Saison 2017 / 2018 Odéon-Théâtre de l’Europe Éditorial Stéphane Braunschweig Un théâtre ouvert sur le monde et au croisement des générations : c’est le rêve que j’ai formé dès mon arrivée pour l’Odéon-Théâtre de l’Europe. C’est dans cet esprit que nous avons bâti cette deuxième saison. À l’heure du Brexit, de l’Amérique de Trump, à l’heure des discours de repli et de fermeture qu’on voit pulluler en France et dans nombre de pays d’Europe face au terrorisme, face à l’afflux des réfugiés, et face au désespoir social, la culture plus que jamais a vocation à faire tomber les frontières des a priori et des peurs, celles de la xénophobie et des nationalismes ; la culture, et le théâtre en particulier, doit être cette terre ouverte aux voix multiples, aux échanges et aux circulations, pour sentir que nous partageons les même questions, les mêmes inquiétudes et les mêmes espoirs, avec des points de vue différents. Nous accueillons cette saison des artistes qui viennent d’Italie, d’Angleterre, mais aussi d’Australie, de Russie, du Brésil et du Vietnam. Des spectacles qui nous feront voyager de Novossibirsk jusqu’au fin fond de l’Amazonie. Des spectacles qui seront comme autant de “rencontres”, pour reprendre le titre si emblématique de l’incroyable plongée sonore que nous proposera ce poète de la scène qu’est Simon McBurney : The Encounter. Ce n’est sans doute pas un hasard si deux de nos artistes associés ont choisi de suivre par les chemins de la fiction ces vies d’exil, ces vies de “migrants” comme on dit aujourd’hui, ces vies déchirées entre le rêve de rentrer chez soi un jour et celui de parvenir à habiter l’ailleurs. Ulysse et Pénélope serviront de guide à Christiane Jatahy pour une Odyssée toute contemporaine, tandis que pour Caroline Guiela Nguyen l’espace intemporel d’un restaurant vietnamien laissera deviner la Saigon d’hier dans la France d’aujourd’hui. Rencontre aussi, entre les Trois Sœurs en langue des signes russe de Timofeï Kouliabine et les Trois Sœurs réécrites par l’Australien Simon Stone (notre troisième artiste associé) : ces deux jeunes et brillants metteurs en scène confronteront ainsi leur vision de la plus Saison 2017 / 2018 Odéon-Théâtre de l’Europe actuelle sans doute des pièces de Tchekhov, celle d’une jeunesse qui cherche coûte que coûte un sens au présent. Kouliabine, Stone, Guiela Nguyen, Jatahy, mais aussi Julien Gosselin qui reprendra Les Particules élémentaires d’après Houellebecq ; Cyril Teste qui donnera sa vision à la fois théâtrale et cinématographique du film-culte Festen ; Anne-Cécile Vandalem et Lucia Calamaro qui dans leurs propres textes, Tristesses et La Vita ferma, prendront toutes deux la mort d’une mère comme point de départ, la première pour une fable aux allures de polar nordique sur la montée des populismes, la seconde pour un voyage bouleversant et caustique avec les fantômes de nos disparus : c’est toute une nouvelle génération d’artistes qui va s’emparer des scènes de l’Odéon et de Berthier pour éclairer de leurs regards sensibles et singuliers, avec poésie, lucidité, et humour très souvent, la complexité de notre monde et de nos existences. Mais c’est également la vertu des grands auteurs de continuer à nous parler par-delà les siècles. Regarder notre époque confuse dans le miroir qu’ils nous tendent est aussi une façon de s’orienter. Célie Pauthe et Ludovic Lagarde, l’un et l’autre familiers des écritures contemporaines, se sont tournés vers des classiques : Racine (Bérénice) et Molière (L’Avare) – des auteurs qui n’ont cessé d’interroger, sur le mode tragique ou comique, la cécité des passions au cœur des affaires humaines... Avec Macbeth, je reviens à Shakespeare, que je n’avais plus monté depuis longtemps, mais que la scène politique internationale me rappelle avec urgence : ces figures de toute-puissance ivres de leur pouvoir ou prêtes à tout pour l’obtenir, cette folie poussée à l’absurde qui fait tanguer les grands équilibres du monde, m’évoquent ce paysage d’épouvante, ce champ de bataille livré aux sorcières et aux démons intérieurs, cette Scottish play dont il ne faut pas prononcer le nom pour ne pas tomber sous sa malédiction, où Shakespeare a si bien enchâssé la libido, le pouvoir et le crime, dans une nuit sans sommeil. Dans cette nuit-là, gardons en tout cas les yeux ouverts ! Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq mise en scène Julien Gosselin три сестры [Les Trois Sœurs] d’Anton Tchekhov mise en scène Timofeï Kouliabine La Vita ferma [La Vie suspendue] texte et mise en scène Lucia Calamaro Les Trois Sœurs un spectacle de Simon Stone d’après Anton Tchekhov 12 septembre – 1er octobre / Odéon 6e 5 – 15 octobre / Berthier 17e 7 – 15 novembre / Berthier 17e 10 novembre – 22 décembre / Odéon 6e Festen 24 novembre – 21 décembre / Berthier 17e Saigon 12 janvier – 10 février / Berthier 17e de Thomas Vinterberg et Mogens Rukov mise en scène Cyril Teste un spectacle de Caroline Guiela Nguyen Macbeth 26 janvier – 10 mars / Odéon 6e Ithaque 16 mars – 21 mars / Berthier 17e de William Shakespeare mise en scène Stéphane Braunschweig Notre Odyssée 1 un spectacle de Christiane Jatahy inspiré d’Homère The Encounter [La Rencontre] un spectacle de Complicité / Simon McBurney d’après Petru Popescu Tristesses un spectacle d’Anne-Cécile Vandalem Bérénice 29 mars – 8 avril / Odéon 6e 5 – 27 mai / Odéon 6e 11 mai – 10 juin / Berthier 17e de Jean Racine mise en scène Célie Pauthe L’Avare de Molière mise en scène Ludovic Lagarde 2 – 30 juin / Odéon 6e Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq mise en scène Julien Gosselin 12 septembre – 1er octobre Si vous pouviez lécher mon cœur Odéon 6e avec Joseph Drouet, Denis Eyriey, Antoine Ferron, Noémie Gantier, Carine Goron, Alexandre Lecroc-Lecerf, Caroline Mounier, Victoria Quesnel, Geraldine Roguez, Maxence Vandevelde adaptation et scénographie Julien Gosselin lumière Niko Joubert création musicale Guillaume Bachelé vidéo Pierre Martin, Jérémie Bernaert son Julien Feryn costumes Caroline Tavernier production Si vous pouviez lécher mon cœur coproduction Théâtre du Nord – CDN de Lille Tourcoing Hauts-de-France, Festival d’Avignon, Le Phénix – Scène nationale de Valenciennes, La Rose des Vents – Scène nationale Lille Métropole Villeneuve d’Ascq, Théâtre de Vanves – Scène conventionnée pour la danse, Le Mail – Scène Culturelle de Soissons Les Particules élémentaires, de Michel Houellebecq, est publié aux éditions Flammarion, 1998 durée 3h50 Certains textes tiennent à la fois du diagnostic et du symptôme : ils expriment autant qu’ils décrivent. Publié en 1998, Les Particules élémentaires est de ceux-là. Ses héros, Michel et Bruno, sont tous deux nés dans le premier tiers des Trente glorieuses. Adolescents avant mai 68, ils entrent dans l’âge adulte alors que survient la crise dont la France n’est jamais sortie depuis. Demi-frères de même mère, sont-ils comme les deux moitiés d’une humanité qui ne parvient pas à réconcilier ses aspirations contradictoires ? Le premier est chercheur en génétique. Le second, après avoir passé une agrégation de lettres modernes, enseigne dans le secondaire, essaie vaguement d’écrire, y renonce assez vite. Tous deux ont un sérieux problème avec l’amour, mais pour des raisons strictement contraires : Bruno incarne son côté « je t’aime », Michel son côté « moi non plus ». L’un ne cesse de le demander, l’autre de ne savoir y répondre. Car le désir selon Houellebecq n’a que deux faces également solitaires, que noue le lien du malentendu. Pour Michel le scientifique, l’amour est une fleur qu’il lui suffirait de cueillir. Annabelle, la plus belle fille du lycée, ne cache pas ses sentiments pour lui. Mais lui seul semble ne pas les reconnaître, comme si, à force de sciences de la vie, la vie même lui avait échappé. Pour Bruno le littéraire, c’est l’inverse. L’amour ne lui est pas donné, et il n’est pas trop doué pour. Mais son besoin d’être aimé est irrépressible, et en ces années où Gainsbourg chante que « l’amour physique est sans issue », il se lance frénétiquement à sa recherche avant de rencontrer en Christiane, un soir dans un jacuzzi, la complice tant attendue de ses obsessions. Les trajectoires de leurs deux vies – deux façons d’être enfermés dans l’individualisme du XXème siècle finissant – sont étudiées de bout en bout psychologiquement, sociologiquement, historiquement, dès avant leur naissance et jusqu’à leurs conclusions respectives : tandis qu’Annabelle et Christiane se suicident, Bruno finit dans un asile et Michel disparaît dans la mer, à l’extrême pointe de l’Occident, en laissant derrière lui des manuscrits qui bouleverseront la face du monde... No future ? À lire Les Particules élémentaires, le présent semble lui aussi assez mal en point. Et pourtant, l’existence morne des personnages du roman est grosse à leur insu d’une postérité inimaginable. Le réalisme houellebecquien paraît se conjuguer au plus-qu’imparfait du dépressif. Il s’avère aussi être encadré par, et considéré depuis, un tout autre temps que le nôtre : celui (pour paraphraser Villon) des frères post-humains qui après nous vivront. Déchiffrée par notre descendance mutante du haut de son avenir de science-fiction, la franche satire du malaise contemporain voit son amertume féroce doublée d’une secrète compassion. Quinze ans après la parution des Particules élémentaires, le regard porté par le romancier sur le dernier demi-siècle n’a rien perdu de son acuité. Mais depuis, une nouvelle génération est entrée en scène. Il est passionnant de voir comment Julien Gosselin et ses dix camarades donnent corps à la mélancolie sardonique des analyses de Houellebecq et à la multiplicité de Les Particules élémentaires Julien Gosselin Julien Gosselin fonde avec de jeunes comédiens sortis de l’EPSAD la compagnie Si vous pouviez lécher mon cœur à Lille en 2009. Il a 26 ans quand Les Particules élémentaires, troisième spectacle de la compagnie, le fait connaître en 2013 d’un large public. Suivent des projets plus légers, puis 2666, d’après Roberto Bolaño, présenté en 2016 au Festival d’Avignon et aux Ateliers Berthier. Julien Gosselin est artiste associé au Phénix de Valenciennes, au TNT de Toulouse et au Théâtre national de Strasbourg, où il crée un spectacle avec les élèves de la promotion 43 : 1993 d’Aurélien Bellanger (présenté en juillet 2017 au Festival de Marseille). ses registres d’écriture. Après 2666, adaptation événement de la somme romanesque de Bolaño, qui vient d’être distingué par le Grand Prix de la Critique, Julien Gosselin et sa compagnie reprennent dans la grande salle de l’Odéon le succès qui les avait révélés aux Ateliers Berthier. « C’est une chose curieuse... » Ils longèrent le musée d’Orsay, s’installèrent à une table en terrasse du XIXème siècle. À la table à côté une demi-douzaine de touristes italiennes babillaient avec vivacité, tels d’innocents volatiles. Djerzinski commanda une bière, Desplechin un whisky sec. « Qu’est-ce que vous allez faire, maintenant ? - Je ne sais pas... » Desplechin avait réellement l’air de ne pas savoir. « Voyager... Un peu de tourisme sexuel, peut-être. » Il sourit ; son visage lorsqu’il souriait avait encore beaucoup de charme ; un charme désenchanté, certes, on avait visiblement affaire à un homme détruit, mais un vrai charme tout de même. « Je plaisante... La vérité est que ça ne m’intéresse plus du tout. La connaissance, oui... Il reste un désir de connaissance. C’est une chose curieuse, le désir de connaissance... Très peu de gens l’ont, vous savez, même parmi les chercheurs ; la plupart se contentent de faire carrière, ils bifurquent rapidement vers l’administratif ; pourtant, c’est terriblement important dans l’histoire de l’humanité. On pourrait imaginer une fable dans laquelle un tout petit groupe d’hommes – au maximum quelques centaines de personnes à la surface de la planète – poursuit avec acharnement une activité très difficile, très abstraite, absolument incompréhensible aux non-initiés. Ces hommes restent à jamais inconnus du reste de la population ; ils ne connaissent ne le pouvoir, ni la fortune, ni les honneurs ; personne n’est même capable de comprendre le plaisir que leur procure leur petite activité. Pourtant, ils sont la puissance la plus importante du monde, et cela pour une raison très simple, une toute petite raison : ils détiennent les clefs de la certitude rationnelle. [...] À ce besoin de certitude rationnelle, l’Occident aura finalement tout sacrifié : sa religion, son bonheur, ses espoirs, et en définitive sa vie. C’est une chose dont il faudra se souvenir, lorsqu’on voudra porter un jugement d’ensemble