L’éthique, le soignant et la société par A Kane
Le nouvel ouvrage d’Abdoul Kane, cardiologue universitaire à Dakar, poursuit la lignée de réflexions
sur la médecine de ses livres précédents. Dans « La vie sur un fil », paru en 2013, A Kane présentait
un recueil de nouvelles construites à partir des drames « devenus si ordinaires dans les
hôpitaux publics africains, des hôpitaux-entreprises où la qualité des soins, la sécurité
des malades et leur dignité sont relégués au second plan ». A travers ces onze nouvelles,
l'auteur mettait le doigt sur les nombreuses plaies des structures de soins: mauvais
accueil, environnement repoussant, pannes fréquentes d'équipements, non-disponibilité
de médicaments, erreurs médicales, corruption, mercantilisme... Cet aspect déprimant,
souvent passé sous silence, doit, pour l’auteur, être décrit, décrié, pour être corrigé et
rendre les soins à leur mission, être dédiés au malade et être efficaces.
La parution récente de « L’éthique, le soignant et la société », élargit cette réflexion médicale au-
delà du constat des seules dysfonctions, en redéfinissant les axes que doit se fixer la médecine en
Afrique… mais aussi, du fait des dérives gestionnaires quasi universelles de la médecine actuelle,
partout dans le monde. « Quelles sont les missions du soignant ? Quelle est sa
responsabilité sociale et politique ? Quels sont les liens entre la société et le système de
santé ? » L’auteur n’écarte aucune question, et se penche, dans la situation des
mutations de société en Afrique, sur des aspects plus spécifiques, mais quotidiens.
« Quelles solutions inspirées des traditions et des valeurs religieuses, mais adaptées à
l'évolution des sociétés en pleine mutation sur le continent africain, doivent être
proposées ».
L’ouvrage d’A Kane, fidèle ami et Membre Correspondant de la SFC, nous rappelle, à
l’heure de nos propres inquiétudes d’exercice en France, que ces difficultés, évidemment
plus contraignantes en Afrique, doivent être abordées avec la conviction de les
surmonter. Le message est clair et porte, comme à l’accoutumée avec son auteur, la part
de spiritualité qui fait la grandeur de notre métier.