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Éditorial
Les données chiffrées et les études sont une source d’infor-
mation précieuse pour permettre aux décideurs politiques
de développer des soins de santé accessibles et de qualité.
Les différents articles de ce numéro peuvent donc se lire dans
cette optique.
Dans certains cas, ce sont des données de population qui sont
requises pour se faire une idée correcte de la réalité à laquelle
les citoyens sont confrontés dans les différentes régions du
pays. Pour répondre à cette nécessité, l’Agence intermutualiste
(AIM) a développé un nouvel outil très puissant: l’Atlas AIM
permet aux personnes intéressées d’accéder aux différents
indicateurs et statistiques dérivés des bases de données des
mutuelles. Elles y trouveront des données sur les soins de
santé remboursés, les médicaments et les indicateurs socio-
économiques. Actuellement, ces bases de données renferment
déjà des informations sur le diabète, la médecine générale,
le dossier médical global, l’attestation malades chroniques
et la consommation d’antibiotiques en ambulatoire. Ces
données sont également disponibles sous la forme de cartes
au niveau de la Belgique, des régions, des provinces, des
arrondissements, des communes et même, sur demande, par
secteurs statistiques. Dans le présent MC Info vous en saurez
également plus sur les modalités d’inscription à cet Atlas.
La seconde étude de ce numéro recoupe elle aussi les
données des mutualités et est dédiée aux frais d’administration
des mutualités. Le tout - à nouveau - dans la plus grande
transparence. Cette analyse révèle que ces dépenses ne sont
pas aussi élevées que certains le prétendent. Elles représentent
3,3% des dépenses en soins de santé et sont passées de 4,1%
en 2003 à 3,3% en 2013. Et ce, malgré une législation de plus
en plus exigeante (MAF, forfaits de soins, OMNIO, …) ainsi
que l’augmentation du nombre de malades chroniques (liée
notamment au vieillissement) qui complexie le système. Cette
complexité se reète non seulement dans les applications
informatiques, mais également dans la nécessité de contacter
plus fréquemment les membres personnellement, an de mettre
leur dossier à jour. Autre constat: les frais d’administration en
Belgique sont inférieurs à ceux de nombreux pays limitrophes
et bien inférieurs aux dépenses des assureurs commerciaux
privés.
Les dépenses du secteur des médicaments représentent
une part non négligeable du budget de l’assurance maladie.
Et bien que de nombreuses économies aient déjà été consen-
ties, une rationalisation permettrait d’économiser davantage
sans pour autant porter atteinte à la qualité. C’est notamment
le cas des anticholestérolémiants que nous passerons sous la
loupe dans le troisième article du présent numéro. Si les mé-
decins ne prescrivaient que la simvastatine la moins chère, il
en découlerait une économie de 77 millions d’euros pour l’as-
surance maladie et de 11 millions pour les patients. Une autre
option consisterait à abaisser le prix des molécules plus oné-
reuses par un système d’adjudication et par le jeu de la concur-
rence.
Il ne faut pas nécessairement beaucoup de chiffres pour générer
des données de qualité, mais lorsqu’il s’agit d’un groupe limité,
il est préférable de l’interroger de façon approfondie. L’étude
sur la dépression et l’(in)capacité de travail va dans ce sens.
La dépression est un ‘processus’ difcile dans la vie d’un
individu. La faculté d’une personne en incapacité de travail
éventuelle à demander de l’aide au bon moment peut varier
d’une personne à l’autre. L’étude révèle que ce sont en
l’occurrence les contacts sociaux avec les proches et les
collègues de travail qui seront alors déterminants. L’approche
du médecin-conseil et du chef de service, en cas de reprise du
travail, jouent aussi un rôle important. Une reprise progressive
de ses activités par un travail à temps partiel ou éventuellement
temporairement adapté sont également des points d’attention.
Une dernière étude porte sur l’opportunité d’introduire une
assurance couvrant les risques liés à la dépendance en
Wallonie et à Bruxelles. Une précédente étude MC sur les ma-
lades chroniques (2008) a montré qu’en Flandre l’intervention
de l’assurance ‘dépendance’ (130 euros par mois) dans les frais
non-médicaux représentait une grande différence et permettait
d’alléger considérablement la facture pour le patient. L’article
recommande de considérer la dépendance comme un risque
social qu’il serait opportun d’assurer, comme c’est le cas par
exemple au Grand Duché du Luxembourg où il s’agit d’une
branche à part entière de la sécurité sociale. Il est important
qu’une telle assurance soit assortie d’instruments appropriés
pour évaluer la dépendance. Ce qui permettrait de donner une
vision adéquate du temps nécessaire pour renforcer les soins
et l’aide. Cela pourrait également servir de critère de nance-
ment. L’instauration d’une telle assurance ‘dépendance’ est une
compétence régionale. Mais à cet échelon aussi les mutualités
souhaitent apporter leur expertise et mettre leurs données à
disposition an de mettre en place, ensemble, cette politique.
Dr. Michiel Callens
Directeur R&D
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MC-Informations 257 • septembre 2014