sur la civilisation occidentale. » Il se tut, pensif. Son regard flotta un instant entre les tables, puis se reposa sur son verre. Michel Houellebecq : Les Particules élémentaires, (J’ai Lu, 2000, pp. 267-268) три сестры [Les Trois Sœurs] d’Anton Tchekhov mise en scène Timofeï Kouliabine 5 – 15 octobre en langue des signes russe, surtitré en français et anglais Berthier 17e avec Ilia Mouzyko, Anton Voïnalovitch, Klavdia Katchoussova, Valeria Kroutchinina, Irina Krivonos, Daria Iemelianova, Linda Akhmetzianova, Denis Frank, Alexeï Mejov, Pavel Poliakov, Konstantin Télégine, Andreï Tchernykh, Sergeï Bogomolov, Sergeï Novikov, Ielena Drinevskaïa scénographie Oleg Golovko lumière Denis Solntsev production Théâtre “Krasnyi Fakel” (la Torche rouge) – Novossibirsk coréalisation Odéon-Théâtre de l’Europe, Festival d’Automne à Paris avec le soutien de l’Adami durée 4h15 Étoile montante des scènes russes, Timofeï Kouliabine a déjà été invité à Moscou, à Vienne, mais jamais encore en France. Lors de leur création, ses Trois Sœurs ont été qualifiées d’« événement historique » par la critique. La proposition est en effet d’une radicalité et d’une efficacité extrêmes, suscitant l’émotion par des voies inédites : ce Tchekhov-ci est joué intégralement, littéralement, mais sans qu’une seule parole soit prononcée. Sur scène, les murs de la maison des Prozorov ne sont qu’indiqués au sol. Toutes ses pièces peuvent donc être habitées en même temps, sans risque de confusion, car entre le texte tchékhovien et ses spectateurs vient s’intercaler un niveau inédit : celui de la langue des signes russe, avec son vocabulaire et sa syntaxe propres, surtitrée en anglais et en français. Du coup, ce ne sont pas seulement nos oreilles, mais nos yeux qui sont tenus en alerte et nouent des rapports inédits avec la scène. Les domaines du familier et de l’énigmatique, du texte et de sa représentation, du proche et de l’étranger, communiquent selon d’autres règles, dégageant des intensités nouvelles, des nuances d’humanité ou de cruauté insoupçonnées. Entretien avec Timofeï Kouliabine Cela faisait longtemps, dites-vous, que vous souhaitiez monter une pièce en langue des signes... Timofeï Kouliabine : Oui. J’ai toujours aimé observer, dans la rue, les gens qui ont des difficultés pour entendre et pour s’exprimer. C’est un exercice très intéressant que de les regarder parler en essayant de comprendre de quoi il est question. C’est de là que m’est venue cette idée de monter un spectacle en langage des signes. Etudier ce langage, ce n’est pas seulement apprendre la langue elle-même, mais aussi la psychologie de la langue. Vous dites encore que le choix des Trois Sœurs – la pièce de Tchekhov dont vous vous sentez le plus proche – s’est imposé de manière assez évidente... T. K. : Dès le départ, il était évident qu’il devait s’agir d’une pièce du répertoire parmi les plus souvent montées. En Russie, Tchekhov est dans chaque théâtre. Et ses Trois Sœurs ont déjà été mises en scène un nombre incalculable de fois. J’aurais pu prendre aussi La Cerisaie ou La Mouette, mais il m’a semblé que la situation décrite dans la pièce collait très bien avec mon propos. Il est question d’une famille de l’intelligentsia russe qui vit dans une petite ville de province, où elle est arrivée un beau jour en provenance de Moscou, et qui ressent cette ville comme très hostile. Loin de Moscou, les membres de la famille Prozorov éprouvent la solitude. Or, les personnes sourdes et muettes forment aussi un groupe vivant dans un cercle fermé, très séparé des gens « ordinaires » : leur environnement peut leur sembler parfois très difficile à vivre... три сестры [Les Trois Sœurs] Timofeï Kouliabine Né en 1984, Timofeï Kouliabine se forme à l’Académie du théâtre de Russie (GITIS). Il est nommé en 2007 metteur en scène associé du Théâtre de la Torche rouge de Novossibirsk, avant d’en prendre la direction en 2015. Il monte une dizaine de pièces de théâtre et deux opéras au cours de ces neuf saisons, dont Eugène Onéguine, d’après Pouchkine, accueilli à Moscou (Prix spécial 2014 du jury du Masque d’Or), et Tannhäuser, de Wagner, créé à l’Opéra de Novossibirsk. Plus récemment, il a présenté à Moscou Don Pasquale de Donizetti au Bolchoï et Ivanov de Tchekhov au Théâtre des Nations (2016). Sa mise en scène de Rigoletto de Verdi a été créée à l’opéra de Wuppertal en avril 2017. Comment vos comédiens ont-ils réagi, et comment avez-vous travaillé avec eux ? T. K. : Ils étaient naturellement curieux et intéressés, puisqu’ils ne savaient pas vers quoi ils allaient. Un professeur de langue des signes les a suivis individuellement pour apprendre le texte, assis à la table. Cela leur a demandé un an et demi. Ils ont ensuite constitué de petits groupes en fonction de chaque scène, pour répéter le texte entre eux – puisqu’ils doivent comprendre non seulement leur texte, mais aussi celui du partenaire. Puis, nous sommes passés au plateau. Je leur demandais de « prononcer » leur texte – je ne sais quel mot employer – en portant quelque chose, ou en tenant quelque chose à la main (...), ou encore, puisqu’ils venaient de passer un an et demi assis, de dire leur texte tout en marchant, en s’asseyant, en s’allongeant sur la scène : cela a posé tout une série de problèmes, parce que toute leur attention ayant été centrée sur les mains et sur le texte, ils avaient désappris à marcher. Réapprendre à marcher, à boire du thé, à tenir des objets tout en s’exprimant, tout cela a pris du temps. Ce n’est qu’après cette longue période que j’ai véritablement commencé à mettre en scène la pièce et à analyser les situations. Nous étions entourés de moniteurs diffusant les surtitres. Parce que ce sont les surtitres qui envoient l’action, les comédiens jouent en fonction d’eux : s’il y a une pause dans le texte, il y en a une aussi dans les surtitres. Ils n’ont pratiquement pas la possibilité d’improviser. Nous avions en outre avec nous, durant les répétitions, deux consultants : des personnes sourdes-muettes qui nous donnaient des conseils au sujet des petits détails de la vie quotidienne. La véracité a été l’une de nos principales préoccupations. Le texte de Tchekhov, disiez-vous, « retouve sa pureté »... Timofeï Kouliabine : En fait, l’effet produit est étrange. Pour les Russes, c’est LA Bible du théâtre. Mais quand ce texte est prononcé sur une scène par des comédiens et quand on le lit ou quand on lit des surtitres, cela fait une différence très grande : on a alors l’impression de lire ce texte pour la première fois de sa vie. Et alors on réalise à quel point ce texte est grand, juste, avec quelle vérité il décrit les comportements humains. Pour moi, cela signifie que ce texte est toujours vivant, immortel. Tchekhov est toujours présenté comme l’écrivain de l’incommunicabilité, ses personnages ont du mal à se comprendre, à s’entendre. Que devient le fameux « sous-texte » tchekhovien lorsque les comédiens sont tenus de regarder dans les yeux la personne à laquelle ils s’adressent ? Timofeï Kouliabine : Le « sous-texte », c’est quand je dis une chose en en sous-entendant une autre. Tchekhov ne l’a pas inventé, mais l’a porté à un point de développement inégalé. Mais le sous-texte n’existe pas pour les gens sourds et muets. Ils n’ont pas cette nuance d’intonations. Quand on voit les personnages sur scène, ils se parlent d’une manière très linéaire, très directe, mais quand on lit les mots de Tchekhov au-dessus d’eux, tous les sous-textes imaginables se font jour au même moment. Ainsi, le soustexte appartient au spectateur, et non au comédien. Propos recueillis par David Sanson pour l’Odéon-Théâtre de l’Europe et le Festival d’Automne à Paris. (Extrait) Traduction de Roustam Akhmedsin La Vita ferma [La Vie suspendue] regards sur la douleur du souvenir texte et mise en scène Lucia Calamaro 7 – 15 novembre en italien, surtitré en français Berthier 17e avec Riccardo Goretti, Alice Redini, Simona Senzacqua traduction française Federica Martucci décor et costumes Lucia Calamaro peintures Marina Haas production Sardegna teatro, Teatro Stabile dell’Umbria/Terni festival en coproduction avec Teatro di Roma, Odéon-Théâtre de l’Europe, Festival d’Automne à Paris, La Chartreuse – Centre national des écritures du spectacle avec le soutien d’Angelo Mai et PAV durée 2h30 Lieu où l’on voit, le théâtre est une machine à fantômes. Depuis toujours, il fait place aux absents. C’est en termes théâtraux que Lucia Calamaro (triple lauréate en Italie du prix UBU) pose la question de La Vita ferma : celle de ces individus que sont les morts, celle de « leur façon d’exister en nous et en dehors de nous ». Calamaro porte sa quête en scène par le biais d’un récit d’apparence toute simple, mettant en avant un couple, Simona et Riccardo, et Alice, leur fille. Leurs tranches de vie, saisies dans un temps qui tantôt se précipite tantôt se fige, alimentent sans pathos une réflexion sur les liens entre douleur et souvenir, autour de la mort de Simona et de sa présence persistante (voire insistante !) audelà de sa disparition. Mais chez Calamaro, la gravité des « drames de la pensée » n’exclut pas un humour certain, nourri de ressassements obsessionnels et d’intelligence ironique. Sur le plateau d’un blanc éclatant, les couleurs vives des costumes et des meubles sont autant d’indices vitaux de résistance. Les trois acteurs s’interpellent, s’agrippent allègrement avec une tendresse et un appétit de jeu contredisant les signes extérieurs du deuil. Un hommage éloquent à l’amour de la mémoire, à la mémoire de l’amour. « La vie est un drame de la pensée » Sa gestation a eu en moi la fatigue des temps de la révélation lente et cachée, en abordant ce drame que la pensée ne sait pas, ne veut pas, ne peut pas gérer. Pour atteindre le cour de ce « drame de la pensée », j’ai écarté plus de matière qu’il n’en reste. Mais le reste, ce qui reste, représente pour moi le point final d’une histoire qui embrasse, délimite et développe le problème de la gestion intime des morts, question complexe, sporadique et très souvent culpabilisante. Il ne s’agit pas de la mort, ni du problème de mourir et de qui meurt, qui se résout sous la cloche mystérieuse du néant, qui empêche toute compréhension. Mais des morts, leur façon d’exister en nous et en dehors de nous, leur façon de se rappeler épisodiquement à nous et surtout leur souvenir, difficilement raccommodé, jamais à la hauteur de la personne qui est décédée, si peu fidèle et profondément réinventé par ceux qui sont encore en vie. L’élaboration du deuil ne représente pas la seule solution, au contraire ; une idéologie provenant peut-être de la vulgate freudienne demande et exige de répondre à son désir le plus rapidement possible en trouvant un nouvel objet pour remplacer celui perdu. C’est peut-être là qu’intervient un récit anodin comme celui-ci, une pratique du singulier par excellence, afin de s’accorder le droit d’affirmer le caractère irremplaçable, tragique et radical de chaque amour perdu, de chaque bienaimé disparu. Le drame de penser ou non aux morts est toujours le drame de la pensée de ceux qui restent et qui offrent ou confisquent une existence. Je ne peux pas dire de quel genre est l’existence des morts, mais comme prêche Etienne Souriau « Il n’y a pas d’existence idéale, l’idéal n’est pas un genre d’existence. » La vie suspendue est donc un espace mental où on met en scène une tranche de vie de trois personnes lambda vivantes – un père, une mère, une fille, - à travers l’accident et la perte. Un certain blocage La Vita ferma [La Vie suspendue] Lucia Calamaro Dramaturge, metteur en scène, comédienne, Lucia Calamaro a vécu son enfance à Rome, son adolescence à Montevideo, ses années d’études à Paris. Après un diplôme d’art et d’esthétique à la Sorbonne, elle retourne en Uruguay et participe à plusieurs spectacles avant de fonder à Rome en 2003 la compagnie Malebolge, qui lui permet de donner forme à sa propre écriture scénique. En 2008, elle crée Tumore et en 2012, L’Origine du monde, portrait d’un intérieur qui remporte trois prix UBU, dont celui du Meilleur texte original italien (spectacle présenté au Théâtre de la Colline en 2015, dans le cadre du Festival d’Automne). Lucia Calamaro enseigne la dramaturgie à l’école Paolo Grassi de Milan depuis 2014. La Vita ferma a été créé en septembre 2016 au festival de Terni. temporel a également eu lieu, amplifiant la réflexion sur la problématique de la douleur et du souvenir, sur le fossé irréductible entre les vivants et les morts, et sur cette douleur qui est la seule à pouvoir le combler tout en résistant. Lucia Calamaro