Bien gérer le parasitisme - Chambre d`Agriculture de l`Ariège

Bien gérer
le parasitisme
Bovins, ovins, caprins
Quelques soient les systèmes d'élevage, les enjeux de la maîtrise du parasitisme sont les
mêmes : assurer une bonne santé et des performances optimales des animaux de rente,
gages de leur longévité et de leur rentabilité.
Les incidences du parasitisme dépendent directement de pratiques d'élevage que vous mettez en œuvre :
alimentation, pâturage, moyens curatifs et préventifs.
Les traitements systématiques, au mieux inutiles au pire néfastes, ne sont plus à l'ordre du jour
Le choix de traiter ou non un animal se fait après avoir répondu à certaines questions :
- Quel est le devenir de l'animal ? En effet, la stratégie antiparasitaire ne sera pas la même s 'il s'agit d'un
animal à cycle court ou destiné au renouvellement,
- Contre quel parasite dois-je lutter ?
- Ai-je mis tous les moyens préventifs en œuvre ?
- Quel moyen curatif choisir et quand traiter efficacement mes animaux?
Ces fiches parasitisme ont pour objectif de vous donner les premières clefs de compréhension du
parasitisme en élevage afin que vous ayez un regard critique et averti sur vos pratiques.
Parasitisme : ayez un regard critique et averti de vos pratiques
Les diagnostics
Les diagnostics sont à réaliser à partir du mois de septembre.
Les prélèvements devront être faits de préférence sur des animaux de pre-
mière année d'herbe. Les coprologies (individuelles) peuvent être faites à
partir de prélèvements réalisés sur 5 animaux. Une sérologie sur le mélange
de sang de 5 animaux est possible afin de limiter les coûts d'analyse.
Il est essentiel de vérifier auprès de votre laboratoire départemental que les
méthodes utilisées correspondent bien à celles précisées ci-dessous. Le
Laboratoire Départemental Vétérinaire de l'Ariège a ce savoir-faire.
Pour les bovins, ovins et caprins :
Une coprologie est le reflet de l’excrétion parasitaire, pas de l’infestation !
Le nombre d'œufs identifiés dans les bouses n'est pas révélateur du niveau de l'infestation parasitaire, il permet juste
de connaître la nature de cette infestation.
Parasitisme : notions importantes
L’excrétion
Les éléments biologiques des différents parasites (œufs des strongles
gastro-intestinaux, de grande douve ou les ookystes de coccidies…)
sont excrétés dans les bouses des bovins et les crottes des moutons.
La contamination
La contamination, c'est la dissémination dans le milieu extérieur.
Les larves infestantes des strongles, de la grande douve et des param-
phistomes contaminent l'herbe des prairies en se concentrant à la base
des brins d'herbe, à une hauteur en générale inférieure à 5 cm.
Ceux des coccidies se retrouvent sur les murs des bâtiments, les râte-
liers, le sol, la paille et le foin souillés.
L’infestation
Les parasites ingérés avec l'herbe se retrouvent, en fonction de leur
nature, dans l'estomac, le foie, les poumons… de l'animal.
Certaines larves peuvent s'enkyster dans le courant de l'automne et deviennent beaucoup moins sensibles au traite-
ment antiparasitaire.
Un niveau d'excrétion ne traduit en rien le niveau d'infestation d'un animal
Pour un même niveau d'infestation, un animal excrétera beaucoup plus après un épisode stressant (mise bas pour les
femelles, chaleurs, sevrage pour les jeunes…). C'est pour cette raison qu'il est illusoire de commenter le niveau d'ex-
crétion à partir des résultats d'une coproscopie.
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Les diagnostics per-
mettent de savoir si les ani-
maux ont été infestés par
des parasites et de les
identifier. Grâce à ces
outils, on sait si un traite-
ment est nécessaire ou non
et l’on peut cibler le produit
antiparasitaire à utiliser.
Parasite recherchés Types de prélèvement Types d’analyse
Strongles digestifs Calamel-Soulé Coproscopies
Paramphistomes
Strongles pulmonaires Baermann Coproscopies
Grande douve Sérologie Elisa Pourquier Sérologies
Coccidies Coproscopies, faire préciser les espèces
de coccidies
L’ immunité contre les parasites
Qu’est-ce que l’immunité ?
L'immunité est le mécanisme de défense de l'animal qui se met en
place quand ce dernier est en contact avec des parasites (internes
ou externes), lors du pâturage ou à l'intérieur des bâtiments d'éle-
vage.
Comment l’immunité se met-elle en place ?
