UE 8 : De l’agent infectieux à l’hôte, Dr Gazaignes

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UE 8 : De l’agent infectieux à l’hôte,
Dr Gazaignes
Date : 06/02/2017
Promo : DFGSM2 2016/2017
Ronéistes : BARBIER Emilie, PRIEUR Coraline
Plagehoraire:14h-16h
Enseignant:Gazaignes
Vaccinations (1ère partie)
I- Historique
II- Définitions
A. Immunité active=immunisation
B. Immunité passive= prophylactique
C. Immunité innée= Réponse immunitaire naturelle
D. Immunité adaptative
E. Mémoire immunitaire
F. Réponse primaire
G. Réponse secondaire = mémoire ou anamnestique
III- Principes de la vaccination
A. Notion d’antigène/immunogène :
B. Que se passe-t-il au niveau immunologique, au niveau de la cellule après
l’injection vaccinale ?
C. La réponse adaptative – Les LB :
D. Immunité vaccinale = réponse induite par les vaccins
E. La réponse T :
F. Mécanisme de réactivation les LB mémoire :
G. Influence du délai d’immunisation dans la réactivation de la réponse mémoire :
H. Facteurs influençant la réponse vaccinale :
1.Auniveaudelaréponseimmunitaire
2.Facteursliésauvaccin:
3.Facteursliésausujetàvacciner:
I.RéponseAcchezlenourrisson:
J.RéponseAcchezlesujetâgé:
K.Efficacitévaccinale:
L.L’immunitécollectiveou«herdimmunity»:
M.Adjuvants«adjuvare»:
IV- Classification des vaccins
A.Vaccinsvivantsatténués:
B.Vaccinsnonvivants(inertes):
C.Classificationdesvaccins:
D.Vaccinsetmodesd’administration:
V- Perspectives vaccinales
VI- Conclusion
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Vaccin : n.m. (lat. Médical variola vaccina « variole de vache, vaccine », maladie qui fut à la
base du premier vaccin)
Le vaccin est une substance préparée à partir d’un antigène, qui, inoculée à un individu, lui
confère une immunité contre le germe (contre l’infection) correspondant.
I- Historique :
A la fin du XVIIIe siècle, Jenner s’est rendu compte que les femmes qui s’occupaient de
traire les vaches étaient résistantes à la variole, elles n’étaient pas atteintes pendant les
épidémies de variole et ne décédaient pas. Il s’est rendu compte que les vaches faisaient une
cousine de la variole qui s’appelle Cowpox (le pox virus). Les femmes qui attrapaient cette
variante de la variole faisaient une forme peu pathogène, ce qui leur permettait de
s’immuniser contre la variole. En 1795, Jenner a administré à un enfant par scarification ce
cowpox (virus de la variole de la vache) et l’a ensuite exposé 2 fois de suite à la variole, ce
qui était assez expérimental et qu’il fallait oser dans un contexte où la variole tuait à peu près
20% des personnes atteintes. Cet enfant, une fois qu’il avait inoculé la vaccine était devenu
résistant à la variole. C’est le premier vaccin qui a été inventé.
1885: Pasteur (qui va être le vrai inventeur de la vaccination, dans le cas du concept
scientifique de la vaccination) s’intéresse au virus de la rage, virus mortel à 100% quand on
le contracte d’où l’intérêt d’avoir un traitement préventif. Il va modifier l’agent infectieux
pour le rendre immunogène mais non pathogène, donc ce qui va faire les premières
vaccinations humaines. A partir de là il y a tout un champ d’exploration scientifique qui va se
faire, d’élaborations de plus en plus sophistiquées de la vaccination. C’est à partir des
constatations empiriques qu’on va découvrir l’immunologie et comprendre ce qu’il se passe.
• Inoculation préventive d’un enfant avec un agent infectieux modifié (rage)= 1ère
vaccination humaine
• Etablit scientifiquement le principe général de la vaccination
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1886: Wright
Vaccin contre la typhoïde à germes entiers inactivés à l’éther pour les troupes britanniques en
opération aux Indes et au Transvaal
1967: l’OMS a décidé de mettre en place une campagne de vaccination systématique pour la
variole (très important) ce qui a permis son éradication
1977: Eradication de la Variole dans le monde : Certification déclarée en 1980 par l’OMS
Ce qui fait qu’à l’heure actuelle tous les pays ont arrêté de vacciner contre la variole, il a
même été demandé par l’OMS à tous les pays de détruire leur stock de virus de variole et à
l’heure actuelle il reste théoriquement 2 laboratoires dans le monde qui ont encore le virus de
la variole (Etats-Unis, Russie). La variole est un virus maintenant très bien connu pour lequel
la plus grosse partie de la population mondiale n’est plus immunisée, donc on peut imaginer
qu’un laboratoire qui serait mal intentionné pourrait modifier la variole et faire du
bioterrorisme avec ce virus là.
La vaccination prévient les maladies, on a plus besoin de les soigner et c’est le plus beau
succès de la Santé publique du XXième siècle
Nelson Mandela : « La vaccination est un immense succès de la Santé publique. Elle a sauvé
des millions d’enfants, tandis que des millions d’autres lui doivent la chance de vivre en
bonne santé, de pouvoir s’instruire, jouer, lire et écrire, se déplacer librement sans
souffrance»
C’est quelque chose dont il faut se rappeler surtout maintenant où on est dans un contexte où
la vaccination est souvent sujet à controverse, il faut se rappeler le contexte de sa découverte.
Plus de 200 ans de recherche vaccinale :
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Vaccins combinés : qui défendent contre plusieurs maladies différentes
On constate qu’il y a eu une accélération, il y a eu 100 ans entre la découverte des deux
premiers vaccins et puis maintenant on entend régulièrement parler de nouveaux vaccins qui
sortent. En 2016 il y a eu un vaccin contre la dengue qui est sorti, le vaccin contre Ebola qui a
été développé.
Tout part de l’empirisme et au fur et à mesure c’est les concepts de l’immunologie qui en
découlent. Ce qu’on avait remarqué pour la plupart des maladies infectieuses (pas pour
toutes), quand on fait une infection et qu’on en guérit après on est protégé contre la maladie,
c’est ce qu’on appelle les maladies immunisantes. Par exemple si on faisait la variole, si on
en était pas mort, une fois guéri on serait protégé contre les épidémies suivantes de variole,
c’est ce qui fait que toute la population n’est pas décimée par toutes les infections. Ce n’est
pas vrai pour toutes les infections, quand on fait la grippe, l’année d’après on peut refaire la
grippe ou la même année on peut faire une grippe différente.