Extrait Alice : Je crois que le travail du deuil accompagne un penchant naturel et qu’il n’est pas une obligation sociale, mais un processus de sauvegarde de l’espèce, l’espèce des vivants qui, au fond, pense peu et mal à l’espèce des morts. Quelle sorte d’être devient un être mort ? Il est assimilable à quoi ? Sa mutation en fantasme l’annule t-il ? Quelle sorte d’existence c’est l’existence d’un mort ? Est-on sûr qu’il s’agisse d’un absolu non-être ? Non. C’est pourquoi, de temps en temps, tu y repenses. Se rappeler c’est résister. Décider de se souvenir d’un mort, passé un certain temps, c’est métaboliquement très difficile. Le corps, la tête ne veulent pas. Tu ne te souviens de rien. Parfois, des bribes de mémoire jaillissent, mais tu ne sais plus les couleurs, les sons. C’est une vision bricolée, une donnée connue du présent qui cherche à raviver l’image de plus en plus imprécise mais sans y parvenir. Tout, en toi, ne demande qu’à vivre ton futur. Face à la mort, nous sommes, plus que jamais, des animaux. Lucia Calamaro : La Vita ferma (traduction française de Federica Martucci) La Vie suspendue suivi de L’Origine du monde, de Lucia Calamaro, est publié aux éditions. Actes Sud-Papiers, trad. fr. Federica Martucci, novembre 2017 Les Trois Sœurs un spectacle de Simon Stone d’Anton Tchekhov 10 novembre – 22 décembre en italien, surtitré en français création Odéon 6e avec Jean-Baptiste Anoumon, Assaad Bouab, Amira Casar, Éric Caravaca, Servane Ducorps, Eloïse Mignon, Laurent Papot, Frédéric Pierrot, Céline Sallette, Assane Timbo, Thibault Vinçon (distribution sous réserve) décor Lizzie Clachan costumes Mel Page musique Stefan Gregory lumière Cornelius Hunziker production Odéon-Théâtre de l’Europe création française d’après la production originale du Theater Basel (créée le 10 décembre 2016 en version allemande) avec le soutien du Cercle de l’Odéon durée 2h35 Trois sœurs. Semblables, différentes. Trois destins entrelacés. Au fil du temps, les existences se précisent, les choix se figent, les rêves de la jeunesse se dissipent dans la médiocrité ambiante. Pourtant elles restent sœurs, jamais elles ne l’oublient, ni nous non plus... Après Medea, Simon Stone revient à l’Odéon où il est artiste associé, pour nous offrir une occasion unique de découvrir, après la version de Kouliabine, sa propre interprétation du chef-d’œuvre par lequel Tchekhov ouvre le XXème siècle. L’air de famille, chez Stone, a tout d’un air du temps. L’œuvre du Russe est ici comme une sœur aînée, celle de l’Australien est sa cadette. Vodka chez l’une, drogues chez l’autre, ce qui n’interdit pas l’alcool. Il est beaucoup question d’amour chez la première, de sexe chez la seconde, et de frustration chez les deux. Nous sommes bien au XXIème siècle. Donald Trump est Président, les réfugiés de Syrie et d’ailleurs frappent aux portes de l’Europe. Cette langue électrique, efficace, drôlement désespérée, est celle de notre modernité. Mais à travers la vitesse télévisuelle des échanges, nous entendons percer, et nous reconnaissons, la même mélancolie. Sous les éclairs aveuglants de l’actualité, quelque chose du monde n’a peutêtre pas tant changé que cela depuis 1900. Et ces êtres assis sous nos yeux « dans l’antichambre du drame », ces « frères humains » qui nous sont si proches, s’inventent des histoires en attendant comme autrefois que le rideau se lève sur la vraie vie. Simon Stone dirigera ici pour la première fois des acteurs français. Simon Stone Extrait O Je crois que c’est juste des maux de tête. Je veux dire, je suis allée chez le docteur et il a parlé de migraines je ne comprends pas ce truc de « devoir rester couchée cinq heures dans le noir sans quoi je vomirai ». K La clé n’est pas là ? O Mais ça arrive de plus en plus souvent. Je travaille trop. Ça existe ça, les maux de tête à cause du stress ? Je veux dire, ça existe vraiment ? Parce que les gens en parlent mais ils parlent aussi de transmission de pensée et de chakras. J’aimerais bien que les scientifiques soient plus respectés, comme ils l’étaient avant. T Quand ils insistaient pour dire que la Né à Bâle, en Suisse, en 1984, de parents australiens, Simon Stone grandit en Angleterre, à Cambridge. De retour en 2007 en Australie, il y fonde The Hayloft Project et assure sa réputation dès sa première production : L’Éveil du printemps, de Wedekind, qui remporte les prix majeurs du théâtre australien. Avec sa compagnie, il développe un travail fondamentalement collectif, qui ne cesse de tester des hypothèses sur le contenu, la forme et le potentiel du théâtre. Simon Stone a été l’artiste associé du Belvoir St Theatre (Sydney) de 2010 à 2013. Suivent des adaptations où son sens du plateau, son talent narratif et ses qualités de directeur d’acteurs se donnent libre cours. Thyeste, de Sénèque, plusieurs Tchekhov (dont une Cerisaie, et en 2008 un Platonov monté dans un magasin de Melbourne), Le Canard sauvage, d’Ibsen, lui valent très vite une notoriété internationale. Installé en Europe depuis 2015, il est artiste associé au Theater Basel (Angels in America de Tony Kushner, qui remporte en Autriche le Prix Nestroy 2016 de la Meilleure mise en scène en langue allemande ; Drei Schwestern, d’après Les Trois Sœurs de Tchekhov), au Toneelgroep Amsterdam (Husbands and Wives de Woody Allen ; Medea d’après Euripide ; Ibsen huis, programmé au Festival d’Avignon 2017) et à l’Odéon-Théâtre de l’Europe (où il a présenté Medea, en juin 2017). Il travaille aussi pour l’opéra et dans d’autres théâtres en Europe, notamment à Hambourg (Peer Gynt, d’Ibsen) au Burgtheater de Vienne (John Gabriel Borkman, du même auteur) et à Londres, au Young Vic Les Trois Sœurs Terre était plate ? K Est-ce qu’on l’a laissée ailleurs ? O Pour que je puisse au moins croire une seule chose. Il y a trop d’options, trop de théories réfutées, reprouvées, quand même réfutées et à chaque fois que tu ouvres ton application lemonde. fr le cancer n’existe soudainement plus ou bien le fait de manger des pommes de terre est quand même bon pour toi ou se laver les dents ne sert à rien – S Peut-être que tu as une tumeur. O Euh ? Simon Stone : Les Trois Sœurs (trad. fr. Robin Ormond) (Yerma, d’après García Lorca). Son premier long-métrage, The Daughter (inspiré de sa mise en scène du Canard sauvage), est sorti en salles en 2015. Il est artiste associé de l’Odéon-Théâtre de l’Europe. Festen de Thomas Vinterberg et Mogens Rukov adaptation théâtrale Bo Hr. Hansen mise en scène Cyril Teste 10 novembre – 22 décembre Berthier 17e avec Estelle André, Vincent Berger, Hervé Blanc, Sandy Boizard ou Marion Pellissier, Sophie Cattani, Bénédicte Guilbert, Mathias Labelle, Danièle Léon, Xavier Maly, Lou Martin-Fernet, Ludovic Molière, Catherine Morlot, Anthony Paliotti, Pierre Timaitre, Gérald Weingand et la participation de Laureline Le Bris-Cep adaptation française Daniel Benoin collaboratrices artistiques Sandy Boizard, Marion Pellissier scénographie Valérie Grall illustration olfactive Francis Kurkdjian création culinaire Olivier Théron lumière Julien Boizard chef opérateur Nicolas Doremus montage en direct Mehdi Toutain-Lopez musique originale Nihil Bordures production Collectif MxM production déléguée Bonlieu scène nationale Annecy avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre de son programme New Settings coproduction MC2 : Grenoble, Théâtre du Nord – CDN de Lille Tourcoing Hauts-de- France, La Comédie de Reims – CDN, Le Printemps des Comédiens, TAP – Scène nationale de Poitiers, Espace des Arts – Scène nationale Châlon-surSaône, Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines – Scène nationale, Lux – Scène nationale de Valence, Célestins – Théâtre de Lyon, Le Liberté – Scène nationale de Toulon, Le Parvis – Scène nationale Tarbes-Pyrénées, Théâtre de Cornouaille – Scène nationale de Quimper avec la participation du DICRéAM, de KKDC, d’agnès b., d’Olivier Théron – Traiteur & Évènements, de La Ferme du Buisson – Scène nationale de Marne-la-Vallée, de la Maison Jacques Copeau Les auteurs sont représentés dans les pays francophones européens par Renauld & Richardson, Paris ([email protected]) en accord avec l’Agence Nordiska ApS, Copenhague, Danemark durée 1h50 Festen est une triple histoire de cinéma, de théâtre et de famille : un grand film superbement réalisé, mais aussi un texte dramatique de plein droit. Cette œuvrecarrefour offre un matériau idéal à Cyril Teste et au Collectif MxM pour poursuivre, après le succès de Nobody, leur exploration des sociétés contemporaines par le biais de la performance filmique. Définie comme « écriture théâtrale qui s’appuie sur un dispositif cinématographique en temps réel et à vue », la performance filmique « injecte dans le temps du cinéma le présent du théâtre », captant ainsi sur scène l’énergie éphémère du plateau de tournage. Mais Festen est bien plus qu’une expérience esthétique. On y assiste à la confrontation explosive d’un rituel (la célébration d’un anniversaire) et de sa rupture (la dénonciation par un fils des crimes de son père). L’effet de réalité ainsi produit est sidérant : au-delà de l’inceste paternel, c’est la complicité tacite de toute une société qui se révèle. Cette version, revécue chaque soir au cours d’un banquet bien réel, sera également un hommage en filigrane à une autre histoire de famille danoise : celle du prince Hamlet, qui lui aussi choisit de faire de la cérémonie scénique « le piège où prendre la conscience du roi. » ACTE 1— Scène 1 Le décor : une grande table mise. Cette table doit être le lieu de base de Festen. La fête se déroule autour de la table. Les comédiens créent tous les autres espaces en utilisant quelques accessoires. Il peut y avoir des portes des deux côtés du plateau. Ainsi va naître le manoir sous nos yeux. La table n’est pas éclairée. Mais un lustre est suspendu au plafond. Une jeune femme - Linda - arrive une lettre a` la main. Elle prend une chaise. Elle se met sur la chaise. Sur la pointe des pieds. Elle embrasse la lettre. Elle cache la lettre dans le lustre. Elle descend de la chaise et sort. Le lustre disparaît. Scène 2 Helge entre. C’est le chef de famille. Il prend la chaise et la remet à sa place près de la table. Il savoure un verre de vin. Helge. Quand on fête ses soixante ans, comme je le fais aujourd’hui, on n’a plus vraiment de projet. La plus grande partie de sa vie est derrière soit. Mais si on a bien vécu, comme je l’ai fait, on peut regarder et en arrière et en avant. On peut se souvenir des moments douloureux comme des moments joyeux. On peut être fier de sa famille et on essaie de tout faire pour que ses enfants réussissent. Et puis on espère que ceux qui sont invités viendront et que ceux qui ne sont pas invités ne viendront pas. Festen Cyril Teste Formé à l’ÉRAC et au CNSAD, Cyril Teste est le metteur en scène du Collectif MxM. Dès leur premier spectacle, Alice Underground (2000), les membres de MxM s’interrogent sur le processus de fabrication des images en explorant le potentiel des nouvelles technologies. Vient ensuite un travail d’après Sophocle, Anatomie Ajax (2002), puis trois pièces de Patrick Bouvet (dont Direct /Shot, en 2004 au Festival d’Avignon) et Electronic City de Falk Richter (2007). Depuis Park (2012), le Collectif MxM développe des projets fondés sur le concept de performance filmique, comme Nobody de Falk Richter, créé en 2015. Cyril Teste est aussi auteur (Romances, 2008 ; [.0 ], poésie sonore, 2009 ; Reset et Sun, 2010-2011) et réalisateur de plusieurs moyens et longs- métrages. Saigon un spectacle de Caroline Guiela Nguyen artiste associée les Hommes Approximatifs 12 janvier – 10 octobre en français et vietnamien, surtitré en français Berthier 17e avec Caroline Arrouas, Dan Artus, Adeline Guillot, Thi Truc Ly Huynh, Hoàng Son Lê, Phú Hau Nguyen, My Chau Nguyen Thi, Pierric Plathier, Thi Thanh Thu Tô, Anh Tran Nghia, Hiep Tran Nghia collaboration artistique Claire Calvi scénographie Alice Duchange costumes Benjamin Moreau lumière Jérémie Papin création sonore Antoine Richard composition musicale Teddy Gauliat-Pitois, Antoine Richard dramaturgie Jérémie Scheidler, Manon Worms traduction Duc Duy Nguyen, Thi Thanh Thu Tô production production les Hommes Approximatifs, La Comédie de Valence – centre dramatique national Drôme-Ardèche coproduction Odéon-Théâtre de l’Europe, MC2 : Grenoble, Festival d’Avignon, Centre dramatique national de NormandieRouen, Théâtre national de Strasbourg, Centre dramatique régional de Tours – Théâtre Olympia, La Comédie de Reims – CDN, Théâtre National de Bretagne – Rennes, Théâtre du Beauvaisis – Scène nationale de l’Oise en