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Le chercheur de l’IRÉC constate que le
système de revenus de retraite au Québec
fait et va encore faire l’objet de profondes
transformations dans les années qui viennent,
constate le chercheur. Plusieurs réformes
adoptées depuis 2010 produiront leurs effets
d’ici 2020. L’âge de la pension de la Sécurité de
la vieillesse va être repoussé de 65 à 67 ans. Le
taux de cotisation et les pénalités sur la retraite
anticipée ont été augmentés. Un nouveau véhi-
cule d’épargne, le Régime volontaire d’épargne-
retraite (RVÉR), va être mis en place dans les
entreprises qui n’offrent pas déjà un régime de
pension ou un REER. C’est donc l’ensemble du
système de revenus de retraite qui est touché
par cette vague de changements législatifs.
Un rappel nécessaire
Pour comprendre le malaise social actuel
face à la retraite, il rappelle «que depuis
plusieurs années, certains commentateurs poli-
tiques ne cessent de présenter le vieillissement
de la population comme une menace: menace
à la croissance économique par la baisse
anticipée de la population active et de la pro-
ductivité qui entraînerait mécaniquement une
réduction de la richesse par habitant; menace
à la capacité de dépenser des gouvernements
et des municipalités par l’augmentation des
sommes consacrées au service de la dette et au
financement des déficits des régimes de retraite
des employés de l’État; menace pour les jeunes
ménages qui devront à la fois réduire leur
niveau de vie pour soutenir des aînés dépen-
1. [http://www.ledevoir.com/politique/quebec/411135/
retraites-un-patrimoine-collectif-et-non-pas-un-pri-
vilege]. L’article paru dans Le Devoir est un résumé.
La version intégrale est disponible dans la version
papier du numéro55 de la Revue À Bâbord. Seul
l’article présentant le dossier sur la retraite peut être
consulté sur le site: [http://www.ababord.org/spip.
php?article1806]. Frédéric Hanin a également écrit
avec la collaboration de Josée Côté une note d’in-
tervention de l’IRÉC fort pertinente en février 2014:
L’avenir de la retraite au Québec: quel héritage
laissera-t-on? [http://www.irec.net/index.jsp?p=76].
Il a aussi écrit en article très éclairant en collaboration
avec Gilles L. Bourque dans le numéro771 d’avril 2014
de la revue Relations: Le rapport D’Amours: de
mauvaises solutions. Soulignons enfin que l’IRÉC a
un corpus très substantiel sur la retraite. Nous en avons
fait état dans le Bulletin de l’IRÉC no36 publié en
janvier 2014. On le retrouve à la page4 au point7.
L’impact des politiques publiques sur le bien-être
des populations, volet retraite. [http://www.irec.net/
index.jsp?p=43].
La réforme des régimes de retraite est au cœur de l’actualité au Québec. Un article de Frédéric Hanin publié dans
la revue À Bâbord puis dans Le Devoir1 situe bien les enjeux et fait des propositions sensées pour faire avancer le
débat public actuel. Comme prémisse, le chercheur de l’IRÉC indique que la retraite n’est pas un privilège, mais
un droit à la sécurité sociale acquis grâce à la mobilisation de générations précédentes qui ont transmis un «patri-
moine», une richesse collective, qu’il s’agit de bonifier pour les futures générations.
dants et augmenter la durée
de la vie professionnelle afin
d’accumuler une épargne
suffisante pour financer par
eux-mêmes leurs dépen-
ses une fois rendus à la
retraite».
Un programme
conservateur
«À l’extrême, expli-
que-t-il, c’est l’idée même
de retraite comme fin de
l’emploi qui devrait être
abandonnée, au profit d’une
participation au marché du
travail tant que les person-
nes sont en bonne santé. Il
est vrai que les taux d’activité et d’emploi ont
atteint des records au Québec ces dernières
années, sous l’effet de l’augmentation du taux
d’activité des étudiants, des femmes et des per-
sonnes de 55 à 64 ans. Pourquoi donc vouloir
lutter contre une évolution “naturelle” de la
société et défendre un système qui brimerait
la liberté individuelle au profit de l’intérêt
général? Cette façon d’analyser les enjeux de
la retraite est pourtant fallacieuse, car elle
cherche à masquer les problèmes sociaux au
profit d’un programme conservateur qui prône
l’individualisme obligatoire comme finalité
politique».
Il faut défendre la société
Plusieurs groupes sociaux (syndicats,
retraités, jeunes, organismes communautai-
res) se sont mobilisés pour contrer le discours
dominant décrit plus haut, avec un degré de
succès variable selon les cas compte tenu de la
nature souvent défensive des revendications.
«Bien qu’il faut défendre la société, remarque-
t-il, il reste pourtant à construire une véritable
«alliance sociale» basée sur une alternative
au programme conservateur qui domine l’es-
pace politique et médiatique.
L’institution de la retraite repose sur un
compromis social entre l’État, les entreprises
et les individus dans lequel la formation et la
participation au marché du travail qui se tra-
duit par la dépendance économique à l’emploi
s’accompagnent d’un droit à la sécurité du
RÉGIME DE RETRAITE
Un patrimoine collectif, et non pas un privilège
revenu lorsque la personne
quitte le marché du travail.
La richesse économique
est ainsi soutenue par une
institution sociale. «C’est la
solidarité entre les généra-
tions et entre les différentes
catégories de revenus qui
garantit la liberté indivi-
duelle de choisir une spé-
cialisation professionnelle
et de déterminer librement
les conditions de départ à
la retraite, explique-t-il. La
retraite n’est donc pas un
privilège, mais un droit à
la sécurité sociale acquis
grâce à la mobilisation de
générations précédentes qui nous ont transmis
un “patrimoine”, une richesse collective, qu’il
s’agit de bonifier pour les futures générations».
Des propositions
Cette compréhension de la retraite comme
patrimoine collectif ne veut pas dire qu’il ne
faut pas faire des réformes du système. «Au
contraire, dit-il, mais pas dans le sens de cou-
pes arbitraires de droits existants.
Le chercheur de l’IRÉC avance des proposi-
tions alternatives au discours dominantcomme
1) créer une instance de concertation entre
les régimes de retraite pour améliorer la
négociation avec les gestionnaires financiers,
en évaluant notamment la structure de la
détention de la dette publique et le financement
des grandes entreprises au Québec; 2) réformer
la Loi sur les régimes complémentaires de
retraite (loi RCR) pour améliorer l’accès aux
régimes de retraite, mieux protéger les régimes
de retraite à prestations déterminées contre les
risques de fermeture et interdire les disparités
de traitement; 3) créer un conseil des retraites
pour établir les besoins sociaux de la popula-
tion vis-à-vis de la retraite.
«Bien entendu, conclut-il, chaque groupe
social établit ses propres priorités de manière
autonome et démocratique, mais la population
doit également être informée des propositions
plus générales qui visent à améliorer le système
dans sa structure et dans une perspective à
plus long terme pour les générations futures».
n créer une instance de concerta-
tion entre les régimes de retraite
pour améliorer la négociation avec
les gestionnaires financiers;
n réformer la Loi sur les régimes
complémentaires de retraite (loi
RCR) pour améliorer l’accès aux
régimes de retraite;
n mieux protéger les régimes de
retraite à prestations déterminées
contre les risques de fermeture et
interdire les disparités de traite-
ment;
n créer un conseil des retraites
pour établir les besoins sociaux
de la population vis-à-vis de la
retraite.
Des propositions