visite Rapport de Centre hospitalier de Plouguernével

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Rapport de
visite
Centre hospitalier de
Plouguernével
Unité pour malades difficiles
14 au 16 avril 2009
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Contrôleurs
Jean-Marie Delarue, chef de mission
Betty Brahmy
Xavier Dupont
En application de la loi du 30 octobre 2007 instituant le Contrôleur général des lieux
de privation de liberté, trois contrôleurs ont effectué une visite de l’unité pour
malades difficiles (UMD) du centre hospitalier de Plouguernével (Côtes d’Armor) du
14 au 16 avril 2009. L’ensemble de la structure hospitalière est géré par l’association
hospitalière de Bretagne (AHB). Il s’agit d’un établissement de santé privé participant
au service public hospitalier qui dispose en outre de deux secteurs de psychiatrie.
1. Les conditions de la visite
Les trois contrôleurs sont arrivés sur le site le mardi 14 avril à 11heures 30 et en
sont repartis le jeudi 16 avril à16heures 10. Ils ont effectué une visite de nuit le mardi
14 avril de 22 heures à 0 heure 30.
Les contrôleurs ont été accueillis par le cadre supérieur de santé, responsable de
l’unité avec lequel une réunion de début et de fin de visite s’est tenue. Ils ont
également rencontré le médecin-chef le mercredi matin 15 avril. La direction de
l’association hospitalière de Bretagne, prévenue de l’arrivée des contrôleurs a
délégué sur le site la directrice des soins infirmiers.
Un rapport de constat a été adressé le 22 juin 2009 au directeur de l’association
hospitalière de Bretagne qui a fait connaître ses observations par un courrier en date
du 7 juillet 2009, accompagné d’une lettre du médecin responsable de l’UMD, que le
rapport de visite a pris en compte.
Les contrôleurs ont rencontré au siège de l’association, c’est à dire sur le site du
centre hospitalier, distant d’environ un kilomètre de l’UMD, le directeur adjoint de
l’association.
Un contact téléphonique a épris avec le directeur de cabinet du préfet des Côtes
d’Armor, le directeur de l’agence régionale de l’hospitalisation (ARH) de Bretagne, le
directeur départemental des affaires sanitaires et sociales des Côtes d’Armor et le
médecin du travail de l’établissement.
Les contrôleurs ont pu visiter la totalité des locaux de l’unité pour malades difficiles
en étant toujours accompagnés d’un personnel puisque la circulation nécessite de
posséder une clé pour ouvrir les portes fermées à clé isolant chacune des unités et
des lieux accueillant des patients, pour des motifs de sécurité.
Ils ont pu rencontrer, comme ils le souhaitaient des personnes exerçant sur le site.
Les patients ont été reçus en entretien, toujours pour des raisons de sécurité, avec
un personnel soignant.
L’ensemble des documents demandés a été mis à la disposition de la mission de
contrôle.
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2.
3. Présentation générale de l’établissement
Le centre hospitalier est situé 2 route de Rostrenen, dans le centre du village de
Plouguernével. L’unité pour malades difficiles se trouve à l’entrée du village, allée du
Bois, à environ un kilomètre du centre hospitalier. Un panneau de signalisation
indique « UMD ». Pour ceux qui connaissent la signification de l’acronyme, il est
donc facile de trouver l’établissement en venant en voiture. Un parking, commun aux
professionnels et aux visiteurs est situé de part et d’autre de l’entrée de l’unité. Il
comporte deux places pour les personnes à mobilité réduite.
En revanche, la desserte par les transports en commun est difficile. Il faut se rendre
en train à Saint-Brieuc ou à Guingamp, puis prendre un autocar ; cependant les
horaires ne correspondent pas forcément à ceux des visites.
L’ouverture d’une cinquième unité pour malades difficiles en France
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répond aux
recommandations de la mission nationale d’appui en santé mentale.
A Plouguernével, la première unité a été mise en service le 2 janvier 2008 et
inaugurée le 4 avril 2008. La deuxième unité a été mise en service le 2 mai 2008.
