2 décembre 2013 Équations différentielles linéaires I Compléments I.A Sur les dérivées des fonctions réelles à valeurs complexes Définition 1 (Continuité et dérivabilité des fonctions réelles à valeurs complexes ) Soit f : R → C une fonction à valeurs complexes. On pose : f (x) = f 1 (x) + i f 2 (x) avec et f 1 (x) = Re( f (x)) f 2 (x) = Im( f (x)) f 1 et f 2 sont des fonctions réelles à valeurs réelles. On dit alors que f est continue (resp. dérivable) sur R si f 1 et f 2 sont continues (resp. dérivables) sur R. Dans ce cas, on note f ′ (x) = f 1′ (x) + i f 2′ (x). Proposition 1 1. Si a ∈ C alors f : t 7→ e at est dérivable sur R, et : ∀t ∈ R, f ′ (t ) = ae at . 2. Plus généralement, si ϕ : R → C est une fonction à valeurs complexes dérivable, f : t 7→ e ϕ(t ) est dérivable sur R, et : ∀t ∈ R, f ′ (t ) = ϕ′ (t )e ϕ(t ) . Démonstration. 1. Si a = a1 + i a2 (a1 , a2 ∈ R) écrivons f (t ) sous forme algébrique : f (t ) = e (a 1 +i a 2 )t = e a 1 t · e i a 2 t = e a 1 t cos(a2 t ) + i e a 1 t sin(a2 t ). Donc : f ′ (t ) = a1 e a 1 t cos(a2 t ) − a2 e a 1 t sin(a2 t ) + i a1 e a 1 t sin(a2 t ) + i a2 e a 1 t cos(a2 t ) = a1 e a 1 t (cos(a2 t ) + i sin(a2 t )) + i a2 e a 1 t (cos(a2 t ) + i sin(a2 t )) = (a1 + i a2 )e a 1 t · e i a 2 t = ae at I.B Primitives des fonctions réelles à valeurs complexes Définition 2 Soit I un intervalle et f : I → C une fonction. On dit que la fonction F est une primitive de la fonction f si F est dérivable sur I et si pour tout x de I , on a : F ′ (x) = f (x). Remarque 1 : Deux primitives d’une même fonction diffèrent d’une constante. Définition 3 Z Si F est une primitive de f sur I , on note : F (x) = f (x)d x Z Z Z Si f est à valeurs complexes, on a ainsi : f (x)d x = Re( f (x))d x + i Im( f (x))d x Remarque 2 : Ce préambule à l’étude des équations différentielles est très important. La plupart des équations différentielles que nous étudierons concerneront des fonctions de R dans R, cependant leur résolution sera grandement facilité en faisant intervenir parfois des fonctions de R dans C dans une étude intermédiaire. Ceci est dû au fait que l’exponentielle complexe joue un rôle fondamental dans la résolution de ces équations. Lycée Jean Perrin 2013/2014 1 / 11 2 décembre 2013 II Équations différentielles linéaires du premier ordre (K = R ou C) Définition 4 On appelle équation différentielle linéaire du premier ordre une équation du type : (E ) : y ′ + a(t )y = b(t ) où a et b sont des fonctions continues de I dans K, et l’inconnue y une fonction dérivable de I dans K. f est dite solution de (E ) sur I si ∀t ∈ I , f ′ (t ) + a(t ) f (t ) = b(t ). Si b est la fonction nulle, l’équation (E ) est dite homogène. Le graphe d’une solution est appelé courbe intégrale de (E ). Remarques 3 : 1. Ces équations sont dites du premier ordre car seule la dérivée première de y intervient, elles sont dites linéaires car l’équation différentielle apparaît comme combinaison linéaire de y et de y ′ . 