Mais en partant de cette constatation là, on s’est dit que vacciner les gens c’est mimer une
infection, on parle d’avoir le côté pathogène mais on mimait les réaction immunitaires au
niveau du corps. Pour être protégé il faut avoir fait ce qu’il fallait pour qu’il y ait une
induction d’effecteurs de la réponse immunitaire.
Pour le dire un peu plus scientifiquement, vacciner c’est immuniser contre des antigènes.
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II- Définitions :
A. IMMUNITE ACTIVE=IMMUNISATION
C’est la capacité de chaque individu à produire ses propres anticorps, soit parce qu’on est
exposé à une infection, soit parce qu’on va nous vacciner. C’est une action qui est décalée
dans le temps (ce n’est pas au moment où on rencontre l’infection ou au moment où on est
vacciné qu’on est immunisé) et la durée d’action est prolongée (on est immunisé pendant
plusieurs années)
B. IMMUNITE PASSIVE= PROPHYLACTIQUE
(Sérothérapie)
L’individu acquiert des anticorps (AC) d’un autre individu. Il y a 2 situations principales en
médecine où on transfert des Ac : la grossesse, transfert des AC maternels à travers le
placenta/lait (protège le nouveau né d’un certain nombre d’infections), et la sérothérapie, à
partir de sang de donneur on va faire des pools d’Ac qu’on va transfuser ou perfuser aux gens
pour les protéger. Il y a 2 exemples, il y a des gens qui naissent avec peu ou pas assez d’AC
de manière congénitale ou alors il y a des traitements comme les chimiothérapies qui font que
les gens sont fragilisés, ils n’ont pas beaucoup d’Ac (= hypo/agammaglobulinémie) et ces
gens font beaucoup d’infections opportunistes. Pour les protéger on les perfuse régulièrement
avec des lots d’Ac qui sont constitués à partir de 500 donneurs, ce qu’on appelle des
immunoglobulines humaines polyvalentes pour leur apporter des Ac qu’ils n’ont pas de
manière spontanée. On peut également n’apporter que des Ac spécifiques d’une maladie si
par exemple on veut prévenir la transmission de l’hépatite B d’une maman à son bébé au
moment de la naissance, on va vacciner le bébé mais il va y avoir un délai pour sa réponse
donc on va aussi lui apporter des Ac anti-hépatite B. On peut faire ça aussi dans les accidents
d’exposition au sang ou sexuels lorsqu’il y a un risque que les gens se soient contaminés par
l’hépatite B.
L’action est immédiate parce qu’on donne des Ac qui sont directement effecteurs, capables
d’agir, mais par contre la durée d’action est limitée puisqu’on a pas les cellules qui
produisent les Ac donc au out de 3 semaines on perd ces Ac
Exemple:
• IgG humaines polyvalentes purifiées pour hypo/agammaglobulinémie
• IgG spécifiques VHB: prophylaxie TMF/ prophylaxie AES
Donc l’immunisation c’est le processus qui confère une résistance accrue ou une
susceptibilité diminuée à une infection, c’est ce qui nous confère une immunité.
C. IMMUNITE INNEE= Réponse immunitaire naturelle
Elle est immédiate (0-4heures), c’est ce qui survient à partir du moment où on met notre
organisme en contact avec un agent étranger. Elle est non spécifique, ne met pas en jeu de
mécanisme de mémoire immunitaire, c’est la réaction que notre organisme a spontanément
contre plus de 90% des agents auxquels il est exposé et qui va entrainer leur destruction. Les
cellules qui sont responsables de cela sont toutes les cellules capables de phagocyter, donc les
macrophages, c’est ce qu’on appelle la première ligne de défense. Les protéines mises en jeu
sont les protéines du complément ou protéines de l’inflammation. Cela peut également être
associé à la réponse intermédiaire (dans l’immunité innée) qui est un pool d’Ac qu’on sécrète
un peu spontanément, ce sont des Ac un peu tout venant qui peuvent se fixer de manière très
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large, ils sont préformés et de faible affinité, polyspécifiques (sans expansion clonale) et
TCRγδ, ils peuvent se fixer sur pleins de sites différents et vont aider notamment les cellules
phagocytaires à détruire les agents étrangers. Cela ne nous intéresse pas beaucoup dans la
vaccination.
D. IMMUNITE ADAPTATIVE
Elle est spécifique de l’antigène immunisant (et de l’agent infectieux ou de l’agent étranger),
son délai pour se mettre en place est > 96 heures et elle est capable de créer et d’induire une
mémoire immunitaire. Les cellules effectrices et qui sont les principaux agents de cette
immunité adaptative sont les lymphocytes : les lymphocytes B pour la réponse humorale et
les lymphocytes T pour la réponse cellulaire (BCR et TCRαβ)
On rencontre au niveau de la flèche verticale l’agent étranger. On met d’abord en place toute
notre immunité innée pour essayer de l’éliminer, avec les phagocytes et des protéines de
l’inflammation (cytokines, interleukines…). Puis dans un deuxième temps on a l’immunité
adaptative qui se met en route et c’est là qu’on voit le rôle prépondérant des lymphocytes et
des anticorps.
E. MEMOIRE IMMUNITAIRE :
Cette immunité adaptative a comme principal intérêt de mettre en jeu et d’être à l’origine de
la mémoire immunitaire et il y a 2 types de mémoires : la mémoire B et la mémoire T.
-Réponse B: les LB mémoire quittent le ganglion, migrent dans la moelle osseuse et
recirculent dans le sang, la rate et les gg.
-Réponse T: les LT centraux/mémoire recirculent entre la moelle et les gg.
F. REPONSE PRIMAIRE
C’est ce qui se passe la première fois que notre organisme est en contact avec un agent
infectieux. On a un virus qui est mis en contact, on a la charge virale, le virus se réplique
dans le sang et on va avoir une réponse avec stimulation d’un certain nombre de cellules de la
réponse immunitaire avec dans un deuxième temps une ascension des Ac, avec d’abord des
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IgM puis des IgG. C’est ce que l’on voit lorsque l’on fait une sérologie, c’est à dire un dosage
des Ac, on va chercher si l’individu a fait une infection ancienne ou récente et c’est en
fonction du taux d’IgM ou d’IgG que l’on sait si c’est la première fois qu’il rencontre
l’infection, si c’est une réinfection ou si c’est un patient qui est protégé. La réponse primaire
qui survient lors de la primo infection est assez lente et différée, dans un premier temps on a
plutôt des IgM qui sont peu affines, elle est maximale en 2 à 4 semaines et puis dans un
deuxième teps elle va donner naissance à des IgG qui sont ceux qui vont vraiment s’occuper
de défendre contre l’infection.