L’investissement a coûté dix millions d’euros. L’ouverture a été précédée d’une
phase de réflexion approfondie (associant les personnels) ouverte à la fin de 2003.
Cette unité est destinée à recevoir en priorité des patients en provenance des
régions Bretagne, Basse-Normandie, et Pays de la Loire. Toutefois, à l’instar des
quatre autres unités, elle peut répondre à toute demande d’admission d’urgence
provenant de n’importe quelle région. Tous les patients accueillis sont de sexe
masculin.
L’UMD est entourée d’un mur d’enceinte de 4,50 mètres de haut et de 600 mètres de
long. Elle s’étend sur un terrain de quatre hectares cédé par la municipalité. La
superficie utile de l’unité est de 3 800m².
La capacité de l’UMD est de quarante lits se répartissant en deux unités (unité 1 et
unité 2) et deux chambres d’isolement par unité.
Une troisième unité est possible et d’ailleurs souhaitée par les responsables (qui
pourraient ainsi mettre en œuvre un circuit progressif des patients, actuellement
irréalisable, d’une unité à l’autre au long du séjour). La disponibilité foncière existe
d’ores et déjà.
Le premier jour de la visite des contrôleurs, dix-neuf patients se trouvaient dans
l’unité 1 et dix-sept dans la 2 ; un patient était attendu le 15 avril 2009.
On pénètre dans la structure par un « sas de contrôle » (deux portes verrouillées par
serrures électromagnétiques commandées par le poste d’entrée, analogue à ceux
qu’on trouve à l’entrée des établissements pénitentiaires, puis après avoir traversé
un espace à l’extérieur, on parvient dans la zone administrative où se trouvent :
trois bureaux pour les psychiatres dont celui du médecin, chef du
service,
les bureaux du cadre supérieur, de la psychologue et de l’assistante
sociale,
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Après celles de Villejuif en 1910, Montfavet en 1947, Cadillac en 1963 et Sarreguemines en 1956 et 1967.
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le secrétariat,
un office,
une salle de réunion,
les fauteuils où attendent les visiteurs,
le cabinet dentaire avec un local de décontamination des matériels
réutilisables,
la salle de sismothérapie et les deux salles de réveil,
le cabinet du médecin généraliste et des médecins vacataires,
La zone dédiée aux patients comprend l’unité 1, l’unité 2, la zone d’ergothérapie, le
salon de coiffure et la cafétéria.
Le personnel est composé de trois psychiatres à temps plein dont le chef de service,
d’un médecin généraliste assurant deux vacations hebdomadaires, d’une
psychologue exerçant son activité à 85%, d’une assistante sociale à mi-temps, d’une
secrétaire, d’un cadre supérieur de santé, de deux cadres infirmiers, de quarante-
cinq infirmiers (dont deux tiers d’hommes), de huit aides-soignants, de huit agents
de service logistique (correspondant dans le service public aux agents de service
hospitalier), de trois ergothérapeutes, d’un infirmier chargé des activités sportives et
d’un psychomotricien exerçant à mi-temps.
A cela, il faut ajouter
- les personnels qui assurent l’accueil et l’entretien des locaux, soit deux
personnes à temps plein et deux exerçant leur activité à 40% ;
- deux personnes à mi-temps qui gèrent le fonctionnement de la cafétéria des
patients
- le soutien apporté par le siège de l’AHB (paie, sécurité-incendie,
blanchisserie, direction administrative).
Dix infirmiers et un ergothérapeute sont en cours de recrutement.
Au total, actuellement trente personnels soignants et un mi-temps (hors decins,
psychologue et ergothérapeutes) sont en poste sur l’unité 1 et trente et un sur l’unité
2.
Selon les dispositions de l’article 1 de l’arrêté du 14 octobre 1986 relatif au règlement
intérieur type des unités pour malades difficiles, tous les patients admis dans une
UMD sont en situation d’hospitalisation d’office (HO). Cette hospitalisation d’office est
toujours prononcée dans l’établissement d’origine du patient et confirmée par un
arrêté du préfet des Côtes d’Armor.
