La pensée critique est définie comme l’évaluation engagée, efficace et critique de ses propres croyances,
ainsi que celles des autres (pour une revue de la littérature à ce sujet, voir Behar-Horenstein & Niu, 2011). En
développant ses capacités de réflexion critique, il est possible d’évaluer des affirmations ou des arguments
permettant ainsi que des conclusions logiques puissent être tirées (Bensley, 1998; Halpern, 1998). Cette
compétence est essentielle en psychologie mais aussi dans le quotidien. Enseigner cette compétence est
primordial, ce qui explique la multiplication de recherches récentes, plus ou moins concluantes, qui tentent de
trouver des interventions qui permettraient de la développer (Abrami et al., 2008). En général, la discipline de la
psychologie semble améliorer ces compétences de manière efficace. Par exemple, des étudiants en master de
psychologie identifiaient plus d’informations erronées ou de défauts dans une série d’affirmations (tels que
l’appui sur des preuves purement anecdotiques, la confusion entre corrélation et causalité et la présence de
variables indépendantes ou parasites) que les élèves en master de sciences naturelles, ou encore les licenciés en
psychologie (Lawson, 1999). De la même façon, le nombre de cours de psychologie auxquels un étudiant s’est
inscrit est corrélé à sa capacité à analyser des arguments (Bensley, Crowe, Bernhardt, Buckner, & Allman, 2010).
Certains chercheurs ont utilisé des techniques similaires à celles de Lawson (1999) pour évaluer l’efficacité de
leurs cours dans l’amélioration de la pensée critique. Après avoir participé à ces cours, spécialement élaborés dans
ce but, les étudiants savaient évaluer des arguments plus justement (Bensley et al., 2010; Blessing & Blessing,
2010), identifier des preuves non-scientifiques (McLean & Miller, 2010; Penningroth, Despain, & Gray, 2007)
expliquer les défauts dans des affirmations et proposer des explications alternatives (Wesp & Montgomery, 1998).
Ils avaient également moins tendance à avoir des croyances paranormales (McLean & Miller, 2010) que ceux qui
suivaient des cours où la pensée critique n’était pas au cœur des objectifs. De manière générale, les études
récentes démontrent que des interventions longues (pendant tout un semestre ou pour un projet en cours
important) qui mettent l’accent sur un aspect de la psychologie ont généralement augmenté la capacité des
étudiants à évaluer des affirmations avec succès. Cependant, ces interventions nécessitent un temps de classe
important que certains enseignants ne peuvent pas leur allouer, et il peut donc être difficile de conceptualiser des
activités qui encouragent la pensée critique. L’article que vous allez lire décrit des activités d’apprentissage actif
courtes comprenant une discussion autour de données pseudoscientifiques issues de publicités. Cet exercice aide
les étudiants à évaluer les affirmations qu’elles présentent et à identifier leurs erreurs scientifiques majeures.
Comparées aux cours magistraux et à la simple lecture (Yoder & Hochevar, 2005), les techniques d’apprentissage
actif, dans lesquelles les étudiants produisent eux-mêmes des connaissances, peuvent mieux aider les étudiants à
améliorer leurs résultats aux examens. Nous avons conçu cette activité pour qu’elle soit à la fois intéressante et
facilement reproductible par d’autres enseignants. Dans cet article, deux expériences évaluent son efficacité, l’une
utilisant un protocole prétest-posttest et l’autre comparant l’activité à un cours magistral traditionnel traitant du
même sujet.
Expérience 1
Lors de cette première expérience quasi expérimentale, les participants ont dû lire quatre déclarations
erronées, indiquer à quel point ils étaient d’accord avec ces affirmations et évaluer la valeur des preuves avancées
pour chacune d’entre elles. Nous avons fait l’hypothèse qu’après cette activité, les participants (a) seraient moins
souvent d’accord avec les affirmations erronées et (b) en identifieraient correctement les erreurs.