L’arrivée de nouveaux médicaments pouvant présenter des soucis de
tolérance au niveau de la peau, comme Incivo (télaprévir, antiprotéase du
VHC) dans le traitement de l’hépatite C de génotype 1, exige à la fois
une anticipation de ces problèmes, une surveillance renforcée et une
prise en charge adaptée et rapide des manifestations cutanées qui peuvent survenir.
Dermatologue, spécialiste des problèmes de peau liées aux médicaments, le docteur
Laurence Allanore fait le point pour Remaides. Dossier réalisé par Franck Barbier.
>> Dossier
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REMAIDES #78
L’affaiblissement du système immunitaire ou certaines
maladies peuvent expliquer des problèmes de peau, mais
il existe aussi une autre cause à ces problèmes : la prise de
certains médicaments. Dans l’hépatite C, le traitement standard
actuel, basé sur l’interféron pégylé et la ribavirine, assèche sou-
vent la peau et peut s’accompagner de démangeaisons (prurit).
Cela crée des désagréments qui s’ajoutent à d’autres effets indé-
sirables, rendant la période du traitement possiblement difficile à
vivre. L’arrivée des “troisièmes agents”, nouveaux médicaments
s’ajoutant au traitement standard (voir télaprévir et bocéprévir
dans Remaides N°77, Hiver 2010/Printemps 2011), représente une
chance importante d’augmenter l’efficacité du traitement. On
devrait passer d’environ 50 % de guérisons de l’infection (per-
sonnes mono-infectées par l’hépatite C) actuellement à 70 % ou
80 %. D’ici à 2015, d’autres molécules obtiendront leur autorisa-
tion de mise sur le marché (AMM). Ce sont actuellement une
cinquantaine de molécules anti-VHC qui sont en développement.
Appartenant à des classes de médicaments différentes (antipro-
téases, antipolymérases, etc.) et ayant chacune leurs parti-
cularités, elles s’accompagneront probablement d’effets indési-
rables différents. Certains pourraient concerner la peau. Les deux
médicaments actuellement en Autorisation temporaire d’utilisa-
tion (ATU) pour les personnes infectées par le VHC de génotype 1
sont le télaprévir (Incivo) et le bocéprévir (Victrelis). Ils peuvent
s’accompagner d’effets divers, chacun a son point faible.
Le bocéprévir peut occasionner plus d’anémies (baisse des glo-
bules rouges) et le télaprévir plus de problèmes de peau (rash,
éruptions cutanées, plaques rouges sur la peau). Ce ne sont pas
les seuls effets indésirables, mais probablement les plus notables
pour chacun. Même si l’utilisation de ces médicaments sera
limitée au temps du traitement (quelques mois), ces problèmes
de peau doivent être anticipés, étroitement surveillés et sérieu-
sement pris en charge.
Séro
Peau !
Si fragile… peau !
La peau, le plus vaste organe de notre corps, peut être exposée à de multiples agressions extérieures : froid, soleil, sècheresse,
piqûres d’insectes, produits chimiques… que nous pouvons assez bien repérer pour s’en protéger. Elle peut aussi réagir à des
phénomènes internes à l’organisme, qu’ils soient biologiques ou génétiques, comme l’acné à la puberté et sa surproduction hor-
monale, ou l’hyper-transpiration. Les problèmes cutanés sont parfois au croisement des deux. Ainsi les mycoses, le psoriasis,
l’herpès, le zona, ou même la maladie de Kaposi (une forme de cancer) dans le VIH, sont autant de maladies de la peau qui appa-
raissent à la conjonction d’une perturbation du système immunitaire, d’un affaiblissement des défenses de l’organisme, et de
l’arrivée d’un agent pathogène (parasite, champignon, bactérie ou virus).