UE 6-3 Algèbre, Semestre 6, année 2016-2017 Correction du partiel Questions de cours 1. Si P admet une racine a ∈ K, P est divisible par X − a : P = (X − a)Q, avec Q ∈ K[X]. Or, comme deg(P ) ≥ 2, deg(Q) ≥ 1. Donc P est le produit de deux polynômes non constants, autrement dit P est réductible. Inversément, si P est réductible, P = QR avec Q et R deux polynômes non constants. Puisque deg(Q), deg(R) ≥ 1 et deg(Q) + deg(R) = deg(P ) ≤ 3, on a nécessairement • si deg(P ) = 2, deg(Q) = deg(R) = 1; • si deg(P ) = 3, (quitte à échanger Q et R) deg(Q) = 1, deg(R) = 2. En particulier, on voit que P est divisible par un polynôme de degré 1, autrement dit, P admet une racine dans K. On a montré que, pour tout polynôme P de degré 2 ou 3, P admet une racine dans K ⇔ P réductible dans K[X], ce qui équivaut à P n’admet pas de racine dans K ⇔ P irréductible dans K[X]. Cette équivalence devient fausse pour les polynômes de degré supérieur (cf question suivante). On garde cependant l’implication P admet une racine dans K ⇒ P réductible dans K[X]. 2. Comme C est algébriquement clos, tout polynôme P s’écrit de manière unique comme produit de polynômes de degré 1. Ici, les racines de π π 3π 3π P = X 4 + 1 sont ei 4 , e−i 4 , ei 4 , e−i 4 donc π π 3π 3π X 4 + 1 = X − ei 4 X − e−i 4 X − ei 4 X − e−i 4 1 est la décomposition de P dans C[X]. Pour trouver la décomposition de P dans R[X], on regroupe les racines par paires de racines complexes conjuguées : h i h i π π 3π 3π X 4 + 1 = X − ei 4 X − e−i 4 X − ei 4 X − e−i 4 h π ih 3π i = X 2 − 2Re ei 4 X + 1 X 2 − 2Re ei 4 X + 1 ! ! √ √ 2 2 2 2 = X −2 X +1 X +2 X +1 2 2 √ √ X 4 + 1 = X 2 − 2X + 1 X 2 + 2X + 1 . Chacun des deux polynômes de degré 2 de cette écriture est à discriminant négatif (−2) donc irréductible dans R[X]. On a donc trouvé la décomposition de P en produit d’irréductibles dans R[X]. Finalement P est irréductible dans Q[X]. En effet, si P était réductible, on aurait P = QR avec Q et R unitaires de degré au moins 1. Les cas où l’un des deux polynômes Q, R est de degré 1 sont à exclure car P n’a pas de racine dans Q. Donc Q et R seraient de degré 2. Or, Q et R se décomposent en produits d’irréductibles de R[X] et, comme QR = P les irréductibles qui apparaissent dans la décomposition de Q et R sur R[X] sont ceux qui apparaissent dans la décomposition de P . On a donc que (quitte à échanger Q et R), Q est associé à √ √ X 2 + 2X + 1. Comme Q unitaire, Q = X 2 + 2X + 1 6∈ Q[X], ce qui contredit le fait que P est réductible dans Q[X]. 2 Exercice 1 : En utilisant la linéarité de f , on a (X + 1) − (X − 1) f (1) = f 2 1 = (f (X + 1) − f (X − 1)) 2 1 2 − (X 2 − 1) = 2 3 1 = − X 2, 2 2 (X + 1) + (X − 1) f (X) = f 2 1 = (f (X + 1) + f (X − 1)) 2 1 = 2 + (X 2 − 1) 2 1 1 = + X 2. 