Les staphylocoques (word)

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UE8 – De l’agent infectieux à l’hôte
Olivier BELMONTE
Date : 15/02/2016
Plage horaire : 14h – 16h
Promo : 2015/2016
Enseignant : Dr. O. BELMONTE
Ronéistes : OMARJEE Mohammad / RADJABALY Kayyum
Les staphylocoques
Introduction
I. Habitat et épidémiologie
II. Le Staphylococcus Aureus (SA) (staphylocoque doré)
1. Caractéristiques
A.
B.
C.
Pouvoir d’invasion et d’adhésion
Pouvoir enzymatique
Pouvoir toxinique
2. Les pathologies liées au SA
A.
B.
Infections suppuratives superficielles (loco-régionales) et profondes
Infections non suppuratives d’origine toxinique
▪
▪
▪
▪
Syndrome cutané staphylococcique
Choc toxique staphylococcique
Infection à leucocidine de Panton-Valentine
Intoxications alimentaires
3. Diagnostic au laboratoire
A.
B.
C.
Examen direct et culture
Techniques d’identification
Analyse moléculaire
4. Traitement
III. Les staphylocoques à coagulase négative (SCN)
IV. Sensibilité et Résistances aux antibiotiques
1. Sensibilité aux antibiotiques
2.Résistances aux antibiotiques
3.Données épidémiologiques concernant le niveau de résistance de
Staphylococcus aureus
Conclusion
Nous allons voir ensemble les grandes classes de bactéries, les principaux germes impliqués dans les
pathologies humaines, ce premier cours concernant plus particulièrement les Gram+, surtout les coccis
Gram+.
Vous avez déjà vu la différence entre les bactéries, le fait que certaines aient des colorations Gram+ ou
Gram-, ces différences étant dues à des propriétés de structure.
Il est important de savoir dans quelle direction on part, sur quel type de germe on est face à une infection
suspectée, ce qui permet en général d’avoir une orientation sur les premières thérapeutiques mises en place.
On se base souvent là-dessus car les informations arrivent rapidement et donc il est plus facile de poser un
traitement.
On va surtout parler aujourd’hui des staphylocoques et des streptocoques qui sont des coccis Gram+. Ces
bactéries sont retrouvées de manière très fréquente dans les pathologies humaines, notamment sur les
infections communautaires (en ville), et les streptocoques ont une place importante dans les infections
materno-fœtales soit en pré-, néo ou post-natal.
Introduction
Les staphylocoques, du genre Staphylococcus ont été identifiés en 1800 par Pasteur, et comptent
parmi les premières bactéries qui ont été découvertes. Ils appartiennent à la grande famille des
micrococcacae, où l’on trouve principalement ces derniers mais aussi d’autres germes qui ont peu d’impact
« infectieux ».
On identifie plus d’une 40aine d’espèces différentes dans le genre Staphylococcus. Elles sont impliquées
dans de nombreuses pathologies. Cependant on s’intéressera davantage à une espèce, le staphylococcus
aureus.
Les staphylocoques sont des coccis Gram+, identifiables à l’examen direct, ayant tendance à se disposer en
amas et à se colorer en violet. On parle de la grappe de raisins. Quand on voit sur un rapport de
bactériologie : « présence de coccis Gram+ en amas ou grappe de raisins », il faudra penser directement à
présence de staphylocoques.
Notion extrêmement importante à retenir : coccis Gram+ en amas = staphylocoques !!!
Quand vous aurez une infection où il est
précisé prélèvement purulent avec des
coccis en amas, vous conclurez qu’il
faudra mettre en place, quoi qu’il arrive,
une antibiothérapie couvrant les
staphylocoques. Certes il pourra y avoir
parfois d’autres germes associés, mais il
ne faudra pas négliger les
staphylocoques, qui restent néanmoins
une des espèces les plus virulentes.
Ces staphylocoques ont d’autres
caractéristiques qui ne sont pas
essentielles à retenir, notamment une
catalase positive (technique de laboratoire,
abordée plus loin dans le cours).
Par contre, il est important de connaitre qu’il
s’agit d’un germe aéro-anaérobie.
Le staphylocoque parvient à se développer
dans différents types d’atmosphère
contrairement à certaines bactéries qui sont
anaérobies strictes, se développant donc
qu’en absence d’oxygène et qu’on ne
retrouvera pas dans tout type d’infection tel
que les infections profondes ou digestives. Les
germes aérobies stricts ne se retrouvent
également pas dans tout type d’infection.
Mais les aéro-anaérobies, que ce soit les
staphylocoques ou les streptocoques, sont des
germes présents dans une multitude
d’infections, en tout cas ce ne sont pas les
conditions atmosphériques qui vont les empêcher de se développer. Son caractère aéro-anaérobie facilite sa
mise en culture au laboratoire.
On observe des formes arrondies violacées en amas, oriente
rapidement vers le genre Staphylococcus. On ne distingue pas
à ce stade s’il s’agit d’une souche Aureus ou autre.
I. Habitat / Epidémiologie
Le staphylocoque est impliqué dans beaucoup d’infections, car il est beaucoup présent : L’Homme et
les animaux à sang chaud en sont des réservoirs naturels.
Ils sont ainsi présents naturellement chez l’homme. Nous sommes tous porteurs de centaines de milliers de
staphylocoques, ce n’est pas pour autant qu’on se porte mal. Ce sont ce qu’on appelle des germes
commensaux appartenant à la flore commensale de l’organisme. On verra qu’on a différents types de flores
et selon où on se situe dans l’organisme, on va retrouver de manière systématique un certain nombre de
bactéries.
Les staphylocoques sont donc retrouvés chez l’homme, en particulier le plus virulent d’entre eux, le
staphylococcus aureus (SA) ou staphylocoque doré. Ce dernier est présent dans une proportion non
négligeable de la population, on estime le taux de portage de SA entre 20% et 65% de la population, sans
pour autant développer d’infections : on parle de colonisation. Le portage est transitoire pour certains,
persistant pour d’autres (on a parfois un clone qui persiste chez un individu très longtemps sans qu’il y ait
de complications, mais qui permet la diffusion des germes).
On a un donc un portage endogène de staphylocoques dorés dans un tiers de la population de manière
systématique.
Les staphylococcus non aureus, qu’on appelle blancs ou à coagulase non négative, prolifèrent beaucoup
sur la peau, au niveau de la flore cutanée et parfois vont pouvoir contaminer certains types de prélèvements
qu’on sera amené à réaliser chez le patient. Ils sont non pathogènes et il y a à peu près 100% de porteurs.
Voici quelques zones où peut être localisé le staphylocoque doré (surtout dans région chaudes et humides) :
- fosses nasales +++
- périnée
- vagin
- intestin
- gorge
- peau notamment sur les mains (transmission manuportée !)
A gauche : porteur transitoire. Le SA est souvent retrouvé dans les fosses nasales, que le porteur soit
transitoire ou chronique.