2. Dans la pratique, on peut rencontrer une équation du type : a(t )y ′ + b(t )y = c(t ) On se place alors sur un intervalle I sur lequel a(t ) 6= 0, et on se ramène au premier cas en résolvant : y′ + b(t ) c(t ) y= a(t ) a(t ) 3. Si f est solution de (E ), alors f ′ est continue sur I (car f ′ (t ) = −a(t ) f (t ) + b(t ) avec a, f et b continues). Définition 5 On appelle équation homogène (ou équation sans second membre) associée à l’équation (E ) l’équation : (H ) : y ′ + a(t )y = 0 Remarque 4 : Si f , g sont solutions de (H ) et λ, µ ∈ R alors λf + µg est solution de (H ). Exercice II.1 : Vérifier que f : x 7→ ex est solution de (E ) : (e x + 1)y ′ − y = 0. ex + 1 II.A Résolution de l’équation homogène (H ) : y ′ + a(t )y = 0 II.A.1 Cas général • La fonction nulle est solution. • Cherchons d’autres solutions de (H ) : — On se place dans le cas où a est une fonction réelle. Cherchons une solution y qui ne s’annule pas sur I . Cette fonction est continue et ne s’annule pas donc elle garde un signe constant sur I . (H ) : y ′ + a(t )y = 0 (K étant une constante et A(t ) = Z (H ) ⇔ ⇔ y′ = −a(t ) y ln(|y|) = −A(t ) + K a(t )d t une primitive de a). ⇔ ⇔ |y| = e K e −A(t ) y = λe −A(t ) (avec λ = si g ne(y)e K ∈ R) Donc si y est une solution réelle qui ne s’annule pas sur I , alors on a y = λe − Lycée Jean Perrin 2013/2014 2 / 11 R a(t )d t . II.A Résolution de l’équation homogène (H ) : y ′ + a(t )y = 0 2 décembre 2013 — Si a est une fonction quelconque (réelle ou complexe), on vérifie alors que y = λe −A(t ) , avec A(t ) = est solution de (H ). En effet : Z a(t )d t , y ′ (t ) + a(t )y(t ) = −λA ′ (t )e −A(t ) + λa(t )e −A(t ) = −λa(t )e −A(t ) + λa(t )e −A(t ) = 0 • Existe t-il d’autres solutions ? Soit y une solution quelconque de (H ). On pose z = ye A(t ) . On a : z ′ = y ′ e A(t ) + a(t )ye A(t ) = (y ′ + a(t )y )e A(t ) = 0 | {z } =0 −A(t ) Donc z est constante, z = λ, d’où y = λe . Toute solution est donc bien de cette forme. Proposition 2 Les solutions générales de (H ) : y ′ + a(t )y = 0 sont les fonctions y de la forme : ∀t ∈ I , y(t ) = λe − R a(t )d t avec λ ∈ K De plus, si on fixe une condition y(t0 ) = α0 , alors cette solution est unique (en particulier, si y s’annule en un point, alors y est la fonction nulle). Exercice II.2 : Résoudre sur R : (1 + t 2 )y ′ + y = 0, avec la condition y(0) = 1. 1 Solution. Pour t ∈ R alors 1 + t 2 6= 0, l’équation équivaut donc à y ′ + y = 0. 1+t2 Z Z 1 d t = arctan t +C avec C ∈ R Les primitives de a sont a(t )d t = 1+t2 λ Les solutions de cette équation différentielle sont donc les fonctions y (t ) = λe− arctan t = arctan t e De plus, y (0) = λ donc pour satisfaire la condition initiale fournie λ = 1. 