Des chercheurs contournent les défenses
du redoutable staphylocoque doré
Une équipe de l'UNIGE et des
HUG a découvert le bouclier
de la bactérie et le lui a ôté.
Dans la famille des staphyloco-
ques, le doré est le plus redou-
table. Pour les chercheurs aussi,
c'est un dur à cuire. Une équipe
de l'UNIGE et des HLTG vient
de franchir une étape décisive
dans la lutte contre cette bacté-
rie. Les chercheurs ont décou-
vert qu'elle était armée contre
les virus agresseurs et lui ont
ôté ses protections. Le fruit de
ce travail fait l'objet d'un article
dans la revue américaine PNAS.
Un tiers de la population est
porteur du staphylocoque doré
à son insu. La cohabitation se
passe sans encombre pour l'es-
sentiel d'entre nous, mais la
bactérie peut être source de
graves infections, notamment
de septicémie. Pire, la maligne a
développé une résistance aux
antibiotiques dans 50% des cas,
ce qui la rend extrêmement
difficile à combattre.
Comment expliquer un tel
pouvoir? «Min de voir quels
gènes étaient responsables,
nous avons essayé de provoquer
des mutations génétiques en
introduisant de l'ADN étran-
ger», explique Patrick Linder,
professeur au département de
microbiologie et médecine mo-
léculaire de la Faculté de méde-
cine. Une méthode classique,
mais qui n'a pas fonctionné sur
Staphylocoques dorés. Des bactéries très combatives.
(R. MARTINI, F. CAVAI K. PERRON)
les staphylocoques dorés.
«Nous avons alors découvert
qu'ils possèdent des enzymes de
restriction, sorte de ciseaux à
ADN, qui lui permettent de cou-
per l'ADN à des endroits précis
et d'éviter ainsi de se faire colo-
niser et tuer par un virus.» Un
joli hommage à Werner Arber
qui, dans les murs de l'alma
mater, avait révélé l'existence de
ces enzymes de restriction, ce
qui lui a valu le Nobel en 1978.
Les chercheurs, dirigés par
Patrick Linder et Jacques
Schrenzel, ont donc tenté une
autre méthode: irradier par UV
les bactéries afin qu'elles subis-
sent des mutations. «Puis nous
avons identifié un mutant dé-
possédé des enzymes de restric-
tion», précise Patrick Linder.
Ainsi, en laboratoire, les scienti-
fiques ont introduit de l'ADN
étranger dans la bactérie mu-
tante afin d'étudier les facteurs
de virulence qui rendent la bac-
térie si combative.
Toutefois un staphylocoque
désarmé, s'il est intéressant
pour le chercheur, pourrait de-
venir dangereux pour le pa-
tient.En effet, la bactérie dépossé-
dée de ses ciseaux à ADN peut
aisément acquérir des gènes de
résistance contre des antibioti-
ques. En connaissance de cause,
les chercheurs et médecins peu-
vent ainsi développer des pro-
grammes de surveillance et des
outils pour prévenir de tels
transferts chez des mutants na-
turels déjà existants dans les
milieux hospitaliers.
Anne-Muriel Brouet
Des parents
s'impriêtent
du trafic au parc
des Eaux-,c5
La Tribune de Genève SA
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Date: 15.06.2010
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