Il existe au sein même des staphylocoques aureus des clones différents. Les porteurs chroniques portent
souvent toujours le même clone, il y’a une certaine affinité. Il a également une charge bactérienne plus
élevée que le porteur transitoire, c’est-à-dire plus de bactéries.
Dans certains cas de figure, vous serez amenés à procéder à des dépistages pour savoir si les personnes
sont porteuses ou non de staphylocoques dorés, et de façon préventive, on pourra par exemple avant
certaines chirurgies, décontaminer le patient porteur de manière à éviter les infections post-opératoires. En
effet, les personnes porteuses de staphylocoques sont plus à risques d’infections.
On fait également du dépistage dans des unités à risques pour vérifier que les patients ne soient pas
porteurs de bactéries multirésistantes (BMR). Parmi ces BMR, il y'a le staphylocoque doré multiresistant,
si il est détecté on va pas essayer de le décoloniser mais plutôt de prendre des mesures complémentaires
pour éviter au patient A porteur de transmettre la bactérie à un autre patient du service qui est fragile et qui
serait amené à être infecté.
Pour rechercher le SA, on fait des prélèvements au niveau du nez : on réalise un écouvillonnage (donc les
fosses nasales= site de prédilection du SA).
Chez les porteurs chroniques, il est déconseillé de faire une décontamination, parce que les patients
reçoivent énormément d’antibiotiques pour très peu de résultats. En effet, le porteur chronique risque de se
faire recoloniser.
Attention, important à comprendre : ce germe staphylocoque doré est présent naturellement chez l’homme.
Le fait de trouver ce germe dans un prélèvement bactériologique, n’est pas forcément anormal et il n’est
absolument pas nécessaire de traiter tout de suite. Il est important de savoir le contexte général, savoir s’il
est forcément impliqué dans une infection et si on va le traiter.
Par exemple, dans les prélèvements vaginaux, le staphylococcus aureus est régulièrement détecté, ce n’est
pas pour autant qu’un traitement antibiotique est prescrit.
Donc attention à cela !!!
En dehors des organismes humains, ces germes sont très répandus dans la nature également : sol,
air, eau… Parfois aussi dans des aliments ce qui peut être problématique. En effet certains types de
staphylocoques, en particulier le doré, peuvent produire des toxines pouvant amener à des troubles digestifs
(intoxication alimentaire). La présence de SA dans l’alimentation est souvent due à une manipulation des
aliments par le personnel soignant infecté.
On trouve donc des staphylocoques dans l’organisme humain, c’est normal. Vous verrez des staphylocoques
non aureus qu’on a tous sur la peau et qui souvent contaminent les prélèvements biologiques. Ils sont
beaucoup moins virulents que le SA et sont des bactéries opportunistes (elles savent profiter pour proliférer
d’un état particulier du patient, souvent des états d’immunodépression avec des défenses immunitaires qui
sont un petit moins efficientes qu’elles ne devraient).
Le staphylocoque doré est celui qui nous intéresse un peu plus car par rapport aux autres, il a un pouvoir de
virulence qui est nettement plus important. Il est capable de provoquer des lésions et agir par
l’intermédiaire de toxines entrainant des symptômes qu’il faut savoir identifier et traiter pour éviter une
surcharge en toxines qui puisse ensuite induire des infections invasives parfois mortelles.
Il faut bien faire cette différenciation entre les staphylocoques.
II. Staphylococcus aureus (SA) = staphylocoque doré
1. Caractéristiques
Il s’agit d’une bactérie qui allie plusieurs atouts pour pouvoir provoquer des infections.
Le SA présente les plus grandes caractéristiques de virulence au sein de la famille staphylocoque. On le
retrouve beaucoup en médecine de ville sur les petites lésions infectieuses bénignes mais également à
l’hôpital dans les infections nosocomiales ou infections graves venant de la ville, nécessitant une
hospitalisation.
A.
Pouvoir d’invasion et d’adhésion
Un de ses atouts est sa capacité à adhérer à un organisme.
On a vu qu’il y avait des porteurs plus ou moins chroniques ou intermittents.
Cette bactérie a de quoi se fixer aux différents tissus de l’organisme, au tissu cutané régulièrement, mais
également au niveau des muqueuses.
Tout ceci est lié à différentes protéines, des adhésines, localisées à la surface de la bactérie.
On parle beaucoup de la protéine A (fixation sur Ig, opsonisation) mais il y en a d’autres permettant des
liaisons au collagène (cartilage), à la fibronectine (caillots plasmatiques, biomatériaux...), au fibrinogène
(clumping factor : agrégation des bactéries en présence de plasma), d’autres protéines encore (récepteurs
plasminogène, tissulaires…). Tout cela permet au staphylocoque doré de s’installer dans l’organisme.
Remarque : 90% des souches de SA possèdent une capsule = capacité de mieux résister à la phagocytose.
B.
Pouvoir enzymatique
Dans un deuxième temps, cette bactérie est capable de produire des facteurs de virulence notamment des
enzymes qui lui permettent souvent de s’étendre et de diffuser dans l’organisme.
Les coagulases libre ou liée peuvent lyser ou fixer certaines protéines de la coagulation (thrombine). Cet
élément va permettre d’activer certains éléments en cascade pour former un caillot. En effet la coagulase va
se fixer à la thrombine ce qui va former la staphylocothrombie, ce complexe entraine l’activation de la
fibrinogène en fibrine qui est une cascade qui permet la formation d’un thrombus. Ainsi, au sein de ce
thrombus se cache la bactérie.
Précisions sur les deux types de coagulases :
- coagulase dite « libre » = SA coagulase positive +
=> Production d’une protéine capable de coaguler le plasma humain ou de lapin.
In vitro, elle aide à l’identification du SA.
In vivo, elle engendre un risque de thrombophlébite.
- coagulase dite « liée » (clumping factor) => capacité de se lier au fibrinogène.
In vitro, elle aide à l’identification du SA.
In vivo, elle joue un rôle dans la diffusion hématogène de la bactérie.
-Il y a surtout des élastases, protéases, hyaluronidases qui vont permettre d’attaquer les tissus où la
bactérie s’est fixée, contrer aussi un peu les défenses immunitaires qui vont essayer d’empêcher cette
progression de l’infection. Et tout cela va permettre à la bactérie d’aller plus loin, de s’étendre avec
l’extension du foyer infecté.
Grâce à certaines enzymes, notamment les staphylocoquinases qui vont activer la lyse de ces caillots et on a
des emboles qui vont se libérer donc des bactéries qui partent dans la circulation sanguine et qui vont aller se
fixer vers le cœur, le cerveau, des organes profonds qui vont créer des troubles plus ou moins graves.
C. Pouvoir toxinique
Un point important qui caractérise le staphylocoque doré, est sa capacité à pouvoir produire des
toxines qui vont avoir une action soit locale, soit systémique et qui auront un impact sur différentes
cellules de l’organisme.