préfiguration, Théâtre de la CroixRousse avec le soutien financier de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, du Conseil départemental de la Drôme, de l’Institut français dans le cadre de son programme Théâtre Export avec le soutien de l’Institut français du Vietnam, de l’Université de Théâtre et de Cinéma de Hô-Chi-Minh-Ville et de La Chartreuse, Villeneuve lez Avignon – Centre national des écritures du spectacle avec la participation artistique du Jeune théâtre national durée 3h45 Après Elle brûle, puis Le Chagrin et Mon Grand amour, Caroline Guiela Nguyen (artiste associée à l’Odéon-Théâtre de l’Europe) et ses collaborateurs abordent actuellement la dernière ligne droite de leur nouvelle création : Saigon. Le projet réunit des comédiens français et vietnamiens, afin de parler « de ces deux mondes qui se sont croisés, aimés, détruits puis oubliés depuis maintenant soixante ans », et tenter de donner corps à « cette France qui doit se raconter au-delà de ses propres frontières ». Dans les spectacles des Hommes Approximatifs, beaucoup de choses se jouent dans les intervalles. Entre deux regards, entre deux gestes ou deux paroles. Des existences entières peuvent s’y glisser. Il suffit, par exemple, de remarquer que Saigon est un nom aujourd’hui perdu, vestige d’un autre temps (la capitale s’appelle Hô-Chi-Minh-ville depuis 1975), pour que se creusent toutes les distances de l’Indochine au Vietnam, du Vietnam à la France. Certaines vies se sont jouées là, entre 1954 et 2017. Souvent, elles sont restées discrètes, silencieuses. Parfois, la langue maternelle a été tue jusqu’à l’effacement. Mais l’Histoire, quand elle se présente sous forme intime – quand elle se divise en histoires comme un fleuve en plusieurs bras – peut briller au détour d’une confidence, d’un simple mot oublié depuis un demi-siècle, pour peu qu’on sache l’écouter. La chair poétique des spectacles des Hommes approximatifs naît d’un long processus d’enquêtes et de rencontres, puis d’écriture collective au plateau. Un fils, par exemple, peut demander par courriel à sa mère d’origine vietnamienne de lui citer dix expériences qu’il n’aura pas vécues et elle, si (« par exemple 1. je n’ai pas connu l’exil 2. je n’ai pas connu le départ précipité d’un jour à l’autre pour prendre un bateau »). La mère peut alors avoir du mal à comprendre une telle demande – et cette difficulté peut devenir une part essentielle de leur échange. Un spectacle comme Saigon, bouquet de voix et de visages situé dans un restaurant valant pour tous lieux et tous temps, se bâtit à partir de centaines d’émotions de ce genre, qu’il s’agit ensuite de métamorphoser en théâtre tout en préservant leur teneur en vérité humaine. « La grande préoccupation de notre compagnie », conclut Caroline Guiela Nguyen, « est de savoir quels sont les récits que nous apportons comme réponse à notre monde. » « D’autres blessures que les nôtres » Plus que jamais, la grande préoccupation de notre compagnie est de savoir quels sont les récits que nous apportons comme réponse à notre monde. Nous souhaitons considérer le théâtre, aimer le théâtre, dans sa capacité à être poreux à ce qui nous traumatise, nous inquiète, nous empêche de dormir ou au contraire, nous console. Aujourd’hui plus que jamais, nous pensons que nous avons cette responsabilité là, celle de libérer nos imaginaires pour représenter le monde tel qu’il nous arrive, dans son mystère et son réel. Notre grande peine serait de laisser derrière nous des terrains abandonnés, des sujets innommables, de l’impensé, du mutisme et de dresser des murs entre nous et d’autres. Pour cela, nous avons décidé Saigon Caroline Guiela Nguyen D’abord étudiante en sociologie, puis en Arts du Spectacle, Caroline Guiela Nguyen entre en classe professionnelle au Conservatoire de Théâtre d’Avignon en 2004, puis intègre l’école du Théâtre National de Strasbourg, dirigée par Stéphane Braunschweig, en section mise en scène. En 2008, elle participe à la création de la compagnie Les Hommes Approximatifs. Suivent cinq créations à La Comédie de Valence, depuis Se souvenir de Violetta (2011) jusqu’à Le Chagrin (2015). En 2015, elle collabore avec Joël Pommerat à la création de Désordre d’un futur passé, de Jean Ruimi, à la Maison Centrale d’Arles. Elle crée avec Alexandre Plank et Antoine Richard une pièce radiophonique, Le Chagrin (Julie et Vincent) pour France Culture. Elle anime aussi plusieurs stages, notamment au sein du programme « Premier acte » du Théâtre National de la Colline. Artiste associée durant deux saisons au Théâtre Olympia de Tours et à La Colline, elle est aujourd’hui artiste associée à l’Odéon, à la MC2 de Grenoble et membre du collectif artistique de La Comédie de Valence. La compagnie Les Hommes Approximatifs travaille actuellement sur deux créations : Mon grand Amour (mai 2016) et Saigon de regarder plus précisément nos territoires, plus précisément les visages et d’entendre les récits de cette France qui doit se raconter au-delà de ses propres frontières. Nous sommes faits d’autres histoires que la nôtre, nous sommes faits d’autres blessures que les nôtres. Pour cela, l’une des grandes nécessités que nous éprouvons aujourd’hui et qui motive de façon viscérale notre projet Saigon, est cette volonté de mettre en présence des comédiens qui viennent d’horizons lointains, pour que nous ayons, ensemble, le projet de livrer un récit commun. Caroline Giuela NGuyen Macbeth de William Shakespeare mise en scène Stéphane Braunschweig 26 janvier – 10 mars création Odéon 6e avec Christophe Brault, David Clavel, Virginie Colemyn, Adama Diop, Boutaïna El Fekkak, Roman Jean-Elie, Glenn Marausse, Chloé Réjon, Alison Valence, Jean-Philippe Vidal collaboration artistique Claire Calvi scénographie Alice Duchange costumes Benjamin Moreau lumière Jérémie Papin création sonore Antoine Richard composition musicale Teddy Gauliat-Pitois, Antoine Richard dramaturgie Jérémie Scheidler, Manon Worms traduction Duc Duy Nguyen, Thi Thanh Thu Tô traduction Daniel Loayza collaboration artistique Anne-Françoise Benhamou collaboration à la scénographie Alexandre de Dardel costumes Thibault Vancraenenbroeck lumière Marion Hewlett son Xavier Jacquot production Odéon-Théâtre de l’Europe durée estimé 3h Macbeth [à part] Deux vérités sont dites, en guise d’heureux prologues à la pièce qui se prépare et dont le thème est impérial. – Merci, seigneurs. – Cet aiguillon surnaturel ne peut être mauvais, ne peut être bon. S’il est mauvais, pourquoi m’avoir donné des prémices de succès en partant d’une vérité ? Je suis baron de Cawdor. S’il est bon, pourquoi est-ce que je cède à l’évocation dont l’effroyable image hérisse mes cheveux et contraint mon cour sur son siège à frapper contre De part et d’autre du meurtre du roi Duncan et de l’usurpation du trône par le régicide Macbeth, les questions qui se posent restent béantes comme des plaies. Le héros n’est peut-être qu’un brave qui a eu le malheur de croiser sur sa route trois sorcières dont il n’aurait pas dû écouter les prophéties. Mais de qui sontelles les porte-parole ? Dans un monde où la boue des champs de bataille est l’envers sanglant des lieux feutrés du pouvoir, toutes les transgressions semblent devenues possibles. Macbeth est comme l’histoire d’un rêve qui prend peu à peu corps. Ce rêve semble d’abord flotter entre les deux époux Macbeth. Il ne se met à prendre, à coaguler, qu’à partir du moment où ils s’en reparlent. Dans cette pièce onirique, on ne sait jamais exactement où l’imagination commence à s’incarner, ni comment séparer fantasme et réalité – mais la spirale destructrice, une fois lancée, ne s’arrête plus... La plus courte des tragédies de Shakespeare semble combattre le cauchemar d’un monde basculant dans l’irrationnel et livré au règne de la peur : Stéphane Braunschweig y voit une œuvre pour notre temps. « Car ces pensées, qui ne font pour l’instant que rêver le meurtre, Secouent déjà si fort l’unité de mon être Que ma raison étouffe, rien qu’à former les images, Et que rien n’est, pour elle, sinon cela qui n’est pas. » (I, 3, 139-142) Tout est dans ces vers : le surgissement irrépressible du fantasme, sa fonction de désunion qui dresse une part de la personnalité psychique contre l’autre, la puissante création qui procède de l’imagination et voit son pouvoir subjuguer tous les autres aspects de l’être du sujet en vue du seul but qui tienne : la réalisation du désir. Seul le fantasme prend le chemin le plus court. Et c’est pourquoi on dit Macbeth « possédé » par les sorcières. En fait son esprit est littéralement ensemencé par les germes qu’elles y ont introduit ; il est gros, à tous les sens du terme, de pensées monstrueuses, de la même manière qu’une femme au service du démon porte dans son ventre un enfant du diable, voué au mal. C’est cette « grossesse » psychique qui engendrera en Macbeth des visions affolantes. [...] Macbeth stérile ne peut enfanter que des pensées monstrueuses, il ne peut donner la vie, seulement engendrer la mort. [...] L’art de Shakespeare est si fort qu’il est capable de nous présenter la génération comme une bête monstrueuse et la haine comme un sentiment qui inspire la compassion (« notre pauvre haine ») tant est misérable l’homme stérile, envieux de la génération des autres. [...] Ainsi le thème de l’absence d’enfant est-il bien équivoque car Macbeth mes côtes des coups contre nature ? Les terreurs du présent pèsent moins que les horreurs qu’on imagine ; ma pensée, où le meurtre n’est encore qu’une chimère, secoue ce faible corps au point que ses fonctions se paralysent à cette idée, et rien n’est que ce qui n’est pas. Shakespeare : Macbeth, acte I, scène 3 (trad. D. Loayza) plus la demeure des Macbeth est déserte et leur nursery vide et plus l’esprit de Macbeth se peuple d’étranges créatures : pensées, visions, tourments qui sont les enfants de son imagination, de ses fantasmes. Fantômes et fantasmes ont la même racine. [...] Les pensées enfantent les pensées, comme les images les images. Le mal donne toujours l’illusion que l’acte nécessaire à l’obtention des avantages attendus sera limité à une seule transgression, singulière, unique, sans lendemain. Et toujours cette action en entraîne une autre, se répète et se renouvelle. Le mal engendre sa lignée plus sûrement que l’acte qui vise à la procréation, toujours aléatoire, incertaine, précaire [...]. Macbeth est malade depuis l’enfance, sujet à des crises qui lui donnent des visions. Son mal cependant est surtout moral : l’ardeur qui lui vaut l’admiration au combat ne s’arrête ni à la fin de la guerre, ni lorsqu’elle reçoit sa récompense ; l’idée de sang lui est naturelle, même si l’exécution du crime le fait un instant reculer. Comme tous les criminels mus par la passion plus que par l’intérêt, le crime originaire n’est jamais suffisant. André Green, « Macbeth : engendrement et déracinement », in La Déliaison (Les Belles Lettres, 1992) Ithaque Notre Odyssée 1 un spectacle de Christiane Jatahy artiste associée inspiré d’Homère 16 mars – 21 avril Berthier 17e avec Karim Bel Kacem, Julia Bernat, Cédric Eeckout, Stella Rabello, Matthieu Sampeur, Isabel Teixeira dramaturgie, scénographie Christiane Jatahy collaboration artistique, à la lumière, à la scénographie Thomas Walgrave conception système vidéo Julio Parente collaboration artistique Henrique Mariano production Odéon-Théâtre de l’Europe coproduction Théâtre National – Bruxelles, Teatro São Luiz – Lisbonne, Centre culturel Onassis – Athènes, Comédie de Genève avec le soutien du CENTQUATRE – Paris durée estimé 2h30 Odyssée Muse, conte-nous l’aventure de l’Inventif, celui qui pilla Troie, qui pendant des années erra, voyant beaucoup de villes, découvrant beaucoup d’usages, souffrant beaucoup d’angoisses dans son âme sur la mer... Par où donc vais-je commencer, par où finir ? Je dirai tout d’abord mon nom : ainsi, le saurez-vous à votre tour, et, si j’échappe au jour fatal, je resterai votre hôte, encor que vivant loin de vous. Je suis Ulysse, fils de Laërte, dont les ruses sont fameuses partout, et dont la gloire touche au ciel. Ithaque est basse, et la dernière dans la mer vers les ombres ; les autres au-delà, vers l’orient ; c’est une île rocheuse, une nourrice de guerriers, et moi, je ne connais rien de plus beau que cette terre. Homère : Odyssée, I, v. 1 ss. ; chant IX, vv. 15 ss. ; chant IX, vv. 25 ss., Paris, La Découverte, trad. Philippe Jaccottet Artiste associée à l’Odéon, Christiane Jatahy puise son inspiration dans la question des migrations et de l’exil, dans la confrontation des points de vue féminin et masculin, dans une attention