Théâtre de l’Europe Direction Luc Bondy
Odéon-Théâtre de l’Europe
Théâtre de l’Odéon 6°
Ateliers Berthier 17°
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Administration +33 (0)1 44 85 40 00
2 rue Corneille - 75006 Paris
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Saison 2014-2015
L’art ni le théâtre ne se laissent programmer et pourtant.
Je place ma confiance dans l'humeur des artistes, qu'elle dure le temps du jeu ou celui
du rêve.
Un plateau sans préméditation, où seuls le désir et la fantaisie inscrivent leurs traces.
Arrêter mon choix sur un texte, c'est en délaisser un autre que je désirais tout autant,
des milliers d'autres. Seule la certitude de savoir qu'un spectacle n'est jamais tout à fait
terminé, le suivant jamais tout à fait commencé, m'apporte une consolation. Choisir
n'est que le résultat d'une immense hésitation.
Je me sens pourtant tout à la fois metteur en scène de grands textes et devant mettre
en scène une saison. J'aurais aimé monter Dubillard et ses Naïves hirondelles ; j'aurais
aimé retrouver Botho Strauss, – il a pressenti l'ère médiatique et médiatisée de
l'Allemagne d'après-guerre ; je pense à Timon d’Athènes, à Othello, à Kleist. Tout vien-
dra. Je le demanderai aussi à d'autres artistes. J'ai choisi Ivanov. Peut-être correspond-
il à ma nervosité chronique. J'essaierai, et de l'esquisser, et de l'approfondir.
Le plaisir que j'ai à proposer l'emporte toujours sur les tourments que me font endurer
mes propres spectacles.
C'est pourquoi j'ai invité Robert Wilson à s'emparer du texte de Jean Genet pour qu'il
crée Les Nègres à l'Odéon, en ouverture de saison.
Je suis impatient de voir et d'entendre le texte saisissant de Peter Handke, Toujours
la tempête, que présentera Alain Françon. Je partage l'enthousiasme de Christoph
Marthaler pour Labiche et sa gourmandise pour les îles flottantes. Angélica Liddell nous
trouble tous, nous attire. J'ai souhaité inviter la passion déraisonnable que Thomas Jolly
porte à Shakespeare, lui qui ose, privilège de la jeunesse, installer aux Ateliers Berthier
un Henry VI de dix-huit heures.
J'accueille un nouveau venu : Julien Gosselin, qui saura montrer que Michel
Houellebecq n'a rien d'un cynique désabusé mais qu'il est bien plutôt le spectateur
lucide d'un monde que l'amour déserte.
Encore un jeune, que nous avions déjà invité l'an passé, Jean Bellorini, aujourd'hui
nommé au TGP , avec la pièce et la célèbre fête de Ferenc Molnár, Liliom. Joël
Pommerat, notre artiste associé, et moi-même, reprendrons La Réunification des deux
Corées et Les Fausses Confidences de Marivaux, deux pièces que le public demande
encore.
Dans chaque interstice de calendrier, en Grande salle comme au salon Roger Blin,
j'ai souhaité glisser la passion profonde qui me lie à la littérature et à la philosophie.
Plus qu'un simple écho des spectacles, les Bibliothèques de l'Odéon – près de soixante
manifestations cette année – réaffirment la place essentielle que doivent occuper les
livres et la pensée dans une maison dédiée aux artistes.
Ces programmes ne pourraient exister sans l'aide précieuse des grandes radios de ser-
vice public que sont France Culture et France Inter et les nombreux partenaires et mai-
sons d'éditions qui s'associent à ces rencontres.
Théâtre National, l'Odéon-Théâtre de l'Europe n'existerait pas sans le soutien et la
confiance que nous accorde le Ministère de la Culture et de la Communication. Je
remercie également les mécènes, particuliers et entreprises, toujours plus nombreux, qui
par leur présence à nos côtés affirment haut et fort que la créativité, donc la culture,
sont essentielles à la vitalité d'un pays et ne valent que si elles sont largement parta-
gées, et dès le plus jeune âge.