On verra que les infections à SA peuvent être une infection suppurée localisée à l’endroit où la bactérie
s’est fixée, ou des infections toxiniques qui se produisent à distance de la bactérie puisque la toxine
produite a diffusé dans l’organisme et a attaqué un tissu pour lequel elle possède un tropisme particulier
pouvant ainsi entrainer des lésions à distance.
Dans cette série de toxines, il y en a pas mal qui sont importantes.
On a les hémolysines qui vont détruire les hématies ce qui augmente la cytotoxicité de cette bactérie et
permettre aussi de se disséminer plus facilement (dissémination septique de la bactérie).
La Leucocidine de PantonValentine (LPV) attaque les leucocytes et diminue ainsi la capacité de
l’organisme à pouvoir lutter contre l’infection. Elle provoque une cytotoxicité sur PN et macrophages.
Elle a aussi la capacité d’attaquer certains tissus, comme le tissu pulmonaire.
On a des entérotoxines (entero = tube digestif) capable d’induire une symptomatologie digestive, à l’origine
d’intoxication alimentaire ; des épidermolysines qui attaquent l’épiderme et pouvant entrainer des
syndromes cutanés, épidermiques importants.
On peut citer également des toxines pyrogènes provoquant l’apparition de fièvre.
La toxine du syndrome du choc toxique (TSST-1) est capable de provoquer des chocs staphylococciques
avec une hyper réactivité immunitaire pouvant à terme entrainer un choc septique, fatal pour le patient.
Question (année 2014) : les toxines libérées sont des enzymes ?
Réponse : ce sont plus souvent des protéines qui ont un tropisme pour certains tissus et qui vont agir sur ces
tissus-là à distance.
Il faut ainsi retenir que cette bactérie a des capacités d’invasion, d’adhésion, de diffusion et une virulence,
tout cela la rendant particulièrement dangereuse. Elle s’installe et induit des lésions dans l’organisme assez
fréquemment. Il est courant de trouver cette bactérie dans les infections qu’elles soient superficielle,
cutanée, ou qu’elles soient plus étendues étant donné du fait que parfois on n’arrive pas à maitriser cette
infection superficielle bénigne au départ.
2. Pathologies associées au Staphylococcus aureus
A. Infections suppuratives superficielles (locorégionales) et profondes
On parlera d’infections suppuratives car il s’agit d’une bactérie pyogène capable de provoquer cette
production de pus liée à la présence de leucocytes, de macrophages, de polynucléaires essayant de
contrôler cette infection.
Ces infections suppuratives, peuvent être soit superficielles soit plus profondes pouvant atteindre des
organes et entrainant des déficits fonctionnels.
La bactérie peut donc, comme on l’a précédemment vu, se développer localement après fixation sur un tissu,
soit du fait d’un portage endogène soit par une acquisition de la bactérie à un certain moment. Sur ce site,
le SA va entrainer une réaction inflammatoire avec une dégradation du tissu, qui normalement au départ
est locale et qui peut se systématiser par voie hématogène.
On aura donc une localisation de la bactérie sur d’autres sites de l’organisme: territoires osseux ou
organes profonds, ce qui pourra entraîner des infections plus graves qui pourront mettre en jeu le pronostic
vital et nécessiteront la mise en place d’un traitement rapide, une antibiothérapie (ATB) efficace et ciblée.
Les infections suppuratives locorégionales sont les infections à SA les plus fréquentes. Elles se
retrouvent essentiellement au niveau cutané. Dans les formes cutanées, ce qu’on entend le plus souvent ce
sont les furoncles, les panaris, qui sont des infections assez fréquentes ne nécessitant pas toujours la
présence d’antibiothérapie pour être contrôlées. Il existe aussi des onyxis qui sont des lésions au niveau des
bords libres au niveau du doigt. Ce sont donc des atteintes superficielles au niveau du tissu cutané.
On a souvent du SA sur ces types de lésions notamment en médecine de ville. Des traitements locaux seront
proposés ; exemple du drainage de l’abcès superficiel, de prise en charge relativement facile, mais à ne pas
négliger car le risque de dissémination du SA existe.
Les différentes formes (sous)cutanées :
- folliculites pilo-sébacées ; folliculites,
furoncles...
- péri-onguéales ; onyxis, périonyxis…
- tissus sous cutanés ; panaris,
phlegmons, impétigos, cellulites…
Ces infections bénignes peuvent
toucher les muqueuses ; otites,
sinusites, conjonctivites, mastoïdites…
Le SA atteint facilement les muqueuses
du fait d’un manuportage ou d’une
localisation oropharyngée. Dans ce cas,
il faudra démontrer la présence locale
du SA et proposer une ATB adaptée.
Le SA est capable de diffuser depuis le foyer primaire vers des territoires plus profonds. Cela se
fait souvent sur la séquence suivante :
-
colonisation
-
adhésion avec les adhésines
-
lésions produites par les enzymes (que l’on a déjà décrites)
-
en fonction de la capacité du SA à maintenir ou pas l’infection au niveau local, diffusion possible
vers la circulation sanguine avec souvent formation de micro caillots grâce aux coagulases présentes
sur cette bactérie.
-
Avec les autres enzymes qui facilitent la diffusion du SA, on a une fibrinolyse qui peut avoir lieu. On
aura formation d’emboles septiques qui vont diffuser à travers l’organisme. Ces emboles vont
pouvoir atteindre d’autres sites et provoquer d’autres types de lésions souvent plus graves,
nécessitant une prise en charge par des unités d’hospitalisation adaptées.
Les étapes de la septicémie :
- phlébite
- caillot
- emboles septiques (action de la coagulase, fibrinolysine, hyaluronidase)
Ces emboles sont d’autant plus graves qu’il existe des facteurs de risques rendant la lutte contre ces
infections encore plus difficile ; l’immunodépression (ID), les patients polytraumatisés, ceux qui ont subi
une chirurgie lourde, ou encore les âges extrêmes : jeunes enfants et sujets âgés (immunité amoindrie).
Les localisations secondaires des emboles septiques sont variées pouvant aller jusqu'à l’abcès
cérébral, ou l’endocardite infectieuse.
Ces états fragiles vont augmenter le pouvoir de dissémination de la bactérie.
A partir de ce point superficiel et de cette diffusion dans l’organisme, on peut avoir des localisations
secondaires profondes avec des prises en charge beaucoup plus compliquées nécessitant indéniablement
des antibiothérapies pouvant rapidement amener à des tableaux majeurs avec une septicémie ; on peut donc
avoir des atteintes multiples entrainant par exemple des endocardites, des atteintes ostéo-articulaires,
pneumopathies, ostéomyélites (os longs chez enfants, vertèbres chez adultes), arthrites, méningites,
infections urinaires… donc différents types de complications qui partent de ce foyer initial cutané.
B.