à l’altérité qui s’exprime à travers un art de la narration plurielle, mêlant théâtre, cinéma et performance. Sa nouvelle recherche prendra pour point de départ l’un des textes fondateurs de la littérature occidentale : l’Odyssée. Jatahy aime « travailler sur les frontières entre l’acteur et le personnage, l’acteur et le spectateur, le cinéma et le théâtre, la réalité et la fiction » afin de « découvrir de nouveaux territoires ». Or l’Odyssée est un matériau poétique où « les frontières » ne cessent de « travailler ». Incarnée par six comédiens – trois acteurs francophones, trois actrices brésiliennes –, la création portera « sur les odyssées imaginées, sur les odyssées qui pourraient être réelles. Sur la tentative d’arriver à la maison, dans une maison. Sur qui reste et qui part. Sur la recherche de l’autre. Sur le fait d’être étranger. ». Jatahy annonce une exploration conduite dans un espace bifrontal. D’un côté, le public découvrira le point de vue de Pénélope ; de l’autre, celui d’Ulysse. Parfois, chacune des faces sera traversée par son envers. Personne ne pourra tout voir. Au terme du voyage, à la fois naufrage et arrivée au port, scène et publics se verront confondus en un seul et même espace. Où sera dès lors le réel, où sera la fiction ? Par où passera la ligne de leur partage ? Une chose est sûre : « L’imagination est ce qu’il y a de l’autre côté ». Christiane Jatahy Née à Rio de Janeiro en 1968, Christiane Jatahy est à la fois dramaturge, cinéaste, metteur en scène et actrice. Avec sa compagnie Vértice de Teatro, elle installe ses mises en scène en dehors des théâtres imaginant des dispositifs originaux qui questionnent le rapport entre l’acteur et le public. En 2004, elle radicalise sa démarche avec Conjugado, monologue d’une femme solitaire qui mêle projections de documentaires et performance face au public ; ainsi qu’avec Corte Seco où des caméras de surveillance révèlent le cadre et les coulisses. En 2005, A Falta que nos Move ou Todas as Historias Sao Ficçao (Le Manque qui nous anime ou toutes les histoires sont des fictions) explore la frontière entre réalité et fiction. En 2012, elle réalise sous ce même titre un long-métrage filmé sans interruption pendant treize heures à l’aide de trois caméras portables. La durée du film une fois monté est aussi de treize heures ; celui-ci étant systématiquement diffusé de 17h à 6h du matin, exactement comme il a été tourné. La même année, elle reçoit le premier prix Prêmio Shell de Teatro pour la meilleure mise en scène 2012 pour le spectacle Julia. Elle est à nouveau récompensée par le premier prix Prêmio Shell de Teatro, ainsi que par le prix Prêmio APTR, pour la meilleure mise en scène avec What if they went to Moscow? Reconnue sur un plan international, elle a été la révélation de l’édition 2013 du Festival Temps d’images au CENTQUATRE-PARIS en partenariat avec Arte. Ithaque Notre Odyssée 1 Christiane Jatahy Née à Rio de Janeiro en 1968, Christiane Jatahy est à la fois dramaturge, cinéaste, metteur en scène et actrice. Avec sa compagnie Vértice de Teatro, elle installe ses mises en scène en dehors des théâtres imaginant des dispositifs originaux qui questionnent le rapport entre l’acteur et le public. En 2004, elle radicalise sa démarche avec Conjugado, monologue d’une femme solitaire qui mêle projections de documentaires et performance face au public ; ainsi qu’avec Corte Seco où des caméras de surveillance révèlent le cadre et les coulisses. En 2005, A Falta que nos Move ou Todas as Historias Sao Ficçao (Le Manque qui nous anime ou toutes les histoires sont des fictions) explore la frontière entre réalité et fiction. En 2012, elle réalise sous ce même titre un long-métrage filmé sans interruption pendant treize heures à l’aide de trois caméras portables. La durée du film une fois monté est aussi de treize heures ; celui-ci étant systématiquement diffusé de 17h à 6h du matin, exactement comme il a été tourné. La même année, elle reçoit le premier prix Prêmio Shell de Teatro pour la meilleure mise en scène 2012 pour le spectacle Julia. Elle est à nouveau récompensée par le premier prix Prêmio Shell de Teatro, ainsi que par le prix Prêmio APTR, pour la meilleure mise en scène avec What if they went to Moscow? Reconnue sur un plan international, elle a été la révélation de l’édition 2013 du Festival Temps d’images au CENTQUATRE-PARIS en partenariat avec Arte. The Encounter [La Rencontre] un spectacle de Complicité / Simon McBurney d’après Amazon Beaming de Petru Popescu 29 mars – 8 avril en anglais, surtitré en français Odéon 6e avec Simon McBurney coréalisation Kirsty Housley collaboration à la mise en scène Jemima Jones scénographie Michael Levine son Gareth Fry, Pete Malkin lumière Paul Anderson vidéo Will Duke production Complicité coproduction Edinburgh International Festival, Barbican Centre – Londres, Centre culturel Onassis – Athènes, Schaubühne – Berlin, Théâtre de Vidy – Lausanne, Warwick Arts Centre avec le soutien du Cercle de l’Odéon, du Cercle Giorgio Strehler durée estimé 1h55 En 1971, Loren McIntyre, photographe-reporter du National Geographic, s’enfonça dans la jungle, aux confins du Brésil et du Pérou, à la recherche des Mayoruna, « les hommes-félins », une tribu isolée et semi-nomade vivant dans la vallée du Javari, un affluent voisin des sources de l’Amazone. L’expérience devait transformer sa vie. Seize ans plus tard, il fit à Manaos la connaissance de Petru Popescu et lui raconta son histoire. L’écrivain roumain en tira un roman de cinq cents pages : Amazon Beaming. Simon McBurney y a puisé la matière d’un spectacle solo étrange et envoûtant, pour nous faire partager par les voies du théâtre le plus inventif et le plus contemporain le voyage à la rencontre des « hommes-félins ». Muni d’un casque audio, chaque spectateur est invité à une immersion dans un récit qui est aussi un voyage initiatique aux frontières immémoriales de la conscience, dans les échos d’une autre nature et d’un autre temps. McBurney et sa compagnie, le Theatre Complicite, ont longuement mis au point ce projet en s’entourant d’une équipe de techniciens de pointe et en prenant conseil auprès de spécialistes des sciences cognitives. Fondé en 1983, Complicite est sans doute la compagnie britannique la plus influente et la plus célèbre des trente dernières années. Ses créations ont été applaudies dans plus d’une quarantaine de pays. Invité en France par Peter Brook dès 1995, Simon McBurney y est revenu à plusieurs reprises, notamment avec Mnemonic (1999). Il n’avait jamais encore eu l’occasion de se produire à l’Odéon. Simon Mc Burney Je sens que ma main, tâtonnant ici et là dans l’univers, a déchiré un coin du voile. Pourquoi ai-je déchiré ce coin, si je ne suis pas prêt pour la rencontre ? Petru Popescu : Amazon Beaming, Macdonald, 1991, p. 140 Simon McBurney est un acteur, scénariste et réalisateur britannique. Après son expérience à l’Ecole internationale de théâtre de Jacques Lecoq à Paris, il a cofondé la compagnie Complicite en 1983, avec qui il a collaboré pour plus de trente productions comme Shun-kin (2008) pour lequel il a reçu le Grand Prix du Theatre Yomiuri du meilleur metteur en scène en 2009, A Disappearing Number (2007) et The Master and Margarita (2011) de Mikhaïl Boulgakov, présenté à l’ouverture du Festival d’Avignon dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes. En 2012, il est le premier Artiste Associé anglais au Festival d’Avignon. Simon McBurney a également travaillé pour la télévision et le cinéma, comme acteur, scénariste et réalisateur. On a pu le voir à l’écran notamment dans Le Dernier Roi d’Écosse de Kevin Macdonald (2006) et, plus récemment, dans Magic in the Moonlight de Woody Allen (2014) et The Theory of Everything de James Marsch (2014). En 2008, Simon McBurney a été récompensé par l’Académie des Arts de Berlin avec le Prix Konrad Wolf du meilleur artiste pluridisciplinaire européen. Depuis sa fondation en 1983, Complicite a fait le tour du monde – remportant plus de cinquante récompenses théâtrales – et a contribué à influencer le paysage du drame moderne. Après avoir été introduit clandestinement dans un bidonville au Chili pour jouer en 1984, puis avoir été diffusé en live dans les cinémas du monde entier, la compagnie a continué à expérimenter et collaborer, notamment avec le Barbican, The National Theatre, Setagaya Public Theatre à Tokyo, l’Orchestre Philarmonique de Los Angeles, De Nederlandse Opera et les Pet Shop Boys. En marge de son travail artistique, Complicite mène un vaste programme pédagogique (Creative Learning programme) dont les récentes réalisations sont Like Mother, Like Daughter et Tea. The Encounter [La Rencontre] Petru Popescu Petru Popescu est né à Bucarest en 1944. Après son quatrième roman dissident, Burial of the Vine, également publié en Grande-Bretagne, Popescu entre en conflit avec Ceaucescu. Il est accusé de trahison et ses livres sont mis à l’index et détruits. Il décide alors d’écrire en anglais et de déménager à Los Angeles, où il termine la rédaction d’Amazon Beaming. Il écrit ensuite Almost Adam (publié en français sous le titre de Primitif, par Jean-Claude Lattès en 1997). Au cours des trente dernières années, le travail de Popescu a été salué par John Cheever, William Styron, Elie Wiesel, John Ashbery et Deepak Chopra. Il travaille en ce moment sur un nouveau roman. Loren McIntyre Loren McIntyre est né à Seattle en 1917 et il otient un diplôme en culture latinoaméricaine à l’Université de Berkeley. Pendant la Seconde guerre mondiale, il s’engage avec l’US Navy dans le Pacifique. Il étudie ensuite l’ethnologie à l’Université nationale de San Marcos, à Lima. Dès la fin des années 1950, alors qu’il travaille pour le US Aid Program au Pérou et en Bolivie, McIntyre commence à photographier ses voyages. Ses photos et articles apparaissent par la suite dans plus de 500 publications, dont Time, Life, Smithsonian, Audubon et le South American Explorer. En 1971, il mène une expédition parrainée par la National Geographic Society pour localiser la source de l’Amazone, dont il découvre qu’il s’agit d’un petit lac, maintenant nommé Lagune McIntyre, dans la province d’Apurímac. Le premier livre de McIntyre, The Incredible Incas and their Timeless Land, a été publié en 1975; ses autres ouvrages incluent Exploring South America (1990), Amazonia (1991) et une biographie d’Alexander von Humboldt. Après avoir vécu de nombreuses années en Amérique du Sud, il déménage à Arlington, en Virginie, où il s’éteint en 2003. Tristesses un spectacle d’Anne-Cécile Vandalem Das Fräulein (Kompanie) 5 – 27 mai Odéon 6e avec Vincent Cahay, Anne-Pascale Clairembourg, Epona Guillaume, Séléné Guillaume, Pierre Kissling, Vincent Lécuyer, Bernard Marbaix, Catherine Mestoussis ou Zoé Kovacs, Jean-Benoît Ugeux, Anne-Cécile Vandalem, Françoise Vanhecke musique Vincent Cahay, Pierre Kissling scénographie Ruimtevaarders son Jean-Pierre Urbano lumière Enrico Bagnoli costumes Laurence Hermant vidéo Arié van Egmond, Fédérico D’Ambrosio production Das Fräulein (Kompanie) coproduction Théâtre de Liège, Le Volcan – Scène nationale du Havre, Théâtre National – Bruxelles, Théâtre de Namur – centre dramatique, Le Manège.Mons, Bonlieu scène nationale Annecy, Maison de la Culture d’Amiens, Les Théâtres – Marseille /Aix-enProvence coproduction dans le cadre du projet Prospero Théâtre national de Bretagne, Théâtre de Liège, Schaubühne am Lehniner Platz, Göteborgs Stadsteater, Théâtre national de Croatie, World Theatre Festival Zagreb, Festival d’Athènes et d’Épidaure, Emilia Romagna Teatro Fondazione avec le soutien de la Fédération WallonieBruxelles – Service Théâtre, WallonieBruxelles International avec l’aide de l’ESACT – École Supérieure d’Acteurs, LA HALTE – Liège, Le Boson – Bruxelles avec le soutien du Cercle de l’Odéon, du Cercle Giorgio Strehler durée estimé 2h10 Tristesses : si ce nom se dit ici au pluriel, c’est qu’il est à la fois celui d’une île scandinave, d’un suspense policier, d’un symptôme politique. L’île est à peine imaginaire. Anne-Cécile Vandalem y a situé une fable pour notre temps. Martha Heiger, dirigeante du Parti du Réveil Populaire et favorite des prochaines élections, revient à Tristesses pour rapatrier le corps de sa mère sur le continent. Mais pourquoi Ida s’est-elle suicidée en se pendant au drapeau danois ? Et que manigance réellement sa fille ? Tristesses étant aussi un polar nordique, on n’en dévoilera pas plus ici, mais les maisons isolées sur la nuit du plateau sont le décor d’un drame où extérieurs en scène et intérieurs filmés alternent sur un rythme digne