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UE2 Biopathologie
Pr Le Bail
Date : 05/10/2016 Plage horaire : 16h15-18h15
Promo : P2 2016/2017 Enseignant : Pr Le Bail
Ronéistes : BOYET Louis
DANY Jonathan
Pathologie tumorale
I. Généralités tumeurs
1. Définitions
2. Exemples de néoplasmes (tumeurs « vraie »)
3. Pseudo-tumeurs
II. La cellule cancéreuse et son environnement
1. Caractéristiques biologiques d’une tumeur
2. Modifications morphologiques
3. Modifications fonctionnelles
4. Stroma tumoral
III.Nomenclature anatomo-pathologique des tumeurs
1. Les grandes familles de tumeurs
2. Quelques tumeurs à évolution particulière
3. Selon les 2 critères
IV.Grading, différenciation des tumeurs
1. Notion de différenciation et d’anaplasie
2. Différenciation épithéliale
3. Différenciation musculaire lisse
V.Méthodes de diagnostic anapathologique et classification his-
togénétique des tumeurs
1. Diagnostic anapathologique
2. Techniques complémentaires
3. Critères microscopiques de classement (entre malin etnin)
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Les pathologistes ont un rôle très important en ce qui concerne le diagnostic et la prise en charge des tu-
meurs. Mon exposé représente le début d’une série de cours sur les tumeurs, d’autres personnes intervien-
dront. Je me limiterai aux définitions générales sur les tumeurs et les cancers, nous reverrons un petit peu
de biologie cellulaire vue sous l’angle de l’anapathologie, notamment comment est la cellule cancéreuse,
quel est son environnement, important pour comprendre les traitements anti-cancéreux.
J’insisterai sur les différents types de tumeurs, savoir si une tumeur est bénigne ou maligne, son histogenèse
(origine cellulaire ou lignage) qui détermineront son classement, son nom.
J’insisterai aussi sur le micro-environnement tumoral qui est extrêmement important.
Pour cela on dispose de différentes techniques : la macroscopie, la microscopie, l’IHC, la biologie molécu-
laire (de plus en plus utilisée pour certaines tumeurs).
Plus précisément, l’IHC est utilisé en première ligne, et secondairement la biologie moléculaire.
I. Généralités sur les tumeurs
1. Définitions
Au sens strict, une tumeur est une formation tissulaire créant un effet de masse et dont l’origine est le plus
souvent néoplasique. Mais attention, il existe des tumeurs qui ne sont pas néoplasiques. Par abus de lan-
gage, une « tumeur » est associée au terme « néoplasie » mais ce n’est pas toujours le cas.
NB (dit à l’oral) : Au sens strict, une tumeur ne présage pas du mécanisme de formation. Une tumeur est
une masse de tissu, qui apparait et qui fait volume dans l’organisme la surface de la peau, à l’intérieur
du corps). Le plus souvent, les tumeurs sont dues à des néoplasies.
Le terme que l’on devrait employer est néoplasie ou néoplasme : il s’agit d’une masse tissulaire ou cellu-
laire anormale néoformée (de novo), dont la croissance est excessive et anarchique (anormale) et qui per-
siste après l’arrêt des stimuli (facteurs vasculaires, hormonaux, inflammatoires), qui ont favorisé son déve-
loppement.
NB : La néoplasie est le vrai terme pour parler d’une prolifération cellulaire et donc tissulaire.
A l’intérieur de ces néoplasies, on distingue des néoplasies bénignes et des néoplasies malignes.
Le terme de cancer est associé au terme de tumeur maligne : il s’agit d’une néoplasie maligne par son évo-
lution locale et générale agressive et potentiellement mortelle.
NB : Un cancer est une tumeur maligne mais il est préférable de dire néoplasie maligne.
A cet aspect évolutif, on peut rattacher les propriétés biologiques et morphologiques.
La tumeur bénigne s’oppose au cancer dans la mesure où même si sa croissance persiste après l’arrêt des
stimuli, son évolution reste purement locale, limitée et elle n’engage généralement pas le pronostic vital.
NB : A la place de tumeur bénigne, il est mieux de dire néoplasie bénigne.
Dans ce cours, je dirais alternativement tumeur et néoplasie.
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2. Exemples de « tumeurs vraies » ou néoplasies
Cancer du sein très évolué : tumeur qui se développe de façon anar-
chique à partir de la glande mammaire, du tissu épithélial du sein.