Infections non suppuratives d’origine toxinique
A côté de ces infections suppurées, où la bactérie est à l’intérieur de la lésion (un simple prélèvement au
niveau de la lésion suffit à diagnostiquer la présence du germe), on peut avoir des infections non
suppuratives d’origine toxinique. On a cité précédemment les différentes toxines qui peuvent intervenir, on
traitera ici de celles qui posent le plus de problèmes.
▪
Choc toxique staphylococcique
Il est lié à la diffusion de la toxine TSST-1 (et/ou d’entérotoxines).
La TSST-1 est donc une toxine staphylococcique capable d’avoir un rôle de super antigène (superAg)
provoquant l'activation simultanée de plusieurs sous populations lymphocytaires libérant de grandes
quantités de médiateurs (IL, Ingamma, TNF alpha, beta...). On parle d’hyperstimulation avec
hypersensibilité réactionnelle.
Par cette technique de super-Ag, on va donc avoir une stimulation énorme de plusieurs types de
lymphocytes, ce qui va entraîner une réponse immunitaire colossale de l’organisme, bien supérieure à ce
qui normalement attendue. Cette réponse immunitaire est délétère : elle va se retourner contre l’hôte, qui en
voulant lutter, entraîne d’autres lésions contre son propre organisme.
Les symptômes qui apparaissent sont :
-fièvre (>39°C)
-hypotension artérielle
-érythrodermie scarlatiniforme généralisée suivie par une desquamation intense (7 à 14j)
-Manifestations systémiques : au moins 3 parmi les suivantes : atteintes digestives, musculaires, rénales,
hépatiques, hématologiques, neurologiques, conjonctivale, hyperthermie des muqueuses vaginales, atteinte
de l’oropharynx.
Ce syndrome toxinique fait souvent suite à une infection suppurative superficielle, où le staphylocoque
doré est surtout recherché (au niveau d’éventuels abcès, ou dans les fosses nasales). On peut alors confirmer
le diagnostic clinique.
Question élève : Pourquoi classer le choc toxique staphylococcique dans les infections non suppuratives
alors qu’il intervient suite à une infection suppurative ?
Réponse : Parce que ce choc est lié à la production de la toxine. Il y’a un bon nombre de manifestations
suppuratives dans lesquels ne seront pas présente ce type de staphylocoque, et ce type de symptômes. On
parle ici des conséquences de la production de la toxine, et non du fait qu’il y’ eu une infection suppurative
superficielle. Dans le cas ici présent, on a donc à la fois une infection suppurative, et une non suppurative.
Des études ont montré que sur des portages vaginaux, on avait eu un certain nombre de femmes
ayant développées ce syndrome. En effet, certaines femmes en période menstruelle utilisant des tampons
vaginaux, la présence d’un tampon dans la sphère vaginale hébergeant SA favoriserait la production de cette
toxine.
Ce n’est qu’un exemple, d’autres cas de chocs toxiques staphylococciques ont été recensés pour des raisons
diverses.
Ces chocs sont rares mais symptomatologiques et potentiellement mortels (mortalité= 10%). La prise
en charge se doit d’être rapide.
Question élève (2014) : Quelle est la différence entre choc toxique et septique ? Il n’y a pas de différence
initiale, mais si on va plus en détail, on a des réponses différentes aux drogues administrées donc une ATB
différente.
Question élève : Quelle est la différence de prise en charge entre un patient en choc toxique et en choc
septique ? On a pour ces deux chocs une prise en charge symptomatique ; remplissage, ATB…
•
Syndrome cutané staphylococcique
Une toxine très importante, l’exfoliatine, protéine thermostable, possède un tropisme épidermique,
donc pour la peau. Cette toxine est produite par la bactérie à un point de portage qu’il soit nasal,
pharyngé, ou vaginal. La bactérie, pour différentes raisons, a la capacité de produire cette toxine mais tous
les SA n’ont pas forcément la capacité de produire ces toxines, ils n’ont pas le même profil toxinique qui
dépend de leur patrimoine génétique.
Ainsi cette exfoliatine après avoir été libérée localement, va pouvoir diffuser à travers la circulation
sanguine, et ayant un tropisme particulier pour la peau, elle provoquera un décollement intra-épidermique
entre le stratum granulosum et stratum spinosum, avec rupture des cellules adjacentes.
Ce sont souvent des toxines s’exprimant
chez des jeunes enfants, éventuellement chez
certains adultes immunodéprimés, et qui
entrainent ce qu’on appelle le syndrome de la
peau ébouillantée, ou « Staphylococcal Scalded
Skin Syndrome » (SSSS). On observe alors des
décollements cutanés importants affectant
jusqu’à 50% de la surface corporelle. Ces
enfants sont généralement hospitalisés, pouvant
être pris en charges dans les services des grands
brûlés.
L’exfoliatine agit par poussée avec donc des décollements de la peau. Par contre, le staphylocoque doré ne
sera pas présent sur les lésions cutanées, provoquées par la toxine, mais au niveau du foyer initial (ORL,
conjonctival, pharyngé…). Une fois que l’on a trouvé la souche de SA, on cherche si la bactérie produit ou
non une toxine qui pourrait expliquer le tableau observé. Cependant des colonisations secondaires par
d’autres types de germes de l’environnement (staphylocoques non dorés,…) peuvent être retrouvées sur les
lésions.
Cette toxine ne se recherche pas non plus sur les sites superficiels ni dans le sang, car c’est une substance
très labile qui diffuse rapidement. Pour mettre en évidence la toxine, on recherche sur le SA le gène qui la
code. Ceci requiert des techniques sophistiquées menées par des centres de référence nationaux.
Du point de vue clinique, cette érythrodermie est très douloureuse avec des décollements bulleux
généralisés (régression en 2 à 4j). Les patients sont bien pris en charge, pas de pronostic fatal dans la plupart
des cas mais nécessitent tout de même une hospitalisation dans des services adaptées avec une
antibiothérapie associée.
Cette pathologie a une bonne évolution sous antibiothérapie mais un risque mortel n’est pas à exclure s’il
y a un retard de traitement.
Question élève (2014) : Précision de la différence entre infections suppuratives et non suppuratives.
Pourquoi dans une infection non suppurative, on n’a pas de réaction inflammatoire locale ?
Dans le cas d’une infection non suppurative, on a action d’une toxine. La bactérie colonise simplement
un foyer, elle n’entraîne pas de manifestations immunologiques ou inflammatoires là où elle est localisée.
Elle s’est implantée et est présente, c’est tout ! Sauf si l’on est sur une souche particulière, sur un terrain
particulier (ID…), comme c’est souvent le cas dans ce genre d’infection. La bactérie produit donc la toxine
(si l’organisme n’est pas capable de l’en empêcher) qui diffuse, agit sur le site en question, sans entraîner
de réactions inflammatoires poussées et de conflits bactérie/ système immunitaire localement.
Dans les infections suppuratives, on a une réaction inflammatoire locale qui peut s’étendre à distance.
