Le huard monte, mais le billet vert domine

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Le huard monte, mais le billet vert domine | Louis Tanguay | Actualité économique
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Publié le 31 mars 2010 à 05h00 | Mis à jour à 05h00
Le huard monte, mais le billet vert domine
Louis Tanguay
Le Soleil
(Québec) Le dollar canadien poursuivra sur sa lancée et dépassera rapidement la parité
avec le billet vert américain, mais celui-ci conservera longtemps son rôle de devise de
référence des échanges mondiaux. Dennis Gartman, éditeur de la célèbre publication
The Gartman Letter, était le conférencier-vedette hier, lors d'un séminaire organisé par
l'association CFA Québec (CFA pour Chartered Financial Analyst).
Le propos de l'expert, basé en Virginie aux États-Unis, sur les perspectives
canadiennes n'était rien de moins que dithyrambique.
Le monde entier a besoin de matières premières «et vous en avez pour plusieurs
décennies à leur en vendre à prix élevé», dit-il, énumérant pétrole, gaz naturel, nickel et
autres métaux, blé et autres céréales et enfin... eau.
Dennis Gartman, éditeur de la célèbre publication The Gartman Letter
Le Soleil, Jean-Marie Villeneuve
Le commentateur, qui ne mâche pas ses mots pour prôner des positions sociales de
droite, rappelle l'époque où le dollar de l'Oncle Sam ne valait que 88 ¢ canadiens et il
ajoute que, par un retour du balancier, le Canada a cessé d'être perçu comme une
nation de gauche. Par ailleurs, M. Gartman est convaincu que l'autorité monétaire
américaine (qu'il félicite d'avoir injecté d'énormes liquidités dans le système financier
pour empêcher son asphyxie en 2008) ne sera pas pressée de relever son taux d'intérêt directeur, tandis que la Banque du Canada, elle, devra resserrer plus
rapidement les conditions de crédit, ce qui sera encore favorable au huard.
Taux d'épargne
Aux États-Unis, la crise a apporté un mouvement important dans le sens où la hausse du taux d'épargne pour les cinq à sept prochaines années ralentira la
croissance de l'économie.
Les autorités seront donc très lentes à retirer les mesures de stimulation mises en place pour contrer la crise, ce qui augmente les risques d'inflation. Mais il parle
aussi de déflation dans les salaires, car à son avis il est fini le temps où, au sortir du cours secondaire, les jeunes Américains pouvaient trouver facilement un emploi
manufacturier leur assurant un bon train de vie. L'avenir est réservé aux détenteurs de diplômes d'études supérieures.
Par contre, il salue le changement d'attitude selon lequel les ménages américains cessent de voir leur résidence comme un investissement, ce qui les incitera à
mettre davantage d'argent au travail dans le marché boursier.
Selon le conférencier, le pire semble passé pour le marché de l'emploi au sud de la frontière, mais le taux de chômage ne rebaissera pas à 4 ou 5 %. Au mieux, à 6
% si les gouvernements s'abstiennent d'intervenir dans l'économie et laissent les PME innover.
Récemment, l'euro avait commencé à grignoter la prépondérance mondiale de la devise américaine mais, selon M. Gartman, la Grèce n'est que le premier problème
d'un ensemble qui pourrait bien réduire la propension à investir en Europe.
Mais la raison fondamentale qui maintiendra le dollar américain comme devise de référence mondiale est liée à la puissance militaire. L'histoire l'a démontré au
temps où l'Espagne contrôlait les routes maritimes et durant les deux siècles d'expansion de l'empire britannique.
Aujourd'hui, dit celui qui habite près de la baie de Chesapeake, il n'y a rien de plus rassurant sur l'avenir de la devise américaine que de voir la puissance militaire
que représente chacun des porte-avions qui viennent s'amarrer à la base de Norfolk.
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