Pour que les mécanismes immunitaires se mettent en place, il est
indispensable que l'animal rentre en contact avec le parasite : on
parle alors d'immunité de contact.
Cette immunité peut se faire très rapidement, comme pour le cas
des strongles pulmonaires chez les bovins, ou peut demander plu-
sieurs semaines dans le cas des strongles digestifs.
Pour que cette immunité soit efficace, elle devra se faire le plus tôt possible dans la saison et avec
des niveaux d'infestation assez faibles.
Cette immunité sera entretenue grâce à des réinfestations régulières et de faible niveau.
L'immunité peut se mettre en place sur des animaux jeunes, dès leur première année de pâturage.
L'instauration de cette l'immunité sur des animaux jeunes sera d'autant plus intéressante qu'elle limitera leur
excrétion et donc la contamination des prairies.
En gardant les femelles de renouvellement en bâtiment jusqu'à la mise bas, puis en les mélangeant avec les autres
adultes au moment de la mise à l'herbe, vous risquez de les mettre en difficulté. En effet, elles devront simultané-
ment finir leur croissance, assurer leur premier allaitement, faire face à la concurrence des adultes tout en gérant
une première infestation parasitaire sans avoir été au préalable immunisées, le résultat peut être grave de consé-
quences.
Une immunité peut être remise en cause par des traitements mal positionnés
Tout emploi d'antiparasitaire annule les effets de l'immunité. C'est pour cette raison que chaque traitement doit
être raisonné en fonction des objectifs pour chaque catégorie d'animaux et de la gestion des pâtures à venir.
Moyens préventifs
La connaissance de l’évolution des parasites
La connaissance de l’évolution des parasites permet de connaître les périodes d'infestation potentiellement forte par
les parasites et de gérer les zones à risques : par exemple, il faut empêcher les animaux d'accéder aux zones humi-
des où une infestation par la grande douve ou les paramphistomes est possible.
Dans les bâtiments
La désinfection à l'eau bouillante haute pression avant la rentrée des animaux est efficace contre les coccidies.
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Réalisé par Stéphanie Raffoux, technicienne
Fourrages, Chambre d’Agriculture de l’Ariège,
d’après la formation “Gestion du parasitisme”
réalisée par Christian Mage, consultant en
santé animale en 2007. Mise en page : service
communication Chambre d’agriculture de
l’Ariège. Crédit Photo : S. Raffoux.
La gestion du pâturage
- Constituez des lots d'animaux de même catégorie (lot de mères seules, lot de
génisses, lot de vaches suitées) permet de gérer le pâturage en fonction de leur sen-
sibilité respective face aux parasites,
- Utiliser des parcelles " saines " (après une fauche) pour certaines catégories
d'animaux peut se justifier, mais en pâturant uniquement ce genre de parcelles, les
animaux n'auront pas l'occasion de mettre en place leur immunité,
- Gérez de façon rigoureuse le pâturage : sortie des animaux des parcelles quand
l'herbe atteint 5 cm de hauteur et pâturage tournant permettent de limiter le niveau
d'infestation des animaux. Attention, la gestion extensive des pâturages avec de
grands parcs est favorable à l'infestation des animaux qui auront tendance à surpâ-
turer les mêmes endroits,
- Complémentez au pâturage quand l'herbe devient moins disponible. Cela permet
de diminuer l'ingestion des larves infestantes,
-Le pâturage hivernal n'aura pas d'incidence sur le recyclage des parasites car il n'y aura pas d'évolution en éléments
infestants à cette période de l'année.
D’une façon générale :
- Evitez le surpâturage qui engendre des niveaux d'infestation trop élevé, l’animal est alors submergé
par les parasites et ne peut pas y faire face,
- Favorisez une mise en contact prolongée et de faible intensité entre l'animal et les parasites débou-
chant sur une immunité efficace de l'animal.
Les produits de phytothérapie
Certains d'entre eux ont prouvé scientifiquement leur efficacité contre certains parasites (coccidies pour les veaux et
les agneaux, et ténia pour les agneaux).
Hauteur d'herbe à 5 cm : l'herbe
arrive au niveau du talon de la
botte, il faut sortir les animaux de la
parcelle pour éviter le surpâturage.
Mieux gérer le parasitisme en limitant les traitements curatifs est devenu incontournable à bien des
égards :
- d'un point de vue économique, en réduisant le coût des intrants médicamenteux,
- d'un point de vue environnemental, en diminuant l'impact des produits et leur persistance dans l'environ-
nement,
- d'un point de vue pratique, en limitant les problèmes de résistance aux molécules actuellement
employées, et la manipulation / contention des animaux,
- et enfin d'un point de vue sociétal, en répondant aux préoccupations croissantes du consommateur sou-
cieux de l'impact de sa nourriture sur sa santé.
