transferts va recommencer à diminuer dans
les années à venir. Pour les seuls transferts
en santé, le manque à gagner devrait s’élever
à 2,1 milliards $ en 2025, pour une perte
cumulative de 9,9 milliards $ entre 2017-
2018 et 2024-25. Pendant ce temps, grâce à
toutes ces réductions unilatérales, le régime
fédéral aura été en mesure de repositionner le
Canada comme le pays avec le fardeau fiscal
parmi les plus bas des pays de l’OCDE.
Une matière utile
La mise à jour de l’étude de l’IRÉC sur
l’évolution des recettes fiscales confirme deux
faits troublants. D’une part, si les contributions
fiscales étaient restées au même niveau qu’elles
étaient en 2000, les gouvernements auraient
eu en 2013 des recettes supérieures de 9,5 mil-
liards $. D’autre part, l’écart entre le fardeau
respectif des contribuables et des entreprises
a continué de se creuser, à l’avantage de ces
dernières.
«Dans ce contexte, a conclu le directeur
général de l’IRÉC, malgré plusieurs lacunes
et omissions qui mettent à mal la cohérence
d’ensemble de la réforme proposée, nous
estimons que les travaux de la Commission
d’examen sur la fiscalité québécoise fournissent
une matière utile pour la tenue d’un débat
sérieux sur une réforme fiscale d’envergure». z
Pour une deuxième année consécu-
tive, l’IRÉC célèbre le «Jour de la
solidarité fiscale» en publiant une
étude sur la fiscalité au Québec.
Alors que le gouvernement Harper
vient d’entamer un nouveau cycle de
réduction de la capacité du régime
fiscal à s’attaquer aux inégalités de
revenus (hausse du compte d’épar-
gne libre d’impôt [CÉLI], fraction-
nement du revenu) et que le gouver-
nement Couillard fera de même, un
débat public s’impose pour rétablir
un cadre fiscal cohérent, plus juste
et plus efficace.
E
n effet, les travaux de l’IRÉC conduits
cette année montrent que les modifica-
tions apportées au système fiscal en ont réduit
la progressivité et l’équité. «Il faut revoir
l’ensemble de la fiscalité, c’est-à-dire repenser
les dispositions québécoises en tenant compte
des dysfonctions que fait subir le régime fiscal
canadien aux choix du Québec», a expliqué
Robert Laplante, directeur général de l’IRÉC.
«Nous attendons d’une réforme de la
fiscalité pour le 21e siècle qu’elle vise une
hausse soutenable des recettes sur le long terme
ainsi qu’une hausse simultanée des dépenses
publiques – en particulier celles dont l’effet
multiplicateur sur la croissance est le plus
élevé et dont l’empreinte écologique est la plus
basse. Une réforme de la fiscalité doit chercher
à mettre en place une nouvelle solidarité
fiscale associant le développement soutenable
et la justice sociale. Elle passe par une
propension à taxer ce qui ne peut pas bouger,
à imposer correctement ceux qui produisent
des externalités (soutenir financièrement
les bonnes pratiques et faire payer plus
chèrement les pratiques insoutenables) et
enfin à combiner le plus efficacement possible
une hausse soutenable des recettes et des
dépenses», ont poursuivi les chercheurs Gilles
L. Bourque et Julien Tousignant.
Des études convaincantes
Dans une étude publiée en janvier Portrait
des revenus et de la redistribution fiscale
au Québec, Nicolas Zorn a démontré de façon
convaincante que le Québec n’est pas un
«enfer fiscal». Selon la place des contribuables
dans l’échelle de revenus, entre 10% et 32,5%
du revenu total des ménages sont captés par
les ponctions de l’État, ce qui laisse tout de
même entre 90% et 67,5% de leur revenu dans
LE «JOUR DE LA SOLIDARITÉ FISCALE» 2015
Pour une fiscalité du 21e siècle
leurs poches. L’étude de Nicolas Zorn a permis
d’identifier le point d’inflexion des inégalités
de revenus de marché des ménages québécois.
C’est à partir du 97e centile (pour les revenus
imposables supérieurs à 150000$) que la
croissance des revenus s’emballe et devient
exponentielle. Malgré la progressivité du
régime fiscal, les déductions, les crédits d’impôt
et les dépenses fiscales favorisent davantage les
contribuables faisant partie du groupe des 3%
les plus riches.
L’étude Analyse des modifications au
régime fiscal québécois des particuliers
de Jules Bélanger et Oscar Calderon nous
montre que tous les changements aux paliers
d’imposition survenus au Québec entre 1997 et
2008 ont contribué à réduire considérablement
la capacité du régime fiscal à redistribuer les
revenus. Les changements au régime fiscal des
particuliers survenus entre 1997 et 2013 ont eu
un impact négatif sur le budget du gouverne-
ment de 8,4G$ en 2013.
Comme si ce n’était pas suffisant, le Québec
a subi les impacts budgétaires d’un régime
fédéral qui, depuis vingt ans, a rétabli ses
équilibres financiers en réduisant les transferts
aux provinces. Dans son étude Le rôle des
transferts fédéraux dans les contraintes
budgétaires et politiques du Québec qui
sera bientôt publiée, France Bibeau signale que
les transferts fédéraux dans le budget du Qué-
bec sont passés d’une moyenne de 22,4% des
revenus totaux entre 1989-1995, à un plancher
de 17,9% entre 1996-2004 pour ensuite remon-
ter sans jamais revenir à leur niveau antérieur.
Elle signale que si les transferts fédéraux
équivalaient à la moyenne de 1989-2013, le
gouvernement du Québec aurait eu des recettes
supplémentaires de 1,7 milliard $ en 2013. Par
ailleurs, avec la série de restrictions présen-
tées par le gouvernement Harper, la part des
Depuis la publication l’an dernier
de notre étude sur la fiscalité au
Québec, l’Institut Fraser a été obligé de
reconnaître que ses études sur le «Jour
de l’affranchissement fiscal», qui laisse
supposer que les contribuables voient
leur fardeau fiscal s’alourdir au profit
d’un État tentaculaire et inefficace, sont
de la désinformation. Dans son rapport
Taxes versus the Necessities of Life: The
Canadian Consumer Tax Index il est
mentionné que les impôts des Canadiens
ont diminué de 5 points de pourcentage
depuis le début des années 2000, pas-
sant de 46 à 41% du revenu moyen. L’an
dernier, nous avions estimé que si les
contributions fiscales globales des contri-
buables québécois étaient restées au
même niveau qu’elles étaient en 2000, les
gouvernements auraient eu des recettes
supérieures de 11,6 milliards $ en 2009. z
L’aveu de l’Institut
Fraser
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