• Commutation isotypique
G. REPONSE SECONDAIRE = mémoire ou anamnestique
Ce qui nous intéresse en terme de vaccination c’est ce qui se passe au niveau de la réponse
secondaire, c’est la réponse qui est anamnestique, c’est à dire quand on rencontre pour la
deuxième fois l’agent infectieux. Donc ce qu’on va vouloir faire avec le vaccin c’est faire une
réponse primaire qui soit de bonne qualité avec la vaccin pour qu’au moment où on rencontre
l’infection, l’agent, notre organisme soit capable de faire une réponse secondaire, qu’il ait
gardé la mémoire de ce qu’il avait fait au moment de la primo infection pour pouvoir
empêcher l’infection avec une réponse secondaire intense et puissante.
En général, la réponse secondaire est plus rapide (pic J7), si on a déjà rencontré un agent
infectieux et qu’on le rencontre une 2ème fois, on a plus qu’à réactiver des cellules qui étaient
mises en mémoire, elle est durable dans le temps c’est à dire qu’on peut la solliciter plusieurs
fois et elle donne en général un taux d’Ac très élevé (IgG)
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III-Principesdelavaccination:
Un vaccin est une préparation issue d’un agent infectieux responsable d’une maladie et dont
le traitement permet son utilisation dans la formulation d’un vaccin ayant pour but d’induire
ou d’augmenter l’immunité contre cet agent pathogène.
L’immunogénicité d’un vaccin est sa capacité d’induire une réponse immune adaptative
capable de protéger l’individu contre l’infection par l’agent pathogène (// primoinfection
pauci-symptomatique)
On a le vaccin, on fait une réponse primaire avec la formation d’Ac pour nous défendre et de
cellules mémoires qui pourront être réactivées pour faire une réaction intense et rapide lors de
la rencontre avec le pathogène.
A. Notion d’antigène/immunogène :
La molécule de notre agent infectieux reconnue par l’organisme comme étrangère (antigène)
et si elle est capable d’induire une réponse immunitaire on dit qu’elle est un antigène
immunogène. En matière de vaccination ce qui nous intéresse c’est d’être immunogène, ce
qui n’est pas toujours facile et c’est pour cela qu’il existe de nombreuses maladies pour
lesquelles on n’a pas de vaccins parce qu’on ne trouve pas sur le micro-organisme de
molécules qui seraient suffisamment puissantes pour induire une réponse immunitaire. Cette
notion d’antigène concerne les infections (bactéries, virus) mais une réponse immunitaire
peut aussi être déclenchée dans le cas de la greffe (chez un greffé avec des cellules étrangères
il peut y avoir une réaction de l’hôte contre la greffe, c’est ce qu’on appelle le rejet de greffe,
car le corps identifie les cellules greffées comme étant des corps étrangers, ce qui entraine
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une réaction immunitaire). Un vaccin contient généralement des antigènes sous forme
purifiée. L’individu répond par la mise en place d’une réponse immunitaire innée puis
adaptative. La plupart des vaccins sont faits à partir de protéines et de polysaccharides (ce
sont des sous-parties des agents infectieux) qui sont fortement immunogènes car
polymorphes.
• Micro-organisme: B, V
• Cellules étrangères: greffe, transfusion
• Substance étrangère: venin
Antigènes : principes d’obtention :
-ce qui a été fait par les premiers scientifiques médecins : des mutants (comme les germes
mais pas pathogènes) qui soient stables (qui ne risquent pas de redevenir pathogènes). Ils
l’avaient fait de manière empirique, c’est à dire qu’ils chauffaient des bactéries, ils les
mettaient dans du formol pour les rendre inactives ou ils les modifiaient en les mettant en
culture sur des cellules pour qu’elles perdent leur pouvoir pathogène et qu’elles restent
entières, elles ne sont pas inactivées mais deviennent mutantes et donc capables d’induire une
réponse immunitaire, mais pas capables d’induire l’infection. C’était pour les premiers
vaccins, on en a encore aujourd’hui comme le vaccin de la fièvre jaune qui est un vaccin
vivant atténué par cultures cellulaires successives, on ne sait pas trop quelle partie du virus
est immunogène mais ça marche donc on a continué à faire comme cela.
-les germes entiers inactivés (la bactérie est morte par exemple)
-les fragments d’enveloppe
-les polyosides (sucres, donc concerne surtout les bactéries encapsulées)
-les anatoxines (toxines modifiées, ex du vaccin pour le tétanos)
-les acellulaires ou sous-unitaires (des bouts de protéines)
-et puis maintenant grâce au génie génétique on crée des entités biologiques où on
recombine. On prend un virus non pathogène dans lequel on met un gène (par ex de la
dengue) et qui exprime des protéines, du coup on va créer un virus (adénovirus ou
coronavirus par ex) et qui va se mettre à exprimer des protéines de surface de la dengue et
puis les gens vont faire leur infection qui est non pathogène donc sans signes cliniques pour
l’homme, et au passage vont s’immuniser contre la dengue puisque le virus créé comme cela
exprimera les protéines de surface de la dengue.
Toutes les recherches sont actuellement autour de ça et les derniers vaccins qui ressortent
sont issus du génie génétique.
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B. Que se passe-t-il au niveau immunologique, au niveau de la cellule après
l’injection vaccinale ?
Ici un exemple lorsqu’on vaccine les gens contre l’hépatite B. Il s’agit d’un virus à ADN qui
porte à sa surface des protéines comme l’antigène HBs. Quand on vaccine avec cet antigène
HBs, en premier lieu, les premières cellules qui vont être sollicitées sont les cellules
présentatrices de l’antigène qui sont les cellules dendritiques, ou les macrophages qui sont
présents au niveau du derme (quand on vaccine en intra-dermique ou souvent en musculaire
car elles sont encore plus présentes). Ces cellules vont prendre en charge l’antigène et migrer
vers le ganglion, elles transportent l’antigène au niveau du ganglion. Elles vont
éventuellement fragmenter cet antigène pour le présenter aux autres cellules de défense
immunitaire. Selon comment elles vont présenter cet antigène, elles vont stimuler différentes
voies de la réponse immunitaire.
Cela va être différent si on a un vaccin qui est vivant ou un vaccin non vivant. Si on a un
vaccin non vivant, quand on l’injecte au niveau de l’épaule, du deltoïde, il reste à ce niveau là
et c’est les cellules dendritiques du derme ou sous-cutanées qui vont le prendre en charge et
vont migrer au niveau des ganglions de drainage et c’est là que va se faire le début de la
réponse immunitaire. Quand par contre on injecte un vaccin vivant, en général on a une
réponse immunitaire qui va être plus forte, qui va plus mimer ce qu’il se passe de manière
naturelle quand on s’infecte puisque le virus va passer au niveau des vaisseaux, il va circuler
dans notre corps puisque c’est un vaccin vivant et donc il va stimuler la réponse immunitaire
au niveau de tous les ganglions mais également de la rate etc, qui sont tous les organes
capables de le faire. C’est pour cela que souvent, la réponse immunitaire et les effets
secondaires sont plus importants dans ce type de vaccination.