1 En conclusion, l’unique solution du problème est la fonction y (t ) = arctan t e 3 2 1 ~j −2 O −1 ~ i −1 Lycée Jean Perrin 2013/2014 3 / 11 1 2 3 II.B Résolution de l’équation (E ) : y ′ + a(t )y = b(t ) 2 décembre 2013 II.A.2 Cas particulier où a est constant Proposition 3 a∈K Les solutions de (H ) : y ′ + a y = 0 sont les fonctions : y(t ) = λe −at avec λ ∈ K Démonstration. C’est évident d’après la proposition 2. Exercice II.3 : Montrer que les fonctions dérivables f : R → C vérifiant : ∀t , u ∈ R, f (t +u) = f (t ) f (u) sont la fonction nulle et les fonctions t 7→ e at avec a ∈ C. Démonstration. • Les fonctions proposées sont clairement des solutions de l’équation. • Réciproquement, si f est une solution de (∗), alors : f (0 + 0) = f (0)2 soit f 2 (0) = f (0), donc f (0) = 0 ou f (0) = 1. — Si f (0) = 0, alors ∀t ∈ R ; f (t + 0) = f (t ) f (0) = 0 donc f est la fonction nulle. — Si f (0) = 1, dérivons f par rapport à u : f (t + u) = f (t ) f (u) ⇒ f ′ (t + u) = f (t ) f ′ (u) et donc avec u = 0, on obtient : f ′ (t ) = f ′ (0) f (t ). ′ Donc d’après la proposition 2, on a f (t ) = λe f (0)t avec λ ∈ C. La condition f (0) = 1 nous donne finalement λ = 1. II.B Résolution de l’équation (E ) : y ′ + a(t )y = b(t ) Proposition 4 Si y 0 est une solution particulière de (E ) : y ′ + a(t )y = b(t ), alors les solutions de (E ) sont les fonctions y de la forme : y = y0 + yH où y H est solution de l’équation homogène associée (H ). De plus, si on fixe une condition y(t0 ) = α0 , alors cette solution est unique. (C’est le « problème de Cauchy ») Démonstration. Soit y 0 une solution particulière de (E ) : • Soit y H une solution de (H ) : (y 0 + y H )′ + a(t )(y 0 + y H ) = = ′ y 0′ + y H + a(t )y 0 + a(t )y H ′ ′ (y 0 + a(t )y 0 ) + (y H + a(t )y H ) = b(t ) | {z } {z } | =b(t ) =0 Donc y 0 + y H est bien solution de (E ). • Réciproquement, si y est solution quelconque de (E ), on pose z = y − y 0 . On a : y ′ + a(t )y y 0′ + a(t )y 0 = = b(t ) b(t ) Par différence, on obtient : (y − y 0 )′ + a(t )(y − y 0 ) = b(t ) − b(t ) = 0, donc z est solution de (H ). D’où : y= y0 + z . |{z} |{z} solution de (E ) solution de (H ) Pour résoudre l’équation (E ), il « suffit » donc de résoudre (H ) et de trouver une solution particulière y 0 de (E ). Exercice II.4 : Résoudre sur ]1, +∞[ l’équation différentielle : (E ) : (1 − t )y ′ − y = 1 − 2t (On pourra chercher une solution particulière évidente) Lorsqu’il n’y a pas de solution évidente, on peut avoir recours aux techniques suivantes : Lycée Jean Perrin 2013/2014 4 / 11 II.C Méthodes de détermination d’une solution particulière y 0 de (E ) 2 décembre 2013 II.C Méthodes de détermination d’une solution particulière y 0 de (E ) II.C.1 Cas où a est une constante, P une fonction polynôme de degré n, et b(t ) = P (t )e αt On veut résoudre une équation du type : (E ) : y ′ + a y = P (t )e αt où a est une constante et P : t 7→ a0 + a1 t + · · · + an t n une fonction polynôme de degré n. On recherche une solution y 0 sous la forme y 0 (t ) = Q(t )e αt où Q est une fonction polynôme. Procédons de manière « naïve » dans les exemples qui suivent en tentant de trouver un polynôme de même degré que celui proposé dans l’équation différentielle : Exemples 1 : 1. y ′ + 2y = (t 2 + 1)e −t Solution. Cherchons y 0 sous la forme y 0 (t ) = (at 2 + bt + c)e −t . On a alors y 0′ (t ) = (−at 2 + (2a − b)t + b − c)e −t . Après substitution dans l’équation et simplifications, on obtient : (y 0′ + 2y 0 )e t = at 2 + (2a + b)t + b + c = t 2 + 1 d’où, par identification, on a : a = 1,b = −2, et c = 3. y 0 = (t 2 − 2t + 3)e −t est une solution particulière de l’équation. 