent pas de
réponse immunitaire importante et prolongée. Les per-
sonnes ayant contracté une infection peuvent ainsi re-
tomber malades la saison suivante.
Manifestation clinique
L’ infection Ă  norovirus se manifeste par un Ă©pisode gĂ©-
néralement violent et autolimité de gastroentérite chez
des personnes par ailleurs en parfaite santĂ© (ïŹg. 1 x).
AprĂšs une pĂ©riode d’incubation de 6 Ă  48 heures sur-
viennent nausée (95%), vomissements (81%), crampes
abdominales (83%) et diarrhée aqueuse (83%). Les
diarrhées sans vomissement ou les vomissements uni-
quement touchent un patient sur 5 environ (19 et 17%
resp.). La diarrhée sanguinolente ne se voit pratique-
ment jamais et doit faire penser Ă  une autre Ă©tiologie.
Le vomissement produit des
gouttelettes qui seront
transportées sur de longues
distances
Lesnorovirus n’induisent
pas de réponse immunitaire
importante et prolongée
car pour se multiplier
ils se servent d’une propre
polymĂ©rase d’ARN
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Les Ă©pisodes de gastroentĂ©rite s’accompagnent gĂ©nĂ©-
ralement de malaise, douleurs dans les membres et
fatigue. 50% env. des patients ont des températures
subfébriles. Chez la plupart des adultes par ailleurs en
bonne santĂ© cette maladie ne dure que 2–3 jours.
Chez les patients hospitalisés, les vieillards et les en-
fants cette maladie peut évoluer plus sérieusement et
avoir des complications. Une Ă©tude d’une Ă©pidĂ©mie Ă 
norovirus dans un hĂŽpital universitaire allemand a
montré que 8,3% des patients ont présenté des compli-
cations. Les maladies cardiovasculaires et un status
aprĂšs transplantation rĂ©nale ont Ă©tĂ© des risques signiïŹ-
catifs d’hypokaliĂ©mie dangereuse. L’ immunosuppres-
sion a Ă©tĂ© un risque d’insufïŹsance rĂ©nale aiguĂ«, et un
Ăąge >65 ans a Ă©tĂ© signiïŹcativement associĂ© Ă  une durĂ©e
prolongée de cette maladie [26]. Une autre étude ayant
porté sur 4378 cas apparus dans 4 centres hospitaliers,
11 hÎpitaux régionaux et 135 homes a montré une
nette différence de la gravité de la maladie entre le
personnel et les patients hospitalisés [27]. La durée
médiane de la maladie a été de 2 jours pour le person-
nel des hĂŽpitaux ou des homes, et aprĂšs 3 jours
75% Ă©taient asymptomatiques. Chez les patients hospi-
talisĂ©s, la durĂ©e mĂ©diane a Ă©tĂ© de 3 jours et ce n’est
qu’aprĂšs 5 jours que 75% ont Ă©tĂ© asymptomatiques
(p <0,001). La durée de la maladie a été la plus longue
chez les patients de >85 ans, dont 40% Ă©taient encore
symptomatiques aprÚs 4 jours. Il a en outre été dé-
montré que chez les patients dont les symptÎmes ont
durĂ© 4 jours ou plus, l’excrĂ©tion virale par gramme de
selles était en moyenne 100 fois supérieure à celle de
patients dont les diarrhĂ©es ont durĂ© 1–3 jours (10,49
contre 8,48 log10 copies/g de selles, p <0,001) [28]. L’ ex-
crétion virale maximale se fait pendant la phase symp-
tomatique. Ensuite de quoi le virus peut ĂȘtre prĂ©sent
longtemps encore. Des Ă©tudes chez des personnes
ĂągĂ©es ont montrĂ© que le norovirus peut ĂȘtre prĂ©sent
dans les selles pendant 28,7 jours en moyenne (13,5–
44,5 jours) [29].
Diagnostic
Une PCR existe depuis quelques années pour recher-
cher les norovirus. La Reverse-Transcriptase-PCR
montre l’ARN spĂ©ciïŹque de ces virus. Cette mĂ©thode est
trĂšs sensible et spĂ©ciïŹque. De nombreux laboratoires
proposent cet examen chaque jour et permettent de
conïŹrmer rapidement le diagnostic. Mais il n’est pas
toujours indispensable de prouver la présence de ce vi-
rus par PCR. Le coût de cette méthode selon la liste des
analyses actuellement en vigueur est relativement
élevé, soit de 180 francs.