De ce cas-ci, il s’agit vraiment d’une néoplasie maligne tumeur
vraie »).
Il s’agit aussi d’une néoplasie. C’est une néoplasie maligne appa-
rue dans l’abdomen, qui est l’une de l’une des plus grosses tu-
meurs que l’on peut voir dans l’organisme. Plus exactement, c’est
un sarcome = cancer dérivé du tissu conjonctif. C’est une tumeur
rare mais extrêmement volumineuse. Pas de risque de métastase
malgré la taille de la tumeur.
Le but ici est de montrer que ce n’est pas parce que c’est « gros »
que c’est forcément très « méchant ».
Tumeur d’un larynx réséqué : On y aperçoit les cordes vocales et l’épiglotte.
C’est une véritable néoplasie maligne du larynx. Il s’agit du cancer du fumeur, le
plus classique, le carcinome épidermoïde. Cette tumeur pousse de façon anar-
chique et incontrôlable. Dans ce cas-ci, même si le patient arrête le tabac, les
facteurs stimulants ne régresseront pas, et ça risque d’entrainer la mort soit par
complication locale, soit par complication à distance, en particulier les métas-
tases.
Tumeur très agressive.
Tumeur redoutable ou néoplasie de la peau « grain de beauté ». Ce
« grain de beauté » possède des caractéristiques inquiétantes car il
possède une mauvaise limitation, les couleurs variables. Ici, c’est en
fait un mélanome (un cancer de la peau dérivé des mélanocytes), qui
est une tumeur extrêmement agressive.
Il est à noter qu’une petite tumeur de quelques millimètres, comme
ici, peut être beaucoup plus agressive que la grosse tumeur vue pré-
cédemment. Cette tumeur possède un risque de métastase très ra-
pide. De ce fait, on peut dire qu’il existe bien d’autres facteurs que
la taille qui jouent dans l’agressivité des néoplasies.
3. Pseudotumeurs
Je vous en parle juste ici pour les oublier après car il s’agit d’un piège pour les cliniciens, les radiologues.
De temps en temps, on a une bonne surprise, ce n’est pas une tumeur.
Les « pseudo-tumeurs » ne sont ni des néoplasies ni des cancers, ce sont des masses ou lésions « tumo-
rales » qui peuvent être d’origine :
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- inflammatoire la suite d’inflammation locale par exemple)
- dystrophique (modification des cellules et des tissus suite à la modification physiologique de la vasculari-
sation, de l’état hormonal, en bref de condition physiologique qui évolue et qui impacte sur les tissus en
les faisant changer de taille et de forme)
- dysgénétique (malformations dues à l’embryogenèse, qui n’évolueront pas)
Pseudotumeur inflammatoire oculaire : acquis/inflammatoire.
Sur le plan microscopique, il a été conclu à un foyer inflammatoire à tel point
pseudo-tumorale, qu’il existe une entité anatomo-clinique qui s’appelle la
pseudotumeur inflammatoire (PTI). Ce PTI est particulièrement très fré-
quente autour de l’œil. Mais l’étiologie n’est pas encore tout à fait précise.
Dans cette masse, il y a une augmentation de la taille du tissu et une indura-
tion avec de la fibrose et un mélange de cellules inflammatoires, qui ne sont
pas génétiquement modifiées.
Ces lésions peuvent persister et être inquiétantes mais elles n’ont rien de néo-
plasiques.
Hamartome splénique : malformatif
On voit ici une lésion arrondie et volumineuse. La rate a été enlevée
pour suspicion de lymphome, du faite de la présence importante de lym-
phocytes dans cet organe. De plus, il est très difficile de faire un prélè-
vement biopsique de la rate car c’est un organe très vascularisé. Il
s’agit ici bien d’une tumeur mais qui n’était pas une néoplasie. C’est
une malformation assez classique de la rate, qu’on appelle un hamar-
tome. Un hamartome est un mélange de tissus spléniques normaux, qui
se sont organisés de façon anormale au cours de la formation du bébé.
Cette lésion n’a aucune conséquence sur le pronostic vital.
Exemple (oral) : Les femmes enceintes qui ont des seins énormes, ont en fait une dystrophie mammaire à
cause des hormones, qui provoquent le gonflement des structures glandulaires des glandes mammaires.
Attention : tout ce qui est masse n’est pas néoplasique !