Dans ce cas, la bactérie se multiplie au niveau du foyer primaire, entraîne des lésions. Elle est donc en
grande quantité sur le site infecté et produit du pus (= mélange de PNN, monocytes macrophages, et de
milliards de bactéries en conflit avec les cellules phagocytaires et Ac).
Autre infection cutanée : L’impétigo bulleux : les exfoliatines sont également impliquées, mais on retrouve
la bactérie au niveau du site.
▪
Infection à leucocidine de Panton-Valentine
Cette toxine, la leucocidine, possède une capacité de dissémination assez importante, et est souvent
incriminée dans les infections cutanées primitives (furonculoses parfois chroniques), atteintes
ostéoarticulaires...
Des patients porteurs de ce type de SA font souvent des furonculoses chroniques (furoncles qui
récidivent malgré traitement, et évacuation). Du fait de la colonisation de l’organisme par ce SA, les
furoncles arrivent à se réimplanter. Cette chronicité peut être un mode d’orientation pour suspecter la
présence de SA producteur de cette toxine.
L’avantage de ces patients qui font des infections répétées à SA producteur de cette toxine, c’est une
immunisation à terme contre cette toxine. Ils n’auront pas de formes graves type pneumonies nécrosantes,
mais seulement des problèmes récurrents cutanés.
A contrario, les personnes infectées soit pour la première fois soit de manière épisodique, ne seront
pas immunisées et donc sujettes aux pneumonies nécrosantes.
Cette toxine peut donc être aussi responsable de pneumonies nécrosantes avec des destructions du
parenchyme pulmonaire. Ce sont des faits qui ont été décrits depuis peu, la première description date de
2002.
Cette infection concerne plus fréquemment le grand enfant et l’adulte jeune (âge médian 15 ans) qui est
plutôt d’évolution péjorative et assez rapidement compliquée.
Elle débute souvent par un syndrome infectieux d’allure virale, d’aspect « pseudo-grippal » donc au départ
on est sur quelque chose de bénin.
Mais rapidement une détresse respiratoire aigüe s’installe avec des hémoptysies liées à cette nécrose
pulmonaire pouvant entrainer par ailleurs une atteinte multi viscérale.
C’est donc une infection très grave avec un risque de mortalité très élevé (50%) (Médiane de survie 4j).
Il est alors primordial d’agir vite avec un apport d’antibiotiques ayant la capacité d’avoir une action antitoxinique (macrolides, rifampicine…) avec parfois des ajouts d’immunoglobulines pour aider le système
immunitaire à prendre en charge l’infection.
Il existe des facteurs péjoratifs : hémoptysie, leucopénie amenant le plus souvent à des évolutions fatales.
Cette infection leucocidines Panton-Valentine est importante à connaitre et à diagnostiquer assez vite. Et
devant un syndrome de nécrose pulmonaire, il faut suspecter la présence de staphylocoques dorés.
Un clone en particulier, venant des States, gagnant l’Europe, l’USA300 (ne pas retenir le nom), associant la
toxine précédemment décrite, possédant des gènes (de staphylocoque notamment) permettant une
implantation cutanée facilitée. Elle est de surcroît résistante aux antibiotiques, rendant le traitement
particulièrement difficile.
▪
Intoxications alimentaires
Il s’agit de quelque chose de plus anecdotique par rapport aux tableaux présentés précédemment.
Les problèmes d’intoxications alimentaires liés au staphylocoque doré présent sur certains aliments (dont les
plus incriminés sont les produits laitiers et les viandes) sont caractérisés par la capacité de ce dernier à
produire des entérotoxines.
L’ingestion d’entérotoxines préformées au sein de l’aliment contaminé (thermostable, résistantes aux
enzymes digestives) entraine l’apparition de syndromes digestifs.
On estime 15 à 30% d’intoxications alimentaires par SA d’où l’intérêt du dépistage nasal en cuisine de
porteur de SA.
Ici, la toxine est déjà présente lors de l’ingestion alimentaire, de ce fait le délai d’apparition des symptômes,
la période d’incubation est assez courte, généralement inférieure à 6 heures.
Le tableau clinique, représentatif d’une gastro-entérite, révèle des douleurs abdominales, diarrhées,
vomissements, … on note une absence de fièvre puisque la toxine agit directement au niveau de l’estomac.
Le plus souvent, l’évolution est rapidement favorable en l’absence de traitement.
=> Mais rares cas de complications si ingestion massive de toxine : risque de choc toxique
staphylococcique !
L’entérocolite staphylococcique est une atteinte digestives, causé par la production d’entérotoxines
par le SA. Ce dernier a réussi à s’implanter dans le tube digestive, souvent suite à une antibiothérapie
antérieure : le traitement va éliminer les bactéries gram négative, notemment celles présentes dans les flores
commensales. L’équilibre entre les espèces bactériennes est rompu, et le SA en profite de pour se
développer.
Les symptômes sont liés à la production de la toxine par le SA : diarrhée, parfois sanglantes, atteinte de
l’épithélium digestif.
L’Antibiothérapie (ATB) est inutile ; on n’a pas de bactérie à détruire. Il faut éviter tant que possible
les ATB inutiles, qui n’ont pas forcément de conséquences néfastes dans l’instant, mais, qui peuvent, à long
terme, avoir des conséquences écologiques dramatiques.
[Ronéo 2014 :]
Si on expertise des cas d’intoxication alimentaire collective (TIAC= Toxi-Infection Alimentaire
Collective), on aura un groupe de personnes malades dans un laps de temps court après la contamination
d’un aliment ; on suspecte fortement un SA. La difficulté, c’est que le SA ne sera pas présent chez la
personne, car elle a absorbé une toxine. Par ailleurs, cette toxine sera rapidement dégradée, donc sa
recherche sera difficile. Ce qu’on peut faire lors des investigations, ce sont des recherches au niveau des
denrées alimentaires (présence de SA, de toxine) mais pas au niveau du malade. S’il y a suspicion de SA,
une décontamination sera proposée et éventuellement une surveillance, un contrôle à intervalle régulier
pour vérifier s’il n’y a pas de portage chronique de SA.
Schéma récapitulatif concernant le staphylocoque doré :
A gauche, colonisation et infection de différentes sphères par le SA, de manière transitoire ou
chronique. A partir du point de départ de fixation avec les adhésines, la bactérie peut exprimer sa
virulence avec souvent des infections locorégionales, superficielles, à surveiller et à traiter localement
(elles ne sont pas toujours problématiques). On a ensuite une diffusion souvent en lien direct avec le
portage, mais le plus souvent avec des infections locorégionales. Cette diffusion se fait vers des territoires
plus profonds avec des pathologies beaucoup plus lourdes à traiter notamment en fonction de la résistance
intrinsèque du SA aux antibiotiques. Parfois, un tableau toxinique peut s’exprimer avec le cas particulier
de l’intoxication alimentaire qui est bénin, mais aussi d’autres types de problèmes difficiles à prendre en
charge (car les toxines une fois produites, agissent et on a du mal à les contenir). On arrête la fonction de
production de toxine par le SA avec des antibiotiques anti-toxiniques. Mais une fois la toxine produite,
c’est l’organisme qui se défend lui-même. Sur des territoires fragilisés, l’élimination de la toxine n’est pas
toujours très rapide.