Si plusieurs cas se dĂ©clarent, le diagnostic d’infection Ă 
norovirus peut ĂȘtre posĂ© cliniquement avec les critĂšres
de Kaplan (tab. 1 p) de maniĂšre assez ïŹable [30]. Mais
ces critùres se basent sur la description de l’infection à
norovirus chez des personnes par ailleurs en parfaite
santé.
Le diagnostic diffĂ©rentiel de l’infection Ă norovirus com-
porte une infection à rotavirus, surtout chez l’enfant, et
qui chez l’adulte provoque plus frĂ©quemment des diar-
rhées et moins de vomissements. Les intoxications
alimentaires par toxines staphylococciques ont une
pĂ©riode d’incubation plus brĂšve. Chez les patients
hospitalisés, les effets médicamenteux indésirables
(nausée, vomissement) et les diarrhées secondaires aux
antibiotiques ou aux laxatifs doivent entrer dans le
diagnostic diffĂ©rentiel. Le diagnostic de l’infection Ă 
norovirus est ici nettement plus difïŹcile car la sympto-
matologie n’est souvent pas classique.
Tr aitement
Il n’y a aucun traitement spĂ©ciïŹque. Les mesures de
soutien rapides telles qu’apport hydroĂ©lectrolytique,
contrÎle de la fonction rénale et éventuellement hospi-
talisation sont particuliĂšrement importantes chez les
personnes trÚs ùgées, les patients immunosupprimés
ou multimorbides.
HygiĂšne hospitaliĂšre
Du fait que ce virus est trĂšs contagieux et peut atteindre
une contamination de 90%, il est trùs important d’en
poser rapidement le diagnostic par la clinique. Toutes
les mesures d’hygiùne indispensables (tab. 2 p) doi-
vent ĂȘtre prises dĂšs la moindre suspicion d’infection Ă 
norovirus et sans attendre la conïŹrmation par la viro-
logie [31], ce qui exige une information rapide de tout
l’hĂŽpital sur une reprise d’activitĂ© du norovirus. L’ isole-
Ta bleau 1. CritĂšres de Kaplan pour le diagnostic clinique
de l’infection à norovirus [30].
Vomissements (souvent en salve) dans >50% des cas
Diarrhée aqueuse aiguë
DurĂ©e de la maladie 12–60 heures
PĂ©riode d’incubation 6–48 heures
Personnel et patients touchés
Figure 1
Incidence des symptĂŽmes cliniques d’une infection Ă  norovirus. Partie orangĂ©e: diarrhĂ©e
uniquement; partie jaune: vomissement uniquement (d’aprùs Schneider et al. [31]).
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ment immédiat est la mesure la plus importante. Notre
expĂ©rience nous montre que jusqu’à 25% des Ă©pidĂ©-
mies Ă  norovirus proviennent de l’extĂ©rieur. Il s’agit
d’une part de patients hospitalisĂ©s pour dĂ©shydratation
sur gastroentérite ai-
guë. Chez les personnes
trĂšs ĂągĂ©es d’autre part,
les symptîmes d’infec-
tion Ă  norovirus peu-
vent ne se manifester
que sous une forme at-
tĂ©nuĂ©e et n’ĂȘtre diagnostiquĂ©s comme cofacteurs d’une
maladie de base dĂ©compensĂ©e qu’aprĂšs une anamnĂšse
fouillée. Le service des urgences joue un rÎle clé dans
l’évaluation rapide de tels patients et l’application des
mesures d’hygiùne, ce qui exige une collaboration in-
terdisciplinairetrÚs étroite entre médecins, soignants et
hygiùne hospitaliùre. Toute admission d’un patient
ayant une diarrhée aiguë et/ou des vomissements im-
plique la recherche d’une infection ànorovirus. En l’ab-
sence de toute autre explication Ă©vidente Ă  sa sympto-
matologie, le patient est mis en isolement. Un diagnostic
des selles par PCR se limite en général aux cas sans re-
lation Ă©pidĂ©miologique avec d’autres cas connus d’in-
fection Ă  norovirus, ou aux patients ayant une sympto-
matologie atypique.
