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En quoi la réponse antérieure à la bithérapie
peut-elle être un indicateur ?
Cette information est effectivement capitale : une personne
classée "ancien rechuteur" est par définition une personne
dont le système immunitaire a été largement stimulé lors du
traitement par la bithérapie : c’est une personne qui avait
"presque" guéri de l’infection… Il ne manque pas grand-chose
pour y parvenir et il est hautement probable qu’en cas de
trithérapie, l’essentiel des virus sera éliminé par le télaprévir ou
le bocéprévir, et les quelques petits virus résistants seront
éliminés par le système immunitaire stimulé par la
bithérapie. L’expérience montre que la guérison est alors
de l’ordre de 90 % !
Une personne classée "ancien-répondeur partiel" a
également montré, lors d’un traitement antérieur par
bithérapie, que son système immunitaire était stimula-
ble par la bithérapie… mais moins. Les chances que ce
système immunitaire puisse éliminer les virus résis-
tants sont moins élevées : on rapporte dans ce cas
environ 60 % de guérison.
Quant aux "anciens-répondeurs nuls", les chances de
guérison restent non-négligeables, mais tombent, glo-
balement, à moins de 30 %.
Attention néanmoins aux "mauvaises classifications",
datant d’une époque où les doses utilisées pour la riba-
virine ou l’Interféron étaient insuffisantes : elles ne
permettent pas d’appréhender correctement le niveau
de stimulation par la bithérapie utilisée aujourd’hui.
Qu’est-ce que la "lead-in phase" ? Peut-elle
permettre de prédire la réponse au
traitement ?
La "lead-in phase" est le terme anglais pour parler
d’une "Phase Initiale par Bithérapie". Les experts fran-
çais parlent de "PIB". Le principe est de commencer le
traitement par une bithérapie avec interféron + ribavi-
rine (en général sur un mois), avant d’ajouter
l’antiprotéase. Le but de cette PIB est de réduire la
quantité de virus se multipliant dans l’organisme
AVANT l’introduction de l’antiprotéase, de façon à limi-
ter les risques d’émergence de résistances. Cette
approche a été retenue pour le bocéprévir. Des études
ont montré que la réduction de la charge virale sous
télaprévir était suffisamment rapide pour pouvoir se
dispenser de cette phase. Autrement dit, selon les
recommandations officielles, la PIB est obligatoire pour le bocé-
prévir, mais facultative pour le télaprévir.
Plus récemment, certains experts ont proposé la PIB comme
moyen d’évaluer le niveau de sensibilité à la bithérapie des per-
sonnes n’ayant jamais été traitées auparavant. Cette approche
reste controversée car chez de nombreuses personnes, appe-
lées "répondeurs lents", la stimulation immunitaire par
interféron + ribavirine met du temps à s’installer (donc on ne
IL 28 B
Le gène de l’interleukine 28 B est un marqueur permettant de
prédire la réponse au traitement par Interféron + ribavirine,
c’est-à-dire de pouvoir savoir à l’avance quelles sont les per-
sonnes qui ont un système immunitaire très “stimulable” par in-
terféron + ribavirine et celles pour lesquelles cette bithérapie
sera moins efficace.
Il existe trois configurations génétiques possibles :
IL 28 CC : C’est la configuration la plus favorable. Les personnes
concernées ont de fortes chances de voir leur système immu-
nitaire stimulé efficacement par interféron + ribavirine, et donc
d’être dans la situation décrite dans le schéma 3.
IL 28 CT : C’est la configuration intermédiaire, avec une réponse
au traitement attendue “moyenne”.
IL 28 TT : C’est le profil le moins favorable, pour lequel on s’ex-
pose davantage à être dans la situation décrite dans le schéma
4. Mais bonne nouvelle, la puissance des antiprotéases (téla-
prévir et bocéprévir) a un peu “effacé” l’impact de cette carac-
téristique génétique et, aujourd’hui, les personnes IL 28 TT ont
elles aussi des chances non négligeables de guérir.
Le test IL 28 n’a donc que peu d’intérêt en pratique pour le trai-
tement du VHC de génotype 1, car il ne modifiera que rarement
la décision thérapeutique. En revanche, ce test peut apporter
des éléments de décision pour la prise en charge des autres gé-
notypes, car il permet d’estimer si la bithérapie a des chances
de marcher, en l’absence d’autres options de traitements sur le
marché à l’heure actuelle.