3. Diagnostic au laboratoire
A. Examen direct et culture
A l’examen direct (ED), on observe pour ces staphylocoques des cocci gram + en amas.
Ces informations sont données le jour même et permettent ainsi de savoir si le traitement prescrit est
judicieux ou si celui qu’on souhaite donner est adapté à la situation.
Il faut ensuite multiplier ces bactéries pour pouvoir les identifier. On va pou r cela les mettre sur des milieux
de culture enrichis en différents éléments nutritifs.
Ce n’est pas une bactérie très exigeante, donc en général on obtient une culture facile sur des milieux usuels
non sélectifs.
Après 24 à 48 heures de mises en culture, à 37° et dans les différentes conditions atmosphériques, on pourra
voir des staphylocoques qui se développent.
–Possibilité d'utiliser un milieu sélectif
si recherche ciblée
–Aspect des colonies : lisse, ronde,
bombées, opaques, pigmentation
dorée/jaune
–Germe aéro/anaérobie.
B.
Techniques d’identification
Il existe plusieurs techniques, ce sont des techniques biochimiques en général. On regarde la capacité de
cette bactérie à transformer certaines protéines, à consommer certains sucres…
Les caractéristiques biochimiques des staphylocoques : (le prof ne s’y attarde pas)
–Catalase + (transformation du H2O2 en H2O et O2 : observation d'un dégagement d'O2)
–Fermentation du glucose, du mannitol
–Coagulase libre et liée (différenciation des autres staphylocoques)
–Production d'une Dnase
–Autres caractères biochimiques (galerie API STAPH...)
On utilise maintenant de plus en plus l’analyse protéomique. Grâce à la spectrométrie de masse, on va
pulvériser cette bactérie et regarder quelles sont les protéines qui constituent sa paroi ou ses membranes.
Tout cela défini ce qu’on appelle le diagnostic direct ; on va directement rechercher la bactérie. On va vous
dire qu’elle est présente parce qu’on l’a reconnue, identifiée parfois sur les données microscopiques, ou sur
des données de biologie moléculaire en allant chercher l’ADN de la bactérie.
On parle aussi de diagnostic indirect. Dans ce cas-là, on va chercher dans l’organisme des preuves de la
présence de la bactérie. On fait alors des sérologies : on cherche des anticorps anti-staphylocoque en
l’occurrence, il en est de même pour d’autres bactéries ou virus avec ainsi des sérologies variées.
Mais il faut savoir que pour les staphylocoques, il n’existe pas de diagnostic indirect, il n’y a jamais de
sérologie anti-staphylocoque car ça n’existe pas. La seule façon d’identifier la présence d’un staphylocoque
serait de faire ce diagnostic direct souvent par culture, parfois par biologie moléculaire.
Ici à gauche, on a du staphylocoque doré (pour la couleur jaune-doré en
culture) et à droite du staph non aureus.
Ici on a un test de catalase. C’est un test rapide qui permet de dire
s’il y a catalase ou pas et de différencier les staphylocoques des
streptocoques.
Pour des coccis gram+, s’il y a des bulles c’est du staph sinon
c’est du streptocoque.
On a là des tests biochimiques :
On peut voir en bas de l’image, des galeries d’identification
biochimique. Dans chaque petite cupule, vous avez soit des
protéines soit des sucres et la présence de la bactérie va
entrainer ou pas leur consommation. La non consommation va
entrainer un virage coloré.
En associant toutes ces caractéristiques-là, on peut différencier
les bactéries les unes des autres.
C.
Analyse moléculaire
Simplement, ce qu’il faut savoir c’est qu’on peut utiliser la biologie moléculaire pour d’une part
détecter le staphylocoque doré, en recherchant des gènes caractéristiques de staphylocoques. Elle peut
juste servir à savoir s’il y a présence ou non de SA.
Cela peut être intéressant concernant la prise d’antibiotique avant l’analyse d’un prélèvement. Cet
antibiotique va décapiter le prélèvement, il va inhiber la culture de la bactérie au laboratoire. Parfois,
indirectement, malgré la prise d’antibiotique, ce qu’on va aller chercher c’est la présence d’ADN bactérien
sur des prélèvements profonds par exemple pour des infections profondes liées au staphylocoque.
Quelqu’un qui est traité depuis plusieurs jours car on ne peut pas attendre la prise en charge chirurgicale
par exemple pour le traiter, lors du prélèvement et de la mise en culture, on n’obtiendra rien du fait de
l’inhibition de la culture par l’antibiotique. Par contre, en faisant de la biologie moléculaire et en allant
chercher le génome bactérien, on va pouvoir de manière un peu plus compliquée, dire qu’il y avait du SA
présent et que c’est à cause de cette bactérie que la personne a fait cette infection.
L’autre intérêt de la biologie moléculaire est d’analyser les souches, identifiées en culture, pour vérifier si
elles sont impliquées ou non dans le syndrome clinique associé.
On l’a dit, les facteurs de virulence sont nombreux, on ne peut pas les identifier sur les techniques vues
précédemment, on va donc utiliser la biologie moléculaire pour détecter les gènes assurant la production
de ces toxines. C’est donc un des atouts de la biologie moléculaire.
Un autre atout est d’analyser la résistance de cette bactérie aux antibiotiques avec un antibiogramme.
C’est quelque chose de peu fréquent, mais la biologie moléculaire permet la recherche, grâce à la PCR, de
gènes de résistance qui vont conférer à la bactérie la capacité de résister à certains antibiotiques.
En conclusion l’analyse moléculaire permet une :
• Analyse de virulence
–La recherche de toxines circulantes est très délicate (ex : tropisme tissulaire +++…)
–Après isolement d’une souche de SA possibilité d’analyse génotypique pour rechercher des gènes codant
pour les toxines cibles.
• Analyse de résistance
- recherche gène de résistance aux bétalactamines
• mecA
• Découverte 2011 : mecC
4. Traitements
Le traitement va être basé sur plusieurs choses, avant tout sur le contexte clinique. Vous verrez que les
infections suppurées superficielles ne nécessitent pas toutes une prise en charge par antibiothérapie (ATB).
Les ATB, on les laisse souvent quand on n’a pas le choix pour éviter justement de sélectionner des souches
trop résistantes et éviter aussi d’exposer l’organisme à des molécules dont on pourrait l’affranchir.
L’une des premières choses à faire est le drainage des collections purulentes. Parfois cela peut suffire,
surtout pour les infections superficielles bénignes, sinon on peut leur associer une antibiothérapie locale
(pristinamycine, Ac fucidique). Et puis quelque fois, cette antibiothérapie locale et le drainage ne sont pas
suffisants ou impossibles, on ajoute alors des ATB per os ou par voie injectable.