Le tableau 2 prĂ©sente les mesures d’hygiĂšne recom-
mandĂ©es Ă l’hĂŽpital contre les norovirus [32]. Le patient
est si possible seul dans une chambre avec toilettes, ce
qui n’est souvent pas possible s’il y a de nombreux cas,
et les patients sont alors isolés en groupe ou avec leurs
voisins (encore) asymptomatiques. Il faut dĂ©ïŹnir les
toilettes et salles d’eau que seuls les patients ayant une
infection Ă  norovirus peuvent utiliser. Tous ceux qui en-
trent dans la chambre doivent porter des blouses, gants
et masques faciaux (chirurgicaux). Les patients ne doi-
vent quitter leur chambre que pour des interventions
diagnostiques ou thérapeutiques urgentes. Il est impor-
tant d’informer rapidement les services (par ex. salles
d’endoscopie, de radiologie, etc.) et de bien planiïŹer les
examens nécessaires. Il faut éviter de déplacer les
patients souffrant de gastroentĂ©rite Ă  l’intĂ©rieur de
l’hĂŽpital. En cas de trĂšs grande activitĂ© des norovirus,
envisager d’interdire les visites dans les services les
plus touchés.
Les norovirus font partie des virus dits non encapsulés.
Ces derniers se caractérisent par une forte résistance
(«ténacité») aux conditions extérieures et aux désinfec-
tants. L’ activitĂ© des dĂ©sinfectants pour les mains Ă  base
d’éthanol augmente avec la teneur en alcool (>70%). Un
virus substitut est testé, le calicivirus félin. Ce sont les
produits Ă  95% d’éthanol qui sont les plus actifs [33].
Mais l’activitĂ© estfortement inïŹ‚uencĂ©e par la charge or-
ganique de la suspension test. Nul ne sait exactement
quelle sĂ©quence de tests reïŹ‚Ăšte le mieux les conditions
cliniques. Les désinfectants pour les mains à base de
propanol, utilisés de routine dans de nombreux hÎpi-
taux, sont Ă©galement actifs. Le 1-propanol est un peu
plus efïŹcace que l’isopropanol (2-propanol) [34]. La
désinfection hygiénique des mains est plus importante
que le choix du produit. Le désinfectant doit pouvoir
agir pendant30secondes au moins. La désinfection des
mains doit se faire avant et aprĂšs tout contact avec le
patientetsurtout aprĂšs le retrait des gants. Les patients
et leurs visiteurs doivent eux aussi apprendre Ă  la faire
correctement.
Les sols des services contaminĂ©s doivent ĂȘtre rĂ©guliĂšre-
ment désinfectés par des produits actifs contre les noro-
virus [15]. Ce peuvent ĂȘtre des dĂ©sinfectants oxygĂ©nĂ©s,
des produits contenant
des aldéhydes ou àbase
de chlore (Javel). Dans
nos services contaminés
nous désinfectons toutes
les surfaces et tous les
sols chaque jour,les toi-
lettes deux fois par jour.Ces mesures sont poursuivies
3jours, 7jours pour les toilettes aprĂšs levĂ©e de l’isole-
ment du dernier patient.
L’ isolement se poursuit 48 heures aprùs disparition des
symptĂŽmes. Bien que le virus puisse toujours ĂȘtre dĂ©-
montré dans les selles, le risque de contagion est relative-
ment faible si le patient aretrouvé le contrÎle de ses exo-
nĂ©rations. Au terme de l’isolement, la chambre doit faire
l’objet d’une dĂ©sinfection dite ïŹnale. Avec les sols, toutes
les surfaces de contact ycompris montants de portes,
boutons de sonnette, interrupteurs, téléphones, etc., sans
oublier les rideaux. Le lit doit Ă©galement ĂȘtre dĂ©sinfectĂ©.
Le personnel malade doit immĂ©diatement ĂȘtre mis en
congĂ©. Certains experts recommandent un arrĂȘt de tra-
vail jusqu’à 48 heures aprùs la disparition des symp-
tÎmes [25]. Dans les services sérieusement contaminés
cela peut cependant provoquer des problĂšmes critiques
de soins par manque de
personnel. Le transfert
de personnel au sein
mĂȘme de l’hĂŽpital peut
favoriser la dissémina-
tion de la maladie. Dans
notre hĂŽpital, nous au-
torisons la reprise du travail immédiatement aprÚs la
disparition des symptĂŽmes.
Pendant l’épidĂ©mie Ă  norovirus il est recommandĂ© de
tracer unecourbe dite Ă©picourbe (ïŹg. 2 x)enregistrant
Notreexpérience nous
montre que jusqu’à 25%
des épidémies ànorovirus
proviennent de l’extĂ©rieur L’ activitĂ© des dĂ©sinfectants
pour les mains Ă base
d’éthanol augmente avec
la teneur en alcool (>70%)
Ta bleau 2. Mesures d’hygiĂšne hospitaliĂšre en cas d’épidĂ©mie Ă  norovirus [32, 36].