des meilleures séries. Enfin, Tristesses propose une réflexion sur la montée des populismes : selon Vandalem, « l’attristement des peuples » est aujourd’hui l’une des plus redoutables techniques de manipulation des esprits. Mais « les larmes », ajoute-t-elle, « ont une puissance esthétique infinie », indéterminable, et « les émotions peuvent être élan, moteur, énergie vive pour initier une prise de parole ou un acte ». Cette énergie a conquis en 2016 le public du Festival d’Avignon : en exposant les mécanismes asservissants de la tristesse, l’artiste invite à ne pas leur succomber. En découdre avec ce qui nous désespère quotidiennement, dans ce monde-ci. En découdre avec ce qui nous désespère quotidiennement, dans ce mondeci. Je veux parler de la tristesse. De la diminution de puissance1 exercée chaque jour sur nos corps. Cette diminution s’exerce par l’emprise d’autre(s) corps sur les nôtres. Ces corps peuvent être des personnes, des choses ou des situations. Je veux parler de la tyrannie de la positivité parce qu’aujourd’hui, dans nos sociétés occidentales, nous n’existons qu’au regard de ce que nous faisons. Cette positivité s’accompagne d’une surexposition qui, à la manière d’un projecteur de théâtre, éclaire le spectacle de nos actions de sa lumière permanente, aveuglante et paralysante. Quelle place dans un tel paysage pour l’ombre, le scintillement (le mouvement d’aller et retour entre l’ombre et la lumière), la résistance, le désir ? Je veux parler de la relation de la tristesse et du pouvoir, car il est évident que la plus grande arme politique actuelle est l’attristement des peuples dont la culpabilité, la honte, la frustration, l’impuissance, la haine et la désespérance en sont des dérivés. Je veux parler des émotions comme motions et puissance de transformation, car lorsqu’elles se changent en pensées et en actions, les émotions peuvent être élan, moteur, énergie vive pour initier une prise de parole ou un acte. Je veux montrer les larmes en tant que manifestation des signes extérieurs de la tristesse, car elles ont une puissance esthétique infinie. Je veux Tristesses Anne-Cécile Vandalem Actrice, autrice et metteuse en scène Anne-Cécile Vandalem développe au sein de Das Fräulein (Kompanie) un travail singulier de création artistique contemporaine. Elle est à l’origine de l’écriture, de la mise en scène et de la conception artistique et scénographique (en collaboration avec différents scénographes) de l’ensemble de ses projets. Elle est par ailleurs interprète d’une majeure partie de ceuxci. Après des études d’interprétation au Conservatoire Royal de Liège, Anne-Cécile Vandalem débute sa carrière auprès de metteurs en scène et collectifs théâtraux tels que Charlie Degotte, Dominique Roodthooft et la Cie Transquinquennal. Dès 2003, elle se lance dans l’écriture et la conception de spectacles théâtraux et crée, en collaboration avec l’acteur Jean-Benoit Ugeux, les spectacles Zaï Zaï Zaï Zaï et Hansel et Gretel. En 2008 elle créé Das Fräulein (Kompanie) au sein de laquelle elle concevra désormais l’ensemble de ses spectacles. Au cinéma, elle tourne avec notamment avec Anne Leclercq (Le besoin pressant d’une occupation amoureuse quelconque, Dissonance), Gaetan d’Agostino (O Négatif), Frédéric Forestier (Les Parrains), Xavier Serron (Rien d’insoluble), Frédéric Fonteyne (Fattal Attraction, dans le cadre d’une exposition au Museum des sciences naturelles), Dominique Standaert (Formidable) et Karine Devillers (Les hommes de ma vie). parler de l’adolescence comme force vive, puissance pour le future ; du déploiement paradoxal de ces corps dans lesquels naissent les désirs tandis que s’abattent les espoirs. Et enfin, je veux parler de la Survivance des lucioles, « de ce qui tombe et déchoit, assurément, mais qui, dans sa chute, émet une lueur de météorite propre à renseigner sur leur passé les peuples qui viennent après et à orienter leur avenir ; toute image qui assure la transmission d’une expérience et, par là, la survivance des peuples exposés à disparaître »2. Anne-Cécile Vandalem 1 Terme qui, selon l’interprétation qu’en fait G. Deleuze, pourait s’apparenter à l’affect ; l’affect étant la puissance de vie. Cette conception rejoint l’affirmation de Spinoza selon laquelle il y a, à l’origine de toute forme d’existence, une affirmation de la puissance d’être. 2 Voir G. Didi-Huberman, Survivance des lucioles, ed Minuit, 2009. Bérénice de Jean Racine mise en scène Célie Pauthe 11 mai – 10 juin Berthier 17e avec Clément Bresson, Mounir Margoum, Mahshad Mokhberi, Mélodie Richard, Hakim Romatif collaboration à la mise en scène Denis Loubaton collaboration artistique Marie Fortuit scénographie Guillaume Delaveau lumière Sébastien Michaud costumes Anaïs Romand musique et son Aline Loustalot vidéo François Weber production Centre Dramatique National Besançon Franche-Comté avec le soutien du Cercle de l’Odéon, durée estimé 2h15 Césarée Césarée Césarée L’endroit s’appelle ainsi Césarée Cesarea Il n’en reste que la mémoire de l’histoire et ce seul mot pour la nommer Césarée La totalité. Rien que l’endroit Et le mot. Le sol. Il est blanc. De la poussière de marbre mêlée au sable de la mer Douleur. L’intolérable. La douleur de leur séparation. Césarée L’endroit s’appelle encore Césarée. Titus et Bérénice vivent un amour impossible. Ils ne le savent pas. Bérénice ne peut pas même le concevoir : depuis cinq ans, son amant n’a cessé de lui jurer une passion éternelle. Quant à Titus, il préfère s’étourdir, s’aveugler : s’il est si brave guerrier, peut-être est-ce pour mourir au combat avant d’avoir à regarder en face l’inéluctable réalité. Mais voici que s’est levé le jour tragique. Entre la loi du monde et la foi des amants, il va falloir choisir. Et ce choix est un mortel déchirement... Racine l’a lui-même indiqué : « toute l’invention », ici, « consiste à faire quelque chose de rien ». Ce « rien » est une ligne de partage qui sans bruit, sans coup de théâtre, s’ouvre entre ceux qui s’aiment et les écarte l’un de l’autre, tout en élevant leurs paroles à la puissance d’un chant d’absolue passion. Célie Pauthe, comme ses mises en scène d’Une Bête dans la jungle, puis d’Un Amour impossible l’ont démontré, est particulièrement sensible à ces histoires poignantes où se concentre l’essence d’un lien intime. Sa Bérénice, à laquelle elle est parvenue à force de lire Duras, naîtra de la même intuition. Elle en a confié les voix principales à deux interprètes que le public de l’Odéon a déjà eu l’occasion d’applaudir : Mélodie Richard (qui fut Nina dans La Mouette de Thomas Ostermeier) et Clément Bresson (qui interpréta le rôle-titre du Tartuffe mis en scène par Stéphane Braunschweig). « Que ce que vous ferez, dit Horace, soit toujours simple et ne soit qu’un » « Titus, qui aimait passionnément Bérénice, et qui même, à ce qu’on croyait, lui avait promis de l’épouser, la renvoya de Rome, malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de son empire ». Cette action est très fameuse dans l’histoire ; et je l’ai trouvée très propre pour le théâtre, par la violence des passions qu’elle y pouvait exciter. En effet, nous n’avons rien de plus touchant dans tous les poètes que la séparation d’Enée et de Didon, dans Virgile. Et qui doute que ce qui a pu fournir assez de matière pour tout un chant d’un poème héroïque, où que Didon avait avec Enée, elle n’est pas obligée, comme elle, de renoncer à la vie. A cela près, le dernier adieu qu’elle dit à Titus, et l’effort qu’elle se fait pour s’en séparer, n’est pas le moins tragique de la pièce ; et j’ose dire qu’il renouvelle assez bien dans le cœur des spectateurs l’émotion que le reste y avait pu exciter. Ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sang et des morts dans une tragédie ; il suffit que l’action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s’y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie. Je crus que je pourrais rencontrer toutes ces parties dans mon sujet ; mais ce qui m’en plut davantage, c’est que je le trouvai extrêmement simple. Il y avait longtemps que je voulais essayer si je pourrais faire une tragédie avec cette simplicité d’action qui a été si fort du goût des anciens : car c’est un des premiers préceptes qu’ils nous ont laissés : « Que ce que vous ferez, dit Horace, soit toujours simple et ne soit qu’un ». [...] Il y en a qui pensent que cette simplicité est une marque de peu d’invention. Ils ne songent pas qu’au contraire toute l’invention consiste à faire quelque chose de rien [...]. Bérénice Cesarea. L’endroit est plat face à la mer la mer est au bout de sa course frappe les ruines toujours forte là, maintenant, face à l’autre continent déjà. Bleue des colonnes de marbre bleu jetées là devant le port. Tout détruit. Tout a été détruit. Marguerite Duras, Césarée Racine : Bérénice, préface Célie Pauthe D’abord assistante à la mise en scène (Ludovic Lagarde, Jacques Nichet, Guillaume Delaveau, Alain Ollivier, Stéphane Braunschweig), elle intègre en 2001 l’Unité nomade de formation à la mise en scène au CNSAD. En 1999, elle travaille avec Pierre Baux et Violaine Schwartz, à la création de Comment une figue de paroles et pourquoi, de Francis Ponge. En 2003, elle met en scène Quartett de Heiner Müller au Théâtre national de Toulouse (Prix de la Révélation théâtrale du Syndicat de la critique) ; en 2005, L’Ignorant et le Fou de Thomas Bernhard (TNS, 2007). Elle crée en 2007 La Fin du commencement de Sean O’Casey au Studio de la Comédie-Française et, l’année suivante, S’agite et se pavane d’Ingmar Bergman au Nouveau Théâtre de Montreuil. En 2011, elle met en scène Train de nuit pour Bolina de Nilo Cruz pour la biennale de création « Odyssées en Yvelines ». De 2010 à 2013, elle est artiste associée à La Colline - Théâtre national. Elle y crée Long voyage du jour à la nuit d’Eugene O’Neill ; avec Claude Duparfait, elle collabore à la mise en scène de Des arbres à abattre d’après le roman de Thomas Bernhard ; en 2013, elle crée Yukonstyle de Sarah Berthiaume et en 2014, Aglavaine et Sélysette de Maurice Maeterlinck. Depuis juin 2013, elle est nommée directrice du CDN Besançon Franche-Comté où elle a créé en janvier 2015 La Bête dans la jungle d’après Henry James suivie de La Maladie de la mort de Marguerite Duras. Elle collabore à la mise en scène de La Fonction Ravel, un projet de et avec Claude Duparfait, au piano François Dumont, créé en septembre 2016 au CDN Besançon Franche- Comté. Par ailleurs, elle travaille avec la plateforme Siwa sur un projet autour de L’Orestie d’Eschyle, mené par une équipe franco-irakienne. Mélodie Richard À sa sortie du Conservatoire National d’Art Dramatique en 2011, Mélodie Richard joue avec Yann-Joël Collin dans TDM3 de Didier-Georges Gabily, puis avec Krystian Lupa dans Salle d’Attente d’après Lars Norén et Perturbation d’après Thomas Bernhard. Elle travaille également avec Christophe Honoré dans Nouveau Roman, et Thomas Ostermeier dans Les Revenants. En 2015 elle joue dans La Bête dans la jungle de Henry James suivie de La Maladie de la Mort de Marguerite Duras, mis en scène par Célie Pauthe, et Intrigue et Amour de Schiller mis en scène par Yves Beaunesne. Thomas Ostermeier la dirige à nouveau dans La Mouette de Tchekhov en 2016. Au cinéma, elle a tourné entre autres dans Vénus noire d’Abdellatif Kechiche, Métamorphoses de Christophe Honoré (Révélation des Césars 2014) et Nos Arcadies d’Arnaud Desplechin. L’Avare de Molière mise en scène Ludovic Lagarde 2 – 30 juin Odéon 6e avec Marion Barché, Myrtille Bordier, Louise Dupuis, Alexandre Pallu, Laurent Poitrenaux, Tom Politano, Julien Storini, Christèle Tual et Jean-Luc Briand, Élie Chapus, Benjamin Dussud, Sophie Engel, Zacharie Jourdain, Élodie Leau, Benoît Muzard scénographie Antoine Vasseur lumière Sébastien Michaud costumes Marie La Rocca maquillage et coiffure Cécile Kretschmar musique Pierre-Alexandre “Yuksek” Busson son David Bichindaritz ensemblier Éric Delpla collaboratrice artistique Céline Gaudier dramaturgie Marion Stoufflet production La Comédie de Reims – CDN avec le soutien du Fonds d’Insertion pour Jeunes Artistes Dramatiques DRAC et Région PACA durée estimé 2h35 Extrait MAÎTRE JACQUES - Combien serezvous de gens à table ? HARPAGON - Nous serons huit ou dix ; mais il ne faut prendre que huit. Quand il y a à manger pour huit, il y en a bien pour dix. VALÈRE.- Cela s’entend. MAÎTRE JACQUES.- Hé bien ! Il faudra quatre grands potages bien garnis, et cinq assiettes d’entrées. Potages : bisque, potage de perdrix aux choux verts, potage de santé, potage de canards aux navets. Entrées : fricassée de poulets, tourte de pigeonneaux, ris de veaux, boudin blanc, et morilles. HARPAGON.