2. y ′ + 2y = (t 2 − 1)e −2t Solution. Cherchons y 0 sous la forme y 0 (t ) = (at 2 + bt + c)e −2t . On a alors y 0′ (t ) = (−2at 2 +(2a −2b)t +b −2c)e −2t . Après substitution dans l’équation et simplifications, on obtient y 0′ +2y 0 = (2at +b)e −2t Donc cette forme ne convient pas. Il faut augmenter le degré de Q de 1. Cas général Si on cherche y 0 sous la forme y 0 (t ) = Q(t )e αt , on a par substitution : y 0′ + a y 0 = = Q ′ (t )e αt + (α + a)Q(t )e αt (Q ′ (t ) + (α + a)Q(t ))e αt = P (t )e αt {z } | =Q 1 (t ) • Si α 6= −a, alors degQ 1 = degQ = deg P , donc on choisit Q de degré n. • Si α = −a, alors degQ 1 = degQ ′ = deg P , donc on choisit Q de degré n + 1. Cette méthode est un cas très particulier, et sera surtout utilisée pour les équations du second ordre à coefficients constants. Pour le premier ordre, on dispose d’une méthode très générale : II.C.2 Méthode de variation de la constante On sait que la solution générale de (H ) est de la forme y = λe −A(t ) où A est une primitive de a. L’idée est maintenant de chercher une solution particulière y 0 de (E ) sous la forme : y 0 = λ(t )e −A(t ) C’est la méthode de variation de la constante. Par substitution de la fonction proposée, on obtient : y 0′ + a(t )y 0 = = λ′ (t )e −A(t ) − a(t )λ(t )e −A(t ) + a(t )λ(t )e −A(t ) λ′ (t )e −A(t ) Donc λ est donné par la relation : λ′ (t )e −A(t ) = b(t ) Il « suffit » alors de trouver une primitive de λ′ (la plupart du temps, elle ne s’exprime pas à l’aide des fonctions usuelles). Exercice II.5 : 1. Résoudre sur R l’équation : (E ) : y ′ +y = e 2t , en utilisant la méthode de variation de la constante. 2. Résoudre sur R∗+ l’équation : (E ) : t y ′ − 3y = 2t . Solution. 1 2t e + λe −t , λ ∈ R. 3 2. y (t ) = −t + λt 3 , λ ∈ R. 1. y (t ) = Lycée Jean Perrin 2013/2014 5 / 11 II.C Méthodes de détermination d’une solution particulière y 0 de (E ) 2 décembre 2013 II.C.3 Principe de superposition Proposition 5 Si y 1 est solution particulière de (E 1 ) : y ′ + a(t )y = b 1 (t ) et y 2 est solution particulière de (E 2 ) : y ′ + a(t )y = b 2 (t ), alors y 1 + y 2 est solution particulière de (E ) : y ′ + a(t )y = b 1 (t ) + b 2 (t ). Démonstration. Exercice II.6 : ½ y 1′ + ay 1 = b 1 y 2′ + ay 2 = b 2 ⇒ (y 1 + y 2 )′ + a(y 1 + y 2 ) = b 1 + b 2 Déterminer une solution particulière sur ] − 1, 1[ de l’équation : (E ) : y ′ − y = 2t e 2t + p Solution. y 0 (t ) = (2t − 2)e 2t t + e arcsin t est une solution particulière de (E ). et 1− t2 II.C.4 Utilisation des nombres complexes Lorsque le second membre comporte un sinus ou un cosinus, on peut être amené dans certains cas à passer par une résolution dans C, comme dans l’exemple suivant : Exemple 2 : (E ) : y ′ − y = 2e 2t sin t Solution. • La solution générale