Le choix de la nature des molécules se fera dans un premier temps de manière empirique, c’est-à-dire qu’on
va utiliser des ATB qui agissent sur les staphylocoques en général.
Ainsi dans le premier temps on choisira du préventif. Par exemple, les Béta lactamines (Péni M) sont les
ATB de premier choix : ils diffusent bien, et sont efficaces.
On peut associer parfois, tout dépend du contexte clinique et de la nature de l’infection, deux ATB et faire
dans ce cas-là une bi-antibiothérapie.
Il faut mesurer la sensibilité de la bactérie aux ATB en in vitro. Dans le cas du SA, que l’infection soit
profonde ou superficielle, on réalise quasi-systématiquement un antibiogramme. Ce dernier permet de
vérifier que le traitement est adéquat.
Les principales molécules utilisées sur les staphylocoques (pas toutes à retenir seulement celle en gras)
• Béta lactamines (Péni M) : action sur une protéine de la membrane externe de la bactérie
• Aminosides (gentamycine) ou fluoroquinolone (ofloxacine)
• Si SARM (staphylocoques dorés multi résistants). Ces staphylocoques ont acquis une
résistance à la méticilline (ATB appartenant à la classe des béta lactamines). Lorsqu’une
bactérie est résistante à la méticilline, elle sera également résistante à toutes les béta
lactamines. Elle est aussi résistante à d’autres classes d’ATB, ce qui lui confère le titre
honorifique de bactérie multi résistante. Antibiotique utilisé alors en dernier recours :
glycopeptides (vancomycine) !!!
• Autres (fonctions de diffusion vers sites infectés) : rifampicine, fosfomycine...)
III. Staphylocoques à coagulase négative (SCN) = staphylocoques
non aureus, blancs
Ces staphylocoques sont présents au sein de la flore commensale de l’organisme et
majoritairement sur la peau.
Ils ont la particularité d’être des bactéries opportunistes, qui s’installent donc sur certains terrains
favorable à leur développement :
- Immunodépression
- Altération de la barrière cutanée +++
- présence de matériel comme un cathéter le plus couramment ou des perfusions qui laissés en place
longtemps sont très sujets au développement de ces bactéries qui peuvent même diffuser dans
l’organisme et créer des infections à distances.
- Fixation sur matériel prothétique avec parfois des infections difficiles à traiter
- capacité importante de ces staphylocoques d’adhérer aux biomatériaux de S.épidermidis.
On retrouve deux staphylocoques présents dans infections communautaires assez fréquentes :
• Staphylococcus saprophyticus : capacité d’adhésion à l’épithélium vésical = cystites chez la jeune
femme.
Il s’agit par conséquent d’une bactérie à surveiller lors d’une infection urinaire débutante chez une
patiente.
Les caractéristiques de ce germe sont qu’il est particulièrement résistant à une molécule, souvent prescrite
dans le traitement des cystites, la fosfomycine qui est un antibiotique qui fonctionne bien sur les
entérobactéries, notamment E. coli, la bactérie principalement impliquée dans la cystite. Mais cette
molécule ne possède aucune action sur le S. saprophyticus, donc il faudra bien rechercher dans les
prélèvements qu’elle est la bactérie responsable de l’infection afin de pouvoir donner le traitement adapté.
• Staphylococcus lugdunensis : responsable d’infections cutanées, endocardites…
Ce dernier possède des pouvoirs de virulence plus importants, pouvant s’exprimer chez les
immunocompétents, retrouvé donc le plus souvent sur des atteintes cutanées (abcès, …).
IV. Sensibilité et résistance des staphylocoques aux antibiotiques
1. Sensibilité aux antibiotiques
Les staphylocoques ont, à la base, tous le même patrimoine de résistance aux antibiotiques ; on sait que
certains agissent sur ces bactéries et que d’autres n’auront aucune action.
Les staphylocoques à coagulase négative (SCN) ont souvent acquis plus de résistance que le
staphylocoque doré. Ainsi, lors d’infections à SCN, ce qui est relativement rare mais surtout en
communautaire, ces dernières seront plus difficiles à traiter à cause de leur multi résistance.
Les molécules actives utilisées dans le traitement des staphylocoques (non abordé spécifiquement) :
◦Béta- lactamines : Pénicillines G, M (oxacilline), C1G
◦Aminosides (gentamycine, tobramycine)
◦Macrolides (érythromycine)
◦Lincosamide (clindamycine)
◦Fluoroquinolone (pélfacine)
◦Glycopetides (vancomycine)
◦Rifampicine
◦Acide fusidique
◦Fosfomycine
2. Résistance aux antibiotiques
Comment savoir si notre bactérie est bien prise en charge ?
Pour cela, dans les laboratoires, des antibiogrammes sont réalisés. C’est une évaluation in vitro de la
sensibilité de la bactérie aux antibiotiques.
On va rechercher certains mécanismes de résistance. Sur nos différentes techniques, on va confronter le
germe à l’antibiotique et voir si la bactérie, malgré la présence de la molécule, arrive à se développer et si
elle y parvient, on dit qu’elle est résistante.
On va aussi quantifier cette résistance pour voir s’il est dangereux ou pas d’utiliser cette molécule dans le
traitement.
On va rechercher chez les staphylocoques deux mécanismes de résistances pour les bétalactamines (classe thérapeutique principale utilisée contre eux). Un premier mécanisme de résistance est un
mécanisme enzymatique : la capacité qu’a un staphylocoque à produire une enzyme détruisant les
pénicillines (principale famille des béta-lactamines). On cherche dans ce cas la présence d’une pénicillinase.
S’il y a détection de cette enzyme, le traitement ne pourra se contenter que de pénicillines, il faudra associer
des inhibiteurs de pénicillinase.
D’autres mécanismes que l’on va rechercher c’est de vérifier si la cible de ces antibiotiques existe
toujours chez le staphylocoque. Certains staphylocoques ont encore une fois la capacité à modifier la
protéine qui lie la pénicilline, la PLP, protéine dite « Liant les Pénicillines ». Le staphylocoque pouvant
affecter la PLP sera ainsi insensible à la pénicilline.
On sait cependant, que si on inhibe la liaison aux pénicillines, on inhibe aussi la liaison aux autres bétalactamines : une résistance à l’ensemble des béta-lactamines sera développée s’il y a modification de
cette cible PLP.
Autre chose importante, on sait qu’épidémiologiquement, les souches qui ont des PLP modifiées, véhiculent
souvent des résistances à d’autres classes thérapeutiques (aminosides, fluoroquinolones…). Ces
différents antibiotiques seront alors testés pour savoir s’ils seront efficaces dans le traitement.
Ce sont dons les deux types de résistances aux béta-lactamines que l’on va réellement surveiller, et qui
seront dépistées sur les antibiogrammes.