Après, la cellule présentatrice de l’antigène va présenter cet antigène aux lymphocytes B et
aux lymphocytes T, d’un côté les CD4 et de l’autre les CD8. Cela permet d’activer ces
cellules, d’induire leur prolifération, et il y en a une partie qui va passer en cellules effectrices
et une autre partie qui sont activées comme des cellules mémoires.
Concernant l’hépatite B, on a les cellules B qui sont activées par la présentation de l’antigène,
elles sont aidées des cellules T CD4 (helper), elles vont progressivement maturer,, migrer, se
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différentier en plasmocytes et sécréter des Ac. Ces Ac vont s’attaquer au virus de l’hépatite
B. A côté de ça, les cellules CD8 vont également être activées, migrer et devenir matures, et
quand elles sont matures elles sont capables d’induire la lyse des hépatocytes, puisque
l’hépatite B atteint les hépatocytes infectés, et elles produisent également un certain nombre
de molécules de l’inflammation (interleukines, interférons…) qui aident à lutter contre le
virus de l’hépatite B. Tout ça, maturation des cellules, migration, différentiation, prend 10 à
21 jours. C’est pour cela qu’en général les vaccinations sont espacées d’au moins un mois, il
faut laisser le temps au système immunitaire de réagir.
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C. La réponse adaptative – Les LB :
On a la cellule dendritique qui présente à sa surface les antigènes, qui va activer un
lymphocyte B naïf qui va maturer, exprimer un certain nombre de récepteurs. Il y a une partie
des lymphocytes B qui vont rentrer directement en prolifération, maturation, migration,
différentiation en plasmocytes et sécréter des Ac, et une autre partie qui vont se différentier
en lymphocytes B mémoire. Les Ac sont la réponse principale induite par les vaccins, tous les
vaccins induisent une réaction immunitaire anticorps, le seul qui ne fait que de la réaction
immunitaire cellulaire c’est le BCG mais c’est très particulier, tous les autres créent des Ac.
Mais ces Ac ne sont pas toujours suffisants pour être protecteurs, dans les Ac qu’on crée il y
en a qui sont dits neutralisants, ils vont aider à détruire les germes, et il y a des Ac qui ont
d’autres fonctions.
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D. Immunité vaccinale = réponse induite par les vaccins
Que peuvent faire les Ac ? (Humorale)
Ils peuvent neutraliser les toxines, inhiber la réplication virale ou bactérienne, aider à
l’opsonisation et la phagocytose par les cellules phagocytaires, et aider à activer le
complément. Les Ac quand ils sont présents, vont très rapidement diminuer la charge
infectieuse, c’est une réponse immunitaire assez efficace. Ils aident surtout à attraper les
pathogènes extracellulaires, les Ac ne peuvent pas entrer dans les cellules infectées.
Ici on voit les Ac qui se fixent sur les virus et les bactéries, ça peut les neutraliser et les
empêcher de répliquer. Il y en a qui vont se fixer, par exemple sur une bactérie, puis les
agglomérer entre elles, ensuite elles ne peuvent plus se reproduire. D’autres Ac sont capables
de faire précipiter certaines parties d’antigène. On a aussi des Ac qui peuvent s’associer au
complément pour lyser les parois bactériennes. Et tous peuvent aider à la phagocytose.
C’est la réponse anticorps, qu’on appelle la réponse humorale (pour presque tous les vaccins)
mais souvent associée à une réponse cellulaire, la réponse T CD8 qui est souvent
directement effectrice, qui entraine la destruction des cellules infectées (important pour
contrôler une infection des détruire les germes circulants et les germes intracellulaires).
Réponse T CD8+ cytotoxiques (Cellulaire)
• Élimination des germes intracelluaires = destruction des cellules infectées
• Directement: système perforine/granzyme, Fast
• Indirectement via les cytokines
Il est souvent assez compliqué de créer des vaccins contre les maladies quiescentes (par ex le
virus du VIH qui se met de manière latente dans les cellules, qui n’est pas ciblable) car ce
qu’on arrive à développer c’est une réponse anticorps qui attrape ce qui est extracellulaire et
une réponse cellulaire qui atteint souvent les cellules infectées. Donc les cellules quiescentes
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ne sont pas des cibles de la vaccination.
La réponse T CD4 n’induit pas directement la destruction du germe, elle est plutôt en
soutien de la réponse B, T CD8 et de la réponse innée spontanée.
Réponse T CD4+ auxiliaire
• Coopération cellulaire
• Soutien aux cellules B mémoire
• TCD8+
• Macrophages
• Production de cytokines
E. La réponse T :
Ici on a toujours la cellule présentatrice de l’antigène, le CD4 qui vient être activé par la
présentation de l’antigène et qui à son tour va sécréter des protéines de l’inflammation qui
vont aider les CD8 à maturer et à devenir cytotoxiques, donc à détruire les cellules infectées
ou produire un certain nombre de produits de l’inflammation (interférons et TNF) qui
peuvent soit détruire les bactéries extracellulaires soit détruire les cellules infectées.
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A chaque fois qu’on a stimulation d’une lignée (lymphocytes B, T CD4, T CD8), on a une
partie des cellules qui deviennent effectrices de la réponse immunitaire, et une partie des
cellules qui se différentient en lymphocytes B mémoire, lymphocytes T4 mémoire, et c’est à
cette mémoire là qu’on fait appel dans le concept de vaccination.
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Ici on voit les différents types de vaccins, ils mettent en jeu un mécanisme protecteur d’Ac
neutralisants, et la plupart d’entre eux sollicite également la réponse cellulaire.
F. Mécanisme de réactivation les LB mémoire :
L’objectif ensuite est de réactiver ces lymphocytes B mémoire, capables de se différentier en
plasmocytes et de sécréter des Ac capables à leur tour de contrôler l’infection. Ce sont des
lymphocytes B qui sont spécifiques de l’antigène et qui sont réactivés soit par un rappel
vaccinal, soit par une infection, soit éventuellement par un antigène qui mime un pathogène
(ce qu’on retrouve dans les maladies auto-immunes).
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Ici on voit le lymphocyte B qui prolifére et qui sécréte des Ac, il ne se passe plus rien et puis
on a plus que des lymphocytes B mémoire (en violet) qui circulent, et au moment où ils
rencontrent à nouveau l’antigène, ils sont capables de proliférer, de maturer, de se différentier
en plasmocytes et de sécréter des Ac.