de (H ) est y = λe t . Pour la recherche d’une solution particulière de l’équation avec second membre, on peut utiliser le théorème de superposition en remarquant à l’aide des formules d’Euler que : 2e 2t sin t = e 2t (e i t − e −i t ) = e (2+i )t − e (2−i )t Il suffit alors de trouver une solution particulière de (E ) : y ′ − y = e (2+i )t − e (2−i )t en utilisant le théorème de superposition dans C. 1 − i (2+i )t Après utilisation de l’une des méthodes II.C.1 ou II.C.2, on trouve que y 1 = e est une solution de (E 1 ) : y ′ − y = e (2+i )t . 2 ′ (2−i )t On en déduit que − ȳ 1 est une solution de (E 2 ) : y − y = −e , donc par superposition : y 0 = y 1 − ȳ 1 = 2Im(y 1 ) = e 2t (sin t − cos t ) est une solution particulière de (E ). On peut d’ailleurs déterminer cette solution plus rapidement avec ce qui suit : • Cherchons une solution particulière z 0 de (E ′ ) : y ′ − y = 2e 2t e i t = 2e (2+i )t (le second membre de (E ′ ) est la partie imaginaire de celui de (E )). L’une des méthodes II.C.1 ou II.C.2 nous donne : z 0 = (1 − i )e (2+i )t . • On en déduit une solution particulière de (E ) : y 0 = Im(z 0 ) = e 2t (sin t − cos t ) Les solutions de (E ) sont alors de la forme : y (t ) = λe t + e 2t (sin t − cos t ), λ ∈ R. 3 2 1 −4 −3 −2 1 −1 −1 Lycée Jean Perrin 2013/2014 6 / 11 2 décembre 2013 III Équations différentielles linéaires du second ordre à coefficients constants Définition 6 On appelle équation différentielle linéaire du second ordre une équation du type : (E ) : y ′′ + a(t )y ′ + b(t )y = c(t ) où a, b et c : I → K sont des fonction continues. f est dite solution de (E ) si ∀t ∈ I , f ′′ (t ) + a(t ) f ′ (t ) + b(t ) f (t ) = c(t ). Définition 7 On appelle équation homogène (ou équation sans second membre) associée à l’équation (E ) l’équation : (H ) : y ′′ + a(t )y ′ + b(t )y = 0 Si f et g sont des solutions de (H ) et λ, µ ∈ R, alors λf + µg est solution de (H ). Dans la suite, on travaille uniquement sur les équations du type : (E ) : a y ′′ + by ′ + c y = f (t ) où a, b et c ∈ K a 6= 0 et f : I → K est une fonction continue (Ces équations différentielles sont dites linéaires du second ordre à coefficients constants). III.A Résolution de l’équation homogène (H ) : a y ′′ + by ′ + c y = 0 On cherche s’il existe des solutions (dans C) sous la forme y = e r t . On a alors y ′ = r e r t et y ′′ = r 2 e r t , d’où : a y ′′ + by ′ + c y = 0 ⇔ ⇔ ar 2 e r t + br e r t + ce r t = 0 ar 2 + br + c = 0 Cette dernière équation admet des solutions r 1 et r 2 dans C (éventuellement doubles). t 7→ e r 1 t et t 7→ e r 2 t sont alors solutions de (H ) dans C. Définition 8 l’équation ar 2 + br + c = 0 est appelée équation caractéristique de (E ). On recherche l’ensemble des solutions de (H ). Soit r une racine de l’équation caractéristique et z une solution quelconque de (H ). On recherche z sous la forme z = λ(t )e r t (on considére donc λ(t ) = ze −r t ). On a z ′ = λ′ (t )e r t + r λ(t )e r t et z ′′ = λ′′ (t )e r t + 2r λ′ (t )e r t + r 2 λ(t )e r t , donc : az ′′ + bz ′ + c = = 2 ′ rt ′′ rt λ(t )e r t (ar | +{zbr + c}) + λ (t )e (2ar + b) + aλ (t )e =0 e r t [aλ′′ (t ) + (2ar + b)λ′ (t )] Donc z est solution de (H ) si et seulement si : aλ′′ (t ) + (2ar + b)λ′ (t ) = 0. 