II. La cellule cancéreuse et son environnement
1. Caractéristiques biologiques d’une néoplasie
Les caractères biologiques qui définissent une néoplasie sont :
Une prolifération cellulaire excessive
Multiplication à partir d’une ou plusieurs cellules anormales : notion de clonalité.
Cela résulte d’un déséquilibre entre la prolifération et la mort des cellules. En général, les lésions néopla-
siques ont une prolifération cellulaire excessive.
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Dans une lésion tumorale, certaines cellules vont donner des cellules filles et chacune de ces cellules filles
est appelée « clone tumorale ». Il est classique dans une tumeur bénigne qu’il y ait plusieurs clones ayant
des avantages de croissance : elle sera polyclonale. Par contre dans une tumeur maligne, va se dégager à
la suite d’anomalies génétiques 1 clone préférentiel qui va « écraser » tous les autres et va prendre un avan-
tage de croissance. Un cancer est une lésion monoclonale.
Masse tissulaire ressemblant +/- à un tissu normal homologue (adulte ou embryonnaire)
Ces cellules qui vont proliférer vont avoir tendance à reproduire l’aspect des cellules initiales (architecture,
cytologie) et leur fonctionnalité : c’est la notion de différenciation.
Plus une tumeur est différenciée, plus elle ressemblera au tissu normal. C’est-à-dire même type de cellule,
même propriété fonctionnelle (sécrétion, expression d’antigène), etc.
Il existe une corrélation entre la différenciation d’une tumeur et le caractère bénin ou malin. Une tumeur
bien différenciée est souvent une tumeur bénigne qui n’évoluera pas de façon maligne avec formation de
métastase.
On parle de néoplasie différenciée lorsque la tumeur ressemble sur les plans cytologique, histologique et
fonctionnel à la cellule et au tissu dont elle dérive.
Notion importante car la différenciation est associée au pronostic : plus une tumeur est indifférenciée, plus
elle est agressive et difficile à classer en anapath.
Accumulation d’anomalies génétiques : initiation
La carcinogenèse est un processus séquentiel.
C’est ce qui va distinguer les néoplasies des processus pseudo-tumoraux.
A la phase d’initiation de la tumeur, il va y avoir des événements qui vont perturber l’ADN, des agents délé-
tères pour l’ADN qui vont entrainer différentes altérations (mutation, délétion, réarrangement) dans des
gènes clés. Ils vont être à l’origine d’une dérégulation de tous ce qui fait « pousser » une cellule et qui lui
confère un caractère invasive. Ces anomalies génétiques sont propres au néoplasie, et elle touche préféren-
tiellement tout ce qui compte pour faire des mitoses, pour réguler la croissance cellulaire. Ces anomalies
vont favoriser l’acquisition de propriétés invasives, l’acquisition d’enzymes qui vont permettre de dégrader
le tissu conjonctif pour que les cellules se propagent ou qu’elles perforent les vaisseaux pour permettre les
métastases. Ces anomalies vont favoriser la formation de néo-vaisseaux.
Tendance à persister et à croître localement : progression, et si c’est une lésion maligne, progression à
distance du site initial grâce aux propriétés invasives : généralisation. On parle alors de cancer généralisé
: le cancer se développe dans plusieurs territoires de l’organisme, c’est le stade métastatique.
Clinique :
Pathologie fréquente (sujets de consultation les plus fréquents avec les maladies cardiovasculaires)
Prévalence des tumeurs bénignes >> malignes.
Conséquences (pour la santé publique) dominées par les tumeurs malignes (cancérologie) : morbidité,
mortalité, des coûts de santé importants.
Certaines tumeurs passent par un stade de tumeur bénigne pour ensuite devenir maligne mais ce n’est pas
un cas général (le passage d’une tumeur bénigne à une tumeur maligne ne suit pas une continuité lo-
gique). Il existe des tumeurs bénignes qui le restent pendant toute leur évolution. Cela dépend du type his-
tologique. Il existe des cancers qui apparaissent de novo, sans étape de tumeur bénigne.
Rôle majeur de l’anatomie pathologique pour le diagnostic, mais aussi à tous les niveaux de la prise en
charge des patients : pronostic, thérapeutique.
Que ça soit des tumeurs bénignes ou malignes, l’analyse des tissus et des cellules reste le seul outil diagnos-
tic formel pour le diagnostic de tumeurs. Certes l’imagerie et les marqueurs tumoraux donnent des signes
d’orientation, mais le prélèvement anapath est absolument indispensable avant d’envisager un traitement
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