- Que diable ! Voilà pour traiter toute une ville entière. Signé Ludovic Lagarde, voici un Avare de choc, bourreau des autres comme de soi-même, faisant le malheur de ses proches et la joie de ses spectateurs ! Avide autant qu’avare, Harpagon veut à la fois accumuler et retenir. Et surtout, ne pas consommer. Lagarde nous montre la demeure de son Harpagon quasiment sans mobilier, mais encombrée de containers prêts à être réexpédiés, en vertu de la loi du profit. Toute solidarité, tout lien familial ou social sont solubles dans l’or. Pour Harpagon, la richesse est faite pour disparaître au fond d’un trou noir, sans retour et sans fond, pareil à celui qu’il creuse au fond de son jardin pour y enfouir sa chère cassette. Tant pis pour les autres – et pour soi-même, car ce trou est aussi une fosse au fond de laquelle l’Avare creuse sa propre tombe... Comment donc en sortir ? Est-ce seulement possible ? Ludovic Lagarde met brillamment en relief les deux faces de L’Avare, sommet de la comédie noire. Comédie, car on n’échappe pas si facilement à la vitalité de la vie (même Harpagon songe à se remarier !). Noire, parce que l’Avare reste incurable : l’or lui tient lieu de corps, et la cassette de dernière demeure... Dès lors, quel avenir un tel homme peut-il laisser à ses enfants ? Et si son monde est bien le nôtre, quel visage voyons-nous dans le sombre miroir qu’il nous tend ? Le désir n’est pas généreux L’Avare courant partout en criant « Ma cassette ! Ma cassette ! », ça fait rire. Pourquoi ? Peut-être parce que, aux yeux de tous, voici soudain le désir qui surgit avec l’objet de ce désir. Tout cru. Sans voile. Un diable sautant tout nu hors de sa boîte – de sa cassette – au beau milieu d’un parterre de gens très bien venus en beaux habits prendre un plaisir élevé au théâtre. Ça fait rire. Ça pourrait être obscène, effrayant aussi, hideux, comme le visage avéré du péché. [ ... ] La figure de l’Avare dresse une figure irregardable du désir. Appelons ça, donc, sa face sadienne : qu’il n’y a nulle démocratie du désir, que tout désir présente un visage, souterrain et obscur, plus qu’obstiné (trait que Freud, d’ailleurs, associe à l’Avarice), impatient, impératif, impérieux, impitoyable, tyrannique, asservissant, avilissant, brutal, criminel voire meurtrier. Disons, au moins, le désir n’est pas généreux, il ne partage pas. Molière en savait un bout sur l’Avare ; c’est sans doute que l’Avare, lui, en sait un bout sur le désir (ressort essentiel de l’intérêt de Molière pour l’Avare ?). Ironie, voici l’Avare élevé en Figure de vérité sur les âmes en proie au péché. Contrairement au commun des mortels, l’Avare sait ce qu’il veut, clair sur son désir. Non seulement il sait ce qu’il veut mais cela lui donnerait une pénétration sur ce qui s’agite au plus intime de chacun. Gérard Wajcman : Collection, suivi de L’Avarice (éd. Nous, 2014) L’Avare MAÎTRE JACQUES.- Rôt dans un grandissime bassin en pyramide : une grande longe de veau de rivière, trois faisans, trois poulardes grasses, douze pigeons de volière, douze poulets de grain, six lapereaux de garenne, douze perdreaux, deux douzaines de cailles, trois douzaines d’ortolans... HARPAGON (en lui mettant la main sur la bouche). - Ah ! Traître, tu manges tout mon bien. Molière : L’Avare, acte I, scène 3 Ludovic Lagarde C’est à la Comédie de Reims et au Théâtre Granit de Belfort qu’il réalise ses premières mises en scène. En 1993, il crée Sœurs et frères d’Olivier Cadiot. Depuis 1997, il a adapté et mis en scène plusieurs romans et textes de théâtre de l’auteur : Le Colonel des Zouaves (1997), Retour définitif et durable de l’être aimé (2002) et Fairy Queen (2004). En 2008, il a mis en scène les opéras Roméo et Juliette de Pascal Dusapin à l’Opéra-Comique et Massacre de Wolfgang Mitterer au théâtre São João de Porto ainsi qu’au festival Musica à Strasbourg. Depuis janvier 2009, Ludovic Lagarde dirige la Comédie de Reims, Centre dramatique national. Il y crée en mars 2010 Doctor Faustus Lights the Lights de Gertrude Stein en compagnie du musicien Rodolphe Burger. Au Festival d’Avignon 2010, il crée Un nid pour quoi faire et Un mage en été d’Olivier Cadiot. En janvier 2012, Ludovic Lagarde présente à la Comédie de Reims l’intégrale du théâtre de Georg Büchner – Woyzeck, La Mort de Danton, Léonce et Léna – repris au Théâtre de la Ville en janvier 2013. En mars 2013, il met en scène au Grand Théâtre du Luxembourg et à l’Opéra-Comique La Voix humaine d’après le livret de Jean Cocteau. Il crée Lear is in Town pour la 67e édition du Festival d’Avignon, d’après Le Roi Lear de William Shakespeare, dans une traduction de Frédéric Boyer et Olivier Cadiot. En 2014, il met en scène Le Regard du nageur, écrit et interprété par Christèle Tual et crée Quai ouest avec des comédiens grecs au Théâtre National de Grèce à Athènes. À l’automne 2014, il crée L’Avare de Molière à La Comédie de Reims, puis La Baraque, un texte d’Aiat Fayez, en février 2015 dans le cadre du festival Reims Scènes d’Europe. En 2016, il met en scène Marta de Wolfgang Mitterer à l’Opéra de Lille, et dirige Laurent Poitrenaux dans l’adaptation de Providence, dernier roman d’Olivier Cadiot, à la Comédie de Reims. Les artistes associés à l’Odéon-Théâtre de l’Europe Stéphane Braunschweig a souhaité associer quatre artistes à son projet artistique en tant que directeur de l’Odéon-Théâtre de l’Europe : Sylvain Creuzevault, Caroline Guiela Nguyen, Christiane Jatahy et Simon Stone. Trois d’entre eux sont présents dans la saison 17-18. Ils nous parlent ici de leurs spectacles. Caroline Guiela Nguyen “Cette polyphonie intérieure” : Saigon Je peux dire que les questions coloniales seront dans le cœur même des personnages. Nous ne parlons pas des choses, nous les représentons et il n’y a que comme ça que j’arrive à démêler les inquiétudes que nous procure le monde. Je ne veux pas de discours sur les gens, je veux les gens eux-mêmes. Je veux mettre en scène le récit de gens qui portent sur eux l’empreinte même de la modification de notre monde, de son mouvement, de sa géographie et de son histoire. Et l’histoire coloniale de la France a été l’un des premiers facteurs qui fait que notre pays contient en son sein des gens porteurs de cette polyphonie intérieure. Les êtres sont faits d’autres histoires que celles du sol sur lequel ils sont posés, et c’est en ce sens que nous sommes connectés à des choses plus fortes qu’un sentiment national, nous sommes faits des autres espaces, réels ou imaginaires. Nous appartenons aussi à des constructions imaginaires, c’est notre plus grande liberté et c’est aussi notre plus grand besoin. Simon Stone “L’antichambre du drame” : Les Trois Sœurs Tchekhov a créé un théâtre du seuil : il se situe avant et après le drame. Non que rien ne se passe pendant la pièce : c’est que cela arrive ailleurs, et nous voyons l’antichambre du drame. Des êtres sont assis, attendent, espèrent, en dehors d’une narration, inventant des histoires, se préparant à leur sortie – leur sortie de la scène mais, on l’espère, leur entrée dans leur vraie vie. Notre monde moderne est devenu le parfait reflet de celui imaginé par Tchekhov. L’illusion de la connexion, l’illusion de faire partie d’une plus grande histoire, mais cette histoire se passe ailleurs et nous en sommes les témoins, nous la commentons, nous n’y prenons pas vraiment part. Alors nous inventons des jeux, des groupes sociaux, des réalités virtuelles, des fantasmes voyeuristes, attendant notre entrée dans le monde réel, peut-être un événement réel dont nous pourrions être le centre. Est-ce pour le moins possible ? Et quand nous irons finalement à Moscou, si nous y arrivons, Moscou existera-t-elle encore ? Christiane Jatahy “Dans le même bateau” : Ithaque Il s’agit d’odyssées imaginaires, d’odyssées qui pourraient être réelles, de l’Odyssée d’Homère. Il s’agit d’essayer de rentrer à la maison, dans une maison. Il s’agit de celui qui part et de celui qui reste. De partir à la recherche de l’autre. Il s’agit d’être étranger. D’être réfugié. De la guerre et de ses blessés. De fiction et de réalité, et de la manière dont on imagine cette réalité. Il s’agit d’autres fictions. Du passé depuis Homère. De notre passé. D’aujourd’hui, d’ici, et de maintenant. Il s’agit de son espace à elle et de son espace à lui. L’espace est divisé en trois. Son point de vue à elle. Son point de vue à lui. L’espace intermédiaire est celui de la pensée, de l’imagination, du souvenir. […] On entrevoit alors tout un imaginaire. À quel moment la fiction devient-elle réelle ? Le public voit deux points de vue différents de la même histoire, jusqu’au moment où tout se défait, où tout prend l’eau, c’est le naufrage, c’est l’arrivée. Tout le monde est dans le même bateau. Il n’y a plus de séparation entre la scène et le public. Entre ceux qui vivent et ceux qui voient. (traduit du portugais par Thomas Quillardet) TRAVERSES DES DÉBATS, DES RENCONTRES, DES INATTENDUS... TRAVERSES, ce sont tous ces chemins – obliques, surprenants, voire buissonniers – que l’Odéon vous propose de suivre dans les alentours des spectacles. Tous les débats, toutes les rencontres, lectures, propositions inattendues qui éclairent ou rythment autrement une saison. Les TRAVERSES rassembleront des rendez-vous familiers des fidèles des Bibliothèques de l’Odéon, comme les Scènes imaginaires, les Fragments de saison, Les petits Platons, les conversations philosophiques conduites par Marc Crépon, les après-midi scientifiques animées par Étienne Klein. Une lecture avec des détenus du centre pénitentiaire de Fresnes. On y découvrira aussi des regards croisés avec certains artistes présents dans la saison. “L’Europe en portraits”, où différentes personnalités seront invitées à nous parler des raisons pour lesquelles elles se sentent européennes. Des “Nocturnes”, une série de lectures dans le noir. Des ponctuations avec d’autres arts : musique ou photographie. Des projections de films. Les Rencontres Européennes de la Scénographie. Le congrès de l’Alliance Graphique Internationale. En partenariat avec France Culture, France Inter, l’École Normale Supérieure, le musée du Louvre... L’offre des TRAVERSES sera riche et diverse. Pour suivre au mieux le temps présent, le programme détaillé des TRAVERSES de l’Odéon sera communiqué au fil de la saison dans les programmes trimestriels. Devenez mécène de l’Odéon Particuliers Théâtre national, l’Odéon-Théâtre de l’Europe porte un projet artistique d’excellence, qui met à l’honneur les artistes européens et la création théâtrale contemporaine.. Rejoignez le Cercle de l’Odéon À travers leurs dons, les membres du Cercle de l’Odéon contribuent à l’activité de création du théâtre en participant au financement de plusieurs spectacles phares de la saison. Pour chacun des spectacles soutenus, des rencontres et des soirées sont proposées aux membres, permettant de découvrir l’envers du décor, de suivre le processus de création et de partager des moments privilégiés en compagnie des équipes artistiques. Transmettez votre goût du théâtre Génération(s) Odéon est un programme d’éducation artistique et culturelle à destination d’élèves de seconde scolarisés en réseau d’éducation prioritaire. Pendant un an, ils suivent un parcours de spectacteur, découvrent la pratique théâtrale et interrogent la citoyenneté européenne. Aidez des élèves à vivre une expérience artistique européenne en soutenant la nouvelle génération d’élèves. Rejoignez le Cercle Giorgio Strehler Il réunit les mécènes désireux de soutenir et partager les audaces venues d’ailleurs. Ses membres apportent chaque saison leur soutien à un spectacle européen et contribuent à la découverte en France du travail de metteurs en scène, comédiens et dramaturges étrangers. Le Cercle Giorgio Strehler soutient cette saison le spectacle The Encounter [La Rencontre] de Complicité / Simon McBurney. Comment adhérer au Cercle? en remplissant le bulletin d’adhésion disponible au théâtre ou téléchargeable sur notre site internet theatre-odeon.eu/fr/nous-soutenir Hervé Digne – Président du Cercle de l’Odéon Pauline Rouer – Directrice du mécénat Fanny Pelletier – Chargée du mécénat et du développement [email protected] 01 44 85 40 19 Comment faire un don? en ligne sur la plateforme de dons sécurisée http://www.theatre-odeon.eu/fr/generations-odeon Les dons versés à l’Odéon-Théâtre de l’Europe donnent droit à une déduction fiscale de 66% du montant du don dans le cadre de l’impôt sur le revenu. L’Odéon remercie les mécènes particuliers* pour leur précieux soutien. Cercle