G. Influence du délai d’immunisation dans la réactivation de la réponse
mémoire :
Dans la vaccination, en fonction de quand on va faire les rappels ou qu’on va revacciner, on
ne va pas avoir le même effet.
Ce qu’on veut souvent c’est créer une réponse immunitaire de bonne qualité et on y arrive
pas toujours en injectant une seule dose de vaccin donc si on réinjecte de manière assez
courte (entre 1 et 2 mois), on va faire une deuxième vague de réponse primaire et à ce
moment là notre objectif est de créer des cellules B mémoire et des plasmocytes de bonne
qualité. Souvent dans la primo vaccination, quand on vaccine les enfants, on est obligés de
faire plusieurs doses initialement pour stimuler leur réponse immunitaire.
Si on veut augmenter les capacités à répondre à l’antigène sur du long terme, il faut faire des
rappels à long terme (>4 mois) qui permettent juste d’aider à nouveau les cellules B à
maturer.
Mécanisme de réactivation des LB mémoires : (optimisation des délais d’immunisations)
Pour l’hépatite B, il y a 2, 3 ou 4 doses de rappel selon la situation clinique dans laquelle on
est, à 1 mois d’intervalle, puis on fait 4 à 6 mois après un booster pour intensifier la réponse
immunitaire, raviver les capacités immunitaires de notre organisme pour ensuite être protégés
quasiment à vie.
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H. Facteurs influençant la réponse vaccinale :
1. Au niveau de la réponse immunitaire :
-Doses d’antigènes (plus on met d’antigène, plus on a une réponse immunitaire importante)
-Répertoire B et T qu’on a déjà, c’est à dire quand on vaccine un nouveau né ou un système
immunitaire immature on a une moins bonne réponse
-Nombre et état d’activation des cellules dendritiques (ce n’est pas la même chose de
vacciner quelqu’un en sous-cutané ou en intra-musculaire, en général en intra-musculaire on
a une meilleure qualité de réponse à la vaccination parce qu’il y a plus de cellules
dendritiques)
-Immunité innée, adjuvants
-Magnitude de la réponse immunitaire primaire (plus la réponse primaire est importante plus
le nombre de cellules mémoires et de plasmocytes dont on aura besoin plus tard sera
important -> intérêt des rappels)
-Durée de vie des plasmocytes (il y a des pathologies qui abaissent la durée de vie des
plasmocytes et qui font que du coup la réponse immunitaire n’est pas suffisante)
2. Facteurs liés au vaccin :
-Type de vaccin
*Vivant/atténué (très proches de ce qu’il se passe quand on s’infecte): meilleure efficacité,
persistance de l’antigène dans l’organisme car il circule un peu partout donc il va stimuler à
plusieurs reprises le système immunitaire
*Polysaccharidiques (sucres, surtout à la surface des germes encapsulés) : mémoire limité,
plasmocytes de courte demi-vie, ce sont des vaccins pour lesquels il va falloir faire des
rappels réguliers (ex pneumo23 pour le pneumocoque tous les 3 ans)
-Dose et voie administration
-Nombre injection, espacement des doses
-Conditions de stockage (la plupart des vaccins se détériorent à la chaleur, que qui pose
problème dans certains pays)
Immunogénicité des vaccins, facteurs liés aux types de vaccins :
-Vaccins vivants atténués :
Bonne immunogénicité car induction d’une réponse immunitaire complète (humorale +
cellulaire ± sécrétoire), due à la simulation d’une infection naturelle.
-Vaccins inativés (« Killed vaccines ») :
Immunité conférée limitée dans le temps, car situation artificielle => Nécessité de rappels
pour une protection de longue durée, souvent d’adjuvants. (ex : tétanos, rappels tous les 10 ou
20 ans)
Ce qui veut dire qu’en terme d’effets secondaires on n’a pas dans la même chose, et en terme
de réaction immunitaire et de tolérance des vaccins on n’est pas dans la même situation non
plus.
3. Facteurs liés au sujet à vacciner :
-L’âge (les nouveaux nés qui ont un système immature, les personnes âgées qui ont un
système vieillissant, les immunodéficients qui ont en général tous une réponse diminuée et
moins longue contre les vaccins inactivés, et souvent les immunodéprimés cellulaires comme
VIH Sida ont une contre-indication aux vaccins vivants puisque même avec un vaccin dit non
pathogène ils sont capables de faire de virémies, des infections avec les germes, et surtout
comme ils ont des défenses très limitées on a peur des vaccins qui redeviennent pathogènes
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(révertance)
-Facteurs génétiques (il y a des gens qui répondent moins bien que d’autres à la vaccination)
• Etat nutritionnel (les malnutris ont un système immunitaire moins performant, ce qui pose
problème par ex dans certains pays d’Afrique, la vaccination est moins efficace)
• Grossesse (les vaccins vivants sont souvent contre-indiqués et on a un système immunitaire
perturbé)
• Maladies chroniques qui peuvent modifier a réponse vaccinale
On voit que c’est compliqué car les facteurs qui influencent négativement la réponse
vaccinale sont souvent dans les populations fragiles, qu’on cherche au contraire à protéger
par la vaccination.
I. Réponse Ac chez le nourrisson :
• Les cellules dendritiques ne sont pas matures
• Les AC maternels gênent la réponse AC de novo (pendant les 6 premiers mois de leur vie
ils ont encore des Ac maternels qui circulent)
• Les cellules B ne répondent pas contre les polysaccharides (ces vaccins sont inefficaces, ils
ne peuvent pas induire de réponse immunitaire) avant l’âge de 2 ans. Pas de réponse aux
antigènes thymo-indépendant
Plus on commence tôt, plus il faut de doses :
⇒ Ex HIB :
⇒ 2 mois : 4 doses
⇒ 12-14 mois : 2 doses
⇒ > 2ans : 1 dose
J. Réponse Ac chez le sujet âgé :
Pour différentes raisons, la réponse Ac est moins favorable : il y a moins d’Ac produits et ils
sont moins fonctionnels.
Sénescence du système immunitaire
• Chez la personne âgée, les capacités opsonisantes deviennent moindres
• Les caractéristiques fonctionnelles des AC sont aussi importantes que leur quantité
K. Efficacité vaccinale :
A quoi sert un vaccin ? Ca va servir au niveau d’un individu et d’une population.
Au niveau de l’individu, le vaccin peut empêcher l’infection de l’atteindre, donc réduire la
susceptibilité à l’infection, mais des fois il ne protège pas à 100% contre l’infection et à ce
moment là il peut seulement empêcher la progression, réduire les symptômes (par ex on est
vacciné contre la grippe, c’est un vaccin qui ne va pas protéger à 100%, mais si on fait quand
même la grippe, elle sera moins grave, on aura moins de risque d’aller en réanimation et on
décèdera moins => important surtout pour les sujets âgés)
En terme de population, ça peut empêcher la transmission, réduire l’infectivité de l’infection,
la transmission vers des cas secondaires et des épidémies.