2ar +b Sous cette condition, λ′ est solution de l’équation du premier ordre : a y ′ + (2ar + b)y = 0, donc : λ′ (t ) = µe − a t , µ∈C On distingue alors 2 cas : 1) b 2ar + b = 0, alors r = − . Le discriminant ∆ de l’équation caractéristique est nul, et r est racine double. a 2a On a λ′ (t ) = µ, donc λ(t ) = µt + K , d’où : z(t ) = (µt + K )e r t . Lycée Jean Perrin 2013/2014 7 / 11 III.A Résolution de l’équation homogène (H ) : a y ′′ + by ′ + c y = 0 2) 2 décembre 2013 b 2ar + b 6= 0, alors r 6= − . a 2a Le discriminant ∆ de l’équation caractéristique est non nul, et r = r 1 est racine simple. Si on note r 2 l’autre racine, b ar + b on a r 1 + r 2 = − , donc r 2 = − . a a On a de plus λ(t ) = Ae − 2ar +b a t + B, donc : z(t ) = λ(t )e r t = Ae − ar +b a t + B e r t = Ae r 2 t + B e r 1 t Réciproquement, on vérifie bien dans chacun des deux cas que les fonctions de cette forme sont solutions de (E ). On déduit des résultats précédents la proposition donnant les solutions dans C de l’équation (H ) : Proposition 6 On note ∆ le discriminant de l’équation caractéristique de (H ) : a y ′′ + by ′ + c y = 0. Les solutions de (H ) dans C sont : 1. Si ∆ = 0 :y = λe r 0 t + µt e r 0 t , (λ, µ ∈ C) où r 0 est la racine double de l’équation caractéristique. 2. Si ∆ 6= 0 : y = λe r 1 t + µe r 2 t , (λ, µ ∈ C) où r 1 et r 2 sont les racines (distinctes) de l’équation caractéristique. Exercice III.1 : Résoudre dans C : y ′′ − (7 − 2i)y ′ + (13 − i)y = 0 Solution. On se ramène à une équation caractéristique du second degré à coefficients complexes. La solution est évidemment dans C : y (x) = λe (2+i)x + µe (5−3i)x , (λ,µ) ∈ C2 Lorsque les coefficients de (H ) sont réels, la proposition suivante nous permet de donner les solutions réelles de cette équation : Proposition 7 Soit ∆ le discriminant de l’équation caractéristique de (H ) : a y ′′ + by ′ + c y = 0, avec a, b, c ∈ R. Les solutions de (H ) dans R sont : 1. Si ∆ = 0 : y = Ae r 0 t + B t e r 0 t , (A, B ∈ R) où r 0 est la racine double de l’équation caractéristique. 2. Si ∆ > 0 : y = Ae r 1 t + B e r 2 t , (A, B ∈ R) où r 1 et r 2 sont les racines (réelles et distinctes) de l’équation caractéristique. 3. Si ∆ < 0 : y = e αt (A cos (βt ) + B sin (βt )), (A, B ∈ R) en notant r = α + iβ et r = α − iβ avec α, β ∈ R les deux racines complexes distinctes conjuguées de l’équation caractéristique. Démonstration. 