Si le théâtre de l'Odéon se porte très bien, le théâtre de l'Europe, comme l'Europe
elle-même, devraient se mieux porter. J'aimerais que les spectacles en langue étrangère
soient plus nombreux, que nous puissions produire davantage.
Nous y travaillons chaque jour avec des équipes qui s'engagent à mes côtés pour
que jamais ne cesse de battre le coeur du théâtre, pour que nous ne déméritions pas
d'un projet que Giorgio Strehler voulait ambitieux et que nous avons l'ambition de
défendre.
Je souhaite, ami public, que vous continuiez à nous suivre : votre enthousiasme nous
enthousiasme.
Luc Bondy
LES GRES 3 octobre - 21 novembre / Odéon 6e
de Jean Genet création
mise en scène Robert Wilson
LES PARTICULES ÉLÉMENTAIRES 9 octobre - 14 novembre / Berthier 17e
de Michel Houellebecq
mise en scène Julien Gosselin
YOU ARE MY DESTINY (Lo sturpo de Lucrecia) 3 - 14 décembre / Odéon 6e
d’Angélica Liddell en espagnol et italien, surtitré
LA RÉUNIFICATION DES DEUX CORÉES 10 décembre - 31 janvier / Berthier 17e
de Joël Pommerat
IVANOV 16 janvier - 28 février et 8 -29 avril / Odéon 6e
d’Anton Tchekhov création
mise en scène Luc Bondy
TOUJOURS LA TEMPÊTE 4 mars - 2 avril / Berthier 17e
de Peter Handke création
mise en scène Alain Françon
DIE WEISSE WOM EI (Une île flottante) 11 - 29 mars / Odéon 6e
d’après Eugène Labiche en français et allemand, surtitré
mise en scène Christoph Marthaler
HENRY VI 2 - 17 mai / Berthier 17e
de William Shakespeare
mise en scène Thomas Jolly
LES FAUSSES CONFIDENCES 15 mai - 27 juin / Odéon 6e
de Marivaux
mise en scène Luc Bondy
LILIOM 28 mai - 28 juin / Berthier 17e
de Ferenc Molnar
mise en scène Jean Bellorini
LES BIBLIOTHÈQUES DE L’ODÉON octobre 2014 - juin 2015
SAISON 2014 - 2015
LES GRES
de Jean Genet
mise en scène, scénographie, lumières Robert Wilson
3 octobre - 21 novembre
Théâtre de l’Odéon 6e
dramaturgie Ellen Hammer
collaboration artistique Charles Chemin
collaboration à la scénographie Stephanie
Engeln
costumes Moidele Bickel
collaboration à la lumière Xavier Baron
musique originale Dickie Landry
avec
Armelle Abibou, Astrid Bayiha, Daphné Biiga
Nwanak, Bass Dhem, Lamine Diarra, Nicole
Dogué, William Edimo, Jean-Christophe
Folly, Kayije Kagame, Gaël Kamilindi,
Babacar M'Baye Fall, Logan Corea
Richardson, Xavier Thiam, Charles Wattara
production Odéon-Théâtre de l'Europe
coproduction Festival d'Automne à Paris,
Théâtre National Populaire – Villeurbanne,
deSingel campus des arts international –
Anvers, Festival Automne en Normandie, La
Comédie de Clermont-Ferrand scène nationale
avec le Festival d'Automne à Paris
avec le soutien du Cercle de l'Odéon et de
LVMH
Entretien avec Robert Wilson
Depuis quand vous intéressez-vous à Genet ?
J'avais vu Les Nègres alors que j'étais étudiant à New-York et j'avais été tout à fait fas-
ciné par l'oeuvre, la mise en scène, et tout spécialement la distribution. Depuis j'ai vu
un certain nombre de mises en scène, mais elles ne m'ont jamais vraiment intéressé.
Quand Luc Bondy m'a demandé de m'y attaquer, je ne savais pas trop quoi en penser
et c'est peut-être pour cela que j'ai accepté. Parfois vous faites ce que vous croyez ne
pas devoir faire et c'est alors qu'à votre surprise vous trouvez quelque chose.
Comment avez-vous abordé la pièce ?
Ma façon de travailler est très inhabituelle. D'abord je regarde l'espace très lon-
guement, puis je l'éclaire. Si je ne sais pas à quoi l'espace ressemble je ne sais
pas quoi faire. Après cela je mets tout en scène silencieusement, puis je com-
mence peu à peu à ajouter de la musique et du son. Le texte parlé intervient bien
plus tard. Le premier jour des répétitions je n'avais pas de grande idée en tête, si
j'en avais eu une j'aurais été bloqué. Après que j'ai regardé et éclairé l'espace
quelqu'un m'a montré une image d'une habitation Dogon, et j'ai pensé à com-
mencer par là. Puis je me suis mis à élaborer une scène devant cette maison.
Après quelques jours, quand j'ai fini, j'ai pensé que cela pourrait être le prologue.
Ensuite j'ai complètement changé l'espace architectural, avec une lumière très dif-
férente. Quelqu'un m'a montré une image d'un bar la nuit avec une enseigne au
néon, c'était peut-être à Las Vegas, et je suis allé dans cette direction. Je ne suis
pas de ceux qui peuvent rester assis tout seuls dans une salle pour imaginer à
quoi une pièce pourra ressembler. J'aime être dans une salle avec avec des gens
et créer avec eux. Je n'aime pas parler de la situation, j'aime la faire. Si j'en parle
ça devient intellectualisé et j'essaie de faire ce qui est dans ma tête au lieu de sim-
plement regarder les gens devant moi et les laisser me diriger.
Pendant ces deux semaines, j'ai entrepris d'esquisser ce que j'appelle le “livret
visuel”. Si je pars du texte j'ai peur de me retrouver à illustrer ou seconder ce que
j'entends. C'est ce qui se produit généralement au théâtre et pour moi c'est d'un
tel ennui. Les indications que je donne sont formelles, jamais interprétatives. Je dis :
ceci pourrait être plus rapide ou plus lent, plus léger ou plus lourd, plus rugueux ou
plus lisse, plus intérieur ou plus extérieur. Le livret visuel est filmé ; pour finir, il est
étudié, édité puis appris. Pour moi tout théâtre est danse. La danse commence
avec l'immobilité et la conscience du mouvement dans l'immobilité. Ce qui fait que
quand on fait' un mouvement vers le dehors la ligne se prolonge. Le mouvement
est structuré et peut se suffire à lui-même. Il peut être pur, un mouvement pour le
seul mouvement, et abstrait. Il n'a pas nécessairement à suivre la musique ou l'his-
toire. Très souvent les acteurs essaient d'appliquer du sens au mouvement, ce qui
l'affaiblit. Le mouvement devrait être plein d'idées. Il est quelque chose que nous
éprouvons, ce qui constitue une manière de penser. Je ne dis jamais aux acteurs
quoi penser ou comment ressentir. Ils reçoivent des indications formelles et ils peu-
vent compléter ce formulaire avec leurs propres idées et leurs propres émotions.
Parfois je leur demande de ne pas trop en faire, ne pas insister sur telle ou telle
idée unique, pour laisser au public un espace de réflexion.
Qu'est-ce qui a plus particulièrement retenu votre attention dans Les Nègres ?
Je me mets pas une oeuvre en scène pour une raison. En tant qu'artistes, nous tra-
vaillons pour demander : qu'est-ce que c'est, et non pas pour dire ce que c'est. Si
nous savons ce que nous faisons, alors nous ne devrions pas le faire. Souvent, en
Jean Genet, extrait d’une préface des
Nègres
Que deviendra cette pièce quand auront disparu
d’une part le mépris et le dégoût, d’autre part la
rage impuissante et la haine qui forment le fond
des rapports entre les gens de couleur et les
Blancs, bref, quand entre les uns et les autres se
tendront des liens d’hommes ? Elle sera
oubliée. J’accepte qu’elle n’ait de sens qu’au-
jourd’hui.
Quel ton prendrait un Nègre pour s’adresser à
un public blanc ? Plusieurs l’ont fait. Soit char-
meurs, soit revendicateurs, ils indiquaient leur
tempérament singulier. Moi-même, parlant à un
Noir, je sais quoi lui dire et comment le lui dire :
je ne distingue jamais que l’individu particulier,
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