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L. L’immunité collective ou « herd immunity » :
Elle se développe lorsqu’une proportion importante d’individus est protégée contre une
maladie (vaccinée) dans la population, évidemment ça ne marche pas s’il n’y a que quelques
personnes vaccinées.
Ca permet de diminuer de la transmission de la maladie
L’immunité de groupe protège les individus sensibles mais qui ne peuvent pas se faire
vacciner (nouveaux nés, immunodéprimés, F enceintes), qui ne se font pas vacciner par
choix.
• On a une population qui est non malade et non vaccinée (bleue) et au milieu on a 2 petits
bonhommes qui ne sont pas vaccinés, malades et contagieux (rouge). Si on a une maladie
avec un taux d’attaque important, contagieuse, on va avoir de très larges proportions de la
population qui vont faire l’infection, donc tout le monde devient rouge.
L’avantage de cela, c’est que si c’est une infection immunisante, cette proportion de
population, si elle a survécu, sera protégée, mais si c’est une maladie très mortelle on aura
une partie de la population décimée.
• Si on commence à vacciner quelques personnes (jaune), mais qu’on en vaccine pas
suffisamment (une petite dizaine), on met 2 malades (rouges) au milieu, la plupart des gens
vont faire l’infection car ils ne sont pas protégés, ils ne l’ont jamais rencontré. Quelques
personnes auront un peu de chance car elles sont loin des cas infectés donc elles ne vont pas
se contaminer, et ceux qui sont vaccinés seront en partie protégés.
• Si on est dans une population où tout le monde est vacciné sauf 2 qui n’ont pas eu le temps
d’être vaccinés et qui sont malades, et 4 qui ne peuvent pas être vaccinés, donc ces 2
personnes contagieuses vont peut être faire un ou deux cas secondaires mais une partie des
personnes non vaccinées va être protégée parce que l’infection ne va pas circuler.
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En terme de vaccination, c’est ce qui permet d’augmenter l’efficacité du vaccin, c’est
l’efficacité vaccinale sur le terrain. Cela marche d’autant mieux que les vaccins sont capables
aussi d’éviter le portage. Il y a un certain nombre de maladies comme par ex la méningite où
certaines personnes sont porteuses du méningocoque dans leur gorge mais qui ne vont pas
faire la méningite. Mais ils portent le méningocoque et donc ils sont capables de le
transmettre à d’autres. Si on arrive à faire un vaccin qui protège contre l’infection à
méningocoque et également contre le portage, alors une grosse proportion de gens de la
population qui est protégée, on a moins de dissémination des germes et moins de
transmission des germes.
C’est ce qu’on voit également sur cet ex, la vaccination contre le pneumocoque :
Réduction annuelle des infections invasives à pneumocoques de 1998 à 2005
La vaccination contre le pneumocoque était au départ réservée aux enfants de moins de 5 ans,
elle a été mise en place dans les années 2000.
On voit les enfants qui sont malades, de 0 à 11 mois, de 1 à 2 ans, ce sont surtout eux qui
faisaient des infections à pneumocoque, et puis des enfants plus grands. Quand on vaccine les
enfants petits, on a une diminution drastique du nombre de cas de pneumonie (qui est souvent
mortelle chez les nourrissons) au moment où on met en place la campagne de vaccination, on
a quasiment plus aucun cas.
Si on regarde ce qu’il se passe, on voit qu’au même moment, chez par ex une population âgée
qui fait beaucoup d’infections à pneumocoque, il va y avoir également une diminution du
nombre de cas de pneumonie ou d’autres infections invasives à pneumocoque, juste parce
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que les enfants qu’ils gardent, qui vivent autour d’eux ne sont plus porteurs du pneumocoque,
ne leur transmette plus. Maintenant on vaccine aussi les sujets âgés donc ça a modifié les
campagnes de vaccination.
M. Adjuvants « ad juvare » : (tolérance/immunogénicité)
On en entend souvent parler en mal car il y a de nombreuses polémiques autour des
adjuvants.
L’adjuvant est une « substance (qu’on associe au vaccin) immunostimulante capable de
d’améliorer l’intensité, la durée et/ou la maturation de la réponse immune »
L’objectif est d’avoir une meilleure réponse immunitaire. Des fois on utilise des sous-unités
de virus ou bactéries pour vacciner du coup on a pas d’assez bonnes réponses immunitaires.
Maintenant on a beaucoup de recul sur les adjuvants parce que la plupart des vaccins qu’on
utilise ont des adjuvants (dans nos vaccinations infantiles on a tous reçu des adjuvants). On
les connais depuis 1926 (Ramon, anatoxines). C’est indispensable pour donner de l’efficacité
à la plupart des vaccins. Bien sûr, ça ne concerne pas les vaccins vivants qui n’ont pas besoin
d’adjuvants, seulement les vaccins inactivés et sous-unitaires.
Mode d’action des adjuvants :
Souvent c’est quelque chose d’un peu lourd, qui va faire persister l’antigène au niveau du
derme et qui va permettre son relargage progressivement, qui va favoriser la mise en contact
entre l’antigène et les cellules dendritiques qui est la première étape de la réponse
immunitaire.
Ensuite, de par sa nature c’est aussi un corps étranger donc ça va créer un contexte
inflammatoire propice, avec un certain nombre de cellules de la réponse immunitaire qui vont
être stimulées, qui vont arriver en réponse à ses signaux, on a donc un environnement pro
inflammatoire.
Et puis selon les adjuvants, ils vont aider à augmenter l’intensité de la réponse adaptative, ce
qui permet aussi de diminuer la dose d’antigène. Des fois on est obligé d’injecter un volume
assez grand, ce qui fait mal, car on est obligé d’amener une certaine quantité d’antigène, donc
les adjuvants permettent des fois de passer de 3mL d’injection à 0,5mL.
Maintenant, de nouveaux adjuvants sont développés et aident à générer une immunité
cellulaire, pour s’approcher au maximum de la réponse immunitaire naturelle.
Les adjuvants les plus anciens sont les sels d’aluminium, on a plus de 80 ans de recul.
Il y a eu toute une polémique autour des sels d’aluminium car quand on nous vaccine il reste
dans l’épaule des traces d’aluminium car ce n’est pas biodégradable. Donc si on nous fait une
biopsie du deltoïde on va tous retrouver de l’aluminium or il y a des gens qui développent des
entités cliniques où ils ont des troubles neuromusculaires et à qui on fait des biopsies du
muscle et chez qui on montre qu’il y a des persistances d’aluminium.
