Ces problématiques vont du niveau local (concernant
directement les individus dans leur vie de tous les jours) au
niveau global (la population dans son ensemble et dans son
avenir) :
●Les pays de la zone sub-saharienne, comme le Burkina
Faso, font face à la question de la désertification
qu'amplifie l'explosion démographique récente et
l'activité humaine qui en résulte. La préservation du
couvert végétal et forestier est à ce jour une priorité.
●Le « bois de brousse » (nécessaire en grandes quantités
aux toitures traditionnelles) n'étant plus disponible, les
populations rurales (90% des habitants de la région),
déjà pauvres, sont obligées d'acheter des tôles et des
chevrons importés pour couvrir leurs maisons.
Ces achats, uniquement possibles dans le secteur formel
de l'économie (basé sur la monnaie) reviennent très
chers aux populations dans le contexte économique
essentiellement informel (cultures de subsistance,
échanges de travail, ...) qui est le leur : les familles ne
perçoivent au mieux qu'un maigre revenu (culture du
coton, petits commerces des femmes), et les travaux
champêtres n'ont lieu qu'une moitié de l'année (saison
des pluies).
●Le marché des matériaux de construction (tôles,
chevrons, fers, ciment, tous importés) affecte fortement
le développement économique de la zone : étant
exclusivement un marché d'importation, il dirige ces
flux monétaires vers l'extérieur, spoliant les économies
familiales, locales et nationales.
●De plus, il induit une immobilisation improductive (et
supportées par les populations) des valeurs épargnées
en vue de la construction (la famille achète le plus
souvent ses tôles année par année avant de pouvoir
construire).
●Par ailleurs, la tôle est particulièrement inconfortable au
Sahel dont elle amplifie les rudes conditions
climatiques (chaleur, froid et bruit des pluies). Ce
manque de confort participe, d'un point de vue plus
général, aux mauvaises conditions sanitaires dont
souffre la région et en premier lieu les femmes,
principales occupantes des maisons.
Cette technique permet de remplacer ces toitures de tôle
par des voûtes montées uniquement en terre crue (utilisée
sous forme de briques et de mortiers), et posées sur des
murs maîtres, eux-mêmes construits en briques de terre
crue ou en moellons de latérite (matériaux locaux).
Ces voûtes, bâties suivant une méthode simplifiée,
standardisée, et n'utilisant que des outils locaux, sont d'une
solidité et d'une étanchéité éprouvées, et ceci dans un
environnement où la pluviométrie peut être ponctuellement
très importante.
Leurs avantages les plus pertinents sont les suivants :
●Le matériau « terre » est présent partout en zone rurale
et péri-urbaine et les techniques de construction en terre
crue (hors VN) appartiennent à l'architecture
vernaculaire.
●Les maisons bâties selon cette technique sont mieux
isolées (température et bruit), plus saines, beaucoup
plus durables et restaurent l'usage du toit terrasse.
●En valorisant la main-d'œuvre (95% du coût total d'un
bâtiment en VN) et les matériaux locaux, la technique
favorise les économies locales et l'autonomie des
populations : une famille n'a plus besoin d'économiser
avant de pouvoir bâtir sa maison; les matériaux peuvent
être extraits de l'environnement immédiat et le travail (y
compris celui, indirect, de l'extraction, de la fabrication
et du transport des matériaux) peut être soit payé soit
échangé entre voisins et proches.
●Autrement dit, le marché de la VN, sous ses aspects
formel (maison payée en monnaie) et informel (travail
échangé) restitue aux économies familiales, locales et
nationales, les sommes auparavant immobilisées, puis
captées par le marché des matériaux importés.
●Du point de vue écologique, les voûtes, bâties sans
charpente, ne consomment pas de bois de brousse
(particulièrement les essences rares utilisées
traditionnellement), favorisant ainsi la préservation du
couvert forestier.
●Enfin, les toitures en terre sont appréciées pour leur
sécurité (ni le vent ni les voleurs ne peuvent emporter la
toiture, contrairement aux tôles). Elles le sont aussi
pour leurs qualités esthétiques et pour leur modularité
en termes d'agencement (externe et interne) et
d'évolution (ajout de voûtes supplémentaires les années
suivantes).
Couvertures traditionnelle (en
bois) et actuelle (en tôle) des
maisons au Burkina Faso.
Intérieur d'une voûte.
Chambre à coucher. Vue éclatée d'un exemple de maison à trois voûtes.