Images en Ophtalmologie
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Vol. XI - n° 2
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mars-avril 2017
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sa croissance en l’irriguant. La voie du VEGF est la mieux
connue. Le bévacizumab, le sunitinib et le sorafénib sont
des antiangiogéniques ;
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inhibition des points de contrôle négatifs (CTLA-4,
PD-1/PD-L1) de la réponse immunitaire des lympho-
cytes T permettant de rétablir une réponse immuni-
taire efficace (ipilimumab anti-CTLA-4, pembrolizumab
anti-PD-1).
La prescription de ces traitements est guidée, dans
la mesure du possible, par les caractéristiques molé-
culaires de la tumeur de chaque patient : on parle de
“médecine stratifiée”. Des biomarqueurs peuvent être
associés à ces traitements. Ils permettent d’identifier
les patients porteurs ou non d’une altération molé culaire
(tableau I, p. 45)
.
Du mélanome métastatique à certains cancers du sein,
en passant par des pathologies digestives ou des leucé-
mies, les succès des thérapies ciblées se multiplient. C’est
notamment le cas de l’imatinib, qui a révolutionné le pro-
nostic des patients atteints de LMC
(2)
. En ophtalmologie,
l’utilisation d’anticorps anti-VEGF injectés en intravitréen
constitue une avancée thérapeutique majeure dans le
traitement des formes exsudatives de dégénérescence
maculaire liée à l’âge (DMLA). À ce jour, 3 anti-VEGF sont
disponibles pour le traitement de la DMLA : ranibizumab,
bévacizumab et aflibercept.
✔
Effets indésirables
Bien que les thérapies ciblées agissent sur des cibles
spécifiques des cellules tumorales ou de leur micro-
environnement, ces médicaments ne sont pas dénués
d’effets indésirables qui dépendent en partie de leur
mécanisme d’action. Dans la majorité des cas, ils sont
réversibles à l’arrêt du traitement et ne mettent pas
en jeu le pronostic vital. Cependant, des effets indési-
rables sévères sont observés dans une proportion non
négligeable de cas.
Les principales toxicités retrouvées sont cardio-
vasculaires
(3)
, ophtalmiques
(4)
, cutanées
(5)
, pul-
monaires et digestives
(tableau II)
[6]
. Les thérapies
ciblées, exerçant principalement un effet cytostatique
(contrairement aux chimiothérapies conventionnelles,
qui exercent un effet cytotoxique), sont administrées au
long cours pour maintenir un blocage des mécanismes
oncogéniques. La prévention et l’éducation thérapeutique
des patients sur la survenue de ces toxicités attendues
sont nécessaires pour améliorer leur prise en charge.
✔
Résistances aux thérapies ciblées
Les thérapies ciblées ont amélioré le pronostic des
patients atteints de cancer ; cependant, la survenue de
résistances est fréquemment observée. Dans un certain
nombre de cas, elles sont liées à de nouvelles mutations
sur les cibles ou sur les voies de signalisation associées.
Des thérapies ciblées de nouvelle génération sont déve-
loppées afin d’améliorer le profil de toxicité, et aussi pour
dépasser les résistances acquises avec les molécules de
première génération.
Conclusion
Un médicament anticancéreux sur 4 appartient à la classe
des thérapies ciblées. Plusieurs centaines de thérapies
ciblées sont en cours de développement. Grâce à l’avancée
de la recherche, on s’oriente vers une véritable person-
nalisation de la prise en charge des patients.
II
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Références bibliographiques
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du cancer en 2015/État des lieux et enjeux, appui à la décision. INCa,
juillet 2016.
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du Cancérologue 2009;18(2):96-103.
6.
Kamioner DS. Principales toxicités des thérapeutiques ciblées. Revue
des TransAtlantiques en oncologie 2013;14-9.