1) et 2) découlent directement de la proposition 6. Montrons 3) : On suppose ∆ < 0. Si y est une solution de (H ), on a : y = = = λe (α+iβ)t + µe (α−iβ)t (λ,µ ∈ C) e αt (λe iβt + µe −iβt ) = e αt [λ cos (βt ) + iλ sin(βt ) + µcos (βt ) − iµsin (βt )] (λ + µ)e αt cos (βt ) + i(λ − µ)e αt sin (βt ) Si y est une solution réelle, alors : y = Re(y ) = Re[(λ + µ)]e αt cos (βt ) + Re[i(λ − µ)]e αt sin(βt ) = Ae αt cos(βt ) + B e αt sin (βt ) Réciproquement, on vérifie aisément que toute fonction de cette forme est solution de (H ). Exercice III.2 : ′′ Résoudre dans R : ′ a) y − 4y + 4y = 0 b) y ′′ − y ′ − 2y = 0 Lycée Jean Perrin 2013/2014 8 / 11 III.B Équation avec second membre (E ) : a y ′′ + by ′ + c y = f (t ) 2 décembre 2013 c) y ′′ + y ′ + y = 0 Solution. a) y (t ) = At e 2t + B e 2t , A,B ∈ R. b) y (t ) = Ae −t + B e 2t , A,B ∈ R. Ã Ãp ! Ã p !! 1 3 3 c) y (t ) = e − 2 t A cos t + B sin t , A,B ∈ R. 2 2 III.B Équation avec second membre (E ) : a y ′′ + by ′ + c y = f (t ) Proposition 8 Si y 0 est une solution particulière de (E ) : a y ′′ + by ′ + c y = f (t ), alors les solutions de (E ) sont les fonctions y de la forme : y = y 0 + y H où y H est solution de l’équation homogène associée (H ). ½ y(t0 ) = α0 , alors cette solution est unique. C’est le « problème de Cauchy De plus, si on fixe une condition y ′ (t0 ) = β0 » III.C Recherche d’une solution particulière de (E ) On se limite au cas où f (t ) = P (t )e αt avec α ∈ K et P est un polynôme à coefficients dans K. On recherche une solution particulière y 0 sous la forme y 0 (t ) = Q(t )e αt . On a : y 0′ (t ) = Q ′ (t )e αt + αQ(t )e αt y 0′′ (t ) = Q ′′ (t )e αt + 2αQ ′ (t )e αt + α2 Q(t )e αt d’où : a y 0′′ + by 0′ + c y 0 = P (t )e αt ⇔ aQ ′′ (t ) + (2aα + b)Q ′ (t ) + (aα2 + bα + c)Q(t ) = P (t ) On distingue alors 2 cas : — aα2 + bα + c 6= 0, alors on choisit Q de même degré que P . — α est racine de ar 2 + br + c = 0, alors : — Si 2aα + b 6= 0, on choisit Q de degré deg P + 1. b est racine double de ar 2 + br + c = 0), on choisit Q de degré deg P + 2. — Si 2aα + b = 0 (c’est à dire si α = − 2a Résolution de (E ) : y ′′ + 2y ′ + y = xe x dans R ½ y(0) = 1 avec la condition y ′ (0) = 1 Exemple 3 : Solution. • Commençons tout d’abord par donner la solution générale de l’équation sans second membre (H ) : y ′′ +2y ′ +y = 0. L’équation caractéristique est r 2 + 2r + 1 = 0, et a pour solution double −1, donc la solution générale de (H ) est : y H = (Ax + B )e −x , (A,B ) ∈ R2 • Ensuite, on cherche une solution particulière y 0 de (E ) sous la forme y 0 (x) = Q(x)e x avec Q(x) = ax + b. On a : y 0′ = Q ′ (x)e x +Q(x)e x y 0′′ = 2Q ′ (x)e x +Q(x)e x 1 1 d’où : y 0′′ + 2y 0′ + y 0 = (4Q(x) + 4Q ′ (x))e x = (4ax + 4b + 4a)e x = xe x pour y 0 solution, et par identification on a : a = et b = − , ce qui 4 4 1 donne y 0 = (x − 1)e x . 4 La solution générale de (E ) est donc : 1 y = (x − 1)e x + (Ax + B )e −x 4 avec (A,B ) ∈ R2 5 1 • Cherchons la solution particulière demandée. On a y (0) = − + B = 1 d’où B = . 