2 2 Donc, 3/2 1/2 −1 MatB (f ) = 0 0 1 −1/2 1/2 0 (Rappel : on écrit les images de chacun des vecteurs de la base en colonne). Exercice 2 : 1. Soit x = a/b une racine de P . On a, en multipliant par b3 l’équation P (x) = 0: a 3 a 3 + +1 0=b b b = a3 + b2 a + b3 . En particulier, b3 = −a(a2 + b2 ). Donc si p est un diviseur premier de a, p divise b3 . Comme p est premier, ceci implique (par le lemme de Gauss) que p divise b. Donc p divise pgcd(a, b) = 1, ce qui est impossible. Donc a n’admet aucun diviseur premier : a = ±1. Le même raisonnement s’applique pour b car a3 = −b2 (a+b) donc b = ±1. Par quotient, ceci ne laisse que deux possibilités de racine rationnelle pour P : x = 1 ou x = −1. Or P (1) = 3 et P (−1) = −1. Donc P n’a pas de racine dans Q. 3 2. En vertu de la question de cours, comme P est de degré 3 et n’a pas de racine dans Q, P est irréductible dans Q[X]. 3. On effectue la division euclidienne de X 4 + X 3 + X + 1 par P : X 4 + X 3 + X + 1 = (X + 1)P − X 2 − X. Ce qui montre que α4 + α3 + α + 1 = −α2 − α. 4. En toute généralié, il faudrait ici utiliser l’algorithme d’Euclide étendu pour trouver deux polynômes A et B ∈ Q[X] tels que AP + B(X + 1) = 1. On aurait alors, dans Q[X]/(P ), B(X + 1) = AP + B(X + 1) = AP + B(X + 1) = 1. Dans le cas présent, la division euclidienne de P par (X + 1) donne P = (X + 1)(X 2 − X + 2) − 1. Donc, dans Q[X]/(P ) : 0 = P = (X + 1)(X 2 − X + 2) − 1 1 = (X + 1)(X 2 − X + 2), d’où on a (X + 1)−1 = X 2 − X + 2. En d’autres termes (1 + α)−1 = α2 − α + 2. 4’. On a mα (1) = α, mα (α) = α2 et mα (α2 ) = α3 = −α − 1. En effet, on a 3 α3 + α + 1 = X + X + 1 = X3 + X + 1 =P = 0. Donc dans la base B, la matrice de 0 M = 1 0 mα est donnée par 0 −1 0 −1 1 0 (remarquons au passage que M est la matrice compagnon de P ). 4 5. On a 0 −1 0 M 2 = 0 −1 −1 1 0 −1 donc pour tout (a, b, c) ∈ Q3 , a −c −b aI3 + bM + cM 2 = b a − c −b − c c b a−b En particulier, si aI3 + bM + cM 2 = 0, on a que la première colonne de aI3 +bM +cM 2 est nulle, ce qui montre directement que a = b = c = 0. La famille (I3 , M, M 2 ) est donc libre dans M3 (Q). 6. Soit G = vect(I3 , M, M 2 ). G est stable par somme et contient 0 et I3 . Il suffit donc de voir qu’il est stable par produit. Par bilinéarité du produit, il suffit de voir que les produits M i M j = M i+j , i, j ∈ {0, 1, 2} sont dans G. C’est évident si i + j ≤ 2. Si i + j = 3, on a M 3 = −M − I3 ∈ G et si i + j = 4, M 4 = −M 2 − M ∈ G. Donc G est un sous-anneau de M3 (Q). Autre preuve : Soit φ0 : Q[X] → M3 (Q) le morphisme d’évaluation en M (i.e. φ0 (Q) = Q(M ) pour tout Q ∈ Q[X]). On a φ0 (P ) = M 3 + M + I3 = 0, autrement dit P ∈ ker(φ0 ) donc φ0 se factorise en un morphisme d’anneaux φ : Q[X]/(P ) → M3 (Q). En particulier, φ est une application Q-linéaire donc l’image d’une famille génératrice (1, α, α2 ) de F est une famille génératrice de Im(φ)) : Im(φ)) = φ(vect(1, α, α2 )) = vect(φ(1), φ(α), φ(α2 )) = vect(I3 , M, M 2 ) = G. Comme φ est un morphisme d’anneaux, G = Im(φ) est un sous-anneau de M3 (Q). 7. On a 1 0 −1 φ(1 + α) = I3 + M = 1 1 −1 . 0 1 1 Le calcul de l’inverse de φ(1 + α) donne 2 −1 1 (φ(1 + α))−1 = −1 1 0 = M 2 − M + 2I3 = φ(α2 − α + 2), 1 −1 1 ce qui était attendu car, comme φ est un morphisme d’anneaux I3 = φ(1) = φ((α + 1)(α2 − α + 2)) = φ(α + 1)φ(α2 − α + 2). 5