En conclusion
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Pour tout renseignement,
contactez la Chambre d’Agriculture
ou votre vétérinaire
Caractéristiques et périodes de
contamination
Le principal strongle digestif pour les bovins est celui
de la caillette : Ostertagia.
La contamination maximale des prairies a lieu en sep-
tembre, quel que soit le climat (elle est plus importante
si le printemps et le début de l'été ont été pluvieux).
Les larves de strongles digestifs se trouvent à la base
de la tige des brins d'herbe. Par conséquent, le niveau
d'infestation des animaux augmente de façon significa-
tive en cas de surpâturage.
Conséquences des infestations
Les larves d'Oestertagia migrent très
rapidement dans la muqueuse de la
caillette (en 4 à 6 jours en septem -
bre), ce qui a pour conséquences :
un poil piqué, des diarrhées, une
diminution de la croissance.
A l'approche des premiers froids, les
larves infestantes de la muqueuse se
mettent en hypobiose, et sont dès
lors beaucoup moins sensibles aux
antiparasitaires, sans être gênantes
pour les bovins. Ces larves en vie ralentie se réveilleront
au printemps (mars/avril) pour donner une nouvelle géné-
ration de larves infestantes.
Diagnostic
La coproscopie permet de déterminer la nature de l'infes-
tation, sans connaître le niveau d'infestation de l'animal.
Une sérologie, avec dosage du pepsinogéne, permet de
connaître le niveau d'infestation.
Stratégies de lutte
Une bonne gestion de la ressource herbagère est un
moyen de prévention intéressant, ainsi que l'affourage-
ment au pré quand la hauteur d'herbe devient limitante.
Le contact répété avec les strongles digestifs et à faible
dose permet une mise en place intéressante de l'immunité
(immunité de contact).
Si les animaux jeunes ne pâturent
que des parcelles " saines " (après
un ensilage ou une coupe de foin),
l'immunité ne pourra pas se mettre
en place, puisqu'il n'y aura pas eu de
contact entre les animaux et les
parasites.
L'immunité se traduit par une diminu-
tion du nombre d'œufs excrétés
dans les bouses et limite donc la
contamination des parcelles.
A noter que des animaux en pre-
mière année d'herbe, donc non immu-
nisés, sont de grands excréteurs.
Les strongles digestifs
Fiche parasitisme Bovins
Les strongles pulmonaires
Caractéristiques et cycle
Le dictyocaule est un parasite de la trachée et des bron-
ches. Les larves infestantes (que l'on trouve sur les prai-
ries) et celles contenues dans les bouses sont sensibles
au froid à partir de - 2°c.
Période de contamination
Au printemps, les prairies sont peu, voire pas du tout
contaminées par les larves de strongles pulmonaires.
Ce sont les pratiques de déprimage par les adultes qui
vont contaminées les parcelles, puisqu'il y aura excrétion
de larves dans les bouses. Et les jeunes animaux vont
s'infester quand ils pâtureront en suivant ces mêmes par-
celles. C'est ainsi que l'on remarquera des essoufflements
et de la toux dans les 60 à 80 jours suivant leur mise à
l'herbe.
Les dictyocauloses apparaissent souvent sur des ani-
maux adultes n'ayant pas fait leur primo-infestation.
L'immunité se met en place rapidement et de façon consé-
quente lors de la migration des stades larvaires.
Conséquences des infestations
L'animal infesté présente de l'essoufflement, du mou-
chage et de la toux. Des complications pulmonaires bac-
tériennes et virales peuvent également se manifester. Il
peut y avoir de la mortalité.
Diagnostic
Dès que des animaux toussent, une recherche des
strongles pulmonaires pourra se faire grâce à une copro-
logie selon la méthode Baermann.
Stratégies de lutte
Une bonne stratégie de lutte est de favoriser l'infestation
naturelle des jeunes bovins qui engendrera la mise en
place de leur immunité.
Pour une lutte curative, il faudra appliquer les program-
mes de traitement classique contre les strongles gastro-
intestinaux.
Question d'éleveur :
" La mise à l’herbe est-elle une bonne
période pour traiter contre les strongles
digestifs ? "
Réponse : Ce traitement avant la mise à
l'herbe est inutile car les animaux n'ont pas
eu encore le temps d'être en contact avec
les parasites. De plus, le printemps, du fait
de la disponibilité en herbe, est une période
à faible risque d'infestation.
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