Isolement des patients symptomatiques (seuls ou en groupe; en chambre Ă  plusieurs
lits si manque de place*)
Le patient ne doit quitter sa chambre que pour des interventions diagnostiques/
thérapeutiques urgentes
Port de blouses et de gants
Port d’un masque facial (chirurgical)
Désinfection des mains par désinfectant actif contre les norovirus
Eviter de transfĂ©rer les patients de services contaminĂ©s dans l’hĂŽpital
Désinfection journaliÚre des sols dans les services contaminés
DĂ©sinfection des toilettes/salles d’eau deux fois par jour
DĂ©sinfection ïŹnale de toute la chambre (rideaux y compris) aprĂšs levĂ©e de l’isolement
Renvoyer immédiatement à la maison le personnel symptomatique (certains experts
recommandent un arrĂȘt de travail jusqu’à 48 heures aprĂšs la ïŹn des symptĂŽmes)
*Les patients contacts ne sont transférés que si une quarantaine est possible
pour la pĂ©riode d’incubation (24–48 heures).
Le risque de contagion est
relativement faible si le
patient aretrouvé le contrÎle
de ses exonérations
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chaque jour les nouveaux cas. Chaque case représente
un cas. D’autres importantes informations (cas hors hî-
pital, cas avec diagnostic conïŹrmĂ©, etc.) peuvent Ă©gale-
ment yïŹgurer.Les dĂ©clarations journaliĂšres des cas Ă 
l’hygiĂšne hospitaliĂšre actualisent l’épicourbe. Elle donne
un aperçu actuel de l’épidĂ©mie et permet une planiïŹca-
tion soigneuse des ressources. Les coûtsnon négligeables
des mesures d’hygiĂšne sont Ă mettre en face des coĂ»ts
plus Ă©levĂ©s d’une Ă©pidĂ©mie incontrĂŽlĂ©e [35].
Remerciement
Je remercie cordialement le Dr Felix Fleisch, MĂ©decin-
chef d’Infectiologie et d’Hygiùne hospitaliùre, Kantons-
spital GraubĂŒnden, d’avoir bien voulu lire le manuscrit
et de m’avoir fait part de ses prĂ©cieuses suggestions.
Correspondance:
Dr Peter Graber
Leitender Arzt Infektiologie und Spitalhygiene
Kantonsspital Liestal
Rheinstrasse 26
CH-4410Liestal
Références recommandées
–Dolin R. Noroviruses – challenges to control. N Engl J Med. 2007;
357:1072–3.
–Fretz R, Svoboda P, LĂŒthi TM, Tanner M, Baumgartner A. Outbreaks
of gastroenteritis due to infections with Norovirus in Switzerland,
2001–2003. Epidemiol Infect. 2005;133:429–37.
–Schneider T, Schreier E, Zeitz M. Noroviren: hĂ€uïŹgste Ursache infek-
tiöser Gastroenteritiden. Dtsch med Wochenschr. 2007;132:2261–6.
La liste complÚte des références numérotées se trouve sous
www.medicalforum.ch
Nombre
de patients
16 Personnel
15 Patientsavecdéfinitionclinique
14 PCR Patientsavecdéfinitionclinique et PCRpositive
13
12
Acquise hors de l’hîpital(communityacquired)
11
10
9
8
7
6
5
4
3PCR
2PCR
1PCR PCR PCR PCR
Janvier/février 2003 26 27 28 29 30 31 123456789101112131415161718192021
Di Lu Ma Me Je Ve Sa Di Lu Ma Me Je Ve Sa Di Lu Ma Me Je Ve Sa Di Lu Ma Me Je Ve
Epicourbe de l’épidĂ©mie Ă norovirus de janvier2003
Figure 2
Exemple d’épicourbe d’une Ă©pidĂ©mie Ă  norovirus. Les nouveaux cas y sont reportĂ©s chaque jour. Chaque case reprĂ©sente un cas. En jaune,
les patients remplissant la dĂ©ïŹnition clinique, en orange les cas du personnel hospitalier. Les cases entourĂ©es en noir sont les cas acquis hors
de l’hĂŽpital (community acquired). Les cas avec PCR positive peuvent ĂȘtre prĂ©cisĂ©s.
Dans cet exemple d’une Ă©pidĂ©mie Ă  norovirus de janvier 2003, un total de 59 cas s’est dĂ©clarĂ©, dont 35 chez des patients et 24 chez
le personnel. 8 cas sur ces 59 ont Ă©tĂ© acquis hors de l’hĂŽpital. Le diagnostic par PCR n’a Ă©tĂ© demandĂ© que dans quelques cas au dĂ©but
de cette épidémie.
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