Giorgio Strehler Cercle de l’Odéon Grands Bienfaiteurs Madame Julie Avrane-Chopard Madame Marie-Jeanne Husset Madame Isabelle de Kerviler Madame Marguerite Parot Mécènes Monsieur & Madame Christian Schlumberger Membres Monsieur Arnaud de Giovanni Monsieur Vincent Manuel Monsieur Joël-André Ornstein & Madame Gabriella Maione Monsieur Francisco Sanchez Bienfaiteurs Monsieur Jad Ariss Monsieur Guy Bloch-Champfort Madame Anne-Marie Couderc Monsieur Philippe Crouzet & Madame Sylvie Hubac Monsieur François Debiesse Monsieur Stéphane Distinguin Monsieur Laurent Doubrovine Madame Sophie Durand-Ngo Madame Anouk Martini-Hennerick Madame Nicole Nespoulous Monsieur Stéphane Petibon Madame Vanessa Tubino Madame Sarah Valinsky Parrains Madame Nathalie Barreau Monsieur David Brault Madame Agnès Comar Madame Raphaëlle d’Ornano Madame Stéphanie Rougnon & Monsieur Matthieu Amiot Monsieur Louis Schweitzer Monsieur & Madame Jean-François Torres Les Amis du Cercle de l’Odéon Les donateurs du programme Génération(s) Odéon * Certains donateurs ont souhaité garder l’anonymat / liste au 18 avril 2017 Devenez mécène de l’Odéon Entreprises Associez votre entreprise au prestige d’une institution théâtrale ouverte sur le monde et au croisement des générations. Accompagnez les missions du théâtre - Soutenez le projet artistique de Stéphane Braunschweig - Favorisez l’accès au théâtre en soutenant nos actions sociales et nos projets d’éducation artistique et culturelle - Engagez-vous aux côtés des projets innovants du théâtre. Avantages pour vos clients et collaborateurs - Soirées d’exception réservées à vos invités avec les équipes artistiques des spectacles - Possibilité d’organiser des événements de relations publiques à l’occasion des spectacles de la saison - Facilité d’accès au théâtre pour vos salariés - Visibilité sur nos supports de communication - Déduction fiscale de 60% du montant de votre don dans le cadre de l’impôt sur les sociétés. Pauline Rouer [email protected] Organisez des événements privés Les Jeudis de l’Odéon Avant ou après la représentation, recevez vos invités dans l’un des espaces privatisés du théâtre. Champagne et places groupées en première catégorie à partir de 90 € par personne ou cocktail dînatoire à partir de 190 € par personne. Location d’espaces L’Odéon-Théâtre de l’Europe met ses espaces à votre disposition pour vos soirées privées, conférences, séminaires ou réceptions. Que ce soit dans le cadre prestigieux du 6e arrondissement (800 places) ou dans l’espace plus insolite des Ateliers Berthier 17e (480 places), nous serons heureux d’accueillir les événements qui rythment la vie de votre entreprise. Fanny Pelletier [email protected] L’Odéon remercie les entreprises mécènes pour leur précieux soutien. Membres du Cercle de l’Odéon Mécènes des actions d’éducation artistique et culturelle Mécènes de saison Soutient l’éducation artistique et culturelle en milieu scolaire Soutient le programme Génération(s) Odéon Soutient le programme Adolescence et territoire(s) Grands Bienfaiteurs Carmin Finance Crédit du Nord Eutelsat SUEZ Eau France Bienfaiteurs AXEO TP Cofiloisirs Fonds de dotation Emerige Partenaires de saison Château La Coste Maison diptyque Rosebud Fleuristes Champagne Taittinger Mécènes des actions d’accessibilité Soutient le programme handicap Fondation Raze Soutient les représentations avec audiodescription Génération(s) Odéon Initié par l’Odéon-Théâtre de l’Europe, Génération(s) Odéon est un programme d’éducation artistique et culturelle à destination de classes en réseau d’éducation prioritaire. Depuis 2014, plus d’une centaine d’élèves ont bénéficié de ce programme. À la rentrée 2017, Génération(s) Odéon continue et s’adresse désormais à deux classes de seconde sur une année. Le programme se poursuit dans une volonté d’affirmer sa dimension européenne. Que signifie être un jeune citoyen européen ? Comment les oeuvres du passé éclairent-elles notre présent ? Comment le théâtre peutil aiguiser notre regard sur le monde ? Autant de questions qui seront abordées lors d’ateliers de pratique prenant appui sur Macbeth de William Shakespeare. Tout au long de la saison, les jeunes participants assisteront à des spectacles à l’Odéon, l’occasion de découvrir des œuvres aussi bien classiques que contemporaines. Au cœur de leur parcours, ils auront l’opportunité de partir faire un voyage à l’étranger à la rencontre d’autres jeunes Européens. Restitution en juin 2018 / Théâtre de l’Odéon 6e Pour financer la seconde classe, l’Odéon compte sur votre soutien, faites un don ! http://www.theatre-odeon.eu/fr/generations-odeon 50 élèves de seconde 1 parcours de spectateur à l’Odéon-Théâtre de l’Europe 60 heures d’ateliers 2 artistes intervenants 1 texte du répertoire européen comme matière de travail 1 voyage dans une ville européenne à la rencontre d’autres élèves 1 partenariat avec un théâtre européen 1 restitution sur la scène du Théâtre de l’Odéon avec le soutien du Fonds de dotation Emerige Adolescence et territoire(s) Fidèle à sa mission d’ouverture à un large public, l’Odéon-Théâtre de l’Europe, avec l’appui de ses partenaires, est engagé depuis 2012 dans le programme Adolescence et territoire(s). Grâce au soutien de Vivendi Create Joy, ce sont près de 90 adolescents qui ont déjà bénéficié de ces ateliers de pratique artistique. Pendant une saison, une vingtaine de jeunes âgés de 15 à 20 ans issus de territoires proches des Ateliers Berthier (17e) vont être initiés à la dramaturgie et à la pratique du jeu sous la direction d’artistes. Ces ateliers les encouragent à l’écoute de l’autre et les sensibilisent à l’importance de la maîtrise de la langue. Ensemble, ils participent à la création d’un spectacle, présenté en juin 2018, proposant à chaque fois une fiction traitant de questionnements propres à leur génération. Pour enrichir leur regard de spectateurs, des sorties au théâtre accompagnent ce travail. Depuis 2012 5 éditions 5 territoires partenaires : Paris 17e, Saint-Ouen, Clichy-la-Garenne, Saint-Denis, Asnières-sur-Seine 7 artistes associés : Didier Ruiz, Jean Bellorini, Julie Deliquet, Manon Thorel et Julie Lerat-Gersant, Chloé Dabert et Sebastien Eveno 564 heures d’ateliers de pratique théâtrale hors temps scolaire 86 jeunes concernés 23 représentations Pour cette 6e édition, l’Espace 1789 de Saint-Ouen, fidèle partenaire du projet, et le T2G – Théâtre de Gennevilliers soutiennent et accompagnent ce programme aux côtés de l’Odéon-Théâtre de l’Europe. Représentations en juin 2018 / Ateliers Berthier 17e puis à l’Espace 1789 de Saint-Ouen et au T2G – Théâtre de Gennevilliers #AetT 3 202 spectateurs 1 documentaire réalisé lors de chaque édition avec le soutien de Vivendi Create Joy Parking Un projet dans le cadre du dispositif de jumelage entre de grands établissements publics culturels et les Zones de sécurité prioritaire (ZSP) d’Îlede-France. avec le soutien du commissariat général à l’égalité des territoires (CGET), la Préfecture de la région Île-de-France et la Préfecture du département de Seine-Saint-Denis avec le concours de l’Espace 1789 et de la Colline – Théâtre national À Saint-Ouen, l’Odéon-Théâtre de l’Europe s’engage, pendant trois ans, pour un projet artistique confié au collectif Zirlib et à Mohamed El Khatib sur le thème du déplacement et des trajectoires. Comment et pourquoi les habitants de Saint-Ouen sont-ils arrivés sur ce territoire ? Comment rendre compte de la diversité de leurs histoires individuelles dans l’espace commun de la ville ? Collectes de paroles et témoignages nourrissent la construction d’un film documentaire, fil rouge de ce projet. Sa réalisation est prétexte à créer des liens entre personnes qui vivent côte à côte sans pourtant se connaître, grâce à des ateliers de pratique artistique. Ce documentaire sera projeté dans l’espace public, sous la forme d’un “drive-in” où les voitures et leurs histoires joueront elles aussi un rôle important. Le point de départ unique et essentiel de la compagnie de théâtre Zirlib est la rencontre. Rencontre avec une femme de ménage, un éleveur de moutons, un supporter de foot, un marin... À partir de ces rencontres, se mettent en place des protocoles de recherche qui aboutissent à des formes dont chacun peut s’emparer immédiatement. 1er Acte Fort des réussites des trois premières années du programme, 1er Acte est reconduit pour une quatrième saison, en collaboration avec deux nouveaux partenaires, l’Odéon-Théâtre de l’Europe et le Festival d’Avignon. Afin de promouvoir une plus grande diversité dans le recrutement des écoles de formation d’acteurs, et sur les plateaux de théâtre, Stéphane Braunschweig et Stanislas Nordey ont initié en 2014 avec leurs partenaires des Fondations Edmond de Rothschild et de la Fondation SNCF le programme d’ateliers d’acteurs 1er Acte. Successivement portés par la Colline puis par le Théâtre National de Strasbourg, les ateliers 1er Acte s’adressent à des jeunes acteurs ayant, dans leur parcours artistique, professionnel ou personnel, fait l’expérience de la discrimination. En trois ans, les ateliers ont réuni une cinquantaine d’apprentis comédiens, en leur proposant un vrai tremplin vers leur professionnalisation. Il s’agit de donner à de jeunes talents des clés de réussite dans le spectacle vivant, grâce à l’implication d’artistes de renom et de pédagogues qui leur transmettent leurs connaissances du métier au cours de sessions intensives de travail. Restitution 5 mars 2018 / Théâtre de l’Odéon 6e un programme développé par le Théâtre National de Strasbourg, les Fondations Edmond de Rothschild, la Fondation SNCF, en collaboration avec le Festival d’Avignon, l’Odéon-Théâtre de l’Europe, le CCN2 – Centre chorégraphique national de Grenoble Le théâtre de l’Europe “L’identité culturelle des Européens, une identité multiple, complexe, contradictoire et qui pourtant est reconnaissable comme le fil rouge qui tramerait notre histoire.” Giorgio Strehler. L’Odéon-Théâtre de l’Europe a joué un rôle déterminant dans la défense d’une certaine Europe culturelle. Une Europe toujours ancrée dans son héritage de valeurs issues pour une grande part des idéaux des Lumières, mais aussi une Europe d’aujourd’hui traversée par un présent qui l’oblige à se repenser et à se réinventer. Ces questionnements sont aussi au cœur de notre activité. Mitos 21 L’Odéon fait partie de l’association européenne Mitos 21, regroupant certaines des institutions théâtrales européennes les plus importantes. Son objectif principal est de favoriser la rencontre et l’échange entre professionnels du théâtre en Europe, et de travailler ensemble sur des thématiques communes en mettant en perspective les savoir-faire. Les membres : Amsterdam Toneelgroep, Barcelone Teatre Lliure, Berlin Deutsches Theater, Budapest Katona József Szinház, Copenhague Det Kongelige Teater, Cracovie Narodowy Stary Teatr, Ludwigsbourg Akademie für Darstellende Kunst BadenWürttemberg, Düsseldorf Schauspielhaus, Francfort Schauspiel, Londres National Theatre, Moscou Théâtre des Nations, Salzbourg Université Mozarteum – Institut Thomas Bernhard, Stockholm Dramaten – Kungliga Dramatiska Teatern, Zürich Schauspielhaus http://mitos21.com/ La Route européenne des théâtres historiques Classé monument historique, l’Odéon s’inscrit au côté de 120 théâtres partenaires à travers toute l’Europe dans « La Route des théâtres historiques ». Douze itinéraires regroupant chacun une dizaine de salles remarquables vous sont proposés, sous la forme de circuits touristiques. http://www.perspectiv-online.org/pages/fr/route-europeenne.php Portrait d’Europe Nous sommes tous le fruit de notre histoire commune. Un cycle de rencontres avec des personnalités à la découverte de leurs origines européennes, proposé dans le cadre de TRAVERSES. Génération(s) Odéon Ce programme d’éducation artistique et culturelle à destination de classes situées en réseau d’éducation prioritaire a déjà bénéficié à plus d’une centaine d’élèves depuis 2014. Cette saison, deux classes de seconde travaillent autour de la question : Qu’est-ce qu’être un jeune citoyen européen ? (voir p. 52) Spectacles en langue étrangère, surtitrés en français Tpи cecTpы [Les Trois Sœurs], en langue des signes russe, surtitré en français et anglais La Vita ferma [La Vie suspendue], en italien Saigon, en français et vietnamien The Encounter [La Rencontre], en anglais Représentations surtitrées en anglais et français Les Trois Sœurs vendredis 1er et 15 décembre Macbeth vendredis 23 février et 9 mars Bérénice vendredis 25 mai et 8 juin L’Avare vendredis 15 et 29 juin Location : 01 44 85 40 40 / theatre-odeon.eu