Les sels d’aluminium sont seulement efficaces sur la réponse humorale.
Nouveaux adjuvants nécessaires : MF59 (Squalène), ASO4…
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Cela a créé tout un courant de pensées médicales et une description clinique d’un certain
nombre de maladies qui ont fait craindre que ce soient des effets secondaires de ces
adjuvants.
En 2000, il y a une entité clinique qui a été décrite qui s’appelle la myofasciite à
macrophages (MFM), mais qui existe même indépendamment du vaccin, ce sont des gens qui
décrivent un certain nombre de troubles neuromusculaires.
(Lésion histologique (re)connue et pathologie systémique = aucun lien de causalité)
A côté de ça, on sait que si on biopsie les gens on retrouve de l’aluminium, or on sait que
l’aluminium n’est pas très bon à la santé. La preuve est qu’on a fait des tests chez l’homme et
chez l’animal, et chez des hommes qui travaillent l’aluminium il y en a certains qui font des
intoxications à l’aluminium, c’est très grave, ça donne des troubles neurologiques assez
sévères mais ce n’est pas du tout aux mêmes doses que les doses qui sont dans l’adjuvant et
donc il y a un seuil défini par l’OMS de ce qu’on peut accepter comme dose d’aluminium
dans le corps et pour la vaccination (même si on faisait des rappels tous les ans) on est en
dessous des doses des complications neurologiques.
A l’heure actuelle, il n’y a plus tellement (à part dans certains sous groupes intégristes et
sectaires) de crainte au niveau médical des adjuvants et des sels d’aluminium. Par contre il y
a toujours des adjuvants qui sont utilisés, des nouveaux adjuvants qui sont développés, et
donc on est pas à l’abris que les adjuvants aient des effets secondaires donc il y a une
surveillance qui est faite pour tous les vaccins et tous les adjuvants. Il y a eu plusieurs alertes
sur les adjuvants notamment au moment de la vaccination grippale H1N1en 2009 parce qu’il
y a eu des cas de narcolepsie qui ont été décrits, mais pour l’instant on a pas pu prouver que
c’était lié ou non lié, mais certains ont incriminé les adjuvants.
A ce jour, concernant l’aluminium il n’y a pas de remise en question de la sécurité vaccinale.
Question : pour les vaccins pour lesquels on a une grande quantité de liquide à injecter est ce
que c’est possible de séparer en 2, mettre la moitié dans une épaule et l’autre moitié dans
l’autre ?
Réponse : Oui mais ça dépend des vaccins, des fois c’est possible, par ex moi je travaille en
centre de vaccination internationale et ça arrive qu’on soit obligé de faire beaucoup de
vaccins aux gens et donc ça arrive qu’on divise. Mais en pratique à l’heure actuelle, les
vaccins qu’on a sont plutôt pas mal, et après les gens ont aussi mal avec la piqure.
Aujourd’hui il y a très peu de vaccins à reconstitution où on prélève des doses (BCG),
maintenant on a que des seringues pré remplies donc c’est pas facile de récupérer le liquide, il
faut le transvaser dans autre chose. Mais on pourrait de manière théorique, si quelqu’un
n’avait pas mal à cause de la piqure mais juste mal à cause de l’injection, mais en pratique les
douleurs restent assez mineures pour l’injection.
Ce qu’il ne faut pas faire c’est utiliser cette méthode pour un vaccin pédiatrique, par ex
l’hépatite A. Le vaccin pédiatrique c’est la moitié de la dose, injecter 2 moitiés de dose
pédiatrique ça fait 2 fois la dose d’adjuvant, donc 2 fois plus de risques d’effets secondaires,
2 fois plus de risques d’intensifier la réponse immunitaire, même si en terme de quantité
d’antigène on est moindre.
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IV- Classification des vaccins :
Ils ont été classés comme ça surtout parce que c’est comme ça qu’ont été faites leurs
découvertes.
On a les vaccins vivants atténués, qui ont un type d’effet secondaire, ils peuvent donner la
virose qui correspond. Si on vaccine par le ROR (rougeole, oreillons, rubéole) il y a des
enfants qui vont avoir dans les 48h une virose à l’un des virus qui est dedans avec un peu de
fièvre, une éruption, mais ce sera beaucoup moins important que le tableau clinique qu’ils
auraient s’ils faisaient la vraie infection, et surtout après ils sont protégés. Si on se fait
vacciner contre la fièvre jaune, la virose est décalée dans le temps à 7 jours, c’est assez rare
mais il a un petit pourcentage de gens qui peuvent faire un peu de fièvre (7 à 10 jours après
l’injection).
Pour tous les vaccins non vivants on ne peut pas faire l’infection du vaccin. Les gens qui sont
vaccinés contre la grippe et qui font la grippe, ça ne peut pas être le vaccin qui leur a donné la
grippe : soit c’est un vaccin qui n’est pas protecteur contre la bonne souche, soit ils ne
répondent pas bien à la vaccination, soit ils font un effet secondaire du vaccin (une réaction
immunitaire, inflammatoire), et surtout ils ne seront pas contagieux.
Dans ces vaccins non vivants, inertes, on a les entiers inactivés et les sous-unitaires qui sont
des fractions antigéniques.
A. Vaccins vivants atténués :
Pour les vaccins vivants, on va faire une infection asymptomatique ou à peine apparente qui
confère une protection proche de celle qu’on aurait eu si on avait fait l’infection naturelle.
C’est assez rapide et c’est protégé (le ROR pour 85-87% de la population une seule injection
suffit à les protéger à vie, il y a une 2ème injection dans le calendrier vaccinal mais qui est
pour rattraper les 15-20% de gens qui n’ont pas répondu à la 1ère, ce n’est pas un rappel ; pour
la fièvre jaune les recommandations viennent de changer, les gens sont protégés à vie avec
une seule injection alors que jusqu’à maintenant on recommandait de vacciner les gens tous
les 10 ans)
Le risque de ces vaccinations est de faire une virose, un petit tableau clinique qui ne soit pas
si asymptomatique que ça, et que le virus injecté redevienne pathogène par ex avec le vaccin
de la poliomyélite. Nous on a le DTPCoq, un vaccin qui est inactivé mais qui coute assez
cher, donc dans la plupart des pays en voie de développement, ils ont un vaccin oral contre la
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polio qui n’est pas cher et il n’y a pas besoin d’avoir des seringues, c’est facilement accepté
par la population, par les enfants. Mais c’est un vaccin vivant et il y a des cas de poliomyélite
vaccinale. Les différents pays, en fonction de leur situation épidémiologique, ne vont pas
choisir le même vaccin : en France où il n’y a plus de poliomyélite depuis les années 80 si on
utilise un vaccin vivant qui risque, même si c’est 1 cas sur des dizaines de milliers de
personnes, de donner un cas de polio ce n’est pas acceptable, par contre dans des pays qui
sont encore endémiques de la poliomyélite, on peut imaginer que donner un vaccin vivant qui
va peut être donner 1 cas sur des milliers c’est acceptable. Donc chaque pays en fonction de
sa situation ne va pas développer ou acheter les mêmes vaccins.