Sur les comptes-rendus de laboratoire, quand on isole un staph doré sur un prélèvement et qu’on estime
qu’il est potentiellement impliqué dans une infection, hormis le fait de dire qu’il y a présence de staph doré,
on va vous dire s’il est sensible à telle ou telle molécule, ce qui aidera le praticien dans la prise en charge
in vivo du patient.
3. Données épidémiologiques concernant le niveau de résistance de
Staphylococcus aureus
Actuellement, environ 90% (en métropole) de SA sont résistants aux pénicillines (A, G) par
production de pénicillinase vs 70% à La Réunion.
En première intention, si vous savez qu’il y a du staphylocoque et encore plus s’il y a du SA, on ne met
jamais de pénicilline seule parce qu’on sait que 7 à 8 fois sur 10, cela aboutira à un échec thérapeutique.
Souvent on met soit autres choses, soit une pénicilline associée à un inhibiteur de pénicillinase (les deux
pouvant être regroupés dans un même antibiotique). Cet inhibiteur de pénicillinase comme son nom
l’indique bloque la pénicillinase et permet à la pénicilline d’agir.
En ce qui concerne les staphylocoques dorés multirésistants (SARM) et notamment résistant à la
Méticilline, on peut voir ceux qui ont une modification de la cible des béta-lactamines (PLP) et ainsi donc
résistants à toutes les béta- lactamines.
Souvent, on déplore une association d’une résistance à d’autres classes d’ATB (aminosides, macrolides,
FQ…).
Les SARM deviennent de plus en plus communautaire.
Il y avait un niveau de résistance très important historiquement au niveau des hôpitaux français. Près
d’un SA sur 2 il y a quelques années, était résistant à toutes les BL.
On démontre 20 à 40% des souches de SA Méticilline-Résistant à l’hôpital en métropole…mais à La
Réunion, il existe un taux plus faible (< 15%).
Cela entraina des problèmes de prise en charge concernant les antibiothérapies disponibles contre ces
SARM.
Cependant, des efforts ont été réalisés : isolement du patient et précautions en matière d’hygiène afin de
limiter la diffusion de ce germe (intérêt du dépistage).
Ces SARM, c’est ce que l’on appelle des BMR (bactéries multi résistantes) et ces dernières, hormis le fait
d’entrainer des prises en charge particulières, elles entrainent une prise en charge encore plus particulière
dans les services de soin où l’on essaye de mettre des précautions plus sophistiquées autour du patient
(chambre seule, matériel unique pour ce patient qui reste dans la chambre, …).
Cela a été un des efforts mis en place.
L’autre effort a concerné le meilleur usage des antibiotiques, c’est-à-dire que ces résistances sont nées
aussi parce qu’on a soumis l’organisme des personnes et des bactéries qu’elles portaient à de multiples
pressions de sélection d’antibiotiques qui ont fait émerger ces résistances. Le fait de mieux traiter,
d’utiliser des antibiotiques dans un nombre de cas plus pertinent, a fait diminué cette pression de sélection
sur le risque de diffusion de cette bactérie.
On a donc des mesures particulières autour de ces patients porteurs de SARM.
Une mesure pertinente, a été l’utilisation de SHA (solution hydro-alcoolique).
En hygiène hospitalière et dans les soins, cela a été une avancée importante.
On voit la corrélation en jaune de la consommation de
SHA et le taux de SARM associé (courbe bleu) : on a des
courbes inversées (plus on utilise de SHA, plus le taux de
SARM régresse).
Toutes ces mesures ont portés leurs fruits, puisqu’il y’a aujourd’hui une tendance à la diminution de la
résistance à la méticilline dans les hôpitaux en France, France qui n’est d’ailleurs que 7ème en Europe dans ce
domaine.
Conclusion
Les staphylocoques, on en porte tous. On parle de staphylocoques commensaux chez l’Homme mais
sont très fréquemment rencontrés au cours des infections bactériennes.
Parmi ces staphylocoques, il faut bien retenir la particularité du Staphylococcus aureus, espèce réellement
majeure en pathologie humaine (infections suppurées superficielles ou profondes…).
Les infections communautaires en médecine de ville seront souvent rencontrées.
C’est un pathogène impliquée dans des infections assez compliquées profondes par des diffusions
systémiques à partir de points superficiels.
Cette bactérie a une virulence importante par sa production de toxines qu’il faut savoir vite détecter et
traiter par des antibiotiques anti-toxiniques, et pas toujours ceux qui ont un effet bactéricide.
Il ne faut pas négliger les staphylocoques blancs, qui sont souvent plus résistants aux antibiotiques.
Dans cette résistance aux antibiotiques, vous avez l’aide des laboratoires qui réaliseront des
antibiogrammes qu’il faut savoir interpréter pour adapter la thérapeutique.
Attention, les données in vitro ne sont pas les seules à prendre en compte pour le choix d’un traitement,
mais elles y contribuent fortement.
Du point de vue épidémiologie, les choses évoluent bien avec les différents moyens mis en place pour
limiter au maximum la diffusion de ces staphylocoques, notamment multi résistants.
Qcm :
14. Sélectionner la ou les proposition(s) correcte(s) :
A. Lors de la consommation d’entérotoxines staphylococciques, les symptômes digestifs apparaissent rapidement
(<12h).
B. Staphylococcus saprophyticus peut être responsable de cystites chez la jeune femme.
C. Le taux de SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méticilline) est en constante augmentation dans les
établissements de soins et représente actuellement près de 80% des souches isolées.
D. La détection du portage d’un SARM chez un patient impose une prise en charge particulière de ce malade en
établissement de soins (mesures préventives visant à réduire le risque de diffusion de cette souche).
E. La leucocidine de Panton Valentine est une toxine produite par Staphylococcus aureus responsable de
méningites chroniques
18. Sélectionner la ou les proposition(s) correcte(s) :
A. Les staphylocoques sont des germes faisant partie de la flore cutanée des êtres humains.
B. Staphylococcus aureus est capable de produire différentes toxines à l’origine d’atteintes éloignées du site de
prolifération de ce germe.
C. Staphylococcus aureus est à l’origine d’infections suppuratives superficielles ou profondes.
D. Les septicémies à Staphylococcus aureus sont très rares à l’hôpital.
E. Les endocardites infectieuses à Staphylococcus aureus sont généralement la conséquence d’une diffusion
septique de ce germe à partir d’un foyer superficiel.
18. Sélectionner la ou les proposition(s) correcte(s) :
A. Staphylococcus aureus est une bactérie présentant de nombreux facteurs de virulence.
B. Le portage dans la population de Staphylococcus aureus est rare (<1%)
C. Staphylococcus aureus est capable de produire des toxines épidermolytiques.
D. La résistance de Staphylococcus aureus à certaines béta lactamines peut être de nature enzymatique
(pénicillinase).
E. Les infections à Staphylococcus aureus sont exclusivement suppuratives.
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