Le premier patient a été admis le 15 janvier 2008.
En 2008, 159 demandes provenant de la France entière ont été adressées au
médecin responsable de l’UMD, cinquante-sept patients ont été admis dont douze
dans le cadre de l’article D.398 du code de procédure pénale. Quatre annulations
sont à noter : deux pour orientation vers une autre UMD, deux à la suite d’une
révision de l’indication de l’admission.
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Le délai moyen entre le premier contact avec le service demandant l’admission et
l’arrivée à Plouguernével est de 42,7 jours.
En 2008, le taux d’occupation a été de 73,85%.
La durée moyenne de séjour a été de 166,7 jours ; le séjour le plus court a été de
soixante-huit jours et le plus long de trois cent soixante-deux jours.
Le jour de la visite des contrôleurs, un patient était attendu le 21 avril 2009, un autre
le 28 avril et six avaient eu une réponse favorable et étaient en attente d’une place
disponible.
4. Hospitalisations sans consentement et exercice des droits
3.1 Modalités d’admission des patients
Le psychiatre souhaitant adresser un patient à l’UMD fait sa demande par
téléphone ; la secrétaire lui propose d’envoyer par fax, un courrier décrivant la
situation et l’état clinique du patient au psychiatre responsable de l’UMD. Si celui-ci
pense que le cas est compatible avec une admission, la secrétaire envoie au service
demandeur un dossier d’admission extrêmement détaillé et complet. En effet celui-ci
comprend, outre les données administratives du patient, l’histoire de sa maladie, les
traitements prescrits et les motifs d’admission, un certain nombre d’examens
complémentaires tels que son électro-encéphalogramme (EEG), son
électrocardiogramme, son bilan biologique complet, son bilan psychologique et, si
possible, neuropsychologique…
A réception du dossier, une date indicative d’admission est donnée au service
demandeur.
3.2 Modalités d’arrivée du patient
Les contrôleurs ont pu assister à l’arrivée, mercredi 15 avril 2009 à 14 heures, d’un
patient en provenance du centre hospitalier spécialisé de Brest.
Lorsque ce patient arrive à l’UMD, il est accompagné par deux infirmiers du centre
hospitalier d’où il provient. L’ambulance pénètre dans l’établissement par le « sas
véhicules » (deux grilles fermées à tour de rôle par commande électromagnétique)
puis le patient est conduit par une entrée directe dans l’unité d’hébergement, sans
passer par la zone administrative. Les infirmiers déposent au secrétariat les
documents administratifs, notamment les arrêtés préfectoraux d’hospitalisation
d’office et de transfert. Les vêtements du patient sont remis ainsi que l’argent liquide
au cadre infirmier de l’unité. Celui-ci établit un reçu, enregistre le dépôt sur le registre
« argent des patients ». L’argent est ensuite entreposé dans le coffre-fort situé
derrière la cafétéria. Chaque patient a un compte nominatif est enregistrée la
somme qu’il possède au jour le jour. En l’occurrence ce patient disposait de 107
euros à son arrivée.
Le projet médical de l’UMD prévoit une période obligatoire de vingt-quatre heures
d’observation en chambre d’isolement lors de l’admission du patient. Ce patient a été
admis à l’unité 1 du fait que les deux chambres d’isolement de l’unité 2 étaient
occupées. Le patient a donc été amené sans difficultés à la chambre d’isolement par
les infirmiers. Ceux-ci lui ont expliqué lors d’un premier entretien, son fonctionnement
et notamment la présence d’une caméra de vidéosurveillance.
Une réunion s’est tenue avec les infirmiers du centre hospitalier de Brest, le
psychiatre référent du patient à l’UMD, la cadre infirmière de l’unité 1 et l’une des
infirmières de cette unité. Ce temps d’échanges a permis aux infirmiers d’expliquer
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