Les vaccins vivants atténués, souvent on parle d’un virus animal, soit c’est le même virus soit
un virus qui ressemble et on l’atténue soit physiquement, soit par des passages sur des œufs,
des animaux, soit sur de la culture cellulaire.
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Tous les vaccins qui sont encore utilisés : fièvre jaune, rougeole, oreillons, rubéole, varicelle
(ce n’est pas celui-là qu’on utilise), grippe (ce n’est pas celui-là qu’on utilise), rotavirus
(dont la recommandation française a été arrêtée il n’y a pas longtemps pour faire une
enquête sur son innocuité)
B. Vaccins non vivants (inertes) :
Cela sont vraiment dépourvus de tout pouvoir infectieux.
Soit ce sont des vaccins inactivés complets et on aura une bonne réaction immunogène, soit
ils sont incomplets, ce sont des fractions antigéniques et là souvent il y a besoin d’adjuvants,
de rappels mais au fur et à mesure on développe des antigènes et des vaccins qui déclenchent
une réaction immunitaire la plus proche possible de ce qui se passe au niveau naturel.
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Dans les vaccins inactivés on a des organismes entiers tués :
-des anatoxines : on utilise la toxine sécrétée par le germe et on la modifie (diphtérie, tétanos)
-des fragments : polysaccharides (sucres, pour les germes encapsulés) et protéines (à la
surface membranaire)
Dans les vaccins qui sont utilisés, ce sont pleins de techniques biologiques différentes qui
sont utilisées pour les produire.
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C. Classification des vaccins :
(elle passe vite dessus)
D. Vaccins et modes d’administration :
En fonction de leur type, les vaccins ne vont pas être administrés de la même manière :
-les vaccins vivants atténués peuvent être soit injectables (en IM ou SC ou IDR), soit
buvables (polio, rotavirus), soit en intranasal (grippe) puisqu’ils vont stimuler comme une
infection.
-les vaccins inactivés doivent être donnés soit en IM soit en SC (quand les gens ont des
contre indications en intramusculaire)
Normalement le médecin vaccine dans l’épaule ou le haut du bras, la cuisse est plutôt
réservée aux enfants. Chez les adultes, vacciner dans la cuisse donne des réactions
immunitaires plus importantes, et surtout il y a plus de gras donc c’est un peu moins bien
pour la réponse immunitaire que ça déclenche, et ça fait plus mal.
V- Perspectives vaccinales :
-Ce qu’on essaye de développer ce sont les nouvelles voies d’administration (intranasale,
aérosol, orale, rectale, vaginale immunité au niveau de muqueuses… ; IgA).
-Il y a les adjuvants de l’immunité qui sont en cours de développement.
-On a les vaccins ADN, c’est de la modification des microorganismes avec le génie génétique
(introduction de l’AND codant pour Ag identifié ; AND nu ou AND au sein d’un vecteur
vivant non pathogène chez l’homme).
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-Et puis maintenant, de nouveaux concepts de vaccination sont utilisés, ce n’est plus de la
vaccination prophylactique, c’est de la vaccination thérapeutique (ou immunothérapie
spécifique). Il y a un vaccin contre le VIH en cours de développement et en utilisation, on
revaccine les gens avec leur propre virus, donc ils sont infectés, on contrôle leur infection
avec des médicaments et pour essayer de faire de l’épargne de traitement (puisqu’à l’heure
actuelle les gens sont traités à vie) on essaye de restimuler leur système immunitaire avec des
mini doses de leur virus régulièrement pour essayer de faire des interruption thérapeutiques
de traitement et donc de limiter les toxicités de gens qui parfois s’infectent à 20 ans et qui
maintenant ont la même espérance de vie que le reste de la population. On a des 1ers résultats
qui peuvent être encourageants. On a la même chose qui est développée pour d’autres
infections chroniques (HIV, HBV…). Il y a aussi des concepts de vaccination qui sont faits
avec des antigènes qui ne sont pas d’origine microbiologique dans les maladies autoimmunes (SEP, LEAD), diabète, ...
-Et puis pour le contrôle de la fertilité, des gens ont inventé des Ac anti-gamètes ou antibétaHCG.
-Il y a aussi des tentatives de vaccination dans les maladies allergiques qui sont faites.
-Et actuellement, un des gros espoirs du génie génétique c’est la vaccination anti-tumorale
(cancer), essayer de faire des vaccins qui ciblent des antigènes qui sont soit exprimés par les
cellules tumorales (Ag d’activation MAGE), soit surexprimés (Her-2/neu), soit des antigènes
de la différentiation en cellules tumorales (PSA, tyrosinase, alphafpetoprot…).
VI- Conclusion :
La connaissance de l’immunologie a permis de comprendre ce qui soutient ou limite
l’efficacité vaccinale et d’optimiser les nouveaux vaccins. On est partis d’une petite
constatation (si on met de la variole de vache ça protège de la variole humaine) à des
concepts d’immunologie beaucoup plus complexes : génie génétique.
Mais il y a encore pas mal de questions, notamment comment prolonger la mémoire
immunitaire par la vaccination, comment palier à l’immaturité et au vieillissement du
système immunitaire, comment protéger contre les infections chroniques et comment
produire des antigènes conservés pour pallier à la variabilité de certains agents (VIH, grippe).
Par ex pour la grippe on y arrive pas, on ne trouve pas de vaccin universel contre la grippe
qui est un virus à ARN qui mute donc il va tout le temps muter et c’est pour cela que tous les
ans il faut se refaire vacciner car tous les ans sortent de nouveaux mutants qui sont un peu
différents, plusieurs souches qui sont différentes de la souche qui a circulé l’année d’avant.
Donc quand on attrape la grippe on est protégé contre un sous-type mais pas contre les autres
et c’est pareil avec la vaccination. Donc on aimerait bien trouver un antigène de la grippe qui
soit commun à toute les grippes et il n’y aurait plus qu’un seul vaccin à faire pour être
protégé pendant 10 ans. Il y a des publications qui sont sorties sur quelque chose d’assez
encourageant mais pour l’instant ce n’est pas utilisé chez l’homme de manière courante.
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