
Agrégation de sciences économiques et sociales / Préparations ENS 2006-2007  5 
préférence orientée vers le changement social tandis qu’une SMO est une organisation complexe, formelle dont les 
objectifs s’identifient à ceux d’un mouvement social et qui entreprend d’atteindre ces objectifs.  
La précarité financière endémique de très nombreuses SMO montre que les ressources sont dans l’espace des 
mouvements sociaux très rares. Cela explique que les relations entre SMO soient souvent empreintes de concurrence. 
Mc Carthy et Zald rendent compte de cette concurrence avec la notion d’industrie de mouvement social (SMI) qui 
regroupe l’ensemble des SMO actives sur un terrain de luttes donné. 
⇒ Pour Bourdieu , un groupe dominé ne peut accéder à l’existence politique que par le moyen de la délégation du 
pouvoir de le représenter à une organisation et à un porte-parole. C’est l’effet d’oracle. Décisive pour pouvoir exister 
et peser politiquement, l’organisation et ses porte-parole portent en eux le danger de la dépossession c'est-à-dire de 
l’usurpation  du pouvoir collectif des mandants par leurs porte-parole et de l’asservissement des intérêts du groupe 
aux intérêts particuliers de l’organisation et de ses représentants. « Il faut toujours risquer l’aliénation politique por 
échapper à l’aliénation politique » !!! ⇒ cf les Brigades rouges en Italie. 
Depuis les années 1980, rôle stigmatisé comme démobilisateur de certaines organisations qui tentent de calmer le jeu 
en valorisant la concertation et la négociation. Ont donné naissance à de nouvelles organisations : les coordinations, 
porteuses d’un renouvellement des formes contestataires fondé sur une critique des dérives bureaucratiques des 
organisations. Emergence qui participerait de la promotion d’identités professionnelles renovées principalement 
parmi les nouvelles générations qui ne se reconnaissent pas dans les structurations identitaires traditionnellement 
proposées par les syndicats. 
Mode d’existence ou définition des SMO qui ne sont pas forcément constants au fil du temps mais peuvent au 
contraire évoluer au gré des changements de contexte ⇒ féminisme qui s’est en quelque sorte mis en veille sous la 
forme d’un réseau = organisations dormantes à même de maintenir un carré d’activistes très engagées et de jouer le 
rôle passeurs entre deux étapes de la mobilisation = maintien de réseaux activistes, entretien d’un répertoire buts et de 
tactiques, promotion d’une identité collective qui offre aux participants un but moral et un sens du devoir. 
•  McCarthy et Zald distingue différents statuts militants : les adhérents qui partagent les objectifs d’un mouvement et 
les membres actifs qui apportent des ressources à une SMO. Objectifs des SMO qui est de faire passer les individus 
de la première catégorie à la seconde. Ces deux catégories s’opposent à une autre catégorie celle des élites qui 
contrôlent un volume des ressources beaucoup plus important. Ces trois catégories partagent les objectifs du 
mouvement. Tel n’est pas le cas des spectateurs qui observent le mouvement sans avoir d’avis sur la validité de ses 
revendications et celle des bénéficiaires potentiels qui tireront un avantage de l’éventuel succès de la mobilisation 
mais sans en partager les options politiques ou idéologiques. 
Distinction la plus féconde entre bénéficiaires et militants par conscience qui ne tireront aucun avantage personnel de 
l’éventuel succès⇒ sont particulièrement présents dans le soutien de population dominée.ex : les militants chrétiens 
pendant la mobilisation des prostituées en 1975. A été critiqué par Collovald car ignore les rétributions morales. 
Ces militants par conscience reste un élément déterminant pour le réussite de ces mobilisations ≠ harmonie entre ces 
groupes. Participation positive dans un premier temps mais qui peut être négative car source de tensions dans un 
second temps qui menacent à terme le conflit (tendance paternaliste de ces militants + tendance à la monopolisation 
des postes clés…). Pour McAdam, engagement des membres de l’élite qui est une stratégie combinant tentatives de 
contenir tous les aspects les plus menaçants du mouvement et efforts pour exploiter le conflit émergent d’une manière 
conforme à leurs propres intérêts politiques. 
⇒ En fait soutien extérieur qui facilite la visibilité des mouvements mais sans nécessairement modérer leurs actions. 
J. Siméand montrent que les militants des associations de soutien aux étrangers sont parfois bien plus radicaux eux-
mêmes que les sans-papiers eux-mêmes. Tentative de tirer des conclusions sur les effets positifs ou négatifs de ces 
militants est finalement vaine. L’engagement de personnes socialement très différentes dans un même 
mouvement social relève d’intérêts  et de motivations hétérogènes d’autant plus prégnants qu’une forte 
inégalité de ressources distingue les personnes engagées vers ce qu’elles se représentent initialement comme un 
même objectif.  
Il reste une dernière catégorie de protagonistes : les célébrités qui mettent ces ressources particulières que sont leur 
notoriété et leur prestige au service d’une cause. En apportant leur soutien, ces personnes qui disposent d’une certaine 
grandeur sociale contribuent à grandir une cause qui autrement risquerait d’en rester à un bas niveau de singularité 
(Boltansky,   L’amour et la justice comme compétences, 1990). Ex : succès de la pétition en faveur du droit à 
l’avortement : appel des 343 en 1972 ; B. Tavernier et Histoires de vies brisées, Joan Baez et Bob Dylan. La 
conversion des célébrités à leur cause est parfois accueillie avec méfiance par les activistes (les suspectent de vouloir 
s’appuyer sur leur mouvement pour assurer leur propre promotion). L’adoption d’une posture engagée peut être à 
même de compenser un manque de reconnaissance  par les pairs. Cf. G. Sapiro, La guerre des écrivains 1940-1953, 
1999 : «  les prises de position politiques des écrivains obéissent  à des logiques qui n’ont pas la politique pour seul 
principe ». 
CHAPITRE 5 COMMENT PRENNENT LES MOBILISATIONS ? 
• Obershall, Social Conflicts and Social Movements, 1973 ⇒ théorie de la mobilisation des ressources. C’est le fait 
d’appartenir à un groupe, communauté ou associations déjà existants qui facilite leur mobilisation. La mobilisation se