4 4 1 1 9 De plus y ′ (x) = e x + (x − 1)e x + Ae −x − (Ax + B )e −x , donc y ′ (0) = A − B = 1, et A = 1 + B = . La solution demandée est donc : 4 4 4 y= 1 1 (x − 1)e x + (9x + 5)e −x 4 4 Remarque 5 : Le second membre des équations du second ordre à coefficients constants que nous allons étudier n’est pas toujours exactement de la forme P (t )e αt . Le théoréme de superposition peut dans ce cas se révéler utile : Lycée Jean Perrin 2013/2014 9 / 11 III.C Recherche d’une solution particulière de (E ) 2 décembre 2013 Proposition 9 Si y 1 est solution particulière de (E 1 ) : a y ′′ +by ′ +c y = f 1 (t ) et y 2 est solution particulière de (E 2 ) : a y ′′ +by ′ +c y = f 2 (t ), alors y 1 + y 2 est solution particulière de (E ) : a y ′′ + by ′ + c y = f 1 (t ) + f 2 (t ). Exercice III.3 : Résoudre dans R l’équation y ′′ − 2y ′ + y = e x + x 2 + 1. Solution. y (t ) = (λx + µ)e x + 1 2 x x e + x 2 + 4x + 7, λ,µ ∈ R. 2 Remarque 6 : Dans le même esprit que pour les équations du premier ordre, on peut passer par une résolution dans C lorsque le second membre est de la forme P (t )e αt cos(βt ) ou P (t )e αt sin(βt³) soit à l’aide´ des formules d’Euler et du théorème de superposition, soit en remarquant que : P (t )e αt cos(βt ) = Re P (t )e (α+iβ)t , et P (t )e αt sin(βt ) = ´ ³ Im P (t )e (α+iβ)t Il suffit alors de trouver une solution particulière dans C de l’équation de même partie homogène et dont le second membre est P (t )e (α+iβ)t , puis d’en extraire la partie réelle (resp. imaginaire). Exercice III.4 : Solution. y (t ) = Résoudre dans R l’équation y ′′ + y = cos x. 1 x sin x + A cos x + B sin x, (A,B ) ∈ R2 . 2 Lycée Jean Perrin 2013/2014 10 / 11 TABLE DES MATIÈRES 2 décembre 2013 Table des matières I Compléments I.A Sur les dérivées des fonctions réelles à valeurs complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . I.B Primitives des fonctions réelles à valeurs complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II Équations différentielles linéaires du premier ordre II.A Résolution de l’équation homogène (H ) : y ′ + a(t )y = 0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.A.1 Cas général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.A.2 Cas particulier où a est constant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.B Résolution de l’équation (E ) : y ′ + a(t )y = b(t ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.C Méthodes de détermination d’une solution particulière y 0 de (E ) . . . . . . . . . . . . . . II.C.1 Cas où a est une constante, P une fonction polynôme de degré n, et b(t ) = P (t )e αt II.C.2 Méthode de variation de la constante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.C.3 Principe de superposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . II.C.4 Utilisation des nombres complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1 1 . . . . . . . . . 2 2 2 4 4 5 5 5 6 6 III Équations différentielles linéaires du second ordre à coefficients constants III.A Résolution de l’équation homogène (H ) : a y ′′ + by ′ + c y = 0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III.B Équation avec second membre (E ) : a y ′′ + by ′ + c y = f (t ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III.C Recherche d’une solution particulière de (E ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 7 9 9 Lycée Jean Perrin 2013/2014 11 / 11 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .