INSTITUT DE RECHERCHE EN ÉCONOMIE CONTEMPORAINE
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
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POUR PUBLICATION IMMÉDIATE
Le coût du capital freine le développement
La revanche des rentiers
Montréal, 15 octobre 2013. L’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) publie aujourd’hui une
note de recherche portant sur la nanciarisation de l’économie, phénomène connu, mais abordé ici sous l’angle du
coût du capital. «La nanciarisation de l’économie va bien au-delà de la seule spéculation nancière. Elle met en
évidence l’essor d’un capitalisme nancier qui se traduit matériellement par un coût du capital plus élevé, avec des
conséquences néfastes, tant sur le plan microéconomique que macroéconomique. Le “surcoût” du capital auquel
il conduit est formé de revenus prélevés sur les entreprises qui n’ont, en dehors du risque entrepreneurial, aucune
justication économique. C’est un phénomène de pure rente», a déclaré Gilles Bourque, chercheur à l’IRÉC.
Les données tirées de la recherche conrment l’un des éléments clés identiés par les chercheurs s’intéressant
au modèle de la nanciarisation: le divorce entre la rentabilité croissante depuis deux décennies et l’accumula-
tion médiocre du capital durant cette même période. «Le taux d’accumulation net passait de 8% au cours des
années1950 à une moyenne de moins de 1% pour le Québec pendant les années2000 et de moins de 2% pour
le Canada au cours des deux dernières décennies. Il s’agit là d’un renversement du rythme de l’accumulation du
capital. C’est un changement structurel fort qui marque un tournant majeur dans le modèle productif», a pour-
suivi l’auteur de la recherche.
Si cette situation s’expliquait principalement par une faiblesse de la demande, nous aurions dû constater des
tendances semblables pour les prots des entreprises. Or, au contraire, pendant les mêmes années, les prots des
entreprises connaissaient une évolution tout à fait diérente. Depuis le début des années1990, les marges béné-
ciaires sont en augmentation constante.
Le transfert de «la valeur aux actionnaires»
Ces phénomènes s’expliquent par le «retour des actionnaires» dans la gouvernance des rmes avec, comme
corolaire, le transfert de «la valeur aux actionnaires» qui se fait aussi aux dépens des autres parties prenantes des
entreprises.
Dans tous les cas de gure présentés dans la recherche, l’importance des dividendes versés aux actionnaires
connaît une croissance spectaculaire: alors que leur évolution est assez stable ou légèrement à la baisse pendant
les années1980 et la première moitié des années1990, nous assistons depuis 1995 à une hausse spectaculaire des
dividendes versés, dont l’importance a plus que doublé durant cette période. «Nous constatons une augmentation
du prélèvement nancier (gains en capital et dividendes) sur la richesse produite par les entreprises. Comme il ne
s’agit pas de la création de nouvelles valeurs ajoutées, cette ponction conduit logiquement à diminuer les revenus
perçus par les autres parties prenantes, au premier rang desquels se trouvent les salariés. Ainsi, à partir des an-
nées1980, la part des salaires dans la valeur ajoutée au Québec et au Canada a connu une dégringolade majeure,
passant de 50% à 45% du PIB», a indiqué le chercheur.
Le versement des dividendes n’est pas le seul moyen pour transférer «la valeur aux actionnaires». En raison
d’un traitement scal avantageux des gains en capital, les entreprises ont été très actives dans le rachat d’actions.
Pour les seules entreprises du TSX, on est passé de deux milliards $ de rachats d’actions en 1995 à près de 15
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