Le diagnostic peut être difficile puisque la luxation périlu-
naire du carpe peut passer inaperçue devant le tableau clinique
bruyant de la luxation du coude. Dans les cinq cas décrits dans
la littérature, il existait un retard diagnostic dans trois cas avec
un délai de trois jours et de quatre jours dans deux cas [2,3] ;
dans un autre cas [2], un retard de six semaines a justifié une
résection de la première rangée des os du carpe devant l’im-
possibilité de réduire à ciel ouvert le lunatum [2]. Cela doit
inciter à bien examiner de façon globale et méticuleuse les pa-
tients pour ne pas méconnaître des lésions pouvant passer ina-
perçues en urgence et engendrer secondairement des séquelles
fonctionnelles graves.
Sur le plan anatomique, il existait une luxation trans-sca-
phorétrolunaire dans deux cas [2], une luxation antérieure du
lunatum dans deux cas [2,3] et une Luxation transradioscapho-
capitale rétrolunaire dans un cas [1]. Concernant le coude, il
s’agissait d’une luxation totale postérieure dans quatre cas [1,
2] et d’une subluxation postérieure de la tête radiale dans un
cas [3].
La prise en charge thérapeutique de la majorité des cas a
consisté en un traitement orthopédique de la luxation du coude
et en un traitement chirurgical de la luxation périlunaire du
carpe. L’abord a été double dans deux cas [1,3], dorsal dans
deux cas [2] et palmaire dans un cas [2]. Les gestes chirurgi-
caux ont consisté à :
●une ostéosynthèse du scaphoïde par vissage dans un cas [1]
et un embrochage dans les deux autres cas [2] ;
●la stabilisation de la luxation rétrolunaire par embrochage
dans tous les cas ;
●La réparation ligamentaire n’a été rapportée que dans deux
cas [1,3].
Le résultat fonctionnel dépend essentiellement du poignet
car nous avons noté que dans tous les cas le coude a bien ré-
cupéré sa mobilité normale sans signe d’instabilité séquellaire,
alors que le poignet n’a de bons résultats que chez les trois
patients traités précocement et ayant une fracture luxation pé-
rilunaire du carpe [1,2].
Le mauvais résultat fonctionnel dans les deux autres cas
était dû à un retard de diagnostic et à la sévérité des lésions
ligamentaires [2,3].
4. Conclusion
Il est important de comprendre que la luxation du coude
peut entrer dans le cadre d’un contexte lésionnel plus complexe
à la suite d’un traumatisme à haute énergie. Il faut savoir évo-
quer la possibilité d’une luxation périlunaire concomitante,
même s’il s’agit d’une association rare, pour pouvoir en recher-
cher les signes. La prise en charge n’est pas très compliquée,
elle consiste en un traitement orthopédique de la luxation du
coude et en un abord chirurgical de la luxation périlunaire du
carpe. Le pronostic fonctionnel de cette association lésionnelle
dépend essentiellement de celui du poignet.
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier le Dr E. Masmejean
1
pour
son support bibliographique.
Références
[1] Masmejean E, Cognet JM. Luxation bipolaire de l’avant-bras : luxation du
coude et luxation rétrolunaire du carpe. Rev Chir Orthop 2001;87(5):499–
502.
[2] Chen WS. Concurrent perilunate dislocation in patients with elbow dislo-
cation: three case reports. J Trauma 1994;37:504–7.
[3] Kerr CD, Gunderson RJ. Concomitant dislocation of the wrist with poste-
rior radial head subluxation: case report. J Trauma 1995;38:941–3.
1
Unité de chirurgie de la main et du membre supérieur, service de chirurgie
orthopédique et traumatologique, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris,
France.
A. Waaziz et al. / Chirurgie de la main 25 (2006) 54–57 57